Chapitre 16
Gadie
Je donnai un coup de pied rageur contre la porte de bois. Bon, Miss Georgette la porte de placard, si tu ne te ferme pas immédiatement, toi et moi on ne va plus du tout être copines. Déjà que je suis loin d'être ta plus grande fan... Tu refuses ? Bon... Poussant un grognement étouffé, je m'appuyai de tout mon poids contre la paroi de bois. Pourquoi fallait-il toujours que les décors de théâtre ne rentrent jamais dans les placards ?! Non sérieusement, cela avait dû être fait exprès pour me pousser à bout, je ne voyais pas d'autres explications..! Raah..! J'offris un nouveau et splendide coup de pied à la malheureuse planche de bois. Un jour, je retrouverais celui qui a mis au point ce fichu meuble des enfers, et je lui dirais ce que je pense de son travail ! Une réorientation vers le haut d'une falaise avec des rochers bien pointus en contrebas serai carrément envisageable mon petit gars !
Un faible clic se fit entendre. J'écarquillai les yeux. Non sérieusement ? Elle s'était fermée ? Lentement, je me décollais du meuble. Mon souffle s'était arrêté. Je n'osais pas respirer. C'était qu'elle était fourbe Georgette, très fourbe. Ma deuxième épaule se souleva du bois et je me dressai entièrement devant la porte. Cette dernière ne bougea pas. Elle resta close. Oui oui je vous l'assure, close. Et je n'avais même pas besoin de l'insulter ! J'eus un sourire victorieux. Eh bien voilà quand tu veux Georgette ! Avec un peu de volonté on arrive à tout !
Entonnant un petit chant de gloire en mon honneur, je ramassai rapidement mon sweat vert vomi qui gisait sur le sol, puis entrepris de quitter au plus vite cette pièce maudite. Moi, de corvée de rangement..! Non mais qu'ils réessayent pour voir ! Parce que je venais de perdre cinq minutes précieuses de ma vie avec leur bêtises ! Cinq minutes ! Pour ranger trois planches en carton recouvertes d'une peinture immonde, et un tas de guirlandes tout aussi répugnantes. Tsss... À eux aussi il faudra que je dise deux ou trois trucs sur ce que je pense de leur travail ! Non mais sérieusement, j'aurais demandé à des gamins de maternelle de peindre ces foutues planches, le résultat aurait été plus concluant ! Parce qu'il faudra que l'on m'explique à partir de quel moment trois tâches de peintures roses et vertes fluo sont censées représenter la Terre. Je coinçai mon sweat sous mon bras en secouant la tête. En même temps je ne pouvais pas totalement leurs en vouloir, on ne pouvait pas tout avoir dans la vie. Soit on était vachement relou, soit on était doué pour la peinture. Eux, ils étaient vachement relou. Voilà c'était tout, ils n'avaient qu'à mieux choisir.
Je poussai un soupir fatigué puis m'extirpai de la pièce. Enfin ! Mais alors que je m'apprêtais à fermer définitivement la porte de ce cauchemar théâtral, un vacarme assourdissant retenti à l'intérieur. J'eu un gémissement. Non... Ce n'était pas vrai..! Plissant les lèvres, j'ouvris lentement la porte du débarras. Si, c'était vrai... A l'intérieur, les décors gisaient lamentablement sur le sol, entremêlés dans un bazar affligeant de cartons et de rubans. Je m'avachi lourdement contre l'encadrement de la porte. Bon, Georgette, je ne te trouve pas hyper coopérative là...
- Alors chérie, tu galère ?
Je sursautai. Qui était l'imbécile qui se permettait de critiquer mon laborieux, mais pourtant sincère, travail ? S'il avait une meilleure idée pour ranger ce foutoir, je lui laissai le champ libre sans hésiter. Imbécile ! Je me retournai, prête à balancer un ou deux flot d'insultes soigneusement choisies à l'énergumène suicidaire qui avait oser interrompre ma profonde méditation, quand je me retrouvai nez à nez face au décolleté affriolant de Laura. Super, il ne manquait plus que celle-là. Je relevai les yeux vers elle. Ses cheveux dorés avaient été noués en une élégante tresse qui entourait avec grâce son visage trop parfaitement bronzé. Des bijoux imposants entouraient son cou et ses poignets, sublimant sa peau délicate. J'eus une moue. Sa beauté affolante pouvait sincèrement m'agacer à des moments. Toujours vêtue de son imposante robe de scène en mousseline, la grande blonde se planta devant moi et se mit à m'observer d'un air moqueur. Je soupirai.
- Moi galérer ?! M'exclamai-je tout en ouvrant grand la porte avec mon pied. Voyons jamais de la vie ! Ne vois-tu pas que toutes vos horreurs ont été parfaitement ordonnées et rangées par ordre alphabétique sur les étagères, du plus petits au plus grand. Je me suis même éclatée à assortir les couleurs ! Je gère.
Laura jeta un coup d'oeil à l'intérieur de la pièce puis explosa de rire. Wow. Je suis décidément à mourir de rire par moment. Le visage barré d'un énorme sourire, elle se tourna vers moi et croisa ses bras sur sa poitrine. Ses yeux verts me fixaient avec malice.
- Tu sais que ta capacité à toujours faire strictement l'opposé de ce qu'on te demande m'impressionnera toujours?
Génial. Je collai ma tête contre le mur et me mis à fixer le plafond. Si en plus elle en rajoute une couche, je vais finir par la pendre avec les guirlandes.
- Ah ah super drôle je suis morte de rire... Tu m'en refais une histoire que je sache si je dois aller me suicider tout de suite ?
- Si tu le propose si gentiment.. Alors c'est toto qui...
- Raah mais ferme là !
Le rire insupportable de ma blondasse de compagne se mit de nouveau à retentir dans le corridor. Je lui adressai un regard affligé. Si elle était venue pour se payer ma tête, elle pouvait tout de suite repartir.
- Rooh, mais fait pas cette tête Gad, je vais t'aider..!
Elle s'approcha de moi et me tapota le joue en ricanant. Cette fille était désespérante. M'adressant un clin d'oeil, elle se faufila dans la pièce puis souleva les encombrantes planches de carton qui gisaient lamentablement sur le sol. Je l'observais du coin de l'oeil. A ce rythme-là, elle allait déchirer son horrible robe rose saumon et Tommy allait encore me péter son petit scandale. Et cette perspective ne m'enchantais pas vraiment. Raah... Ils étaient insupportables. Poussant un énième soupir, j'avançai à mon tour dans la pièce puis je m'accroupis à ses côtés pour l'aider à ramasser le reste du décor qui traînait sur le plancher. Elle rangea un à un chacun des objets que je lui tendais dans l'armoire, et je dois bien avouer que sa manière à elle de s'occuper de Georgette était bien plus efficace que la mienne. C'était comme si elle jouait à Tetris et qu'en plus elle gagnait. Rien de plus vexant... Parce que moi j'avais perdu !
Une fois l'ensemble des décors correctement rangés dans le placard et ce dernier fermé, j'étirai mes bras puis vint me poser sur l'imposante malle de bois qui faisait l'angle de la pièce. Le silence avait envahi l'espace. Mais ce n'était pas un de ces silences lourds et pesants. Non. Celui-là était particulier, rassurant, agréable. Je baissais la tête. Le parfum à la citronnelle et au gingembre de Laura qui emplissait l'atmosphère vint délicatement chatouiller mes narines. C'était doux.
Les mains posées sur mon jean trop grand, je fixais le sol sans vraiment le voir. Mon souffle était faible. Je sentais mon coeur battre dans ma poitrine et le sang affluer dans mes veines. Rapide. Je fermais les yeux. Je ne comprenais pas. Malgré cette quiétude parfaite, quelque chose venait me torturer l'esprit, hanter mon coeur. Je n'arrivais pas à être sereine. Non. J'étais épuisée, fatiguée. Et je ne savais trop dire pourquoi. Enfin si, je le savais, mais je n'avais aucune idée de comment y remédier. Et cela me désespérait.
Laura s'assit à mes côtés. Je sentais son regard sur moi. Je savais qu'elle m'observait. Mais je n'osais pas relever la tête. Non que j'en ai peur, loin de là, mais je n'avais tout simplement pas envie de parler. Juste rester là, les yeux baissés, elle à mes côtés. Et ne rien dire.
- Qu'est-ce qu'il ne va pas Gadie ? demanda-t-elle finalement de sa voix douce.
Bon, pour le silence calme et apaisant, c'était mort. Je relevai mes yeux vers elle.
- Comment ça « qu'est-ce qu'il ne va pas » ? Répétai-je d'une voix lasse
- Tu tires une tronche deux mètres de long depuis que tu es arrivée alors ne fais pas genre tout va bien..! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Cette espèce de cruche n'était finalement pas aussi cruche qu'elle en avait l'air. Je soufflai puis plantai mon regard dans ses beaux yeux verts.
- Dis moi, est-ce que tu saurais comment obtenir 5000 balles rapidement ?
Laura écarquilla les yeux, surprise.
- Quoi ?! Pourquoi est-ce que tu voudrais 5000 balles?!
- Qui n'en voudrait pas? Rétorquai-je.
Elle leva les yeux au ciel, dissimulant le sourire qui se dessinait sur ses lèvres.
- Arrêtes de te moquer de moi, fini-t-elle par souffler, et dis moi la vérité.
Je baissai de nouveau la tête. Lui dire la vérité ? Pouvais-je le faire ? Devais-je le faire ? Non. Jamais. Elle ne devais pas savoir. Je ne voulais pas qu'elle sache.
Je ne me faisais pas d'illusion, Laura me connaissait, elle savait d'où je venais. Si elle ne savait pas avec exactitude ce qu'était ma vie avant que je la rencontre, elle en avait une vague idée, j'avais conscience de cela. Mais je ne voulais pas la mêler à mes affaires. Je voulais la préserver. Et préserver mon image. Avoir encore pendant quelques temps le sentiment d'être quelqu'un de bien à ses yeux. Elle était pour ainsi dire l'une des plus belle chose qui me soit arrivé, et je ne voulais pas tout gâcher. Pas tout de suite. J'espérais que le rêve dure encore... Encore quelques instants.
- Alors ?
Je relevai les yeux vers elle en soupirant. Je ne voulais pas qu'elle sache mais j'étais désespérée. Je ne savais plus quoi faire. J'avais besoin d'aide. J'avais besoin d'elle.
- Alors quoi ? J'ai fait une connerie et j'ai besoin de 5000 euros rapidement, pas besoin de te faire un dessin !
- Une connerie ? Interrogea-t-elle, tu peux développer ?
J'en étais sûre. Je poussai un long soupir puis me levai de mon trône.
- Laisse tomber je vais trouver toute seule... soupirai-je en me dirigeant vers la porte.
- Non Gadie attends ! S'exclama Laura en m'attrapant le bras.
Je me retournai vers elle. Ses doigts manucurés agrippaient la manche de mon T-Shirt.
- Ok j'ai compris, maugréa-t-elle, Je ne pose pas de questions... Mais laisse-moi t'aider un peu...
Je la considérai quelques instants. Ses yeux verts me fixaient avec une étrange lueur, comme s'ils me suppliaient de rester. Je soufflai et fini par reposer mon derrière sur la malle. Laura lâcha mon bras. Sa main vint se coincer entre ses genoux. Je baissai de nouveau la tête. Je m'étais encore une fois emportée trop vite. Raah mais quelle imbécile je faisais, elle voulait seulement m'aider après tout... Pourquoi avais-je toujours peur de choses aussi futiles ?!
- Je... C'est des problèmes entre mon frère et des dealers... soufflai-je finalement. Il faut qu'il leur rende 5700 balles.
Laura hocha la tête. Voilà, je lui avait dit. Et elle n'avait pas crié au scandale. Quelle joie ! Dans le fond cette affaire ne me considérais pas directement mais... je me sentais coupable. Terriblement coupable. C'était de ma faute. Je tournai mon visage vers elle.
- Je suppose que vous n'avez pas masse d'économie et que la banque refusera de vous aider, dit-elle
- Tu supposes bien.
Elle hocha de nouveau la tête, l'air songeuse. Je m'en voulais de l'ennuyer avec mes histoires, mais j'avais passé ma nuit à chercher des solutions, et les seules qui me venaient à l'esprit ne brillaient pas par leur honnêteté. Je voulais régler cela de manière normale cette fois, honnête. Je ne devais pas enclencher plus de problèmes.
- J'ai environ 1000 euro mais c'est loin d'être suffisant, commençai-je. Ma mère gagne à peine de quoi payer le loyer de l'appart... Mon petit boulot chez Ben permet d'acheter de quoi bouffer mais pour le reste...
- Je comprends t'inquiète... Je t'aurais bien proposé de te prêter un peu d'argent mais je vis seule avec très peu de moyen donc bon... La plupart de temps c'est Tommy qui m'invite, c'est dire...
- Non mais je ne veux pas que tu me prêtes de l'argent..! répliquai-je aussitôt.
Elle m'adressa un sourire entendu et détourna la tête. Un silence, pesant cette fois-ci, s'installa dans la pièce. Je fis craquer les jointures de mes doigts. Panne. Panne d'idées.
- Ou alors tu braque une banque, lâcha-t-elle.
- Hilarant.
- Un magasin ?
- Non.
- Une bijouterie ! Ils ont de la tune à plus savoir quoi en foutre !
Je poussai un long soupir et plantai mon regard glacial dans ses yeux verts.
- Oh c'est bon, souffla Laura, j'essaye de proposer des idées moi...
- Elles sont nazes tes idées.
Laura fit une moue blasée et tourna son visage vers le mur. Je l'observai du coin de l'œil. Elle semblait fixer un point invisible devant elle.
- Et si tu demandais à Ben de t'en prêter.
- Il a déjà du mal à faire marcher son bar alors je ne pense pas qu'il soit super chaud pour me prêter de la tune, surtout si c'est pour qu'elle aille alimenter les réseaux de drogues...
- Et Alex et Zack ? Tu leur a demandé ? Ils pourraient t'aider eux, ils arrivent toujours à se sortir de situation invraisemblables.
Laura connaissait le duo, et depuis bien plus longtemps que moi. Cela m'avais surprise. Je n'avais jamais vraiment comprise comment ils s'étaient connus, Laura venait d'un monde tellement différent du leur. Mais c'était grâce à eux que j'avais pu la rencontrer. Et grâce à elle que je m'étais inscrite au théâtre. J'appuyai ma tête sur mes coudes. J'ai l'impression que je dois l'ensemble de mon existence à des individus autre que ma propre personne. Déprimant... Qu'ai-je réussi à accomplir par moi-même au final ?
- J'y ai pensé mais ils sont partis il y a quelques jours, une histoire d'orphelinat ou de je ne sais quoi... J'ai pas tout compris.
- Ah merde...
- Comme tu dis... Enfin je n'avais pas non plus envie de les embêter une nouvelle fois avec mes problèmes...
- Arrêtes, tu sais très bien que tu ne les aurais pas embêté...
Si je les aurais embêté. Je le savais. Je m'étais accrochée à eux comme une sangsue. A chaque fois que je les contactais, c'était pour leur demander de l'aide. Tellement pathétique. Mais c'en était assez. Il fallait que j'essaye de m'en sortir par moi-même, sans eux. Au moins une fois. De toute manière je n'avais pas le choix.
- Tu sais qu'Alex à vécut dans un orphelinat quand il était petit?
- Si tu le dis...
- Ils t'ont dis le nom de l'orphelinat dont ils parlaient?
- Ouais, peut être... J'ai pas fais attention...
Laura mordilla ses ongles, songeuse. Attention princesse, tu va détruire ta manucure.
- Saint... Saint je sais pas quoi... marmonna-t-elle.
- De quoi tu parles ?
- Le nom de l'orphelinat.
- Mais qu'est-ce qu'on en a à foutre de ce fichu orphelinat ?! m'exclamai-je en me redressant. Ils distribuent du fric gratos ?!
La grande blonde sursauta puis tourna son visage vers moi. Quelques mèches folles commençaient à s'échapper de sa tresses et venaient caresser son front. Elle m'adressa un grand sourire.
- Non t'as raison. Je me posais simplement la question.
Je la regardai quelques instants, puis enfouis mon visage au creux de mes mains. Je n'arrivais même plus à réfléchir. La fatigue avait eu raison de moi. Un soupir s'échappa de mes lèvres et vint mourir contre ma paume. J'étais si pathétique.
Je n'avait pas réussi à fermer l'oeil de la nuit. Ces images me hantaient. Je les voyais partout, tout le temps. Elles étaient revenues, d'un coup, sans prévenir. Elle étaient revenues pour me torturer l'esprit. Et je ne pouvais rien y faire. Rien. Je subissais. Je le revoyais lui. Je revoyais sa rage sa colère. Sa violence. Je revoyais son visage. J'avais envie de hurler. De crier. De le frapper. Mais son image s'effaçait, brutalement, pour laisser place au visage couvert d'hématomes de mon frère. Marco, son dos marqué par les coups, sa peau déchiquetée. Encore et encore. Je revoyais tout cela, inlassablement. C'était comme si je vivais plusieurs fois le même cauchemar sans jamais parvenir à m'en échapper. Un cauchemar ignoble, infâme. Le cauchemar de mon existence. Mais je n'en voulais pas. Non. Je n'en voulais plus. Tout ce que je désirais c'était fuir, partir. Partir le plus loin possible. Aussi loin que mes jambes me porteraient. Mais je ne pouvais pas. J'étais comme condamnée. Prisonnière d'une cage invisible, enchainée à un destin déjà gravé. Je ne pouvais pas fuir.
Alors je repensais à mon frère. J'avais peur. Peur de ce qu'il pouvait lui arriver. Peur de le voir à sa place. Peur qu'il devienne comme lui. Peur de le perdre à nouveau. Je voulais l'aider mais je ne savais pas quoi faire. J'étais inutile, faible. Et ce sentiment m'étais insupportable. Mais que pouvais-je faire ? Je ne savais pas. Je ne savais plus... Il n'était pas rentré de la nuit. Pas un mot ni un message. Rien. Il était parti sans que je sache où. Il était partit et son absence m'effrayait.
La porte s'ouvrit brutalement, me faisant sursauter et tomber de la malle. Purée ! Qui le fils de chien qui a osé me...
- Ah bah vous êtes là ! s'exclama une voix, Ça fait trois plombes que je vous cherche partout !
Je relevai la tête. Tommy. Bon, une chance que ce soit lui. Cela aurait été un autre, je l'aurais défoncé !
- Ben qu'est ce que tu fiche par terre Gadie ?
- A ton avis crétin ?!
Il m'adressa un regard incompréhensif. Qu'est-ce que je disais... Crétin ! Laura, qui s'était levée de son trône de bois, se précipita dans ses bras.
- Mon chéri ! S'exclama-t-elle en s'agrippant au cou de l'hurluberlu qui lui servait de copain, Trois plombes vraiment ? Je t'ai manqué à ce point ?
- Pas le moins du monde... rétorqua calmement Tommy, mais c'est toi qui a les clés du local alors il fallait bien que je te retrouve...
Surprise par cette réponse, la grande blonde eu un mouvement de recul et fixa quelques instants son compagnon. Devant le manque de réaction de ce dernier, elle fini par se détacher de lui d'un air outré. Tommy éclata de rire et la rattrapa par la taille.
- Je plaisante mon Coeur, je plaisante... articula-t-il en l'attirant à lui. Enfin pas pour les clés, c'est bien toi qui les as, mais tu m'as manqué...
Laura lui offrit un grand sourire satisfait, puis approcha son visage de ses lèvres.
- Enfin... ajouta Tommy. Un peu...
Je pouffai. Oui ce n'étais pas drôle mais j'étais sur les nerfs !
- Tu sais que t'es un vrai connard ? Répliqua Laura en reculant son visage.
- C'est pour ça que tu m'aime non ? Rétorqua le brun en enlaçant sa taille.
- Ah mais je n'ai jamais dis que je t'aimais.
- Menteuse.
- Menteur.
- Je te déteste.
- Pas autant que moi.
Il la tira complètement vers lui et déposa un baiser délicat sur ses lèvres. Baiser qui se fit rapidement bien plus langoureux et plus fougueux. Super les gars. Non vraiment, génial. Continuez à exposer comme cela votre bonheur éclaboussant devant une pauvre âme en peine. J'adore.
Je me relevai en étouffant un grognement. Egoïstes ! Vous verrez, un jour je viendrais moi aussi me pavaner avec le bonheur accroché à mon bras tandis que vous serez tous vieux, tous moches et tous seuls ! Et cela sera bien fait pour vous ! Non mais ! Je me raclai bruyamment la gorge pour leurs rappeler ma présence. Il ne manquerait plus qu'ils m'oublient, ces deux ignobles monstres amoureux.
Ils se détachèrent en pouffant et Laura vint glisser sa main dans celle de Tommy, agrippant son bras. Ce dernier la regardait en affichant un sourire charmeur, sourire qui se figea très rapidement.
- Mais... bégaya-t-il, mais t'es toujours en costume ?!
Ah, le moment mignon était rapidement passé. Une minute en même temps... On doit tenir un record. Il se tourna vers moi et écarquilla un peu plus les yeux.
- Toi aussi ?! Mais qu'est-ce que vous fichez depuis tout à l'heure ?
Sérieusement il t'a fallu tout ce temps pour t'en rendre compte mon grand ? Un rendez-vous chez l'ophtalmologue ne serait pas un luxe chéri.
- On fiche que depuis tout à l'heure je me casse en deux pour faire rentrer ton fichu décor dans Georgette, alors un peu de reconnaissance serait bien plus approprié que tes reproches gratuits !
Tommy haussa un sourcil, interdit. Quoi encore ?!
- Qui est Georgette ? Demanda-t-il en fronçant les sourcils.
Et mince... Je soupirai en passant une main sur mon visage.
- Je... C'est... Le placard mais laisse tomber...
- T'as donné un prénom au placard ? S'étonna Laura.
Les deux ignares qui me servaient de compagnons se mirent à me fixer avec de grands yeux. Ben quoi ? J'étais vraiment la seule à faire cela ?
- Non ! Enfin si mais je... Raah..! Mais qu'est-ce que ça peut vous faire ?!
Laura se mit à ricaner. Et c'était parti...
- Non sérieusement tu donnes des petits noms aux meubles ?
- Je...
- Ouah mais c'est trop excellent !
Ah... Je ne le sentais pas là. Genre pas du tout du tout.
- Ok, alors comment s'appelle la malle ? Renchéri Tommy.
Qu'est-ce que je disais... Je levai les yeux au ciel.
- Putain mais...
- Martine ? Interrogea Laura. Martine la malle, ça le fait bien non ?
- Tu trouves ? J'aurais plus dis Marcelle moi...
- Non mais sérieusement les gars je..
- Ah ouais..! s'exclama la grande blonde. Ou Mireille !
Ok, je vais craquer.
- Mireille ? Ouais bof... Il y a Martha sinon aussi... c'est plutôt cool non, Martha ?
Je craque.
- Ça peut le faire ouais mais je...
- OH ! VOUS ALLEZ LA FERMER OUI ?!
Les deux guignols se turent aussitôt et tournèrent leurs faces de harengs périmés vers moi. Enfin je captais leur attention..! Ce n'était pas trop tôt. Non mais comment avais-je fais pour me coltiner deux cas pareils ?! Je croisai mes bras sur ma poitrine.
- D'abord il part complètement en cacahouète votre débat, et en plus son vrai prénom c'est Mauricette. Donc bouclez là !
À ces mots, les deux zouaves échangèrent un regard amusé puis explosèrent de rire. Super. Génial. Vraiment au top les gars. Poussant un énième soupir, je fini par reposer mon élégant derrière de gangsta discount sur Mauricette, tandis que mes deux mignons petits tourtereaux se tordaient littéralement de rire dans l'encadrement de la porte. Un max de barres.
Après quelques instants de franches bonnes tranches de rigolade, Coluche et Patacloc commencèrent à reprendre un peu de sérieux. Pas trop tôt les gars. Les bras toujours fermement croisés sur ma poitrine, je les fixais avec un regard noir.
- C'est bon ? Vous avez fini ?
- Rooh... T'es d'un susceptible Gadie...
- D'une susceptibilité rare.
- D'une rarissime susceptibilité.
- D'une...
- J'ai dis : c'est bon ?! Vous avez fini ?! Répétai-je un brin agacée.
Laura gloussa. Je fronçai les sourcils. Elle se redressa aussitôt et toussota légèrement pour se donner un peu de contenance.
- C'est bon, c'est bon... souffla-t-elle dépité. J'arrête.
- On arrête.
- Oui c'est cela, nous arrêtons.
- Ok, alors si vous commencez à me conjuguer le verbe Arrêter à tout les temps, je vous jure que je vais démonter une à une vos deux charmantes petites tronches.
Ma blondasse d'amie lâcha aussitôt le bras de Tommy et se pinça les lèvres, se retenant de rire. Je les déteste.
- Ok ok, je ne dis plus rien. fini-t-elle par prononcer en agitant les bras. Je vais me changer de toute façon...
- Je t'attends ici ? demanda Tommy.
- Si ça te dérange pas ce serait avec plaisir !
- Ça ne me dérange pas, si tu te bouge.
- Super génial, je t'adore mon Trésor ! Promis je vais essayer de prendre le plus de temp possible ! T'es un amour. A tout de suite !
Et elle s'éclipsa. Le silence revint dans la pièce. Enfin un peu de calme. Tommy, un sourire idiot toujours accroché à ses lèvres, fit quelques pas dans la pièce et vint s'assoir à mes côtés.
- Ça ne te dérange pas si je squatte Mauricette avec toi ?
Je le considérai quelques instants. Ce grand dadais brun méritait-il mon accord ? Dilemme dilemme...
- Si je réponds non, tu ne te lèveras pas pour autant, je me trompe..?
- T'as raison... Mais je voulais avoir l'air de quelqu'un de poli. Tu pourrais au moins faire semblant..!
Je soupirai en levant les yeux au ciel.
- Mais voyons mon très cher ami, m'exclamai-je en écartant les bras, bien évidement que je vous autorise à choir votre si parfait derrière sur le bois dur et rêche de Mauricette la malle à costume..!
- Vous m'en voyez ravi !
- Génial.
- Super.
Nous hochâmes tous deux la tête d'un air entendu puis détournèrent le regard pour fixer bêtement le mur devant nous. L'ampoule de la pièce se mit à grésiller légèrement. Je levai les yeux vers le plafond. Des épaisses toiles d'araignées poussiéreuses envahissaient les angles vides et sales des poutres. Ce n'était pas le ménage qui les affolait ici.
A côté de moi, Tommy avait remonté les manches de son sweat. Ses cheveux bruns retombaient devant ses yeux, camouflant la moitié de son visage derrière une cascade de mèches brunes. Après l'ophtalmologue, tu penseras à passer chez le coiffeur mon petit Tom-Tom... Je ne suis pas à cheval sur l'apparence d'habitude mais là, une petite coupe s'impose.
- Tu ne te change pas ? Demanda-t-il au bout d'un moment.
- Je... euh si. Enfin... Si Laura occupe déjà les loges, je préfère éviter d'y aller maintenant... Tu sais combien elle peut être agaçante dans ces moments.
- C'est pas faux... répondit-il avec un sourire amusé. Dis-moi, je me demandais...
J'haussai un sourcil et tournai mon visage vers lui.
- Tu te demandais..?
- Hier je me suis rendu au théâtre pour vérifier quelques trucs pour la pièce, et il n'y avait plus ton costume. C'est toi qui l'avais pris ?
- Tu viens au théâtre pour compter les costumes ?
- Hein ?! Non ! J'étais venu pour mettre au point des trucs par rapport à la mise en scène, il y a pleins de choses à revoir, avec le monologue de Basile par exemple, ou encore quand Marie doit... Raah mais tu peux pas juste répondre à ma question ?!
J'eus un rire. C'était toujours pareil. Il suffisait d'évoquer le mot théâtre et on perdait Tommy pour la soirée. Je levai les yeux vers lui, un sourire étirant mes lèvres.
- Oui c'est moi, répondis-je, j'en avait besoin pour quelque chose... Tu ne vas pas me reprocher de lui donner un petit côté vécu ?
- Non non je ne t'en veux pas, tant que tu le ramène après... T'en avais besoin pour quoi ? T'as plus de fringues chez toi ?
- Un truc perso, c'est pas tes oignons... Et ta vanne était naze au passage.
- Ouais j'avoue...
Je me levai en tapotant légèrement son épaule. Il m'adressa un sourire exaspéré que je lui rendis avec plaisir.
- Qu'est-ce que tu fais ? Demanda-t-il.
- Je vais me changer finalement...
- Ici ?
- J'enlève juste mon sweat et mon T-shirt ne t'inquiète pas, je ne vais pas me mettre à poil devant toi. Même si je sais que tu adorerais.
- C'est ça, prends tes rêves pour la réalité.
Je lui balançai ma casquette, qu'il rattrapa au vol. J'eu un soupir agacé. Si en plus cet imbécile jaloux était habile, je ne m'en sortais plus moi ! Les yeux pétillants, il fit tourner le splendide couvre-chef entre ses mains.
- Elle est vraiment très moche cette casquette... fini-t-il par prononcer en la reposant sur le meuble.
- À qui le dis-tu... Marmonnai-je en lui lançant mon sweat au visage.
Saisissant l'ignoble morceau de tissu qui avait atterrit sur son épaule, il s'appliqua à le plier méticuleusement. Je l'observai en souriant. Habile mais néanmoins un brin maniaque le Tommy. Je m'assis sur le sol pour retirer mes chaussures.
- Tu comptes réellement m'envoyer un à un tous les vêtements qui tu retireras ?
- Oui.
- Même les chaussures ?
- Même les chaussures.
- Super... Souffla-t-il.
Je lui adressai un sourire ravi et lui envoyai d'un coup de pied, ma foi splendide, mes deux ignobles baskets. Au même moment, la porte s'ouvrit brutalement, faisant sursauter Tommy. Mes chaussures vinrent violemment percuter son visage. Et mince. Mauvais timing...
- Laura II, le retour ! Déclara une voix.
Je tournai la tête vers la porte. Ben tiens, elle ne m'avais pas manqué celle-là. Vêtue d'un top moulant qui révélait son nombril ainsi que d'un short en toile bleue, elle s'avança de sa démarche sautillante, sac sur l'épaule, et vint s'assoir sur le genoux de Tommy. Ce dernier massait son nez en poussant quelques gémissements plaintifs.
- Tu fais vraiment chier Gadie... Ça fais super mal !
- Désolé...
Laura saisit le visage du pauvre homme blessé entre ses mains et fit glisser ses doigts fins sur sa joue. Ses yeux clairs le scrutèrent avec attention pendant quelques secondes, puis elle se pencha et déposa délicatement un baiser sur son nez.
- Pauvre trésor... Minauda-t-elle en glissant ses doigts dans ses cheveux. Je t'ai fait un bisous magique, tu va guérir plus vite.
Je me mis a ricaner. Un bisous magique ? Sérieusement ? Tellement ridicule... La grande blonde tourna son magnifique faciès vers moi.
- Ah oui, Gadie, il y a une fille dehors qui te cherche.
Je fronçai les sourcils.
- Une fille ?
- Oui, tu sais la fille avec qui tu parlais la dernière fois... Une certaine Mélanie... enfin j'ai pas tout compris. C'est Baz qui est venu de me prévenir.
Une certaine Mélanie ? Non ?! Mon sang ne fit qu'un tour. Je me relevai aussitôt. Mais qu'est-ce qu'elle faisait là ?
- Mélina ?!
- Ah oui, voilà c'est ça, Mélina. Enfin, Mélanie, Mélina... C'est pareil. marmonna Laura.
Oh mince ! Mince, mince, mince ! Si quelqu'un commettait la moindre bourde, elle allait se rendre compte que je lui avais menti. Et j'allais défoncer ce quelqu'un. Je n'avais pas envie qu'elle sache. Du moins, pas avant que je ne l'ai décidé. Je saisi mes deux chaussures qui gisaient sur le plancher et entrepris de les enfiler en sautillant maladroitement sur place.
- Euh... tu fais quoi là ? Me demanda Tommy en continuant de frotter son nez.
- Je me rhabille imbécile.
Laura fronça les sourcils.
-Tu remet ton costume ? Tu veux te lancer dans un one-woman show ?
Je levai les yeux au ciel. Elle m'épuise.
- Ah non, se rectifia-t-elle, excuse-moi, un one-man show dans le cas présent !
Ouah. De mieux en mieux...
- Ou plutôt un one-trans show non ? S'esclaffa-t-elle.
- Wow... articulai-je en laçant ma deuxième basket, Ça ne s'arrange pas dis-moi...
Mais elle ne me répondis pas, pliée en deux par son hilarant trait d'humour. On l'avait perdue. Triste perte. Je soupirai et me tournai vers Tommy.
- Si j'avais une copine avec un humour aussi moisi que la tienne, je l'aurais balancée par la fenêtre depuis belle lurette...
- T'inquiète, c'est ce que j'ai prévu de faire ce soir.
- Tsss... soupira Laura, vous êtes jaloux.
Je lui adressai mon plus beau sourire puis m'agenouillai sur le sol. Pourquoi fallait-il que les lacets de ces fichues chaussures fassent trois mètres de long ?! Moches comme vous étiez, vous feriez mieux de ne pas vous faire remarquer, saloperies de baskets !
- Dis-moi, prononça Laura, cette Mélina, ce ne serait pas la fille qui croit que t'es un mec ?
- Euh... si.
Elle se mit à rire.
- C'est pour ça que tu remet ton costume ?!
J'étouffai un juron.
- Oui, ben justement, si tu pouvais aller l'occuper le temps que je me rhabille ça serait cool...
Elle se leva en tirant le bras de Tommy. Son rire continuait à raisonner dans la pièce.
- Je savais bien que t'avais flachée sur elle, petite cachotière ! Mais un conseil, dis lui que t'es une fille... Elle se rendra rapidement compte qu'il te manque quelque chose...
Et elle sorti de la pièce en m'adressant un clin d'oeil, un Tommy complètement perdu à sa suite. Avant de disparaitre définitivement derrière la porte de bois, ce dernier se pencha et me balança les clés à la figure.
- Tu pensera à fermer le local...
Puis il disparu.
Je réajustai ma casquette sur ma tête puis dévalai les marches de pierre qui menaient à la cour arrière. D'un mouvement sec, j'ouvris vivement la vieille porte en taule, puis la verrouillai en quelques tours de clés rapides. Mon coeur tambourinai contre ma poitrine. Mon pouls s'était accéléré. Je plaquai ma main contre mon torse. Pourquoi ? Pourquoi m'étais-je soudainement mise à stresser comme cela ? Cela ne pouvait pas être à cause de cette fille... Non. Si... Je poussai un long soupir et glissai furtivement les clé dans ma poche. J'avais peur. Peur qu'elle découvre que le lui ai mentis. Peur qu'elle s'éloigne de moi. Peur qu'elle me rejette. Peur de son regard... Peur de... Je redressai la tête et donnai un coup de pied rageur contre la malheureuse porte. Non ! Je n'avais pas peur ! Jamais ! Je serrai les poings. Ce n'était pas de la peur. Ce n'était pas cela. J'appréhendais sa réaction, voilà tout. Mais je n'avais pas peur. Je n'avais jamais peur. Ou alors très peu...
Je baissai la tête, piteuse, puis passai une main sur mon visage. Je ne suis qu'une menteuse. Une ignoble menteuse. Je mens, tout le temps. Aux autres c'est vrai, mais surtout à moi même. Je mens, parce que j'ai peur. Oui. J'ai tout le temps peur. Mais pas d'elle, pas d'eux... J'ai peur de moi même. Je me déteste. Je me crains. J'appuyai mon front contre la paroi froide de la porte. C'était électrique. Je fermai les yeux. J'étais tellement pathétique...
Un éclat de rire parvint à mes oreilles. J'ouvris les yeux. Laura. Mince, cela m'étais complètement sorti de la tête. Elle était avec elle. J'étouffai un juron. Cette imbécile allait faire une bourde, j'en était sûre. Elle allait déraper à un moment donné. Forcément. C'était inévitable. Mélina était en danger. Ma couverture était en danger. Laura était un danger. Je me décollai de la porte et me précipitai vers les éclats de voix qui continuaient à retentir de l'autre côté du bâtiment.
Je tournai à l'angle du mur. Tommy, assis sur les marches, téléphone en main, m'adressa un hochement de tête en me voyant. Je lui répondai par un mouvement de tête entendu et lui envoyai les clés du local. Tout autour de nous, les rayons de soleil réchauffaient le béton noir. Une odeur de pétrole envahissait l'air. Je tournai la tête. Elle était là. Sa peau ambrée, délicatement caressée par les chaudes lumières du soir, brillait comme du blé au soleil. Mon coeur s'emballa. Je m'arrêtai, comme pétrifiée. Elle était là. Son rire, sa voix. Ses grands yeux verts pétillants. Elle était là, à quelques pas. Juste là. Je me mordis la lèvres. Pourquoi cela ma paralysais à ce point. Pourquoi est-ce que ce stupide coeur ne parvenait-il pas à se calmer ?
J'observai son profil. Ses pommettes se soulevaient timidement quand elle riait aux blagues vaseuses de Laura. Elle ne me voyait pas. Ses longs cheveux bruns tombaient en cascade sur ses épaules nues. Elle était belle. Elle était même magnifique. Mon bras redescendit le long de mon corps et vint se poser contre mon jean. Je n'osai pas approcher. Non. Je voulais rester là, profiter de cet instant, de ces quelques secondes. J'avais envie de la regarder, simplement la regarder. Sans honte, sans qu'elle ne me voit. Juste la regarder. La voir agiter ses bras fins quand elle parlait, plisser son nez délicat lorsqu'elle riait, glisser maladroitement une mèche de cheveux derrière son oreille pour dissimuler sa gène. Ses gestes, son corps tout entier trahissait ses émotions. Si je ne comprenais pas ce qu'elle disait, je ressentais ce qu'elle cherchait à cacher derrière son sourire trop parfait. Ce sourire qui vint de nouveau éblouir ma pupille. Je ne bougeai pas. Fixant ces lèvres superbes. Elle m'hypnotisait.
Un raclement de gorge me rappela à la réalité. Je me retournai. Derrière moi, un sourire amusé dessiné sur ses lèvres, Tommy me regardai, la tête légèrement penchée sur le côté. Il eut un mouvement de têtes vers les deux filles. Mes joues s'empourprèrent. Qu'est-ce qu'il croyait cet idiot ? Je lui fit de grands yeux puis détournai le visage, agacée. Je ne voulais pas qu'il s'imagine n'importe quoi. Parce que je savais exactement ce qu'il s'imaginait. Redescend sur terre Tom-Tom, cette fille était jolie mais il n'y avait rien de plus. Un peu sympa aussi, mais c'était tout. Il n'y avait rien d'autre. Rien. Je fis quelques pas pour arriver au niveau de mes deux amies.
- Hey, salut Princesse !
Mélina eu un sursaut et se tourna vers moi. Son visage arbora un sourire radieux. Un peu rosé. Je battit des paupières. Ses magnifiques yeux verts, légèrement poudrés de brun, se posèrent sur moi. Un frisson parcouru mon corps.
- Mon pote ! s'écria Laura en me donnant une violente claque dans le dos. Mon pote ! Mais qu'est ce que tu fous depuis un quart d'heure ?! Tu t'épilais les sourcils ou quoi ?
J'étouffais un grognement puis me tournai vers elle. Reste calme Gadie, reste calme. Si tu t'énerve maintenant, de quoi va tu avoir l'air devant ta princesse hein ?
- Wow... marmonnai-je. Toujours aussi drôle à ce que je vois...
Laura s'esclaffa puis me donna une seconde bourrade.
- Et toi toujours aussi joyeuse... euh joyeux ! Joyeux-EUX !
Je passai une main affligée sur mon visage. Voilà. J'en étais sûre. Elle ne pouvais jamais en rater une. Mon imbécile d'amie adressa un grand sourire à Mélina, puis se tourna de nouveau vers moi et m'offrit un violent coup de poing dans le ventre. Je me pliai en deux, le souffle coupé. Purée..! Mais qu'est-ce qu'elle fichait cette idiote ?! Je ne suis pas un foutu punching-ball !
- Aller Mélina, s'exclama ma blondasse d'amie en reculant de quelques pas, ce fut un réel plaisir ! Je te laisse en compagnie de mon viril et poilu camarade ici présent ! Un mec, un vrai ! Gavé jusqu'à ras la casquette de testostérone bien macho !
Elle m'adressa un clin d'oeil amusé, agita bêtement la main puis s'éclipsa. La tête toujours baissée, je fermai les yeux. Génial. On n'était jamais dans l'excès avec elle, jamais... Tommy, qui s'était levé, lui tendis une main qu'elle la saisi en souriant, puis ils s'éloignèrent. Quand ils eurent enfin disparu, je me redressai en toussant. De l'air commençait de nouveau à pénétrer dans mes poumons. Super. Je n'étais pas encore morte !
Mélina, les bras croisés sur sa poitrine, m'observait avec un sourire moqueur. Je lui souris à mon tour, gênée. Je ne savais pas quoi dire. Je ne savais même pas pourquoi elle était venue ici. Pour moi ? N'importe quoi...
- Tu m'as menti, prononça-t-elle finalement.
J'écarquillai les yeux. Comme cela je lui avait menti ? Je lui avait menti sur quoi ? Sur ce que j'étais ? Je serrai la mâchoire. Laura. C'était de ta faute. Elle savait. Elle savait que je n'étais pas un homme. C'était pour cela qu'elle était venue. Elle allait me détester. Elle allait partir. Plus jamais elle n'aurait confiance en moi. Plus jamais. Je sentis mon âme se liquéfier à l'intérieur de moi.
- Je... Euh... bégayai-je, Comment ça je t'ai menti ?
Son sourire malicieux s'agrandit et elle pencha la tête. Le rose brillant de ses lèvres me captivait. Mes mains commencèrent à trembler légèrement. Oh Gadie ! Tu va te reprendre oui ?! Je croyais que tu n'avais pas peur !
- Tu n'es pas un prince.
Hein ?
- Mais... je... Bien sûr que si je suis un prince..!
- Non, tu m'as menti. Tu n'as pas pourfendu le dragon.
Mais de quoi elle parlait ? Je fronçai les sourcils. Sébastien ? Pour avoir été pourfendu, il avait été pourfendu. Pas par moi, je l'avoue, mais cela elle n'était pas censé le savoir.
- Et qu'est-ce qui te fait dire cela je te prie ?
- Eh bien le dragon lui même.
J'écarquillai les yeux. Ok, je ne comprenais plus rien.
- Sébastien ? Il est venu te voir ?
- Exact. confirma-t-elle avec un sourire. Je sais ce qu'il s'est passé. Tu m'as menti.
Mince. Je me mordis la lèvre. Qu'est-ce que cet espèce de crétin décérébré était venu lui raconté ? Qu'avait-il dit ?! Et bon sang, pourquoi l'avait-elle écouté ?! Je m'apprêtais à répliquer quand elle ouvrit la bouche. Elle leva un doigt.
- Tu es venu avec, je cite, un grand malade et, toujours pour reprendre ses mots, une espèce de dinde folle furieuse. Alors non, tu n'as pas pourfendu seul le dragon et oui tu es un menteur. C'est pas du tout digne d'un prince tout ça...
Une espèce de dinde folle furieuse ? C'était moi l'espèce de dinde folle furieuse ?! Attends que je te retrouve toi ! On verra bien qui est le dindon schizophrène furax !
Je baissai la tête en soufflant. Les battements excessifs de mon coeur se calmèrent. Elle ne savait pas. Il ne lui avait pas dit. Un sourire s'empara de nouveau de mes lèvres.
- Ah, mais je n'ai jamais dit que je le pourfendrais seul. J'ai dit que c'était un secret, c'est bien différent. Je suis toujours un prince !
- Oh ! S'exclama-t-elle, Tu chipote là !
Je mit à rire.
- Je chipote ? C'est toi qui chipote oui ! Un prince ne chipote jamais !
- T'es pas un prince.
J'eu un nouveau rire puis croisai mes bras sur ma poitrine. Mélina me regardais, d'un air boudeur. Une de ses mains agrippait fermement l'hanse de son sac. Elle portait un léger débardeur noir en dentelle ainsi qu'une jupe de tissu bleu qui révélait la couleur délicate de ses cuisses dorées. A son cou, un collier de pierres bleues avait été délicatement accroché, soulignant avec élégance la douceur de sa peau ambrée.
- Et tu es venu jusqu'ici pour me dire ça ? Pas très gentil de la part d'une princesse.
A ces mots, je vis ses joues s'empourprer. Elle agita rapidement les mains dans les airs en secouant la tête.
- Non, je ne suis pas venue que pour ça je...
Elle se tue quelques instants, semblant chercher ses mots. Les bras toujours croisés sur ma poitrine, je l'observait en souriant. Le coin de sa paupière était légèrement teinté de violet, trace de coups qu'elle avait vainement tentée de camoufler avec du maquillage. J'eu un pincement au coeur. J'aurais dû broyer ce salaud de mes propres mains !
- Depuis que tu as entrepris de démonter la gueule à Sébastien, chose dont je ne te blâme absolument pas et que je t'encourage même à réitérer dès que tu le désire, je passe mes soirées seule. Et j'en ai marre. Donc, comme tu es, en partie, responsable de mon atroce solitude, il est maintenant de ton devoir de me divertir.
- Hein ?! Tu veux que je te divertisse ?
- On dirait que tes oreilles fonctionnent à merveille..!
- Genre... tu voudrais que je danse pour toi ? Ou mieux, que je chante ?!
Elle leva ses jolis yeux au ciel. Bon, apparement ce n'étais pas cela. Enfin, cela tombait plutôt bien, je suis une très mauvaise danseuse, et je ne parle même pas du chant. Je plissai les yeux. Je craignais d'avoir compris sa demande.
- T'es aussi drôle que ton amie dis-moi ?
- Oh ! Alors ça c'est pas gentil ! Ça me blesse !
Elle pouffa. Le sourire aux lèvres, elle secoua la tête d'un air amusé puis reposa son regard vers moi. Ses yeux me scrutèrent quelques seconde puis elle baissa la tête.
- Je... Est-ce que tu veux bien passer la soirée avec moi ? J'en ai marre de me sentir si seule. Je suis désolé de t'embêter avec mes histoire mais... je n'ose pas demander à d'autre personnes, elles verraient m'ont visage et puis je...J'ai envie de passer une soirée avec toi.
Mon coeur rata un battement. Elle voulait passer une soirée avec moi ? Pourquoi ces simples mots me foudroyaient à ce point ?! Je sentis mes joues rougirent. Quelle imbécile je faisais !
- J'accepte si en échange je redeviens un prince.
Mélina se mit à rire. Ses muscles se détendirent et elle releva la tête vers moi. Ses yeux pétillaient de nouveau.
- Oh, mais bien entendu voyons ! Tu sera même un prince charmant !
Un grand sourire s'étala sur mon visage. J'avais l'impression de voler. De rêver. C'était une sensation étrange. Comme si je flottais dans les airs, la tête dans les nuages. J'étais heureuse. Tout simplement. Heureuse.
- Alors j'accepte !
......................
Hey ! Chose promise, chose due, voici le 16ème chapitre !! Ouiiiii ! (vous pouvez applaudir... Non non vraiment, ça me fait plaisir)
Bon, il est peut être un peu long et j'ai un peu galéré pour l'écrire mais le voilà ! Dites moi ce que vous en pensez, je n'étais pas trop sûre de moi... La suite bientôt, si cela vous plaît toujours ! Merci de continuer à me suivre en tout cas, ça me fait super mega plaisir !!
Plein bonheur, bonne année et tout ce qui s'en suit !!!
A très vite !
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