Ignorant l'étendue des enjeux, Joshua observait les calculs précis que lui montrait Albert, le responsable des finances. Il comprenait parfaitement la façon de tricher au moyen des chiffres et la manière d'en jouer avec le fisc. Il resterait toutefois beaucoup à apprendre pour savoir camoufler les fausses transactions ! Jetant un coup d'œil à la pendule, il découvrit que son cours venait de se terminer, il quitta son fauteuil en s'excusant.

— Bon, ce sera tout pour aujourd'hui, j'ai un rendez-vous !

L'employé de son père n'osait riposter, il accepta à contrecœur de le laisser partir. Joshua courut dans l'escalier pour rejoindre le rez-de-chaussée où il retrouva Carlos qui discutait avec une femme de ménage. Son ami délaissa la demoiselle pour le rejoindre.

— Ah quand même, j'ai faillit attendre. Plaisanta son ami.

Joshua passa derrière le comptoir du guichet d'accueil pour récupérer deux casques. Ils se dépêchèrent de rejoindre la moto sans permis Ducati cinquante centimètres cubes du fils des Vignes pour y embarquer et prendre la route.

Une demi-heure plus tard, ils arrivèrent devant le cinéma ou l'affiche La Fin des Temps 2 surplombait les autres. Le film sortait en avant-première aujourd'hui, Carlos ne voulait absolument pas le manquer. Le premier opus était sorti en 1999, avec comme acteurs Arnold Schwarzenegger et Gabriel Byrne. Il racontait l'arrivée de Satan à New York et la victoire d'un simple humain qui réussit à le chasser en perdant la vie. Le second était la suite directe, il expliquait comment le diable était parvenu à revenir alors que Jéricho Cane (son destructeur dans le premier) était renvoyé sur terre pour le combattre à nouveau. Les acteurs avaient été remplacés par Zachary Quinch (Satan) et Timothy Dalton (Jéricho Cane) qui se battaient à l'apogée de la possession du genre humain par l'Enfer. Joshua n'était pas fan de film à gros budget, mais il se plierait au goût de son ami, le plus important demeurant qu'ils le partageaient ensemble.

Deux heures plus tard, les adolescents quittaient la salle, au milieu d'une foule épouvantée et terrifiée. Carlos avait adoré le film, Joshua moins, car le déroulement farfelu de l'intrigue était grotesque. Il en retint tout de même plusieurs choses, le chiffre sept apparaissant dans les sceaux, les coupes et les anges. 666, le nombre caractéristique décrivant l'antéchrist, qu'il portait au niveau d'une omoplate, avait un certain intérêt. Joshua calcula que le chiffre apparaissait dans le jour, le moi et l'année, lors de son treizième anniversaire, le six juin 2013. D'après le film, les chrétiens tenaient le sept comme chiffre parfait, car Dieu aurait créé le monde en sept jours. Donc, le 666 serait une logique parfaite, puisqu'il ne parviendrait jamais à devenir un sept. Le film fut à l'apogée du grotesque lorsque le héros montra à tous le chiffre sept qu'il portait à la base du cou. Mis à part cela les scènes d'action valaient le coup, le dragon à la fin, sans réelle explication de sa présence, était splendide. Carlos se faufilait trop rapidement au milieu des gens, Joshua dut accélérer le pas et heurta malgré lui un homme de haute stature. Il se retrouva face à un prêtre. Il resta figé en le dévisageant, demeurant inerte devant cette force de la nature. Alexander chercha des yeux Percy qu'il découvrit au loin auprès d'Ethan, il quitta son frère pour les rejoindre. Clémence observa longuement l'adolescent qui semblait dégager une aura peu commune.

— Ça va, mon garçon ?

Joshua ne le quitta pas des yeux, un léger tremblement dans ses doigts démontrait un gène. Il se frotta nerveusement le visage avant de répondre.

— Le bien triomphe du mal à en croire le film ! dit-il sans en comprendre la raison.

Le pasteur sourit en répondant.

— Semblerait-il ! Vous semblez bien jeune pour en tirer une telle conclusion. Êtes-vous croyant ?

Le garçon mima un sourire avant de s'éclipser, il le perdit de vue dans le brouhaha. Lorsqu'il croisa sa moto, Clémence nota instinctivement le numéro de la plaque. Sur le chemin Joshua ne cessait de penser au prêtre, il ne comprenait pas sa fuite soudaine, ce n'était qu'un curé ! Non pas que sa présence l'avait dérangé, mais quelque chose en lui l'avait dérangé ! Son père était athée, sans fondement religieux. Il décida de se renseigner sur l'Apocalypse énoncée dans le christianisme, il trouverait certainement une réponse par des chiffres.