Chapitre 8 chrysalide
Le Cimetière de Tsarevo regorgeait de gens apeurés. L'enterrement des victimes de l'ouragan Svetltya avait commencé tôt dans la matinée. Tous étaient émus par les tristes paroles du prêtre. Chacun assistait aux funérailles d'amis, collègues, enfants ou familles. Le dernier sermon de l'homme d'Église provoqua des pleurs, des femmes tombèrent à genoux alors que des enfants enlaçaient tristement leurs parents.
Noah quitta le groupe pour approcher du cercueil de son père. Le ciel bleu azuré permettait au soleil de faire mouvoir son ombre. La chanson We Will Rock You résonna au loin. Mon pote, tu es un garçon, tu fais beaucoup de bruit. Jouant dans la rue, tu seras un mec fort un jour. Il s'agenouilla pour entrelacer les doigts. Il pencha le visage pour pleurer. De denses nuages assombrirent le ciel. A peine audible débuta la chanson we are the champion. Et des erreurs, j'en ai fait quelques unes, j'en ai eu ma part de sable. Noah trébucha les mains à plat.
L'obscurité remplit l'air surchargé, des éclairs assourdissants résonnèrent en illuminant le cimetière. Tout le monde quitta les lieux pour rejoindre un endroit sec, comme les voitures, l'arrêt de bus et l'église. Deux policiers observaient l'adolescent depuis leur véhicule, le passager alluma une cigarette en prenant la parole.
— L'enquête imposée par le commissaire est grossière.
Son collègue acquiesça en ouvrant la fenêtre, il se servit un café du thermos en secouant le visage.
— Le médecin de la morgue confirme qu'une tierce personne serait responsable de la mort de Kurt Wagner. Qui que soit l'involontaire responsable, cette nuit fut abominable, insupportable, autant pour les pompiers, les secouristes, nos confrères.
Noah plaqua ses paumes sur le cercueil, écrasant ensuite son visage sur le bois mouillé. L'inspecteur démarra la voiture, recula sur la chaussée en expliquant son geste.
— Je ne retournerai pas ennuyer ce pauvre gosse une seconde fois... On se tire !
Couvert d'un parapluie Link courut vers son ami pour rester immobile au-dessus de lui. Il patienta jusqu'à ce qu'il détourna la tête en se releva. En silence, Noah le rejoignit sous l'arceau les protégeant des intempéries. Ils marchaient tranquillement vers la route quand ils aperçurent la foule détournant le regard vers le chemin caillouteux.
Un monospace aux vitres teintée stoppa devant eux, le chauffeur descendit pour ouvrir la portière arrière, un homme habillé d'un costume, long manteau vint à leur rencontre.
— Noah Wagner ? demanda-t-il d'une voix rude.
— Oui, c'est moi !
Le visiteur fit demi-tour pour retourner à son véhicule.
— Suivez-moi.
— J'ai fait une bêtise ?
Le visiteur fit demi-tour, observa le ciel, puis répondit.
— Le temps se dégrade à nouveau, dépêchez-vous.
— Mais, pour aller où ?
L'homme en costume détourna le visage pour regarder les initiales R.D.V de son employeur découpant les portières, puis les pointa du doigt.
— Monsieur Des Vignes désire vous voir.
— Moi ?
— Oui, vous.
Les deux garçons se dévisagèrent, que voulait leur monarque ? Ils embarquèrent sans poser de questions.
Une vingtaine de kilomètres plus loin, le panneau Constanta apparut sur leur droite. Noah n'avait comme seul souvenir de la ville que sa statue de la liberté qu'il avait admirée avec son père lors d'une visite pour ses dix ans. Ils ne tardèrent pas à pénétrer dans le plus grand hôtel de la ville Constantinople ou un gardien ouvrit la portière pour les aider à descendre. Le hall gigantesque ressemblant à une voûte d'église subjugua les garçons qui suivirent rapidement l'envoyé du directeur de son père pour ne pas le perdre. Une fois le dernier étage atteint par l'ascenseur, ils se retrouvèrent directement dans la chambre qui devait occuper tout le palier. Leur guide ne descendit pas, il repartit avec le serviteur dans l'ascenseur. Les garçons restèrent immobiles en ne sachant où se rendre. Un homme élégamment vêtu d'un peignoir pourpre s'approcha d'eux en écartant les bras.
— Noah, quel immense plaisir de te rencontrer. Dit-il en serrant la poigne du garçon.
Il jeta un regard froid en direction de Link pour l'ignorer aussi vite. Il déposa une main affectueuse sur l'épaule de Noah.
— Le projet de ta tour est grandiose, allons nous asseoir.
L'adolescent dévisagea l'homme mondialement connu, il ne savait comment se comporter face à lui. Son avenir dépendrait de lui ! songea-t-il avec enthousiasme. Link s'assit à l'écart près de la fenêtre, observant les faits et gestes de son ami. Rembrandt vint de suite sur le sujet.
— Toutes mes condoléances pour ton père, son absence sera préjudiciable pour l'entreprise. Kurt t'aurait-il parlé de son appel te décrivant comme une perle rare désireuse d'apprendre ?
Il mentait pour l'éventuelle discussion avec son père, il désirait mettre le garçon en confiance en incluant un lien familial. Noah bougea négativement le visage, tout en serrant les poings.
— Il souhaitait t'envoyer dans une école spécialisée pour parachever ton talent naturel. Malheureusement, elle demeurait hors de prix pour ton père et il m'avait demandé assistance. Je suis prêt à prendre la totalité des charges financières ... mais à contre partie, je te demande de signer un contrat de quinze ans dans ma société.
Apercevant le regard interloqué de l'adolescent qui semblait vouloir refuser, il reprit son monologue.
— Tu toucheras bien évidemment un salaire dès ton arrivée en internat, t'élevant à quatre cents euros.
Entendant la somme, le garçon sourit de bonheur, mais il comptait proposer une alternative.
— Je suis d'accord monsieur des Vignes, mais je veux inclure mon cousin Link !
Rembrandt tourna les yeux vers l'adolescent qui soutenait son regard en esquissant un gloussement.
— Ne vas pas trop loin mon garçon, je ne vais pas non p...
L'homme se tut subitement alors que Noah tendit des doigts dans sa direction.
— Je pense aussi que huit cents euros seraient plus appréciables ! Donc Link me suivra dans l'école et touchera la même somme.
Les traits crispés de l'homme d'affaires disparurent petit à petit, laissant bientôt un visage heureux et confiant.
— Bien entendu ! acquiesça-t-il en se frottant les narines. Ton cousin mérite autant d'attention que toi, mon garçon.
Devant retourner en France Des Vignes laissa la chambre aux enfants jusqu'à la fin de la semaine.
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