Chapitre 4 Le patient impatient
Cela faisait le quatrième rendez-vous infructueux ! Il n'obtenait à chaque fois que des explications macabres des meurtres, son patient prenait un plaisir malsain à les décrire. Il devrait la prochaine fois profiter de la situation, le laisser se complaire dans ces propos pour l'amener sans qu'il s'en doute vers le déclencheur de sa schizophrénie meurtrière. Le docteur Terkham détestait toute résistance, il emploierait tous les moyens nécessaires pour obtenir des aveux. Ouvrant son tiroir, il plongea les yeux vers le fond, il prit une boîte en métal qu'il déposa sur son bureau en l'admirant longuement. L'avantage d'un asile haute sécurité était que les patients n'avaient aucun moyen de se défendre, personne pour les défendre.
Il ôta une petite clé de son portefeuille dont il se servit pour déverrouiller la serrure de ce minuscule coffre. À l'intérieur, plusieurs capsules en couleur tournaient sur elles-mêmes au rythme du mouvement. Il choisit de prendre la bleue ou le code Akham 002 était inscrit au stylo Bic. Ses puissants neuroleptiques expérimentaux étaient fabriqués par un de ses amis, le docteur Lupsing qui travaillait dans le plus grand secret pour le gouvernement français. Grâce à ses services, les forces militaires réussissaient immanquablement à soutirer des informations de ses prisonniers politiques.
Le flacon entre ses doigts était le plus dangereux, mais il ne l'utiliserait que si son patient persistait dans son jeu macabre. Une sonnerie retentit sur son bureau, l'alarme n'était pas de bon présage, un accident ou plus grave encore. Il téléphona de suite au poste de sécurité ou on le prévint d'un problème avec Constantin dans le couloir est. Il rangea immédiatement sa boîte dans le tiroir pour se rendre sur les lieux.
En arrivant sur place, il découvrit deux gardiens glissant sur le sol recouvert de sang. Chacun maintenait par un bras le patient nu évanoui, il ne portait plus sa tenue. Le corps d'un surveillant étendu sur le ventre attira son attention avec dégoût, sa tête était retournée à 360 degrés, fixant le plafond avec des orbites vides. Il prit en pitié le pauvre malheureux, mais fut submergé par les explications qu'il devrait fournir. Un gardien se précipitant perdit l'équilibre et glissa sur la mare de sang. Se relevant, il courut vers le docteur en criant.
— Venez vite, docteur Terkham, il faut que vous voyiez ça !
Sur le chemin du poste de sécurité, il lui expliqua le déroulement anormal dont il avait été témoin en visionnant les caméras de surveillances. Les paroles incohérentes du gardien agacèrent le docteur qui lui ordonna de se taire. Lorsqu'il poussa fermement la porte du PC, il découvrit l'agent de permanence penché sur l'écran, il tenait fermement le clavier entre ses doigts, l'écran noir confirmait la fin de visionnage d'une vidéo. Il semblait terrorisé, les yeux exorbités.
— Repose, Mark. Annonça le gardien en lui retirant le clavier pour commencer le visionnage de la bande.
Béranger observa les infirmiers escortant le patient dont les membres étaient fixés autour de sa taille. Sur l'autre caméra, il aperçut le déchirement du harnais dans son dos, libérant ainsi les avant-bras du malade. Il bouscula sauvagement le gardien de gauche pour se jeter sur celui de droite. Il planta avec haine ses pouces dans ses yeux pour finalement les expulser des orbites. Un surveillant tenta de le retirer, mais il fut violemment bousculé par une force inconnue émanant de nulle part. Constantin s'assit sur son dos, puis fit tourner la tête à 360 degrés. Constantin remuait en rythme les avant-bras, secoua énergiquement la tête, puis agrippa du bout des doigts le nez du cadavre pour approcher son visage du sien. Il se leva pour cracher le nez de l'infirmier sur le panneau issu de secours, puis exécuta le moonwalk de Michael Jackson. Il obliqua ensuite le visage pour fixer la caméra en esquissant une dentition recouverte de sang. Les gardiens se jetèrent sur lui pour finalement réussir à l'immobiliser.
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