Chapitre 14 Égale à lui même
Une range rover quittait la rocade pour prendre la direction du pont de la maille à Bordeaux. A l'intérieur, le conducteur semblait anxieux, il ne cessait de faire tourner nerveusement son portable entre ses doigts. D'anciennes cicatrices sur son visage trahissaient une récente opération désormais à peine perceptible pour un regard inattentif. Richard Porceing devait partager un réunion avec ses confrères. Il travaillait pour l'OGVT (Organisation Gouvernementale de la Verdure sur le Territoire), son travail consistait à une vérification de la végétation en ville, devenue obligatoire à raison de 20 pour cent minimum. Cela faisait quelques mois qu'il s'y employait, mais qu'est ce que ça pouvait être ennuyant.
Il gara bientôt son véhicule de fonction sur le parking privé. En ouvrant la portière, il réfléchit au cas échéant ou il croiserait une connaissance. Cette supposition ne tarda pas à se présenter sous l'apparence d'un gros lourdaud qui approchait en souriant.
— Salut Richard, comment va ? s'exclama-t-il en lui empoignant sa main moite.
— Ouais, ça ne va pas trop mal. Répondit-il en s'essuyant les doigts discrètement.
— Ça se passe comment avec ton mec ? Tu veux toujours pas avouer son prénom !
La question pertinente l'obligea à répondre.
— C'est fini, il est retourné vers son ancien mec.
— Oh dure, je suis désolé pour toi . T'as l'air d'avoir la forme, t'as pris du muscle!
La discussion commençait à être pesante, énervante. Il s'éclipsa en accélérant le pas.
- Excuse-moi, mais je préfère rester seul pour l'instant.
Il se faufila rapidement au milieu de ses confrères pour le perdre de vue.
La réunion dura deux heures trente, Richard fit partie des premiers à quitter la salle. Il s'approchait de sa jeep quand une voix le fit se retourner.
— Richard !
Un homme d'une quarantaine d'années le dévisageait avec insistance, sur le qui-vive, Richard évalua la conduite à tenir. Avançant d'un air déçu, l'interlocuteur posa une main affectueuse sur son épaule.
— J'ai appris la mauvaise nouvelle, Bernard vient de me l'annoncer.
La discussion risquait de le compromettre, il devait rapidement y mettre un terme avant de se trahir.
— Bon j'ai de la route. A un de ces quatre.
Ne l'entendant pas ainsi l'inconnu contourna la jeep pour monter coter passager en claquant fermement la portière. Richard s'empressa d'ouvrir la sienne pour le regarder avec insistance.
— Écoute, je n'ai pas le temps, alors descends.
— Ta voix est plus grave, aurais-tu attrapé froid ?
— Descend !
L'intrus l'observa longuement avant d'annoncer.
— Tu ne veux plus de moi.
Tout en soufflant, il pénétra dans son véhicule, resta silencieux un court moment, puis obliqua subitement vers le passager.
— Laisse-moi.
Posant une main sur la sienne, l'autre ajouta.
— Je pourrais te faire oublier te changer les idées.
Une autre voix lui parla dans son dos, Richard fit volte-face pour découvrir son ancien acolyte le regardant avec moquerie.
—Tiens, tu refais surface toi ! Non, j'ai pas changé de bord... Certaines situations déplaisantes sont nécessaires.
Le passager scruta vainement l'arrière de la jeep, mais il n'y avait personne. Resserrant la pression sur la main de Richard, l'autre s'exclama aussitôt.
—Je me doute que tu n'as pas changé de bord !
Continuant à l'ignorer, Richard continua à discuter avec le fauteuil arrière.
— Depuis ton départ, j'ai dû me calmer... Très bien, avec plaisir ! acquiesça-t-il en démarrant la jeep.
Observant les alentours, Richard ne découvrit personne, il retira précipitamment sa main des doigts de son passager.
— Où est ta voiture ?
Éclatant de rire, l'homme entreprenant murmura calmement.
— Petit plaisantin, tu sais bien où elle est. Indiqua-t-il en pointant une Alfa Roméo.
Richard le ramena à sa voiture, puis annonça d'une voix douce tout en lui caressant tendrement la nuque.
— Suis-moi, on va dans un coin tranquille.
L'homme s'empressa de rejoindre son véhicule pour le prendre en filature.
Une demi-heure plus tard, ils arrivèrent dans une voie sans issue aux abords d'une foret. Richard quitta sa voiture pour approcher de celle de son confrère. Entrouvrant la portière de l'Alfa Roméo, l'autre lui proposa de le rejoindre. Regardant une dernière fois les alentours, Richard posa ses doigts sur le haut de la portière pour annoncer d'une voix machiavélique.
—Tu seras le premier en dix ans.
—Les autres n'auront été que des amateurs. Annonça-t-il en allumant le CD pour mettre la chanson « super trouper » d'Abba.
Souriant à grandes dents, Richard agrippa ses joues pour enfoncer ses pouces dans les orbites de sa proie.
—Sup-p-per, sup-p-per Troup-p-per. Chanta-t-il pendant que l'autre hurlait de douleur.
Sans lâcher prise, il obligea son prisonnier à se coucher entre les fauteuils, puis lui grimpa dessus pour mettre tout son poids au niveau du ventre. Le levier de vitesse pénétra de moitié dans le dos pour briser des vertèbres lombaires. Richard sautilla sur sa proie pour reprendre le refrain.
—Sup-p-per, sup-p-per Troup-p-per.
Il retira subitement ses pouces, puis approcha son visage pour observer les plaies.
— Oh, mais tu saignes. Attends. S'exclama-t-il en pressant sur l'allume-cigare.
Submergé par la douleur, l'autre n'entendit pas le déclic. Richard retira l'appareil à l'embout fumant, puis le pressa sur l'orbite gauche. Son prisonnier hurla encore plus fort en se débattant, Richard faillit perdre l'équilibre, mais se rattrapa de justesse au col de son prisonnier. Tout en bavant, Richard chanta le refrain de S.O.S d'Abba en frottant le crâne contre le plafonnier.
—The love you gave me, nothing else can save me. S. O. S. (alors, quand tu es près de moi, chéri ne m'entends-tu pas. S. O. S.)
Précipitamment, Richard se tut pour saisir un stylo afin de l'enfoncer profondément par les tympans de l'oreille gauche. L'autre mourut sur le coup.
— Voilà, c'est de ta faute, j'entendais à peine Abba. Bon, t'es un mauvais perdant, je m'en vais. Annonça-t-il en descendant de voiture. Non, n'insiste pas, Constantin signe toujours son passage.
Il partit vers son véhicule en sautillant au rythme de la chanson chiquitita.
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