Le paysage désolant des cotes de la principauté oscillait entre pluies diluviennes, légères accalmies et tempêtes. Noah avait énormément mûri depuis le décès de sa mère, il occupait tout son temps aux études. Il apprenait avec rapidité tout ce que son père lui confiait lors de ses recherches. Kurt ramenait de plus en plus souvent de travail à la maison pour en faire participer son fils qui finit par le dépasser dans certaines analyses de schémas. Dans quelques années, il parviendrait à le surpasser! songea l'homme en calculant des vecteurs pendant que Noah terminait l'ébauche d'une nouvelle éolienne expérimentale. Il remercia le ciel que son fils lui permette d'oublier son veuvage en prenant refuge dans le travail. Il ne se posait pas la question du comment ni pourquoi, seul le résultat incombait ! Son fils était un génie, son avenir était assuré, vu ses capacités hors norme il pourrait même quitter le continent roumain pour trouver un poste mieux rémunéré à l'Étranger.

Noah mit subitement son ébauche de côté pour en commencer un second, qu'il exécuta grossièrement en notant juste les principaux points. Une demi-heure plus tard, il la déposa devant son père qui fut immédiatement époustouflé par l'idée ingénieuse, il suivit de l'index le résumé. Le prototype de tour solaire se distinguait avec une cheminée d'une hauteur de 1800 mètres sur un diamètre de 140. Elle fournirait 600 mégawatts de puissance électrique ! Le chiffre semblant erroné, il chercha l'explication de cette effroyable puissance qui permettrait d'approvisionner en électricités environ 600 000 logements ! Il découvrait la structure de maintien de la haute stature, une ossature ressemblant aux rayons d'une roue de bicyclette qui serait placé tous les 18 mètres. Un système hydraulique situé dans la base compenserait à tout moment l'équilibre de la tour. La réponse du problème se situait dans les collecteurs révolutionnaires de 14 km de diamètre, soit 77 km2 de verre et de plastiques suivis du code SiO2-CH4y. La formule contenait celles du verre et du méthane semblant y être associé, l'écriture demeurait incorrecte, mais tout de même hardie pour un enfant de seize ans. Il demanda aussitôt l'explication à son fils.

— Cela correspond à quoi SiO2-CH4y ? Si c'est ceux à quoi je pense, ils sont indissociables !

L'adolescent sourit en bougeant négativement l'index.

— C'est fait exprès, je garde la formule complète pour moi! Propose là à ton employeur et je t'en dirai plus !

Le tempérament de Noah ne lui déplut pas, bien au contraire, mais sans la connaissance exacte de la formule Des Vignes ne prêterait aucun intérêt à la proposition.

— Sans preuve réelle du fonctionnement de ta formule, il risque de s'en désintéresser !

Le jeune homme était certain de l'exactitude du procédé associant le méthane et le verre, mais il venait de découvrir qu'il devrait le prouver !

— D'accord, fournis-moi ses composants et je créerai un modèle réduit de mon procédé ! proposa-t-il en écrivant ses besoins.

Kurt éclata de rire en lisant l'énoncé, sans toute fois parvenir à comprendre le fonctionnement.

— Rien que cela va coûter une fortune ! annonça-t-il en pointant la feuille du doigt.

Désappointé et légèrement énervé le garçon répliqua aussitôt.

— Passe-le dans les frais matériels de la boîte, tu n'en seras pas déçu et ton boss seras content!

— Mais pourquoi t'intéresses-tu subitement au monde du travail ?

Noah enlaça affectueusement son père pour lui susurrer à l'oreille.

— Pour le chance de travailler avec toi !

Dans la même soirée, Kurt dut retourner à l'entreprise pour régler un dysfonctionnement dans la matrice du projet EUROP3000 qui venait de disjoncter tout le système électrique. Profitant de l'absence de son père Noah s'empressa de proposer à Link de passer la soirée ensemble. Il arriva rapidement en excellente compagnie, sa propre copine Matilda et Marjolaine ! Ils s'installèrent devant la télévision pour regarder SHREK 5, du moins pour détourner le regard des filles pendant que les garçons laissaient errer leurs mains sur leurs corps. Link ne tarda pas à s'enfuir à l'étage avec sa copine pour entreprendre des expériences plus approfondies dans la chambre de son ami. Noah fut rapidement submergé par un embarras oppressant, partagé par Marjolaine qui ressentit le malaise. Pour couper la tension palpable, il s'écria en se levant.

— Viens, je vais te montrer mon projet pour la boite de mon père. Je vais me faire un max de blés !

Il courut au bureau pour allumer l'ordinateur, l'attente trop longue du chargement le fit se retourner vers la bibliothèque pour attraper un livre.

— Je me suis servi des analyses de ce professeur pour...

Un bruit de feuilles en train de se déplier attira son attention, il fit demi-tour pour regarder sa copine observant ses dessins. Les déposant sur le bureau, elle admira le travail soigneux des lignes et des contrastes.

— C'est de toi ? demanda-t-elle en lui prenant délicatement la main.

— Euh, oui...mais c'est pas important ! annonça-t-il en les saisissants pour les replier.

Elle lui extirpa des mains pour les replacer à plat sur la table.

— Pourquoi les caches-tu, ils sont splendides ? Je ne savais pas que tu étais croyant.

— Pourquoi tu dis ça ? s'insurgea-t-il.

Elle s'expliqua en pointant du doigt le christ sur le second dessin

— J'ai reconnu celui-ci de Rubens, le grand jugement dernier ! C'est une peinture à l'huile qu'il a peinte en 1616. Je l'ai vu à Munich pendant un voyage avec ma tante italienne en Allemagne. Le choix de tes dessins est morbide, mais classe !

Noah restait immobile en serrant les poings. Il détourna les yeux vers sa compagne pour la fixer.

— Pourquoi dis-tu que je suis croyant ?

— Ben, je ne sais pas, mais [...] les dessins représentant un sujet religieux tel que la fin des temps [...] j'en ai déduit que tu étais peut être chrétien ! Y a pas de souci je suis catholique.

Il jeta ses œuvres dans la poubelle, les enfouissant plus profondément avec son poing. Il s'assit ensuite sur la chaise à roulette pour rester immobile et muet. Ne comprenant pas son gène, Marjolaine s'approcha pour lui déposer un baiser sur le front. Oubliant ce passage dérangeant, il saisit son visage pour l'embrasser maladroitement. Ils ne tardèrent pas à finir sur le canapé ou malgré les blagues de l'âne vis-à-vis de l'ogre à l'écran, des vêtements furent vite éjectés dans les airs. La toute première pénétration du jeune homme fut douloureuse à un point qu'il n'aurait jamais soupçonné.

Une minute plus tard, il s'extirpa de l'entrejambe de sa compagne pour s'asseoir sur le rebord du canapé en plaquant ses mains sur son sexe en feu. Elle le dévisagea avec honte! Il sourit en montrant grossièrement ses dents, deuxième acte ! songea-t-il avec satisfaction.