Scène 7
CAMILLE
Il fait si chaud.
Lourd silence. La sonnerie de Paul retentit de nouveau. Il refuse une fois de plus de le décrocher mais Camille le fait à sa place, un peu affolée.
CAMILLE
Allo ? Bonjour ? Qu'est-ce qui se passe dehors ? Pourquoi est-ce qu'il fait aussi chaud ? Silence. Elle devient inquiète. C'est vrai ? C'est ce qu'ils disent ? Ils sont sûrs ? Silence. D'accord. Elle tend le portable à Paul. C'est ta mère.
Paul semble ne pas savoir quoi faire, surpris. Il tend la main, méfiant.
PAUL
Maman ? C'est vraiment toi ? Silence. Il écoute alors qu'elle lui parle, reste longtemps sans rien dire, puis lui coupe la parole. Écoute moi maman, écoute moi. Il faut que je raccroche, je suis avec des amis. Je t'embrasse.
Sa mère parle toujours lorsqu'il pose son portable par terre puis l'éclate avec son pied, à la grande surprise des autres. Il se rassoit et reste silencieux.
CHARLIE
Mais... C'était ta mère ! C'était ta mère et tu l'as piétinée !
PAUL
Ca fait un an qu'elle est dans le coma. Il n'y avait que très peu de chance pour qu'elle se réveille.
ARTHUR
C'est l'Apocalypse, les morts se relèvent. C'est normal.
PAUL
Elle n'est au courant de rien, je ne veux pas qu'elle soit déçue.
CAMILLE
Elle le sait. Elle... Elle m'a dit qu'il ne restait qu'une heure.
Silence général inquiet.
LAURA
Une heure ? Juste une heure ? Mais c'est rien une heure !
CAMILLE
C'est rien quand on ne sait pas quoi en faire.
MELANIE
J'ai tant de choses à rattraper. Soixante minutes, ça ne sera pas suffisant.
PAUL
Je ne suis même pas sûr qu'une vie entière aurait suffit, de toute façon.
ANGE
C'est le moment des regrets, c'est ça ?
Un bruit énorme retentit, effrayant tout le monde.
CHARLIE effrayé
C'est ça, la fin du monde ?
ANGE en regardant dehors
Non, ce sont des feux d'artifices.
CAMILLE
Eux ont trouvé quoi faire de leur heure. Ils ont raison.
MELANIE
Pourquoi est-ce si compliqué ici ?
ANGE
Parce que la musique n'est pas réparée.
Tous regardent le feu part la fenêtre, face au public, sauf Laura et Arthur qui restent au fond de la salle, proches mais dos à dos.
PAUL
On dirait que le ciel est en feu.
ANGE
Oui, on dirait que Paris brûle. C'est pas plus mal.
Long silence.
CAMILLE
Tout de même, j'ai pas l'impression d'avoir bien vécu.
ANGE
Tu n'as pas assez insulté de personnes de fascistes ?
Ricanement général.
CAMILLE
On est projeté dans ce monde en croyant pouvoir le changer, le faire tourner un peu plus rond, et tout ce qu'on récolte c'est une apocalypse. C'est profondément injuste.
MELANIE
On l'a cherché en même temps.
CAMILLE
Pas du tout ! On a rien demandé nous ! Au contraire, on a vraiment essayé. On a essayé de retenir tout ce qui se cassait la gueule, d'éteindre tous les feux commencés, mais comment faire avec tous ces incompétents ?
PAUL
A quoi bon maintenant.
CAMILLE
Mais arrêtez de dire ça ! Ça me rend folle !
CHARLIE
Moi je comprend ce que tu veux dire. On a pas eu le temps.
CAMILLE
On nous l'a pas donné surtout.
MELANIE
Mais du temps pour quoi ?
CHARLIE
Pour ce que tu veux. Juste pour pouvoir essayer. Je trouve qu'on nous a pas laissé pas la possibilité d'essayer.
PAUL
En même temps, essayer pour échouer, c'est usant.
CHARLIE
Tu dis ça parce que tu n'as jamais vraiment essayé. Moi non plus à vrai dire. Silence. Essayer d'être quelqu'un d'autre par exemple. Ou plutôt d'être qui je suis vraiment. C'est bête, on y pense pas, mais on ne nous à pas laissé être qui nous sommes. C'est triste.
ANGE
C'est vrai. Dès le début, on nous dicte qui nous sommes. On nous nomme, on nous détermine, on nous dirige. Et maintenant qu'on se prend la mort en pleine tronche, tout ça n'arrive même pas à terme ! C'est même plus frustrant, c'est simplement du gâchis !
CHARLIE
C'est exact, on a gâché nos vies. Silence. Ma vie.
Ange s'allume une cigarette alors que le feu d'artifice s'arrête.
ANGE
Et bien écoute, il te reste une heure.
Silence. Ils restent à la fenêtre.
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