Chapitre 26
J'ouvris les yeux, difficilement. Je ne m'étais pas seulement évanouie en entrant dans la chambre de mon meilleur ami, J'étais littéralement morte d'inquiétude et de peur.
Effectivement, l'intégralité de ses draps blancs avaient virés couleur sang coagulé, et de nombreuses éclaboussures désordonnées recouvraient le mur à la tête de son lit.
Quand je réussis à recouvrer la vue, je contemplais le plafond du salon de Grégoire. Une sorte de liquide incolore noyait mes globes oculaires. Quand je finis par me redresser sur le canapé, le liquide perla et se laissa glisser le long de mes joues :
« Tu es enfin réveillé ?!, S'exclama Aidan dans une question rhétorique. J'ai cru que tu ne reviendrais jamais ! »
Il ne me laissa pas répondre et me serra dans ses bras le plus fort qu'il put. Je me sentais bien dans ses bras froids, contre son corps gelés de petit ami mort il y a à peine trois ans. Malgré sa spectaculaire température cadavérique, je me sentais comme entouré d'une chaleur réconfortante :
« En voyant l'état de la chambre de Greg, tu t'es mis a vacillé puis tu t'es écroulé. Jason t'as rattrapé de justesse lorsqu'il a vu que ton corps me traversait sans que je puisse y faire quoi que ce soit, M'expliqua-t-il en caressant délicatement mes cheveux avant que je ne me mette mystérieusement à sangloter dans son cou. Je suis tellement désolé...
-Vous... Vous avez... Trouver son corps ?..., Balbutiais-je en le regardant avec mes petits yeux embués.
-Non... Du moins... Pas le sien..., Souffla-t-il en passant affectueusement ses doigts dans mes cheveux.
-Alors il y a toujours un espoir !, M'enquis-je en essuyant mes joues d'un revers de main.
-Oui... Mais... Tu sais... ça va faire six mois que le pays est parti en couille... Atlanta a été l'une des premières villes à tombé, alors...
-Je suis sûr qu'il est vivant !, M'exclamais-je avec détermination avant de me lever maladroitement du canapé. Et puis tu m'as dit toi-même, chez Antonio, que tu l'avais retrouvé.
-Non... Je t'ai dit que j'avais retrouvé Haruka et Ruth. C'était implicite... Je pensais que tu avais compris..., Lâcha-t-il en essayant de me rattraper alors que mon corps s'apprêtait à tomber mollement sur le sol. Sangoange, calme-toi, je t'en prie...
-Il est peut- être déjà mort..., Sanglotais-je en finissant par me redresser. Je peux plus... Il faut que je sorte...
-Mais... »
Je n'écoutais plus ce que me disais Aidan. Je saisis mon arbalète qui reposait sur la table basse de mon meilleur ami. Je l'accrochais sur mon dos avant de me diriger rapidement vers la porte d'entrée. En sortant je percutais Jason, qui tenta du mieux qu'il put de me stopper dans ma lancée, mais j'arrachai mon poignet à son étreinte et je dévalais les treize étages que nous avions gravit précédemment en me laissant glisser contre la rambarde pour gagner du temps.
Des larmes brûlantes coulaient le long de mes joues, me brûlant la peau. C'était pour cette raison que je n'aimais pas pleurer, ça me faisait beaucoup trop de mal.
Une fois en bas de l'immeuble je sortis en vitesse. Je courus dans les rues d'Atlanta, un sentiment de tristesse imprimé sur le visage, mais je ne pleurais plus. Mes joues étaient sèches et je les sentais se craqueler au moindre mouvement de mes zygomatiques.
Au détour d'une rue, je tombais nez à nez avec... Une horde ? Une horde de rôdeurs. Je me stoppai nette. Plus un mouvement, plus un souffle n'émanait de mon être immobile. Quelques spécimens se tournèrent vers moi, avant de tendre leur bras en cours de décomposition dans ma direction et de me prendre en chasse. Avant de partir en courant dans la direction opposée, aussi bien à cette rue qu'à l'immeuble de Grégoire, je pus remarquer que certain d'entre eux étaient amassé sur quelque chose d'incertain et que d'autre étaient regroupé autour d'un char de l'armée américaine.
Je reconnus alors au loin, un bar dans lequel je m'étais déjà arrêtée en compagnie de mon meilleur ami. J'entrais précipitamment à l'intérieur de cet endroit familier. Après avoir fermer la porte et l'avoir barricadée, je vis la masse de mort passer son chemin et continuer le long de la rue.
Je soufflais avant d'aller m'asseoir sur un tabouret et de m'accouder au bar. Je m'accoudais contre ce dernier, tournant ainsi le dos à la porte. Je passais mes mains sur mon visage pour essuyer la moiteur naissante sur mon front et sur mes paupières, puis je finis par fermer les yeux quelques instants.
Après quelques minutes je finis par les rouvrir. Ma vision était incroyablement trouble. Je clignais plusieurs fois des yeux avant de recouvrer de nouveaux la vue. Je tenais dans ma main droite un verre à l'intérieur duquel reposait un épais liquide à la teinte dorée. Je reconnu rapidement à sa texture que ce verre contenait du bourbon.
Alors que mon bras gauche reposait contre le droit, je portais le verre à mes lèvres et me délectait du délicieux nectar qu'il renfermait. En relevant, les yeux je distinguais un homme. Il était plutôt grand, mais il m'était encore impossible de distinguer ses traits. Il était entrain d'essuyer un verre à whisky. Il finit par le déposer avant d'en prendre un autre et de continué sa tâche.
Après plusieurs clignement d'œil, je reconnu le barman. C'était celui qui travaillait dans la boite de nuit à quelques kilomètres de Mableton. La fois où je m'y étais rendue avec Achille, il avait été très gentil avec nous. Il nous avait écoutés en souriant et en nous donnant quelques conseils. Un peu plus tard dans la soirée, il nous avait expliqué qu'il avait passé son doctorat en psychologie et qu'il s'appelait Maximilien, avant de nous communiquer ses horaires de service.
Il me sourit avant de poser le verre qu'il essuyait et d'en prendre un autre :
« Alors, Sangoange ? Comment ça se passe cette survie ?, Me demanda-t-il avec un sourire radieux.
-On a perdu un ami hier..., Expliquais-je en baissant de nouveaux la tête sur mon verre.
-Comment vas-tu aujourd'hui Sangoange ?, Me questionna la voix d'un homme qui venait d'entré dans l'établissement.
-Alexandre ?! Mais... ! Tu es mort hier !, M'exclamais-je en tombant à la renverse. Tu... Tu t'es fait mordre ! Je l'ai vu !
-Je me suis bel et bien fait mordre. Et je suis mort ensuite. Mais tout ça ne m'empêche pas de me tenir là, debout, devant toi, Raconta-t-il en venant prendre place sur le tabouret adjacent à celui que j'occupais quelques secondes auparavant.
-Non... C'est pas possible..., Marmonnais-je en commençant à me recroquevillé sur moi-même. »
Alors que je cherchais une raison rationnel à ce qui se déroulait autour de moi, un troisième homme apparut au fond de la pièce, dans l'ombre :
« Regarde jusqu'où ta rébellion t'a mené Sangoange..., Lança L'homme avec une voix grave, assuré et légèrement moqueuse. Assise sur le sol, pataugeant dans l'alcool..., Si tu étais restée bien sagement avec moi tu n'en serais pas arrivé jusque là... »
J'aurais reconnu cette voix riante et mauvaise entre mille. La noirceur qui s'échappait de cet homme et ce grand sourire démoniaque qui fendait son visage. Aucune erreur n'était possible... C'était lui... Mon bourreau... Celui qui quatre années auparavant m'avait détruite... Henry...
Instinctivement, je reculai en rampant sur le sol, jusqu'à ce que mon dos heurte le mur. Henry s'était levé et se rapprochai dangereusement de moi. Je sentais mon corps tressaillir à chaque pas qu'il faisait :
« Je t'ai tué... Tu es mort. C'est moi qui t'ai retiré la vie ! JE LE SAIS ! , M'exclamais-je en fermant les yeux et en ramenant mes genoux contre ma poitrine.
-Laisse la tranquille Henry, avant que je te renvois six pieds sous terre, Cracha haineusement une voix que je savais être celle d'Aidan.
-Aidan..., Lança Henry sur un ton mielleux qui me donna une irrépressible envie de vomir. Venant d'un mec mort embroché, ça me donne envie de rire ! Moi au moins je suis mort avec classe !
-Va te faire foutre ! Tu n'es qu'un petit pervers, psychopathe, narcissique et j'en passe et des meilleurs ! T'es qu'un enfoiré t'as rien à foutre dans le cœur de Sango !, S'exclama Aidan en attrapant le dit connard par le col de son tee-shirt.
-Mais calme-toi frérot ! C'est elle qui m'a fait apparaître, Répliqua-t-il en levant les mains en l'air et en accentuant son petit sourire narquois.
-Qu'est-ce qui ce passe ?, Demanda soudain la voix d'un petit garçon. »
Cette voix... C'était celle du petit Léo... J'ouvris rapidement les yeux avant de me relever précipitamment. Il était bien là... Devant moi... :
« Léo ?..., Soufflais-je en titubant vers la silhouette de ce dernier.
-Tata Sangoange... Ne sois pas triste, Répondit-il alors que de nouvelles perles salées roulaient sur mes joues. »
Je me dirigeai vers mon petit neveu d'un pas rapide. Sur mon passage, je contournais Aidan avant de pousser violemment Henry sur le sol, sans la moindre considération. Alors que j'arrivai devant Léo, je m'effondrais à genoux à ses pieds, puis je me mis à pleurer comme jamais je n'avais pleuré avant :
« Je ne t'en veux pas, tata... Tu as fait tout ce que tu as pus pour me sauver..., Souffla-t-il en passant sa petite main sur le sommet de mon crâne.
-J'aurai dû faire tellement plus... C'est entièrement ma faute si tu es mort ce jour-là..., Marmonnais-je en m'accrochant à sa petite veste.
-Sache que je ne t'en voudrais jamais... »
Puis plus rien. Un nouveau trou noir...
« Tu es sûr qu'elle va se réveiller ?
-Dois-je te rappeler que quand, toi ! Tu l'as buté, elle s'est réveillée après ?
-Elle s'est réveillé quelques minutes plus tard, là, ça fait cinq heures qu'on attend comme des cons ! On pourrait la ramener au camp ?
-Non ! On ne la bouge pas. Si tu veux tu peux aller faire un tour dans les autres apparts, moi je reste avec elle...
-Ok... »
Une porte se ferma...
J'ouvris difficilement les yeux. Malgré la pénombre, je me sentais aveuglée :
« Tu te réveille enfin..., Souffla Aidan en glissant ses doigts dans mes cheveux.
-Je sais qu'on va le retrouver vivant, Lui dis-je de but en blanc avec un sourire scotché sur le visage.
-Si tu y crois, j'y crois aussi, Me répondit-il en me renvoyant mon sourire. »
Le silence nous enveloppa quelques instants, quelques fois brisé par des bruits de porte qui claque. Je me relevais avec difficulté :
« Pendant que j'étais morte... J'ai fais une sorte de... Rêve..., Marmonnais-je avant de jeter un œil dans la pièce où nous nous trouvions. Je m'étais réveillée... Et j'avais finis par fuir...
-Tu avais l'impression d'être dans la réalité ?, Me questionna-t-il en observant mon silence.
-Oui... En quelque sorte... J'avais couru, seule, dans les rues d'Atlanta..., Continuais-je en me levant avant de faire quelques pas en direction du meuble de télé. Après avoir rencontrée une horde de morts, je me suis réfugiée dans un bar... Au début il n'y avait rien de particulier. Il était vide, les chaises étaient rangées, il restait même la totalité des bouteilles derrière le bar... Comme s'il n'avait pas été touché par l'apocalypse et que le proprio allait bientôt ouvrir pour sa journée.
-Tu t'es douté qu'il y avait un problème à ce moment là ?, M'interrogea-t-il en m'observant prendre l'étui du violon de mon meilleur ami entre mes mains.
-Pas sur le coup... Ensuite les événements se sont enchaînés à une vitesse incroyable..., Lâchais-je en ouvrant l'étui pour en sortir l'instrument. J'ai vu Léo...
-Léo..., Répéta Aidan dans un souffle.
-Il m'a dit qu'il ne m'en voulait pas... Que ce n'était pas de ma faute..., Lui expliquais-je en plaçant la mentonnière entre mon épaule et mon menton. Son visage était si calme... Si enfantin... Si parfait... »
Je fermais les yeux une nouvelle fois, mais je sentais le regard d'Aidan peser sur moi. D'une main habile, je saisis l'archer qui reposait encore à l'intérieur, puis je le posais sur les cordes avant de le faire glisser mélodieusement. Le premier air qui me vient à l'esprit fut le morceau Elegy for Dunkirk, composé par Dario Marianelli.
L'instrument étant complet, en parfait état et bien accordé, je décidais de le ranger dans son étui et de l'emporté avec moi. Aidan me prit dans ses bras avant de replacer une mèche de cheveux derrière mon oreille, puis de m'inviter à le suivre à l'extérieur.
Sur le palier nous retrouvâmes Jason, qui avait ouvert chaque appartement et y avait seulement déniché quelques boites de conserves, quelques vêtement sympathique, selon lui, et des bouteilles d'eau. Les ressources furent réparties entre nous trois, en part égal. C'est alors que nous reprîmes notre chemin pour retrouver le groupe de Glenn, en espérant qu'il ne soit pas déjà parti.
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