Pdv Lysandre

Le hurlement qui suivit me vrilla les timpans, mais je ne pouvais bouger. La vue morbide qui s'offrait à moi me donnait envie de vomir. Pour la première fois depuis qu'on était là je fus heureux de ne rien avoir dans l'estomac. Dans chaque caisson se trouvaient nos parents. Enfin, leur cadavre. Leur corps desséchés et squelettiques n'étaient préservés que par l'étanchéité des caisses. Quand le cri cesse, des sanglots le remplace. Je me rend alors compte que mes joues sont aussi trempées. Je me retourne et pris ma soeur dans mes bras. Seuls. Nous sommes seuls. Et depuis bien longtemps à en juger par les corps sans vie de notre famille. Tous nos espoirs ont été réduits à néant, retour au point de départ en quelques secondes. La seule chose à laquelle on pouvait encore s'accrocher vient de disparaître.

Je me rends alors compte qu'elle avait arrêté de pleurer et elle affichait maintenant un visage sans expression. Je la regarde, plein de tristesse. Son regard vide se pose sur moi mais elle a l'aire absente. Je la comprend. C'est elle qui a le plus souffert dans cet habitacle, elle ne s'accrochait plus qu'au personnes de son souvenir et maintenant... Maintenant il ne reste que nous deux.
Elle se détache de moi doucement, et ses yeux semblent chercher quelque chose dans la pénombre.

Je reste sans bouger, le regard dans le vide, les bras ballants. Euphémia s'agite autour de moi, je la sens. Elle tourne autour des caisses, son regard sans émotion se posant sur tout.

"Regarde"

Je tourne la tête vers elle, et suit des yeux son bras tendu. Il montre un petit tas de cailloux, les mêmes qui ont détruit son caisson.

"Qu'est-ce qu'il y a ?" demandais-je.

Sans un regard elle s'y dirige et entreprend d'enlever les pierres. Sans la comprendre je m'accroupis à ses côtés en la regardant s'activer. Et enfin je comprend. Je comprend quand apparut enfin sous le tas, deux tuyaux éventrés. Les deux tubes qui alimentaient nos parents endormis. Voilà pourquoi ils sont mort. Voilà pourquoi, nous sommes seuls.

Pdv Euphémia

J'avais raison. Je le savais. Je savais que j'étais seule. Je le regarde. Seule peut-être pas, mais lui non plus n'est pas capable de se souvenir du passé. L'unique chose qui nous y rattache est notre rêve. Ce qu'on interprète comme des souvenirs. Mais eux seuls ne peuvent pas nous permettre d'éclaircir notre situation, et rester enfermés ici entouré de cadavres ne sert à rien. Il faut sortir. Peut-être que dehors, la vie bat à son plein ? En restant ici nous nous condamnons nous-mêmes. On doit sortir. Trouver de l'aide. Et survivre.

Je regarde Lysandre, son regard ahuri trahissant son sentiment de solitude. Il paraît épuisé, incapable de bouger. Il tombe sur les fesses puis s'allonge. Mieux vaut-il le laisser se reposer si nous devons sortir. J'arpente la pièce dans laquelle nous sommes à la recherche de quelque chose qui pourrait servir, quand mon regard se pose sur un renforcement dans le mur. Curieuse, je m'y dirige, enjambant au passage un Lysandre à moitié endormie. Devant moi se trouvait une montagne de sachet, certains grands, d'autre plus petits.

"Ce sont des sachets de nourriture. Et derrière il y a des bouteilles d'eau."

Je me retourne surprise. Lysandre m'avait rejoint et regardait les vivres.

"Il y a de quoi faire vivre quatre personnes pendant environ un an."

Face à mon regard interrogatif, il hausse les épaules.

"Je le sais, ne me demande pas pourquoi."

Je hoche la tête. C'est sûrement la même impression que moi lors de mon rêve, je savais combien de bougies il y avait, ce qui était fêtait, inconsciemment.

Je repère un sac qui traîne, et m'empresse de le remplir un maximum, nourriture et deux bouteilles d'eau, en prévision. Même si je prévois de seulement faire du repérage, demander de l'aide, et de sûrement revenir ici, mieux vaut être prudent.

Une fois toute les affaires rassemblés, je n'était plus très sûre de moi. Heureusement, mon frère me pris la main et réussit à me redonner confiance. On doit le faire, pour nos parents, et pour nous.

Alors, ensemble, nous attrapons la manivelle d'ouverture de la trappe, et après un gros effort, un déclic se fait entendre, et la porte s'ouvrit sur la nuit.

J'échange un regard avec Lysandre. Non la porte n'ouvre pas que ça. Elle ouvre aussi un passage, vers notre avenir.

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