Raven
Début de l'expédition

Nous allions passer par ma porte préférée et j'étais tombé sur l'autre connasse comme équipière. Ça l'a mise en colère.

L'expédition avait lieu au rez-de-chaussée, la supérette du premier étage étant quasi vide, nous n'avions pas d'autre choix que d'aller plus bas. Avec l'autre, nous avions été chargés de vider une supérette. Mary avait donné une liste de ce qu'on devait récupérer à Kayna. C'était moi qui allais devoir prendre le plus lourd, les bouteilles d'eau. J'allais bien sûr en profiter pour prendre des sucreries.

Pour descendre les escaliers, l'autre connasse s'était mise derrière moi. Elle avait peur que je la pousse dans les escaliers, ce qui était tout bonnement ridicule, car si je le voulais, je pourrais parfaitement la faire tomber même si elle se trouve derrière moi. Son amie avait l'air de nous trouver stupides.

Je voyais Jake nous faire signe de le suivre en silence. On devait passer par une boutique qui s'étalait du rez-de-chaussée au premier étage pour pouvoir aller en bas. Cette boutique, c'est le dernier endroit où j'ai vu mon meilleur ami. Il était parti une trentaine de minutes avant le début de cette apocalypse après qu'on y a fait un tour. C'est même ici que j'avais trouvé ma veste. Au premier étage, on trouvait les vêtements hommes et au rez-de-chaussée, ceux pour les femmes.

C'était une odeur nauséabonde qui nous accueillit et elle devenait de plus en plus forte à mesure qu'on avançait dans le magasin. Il y avait des cadavres partout dans le magasin. Les zombies s'étaient fait un festin avec les personnes qui n'avaient pas pu s'enfuir. Ce qui restait des corps était entré en putréfaction. Certains ne supporteraient pas du tout de voir ce qui se trouve autour de nous. Quand on passait à côté d'un corps démembré, je sentais un regard sur moi. J'en étais sûr, c'était elle.

Ça ne m'étonnerait pas si elle se disait qu'elle voudrait me voir à la place de ce corps. Elle veut me voir mort, mais malheureusement pour elle, je ne compte pas crever de si tôt.

On continue d'avancer sans faire le moindre bruit. Jake désigne les escaliers du menton et nous les descendons toujours dans le silence. Avancer dans le silence et doucement me fait penser à la fois où mon meilleur ami et moi étions entrés illégalement dans la propriété d'un riche pour voler une moto.

Je me demande comment il va d'ailleurs.

Une fois que nous sortons du magasin, tous les groupes se séparent, je me retrouve donc seul avec l'autre. Je cherche rapidement la supérette du regard. Il y a quelques zombies pas loin, mais ils sont facilement évitables. Je me tourne vers mon équipière et elle fronce les sourcils en regardant dans la direction de la supérette. Elle la désigne du menton, ou plutôt, elle désigne les zombies.

Elle croit vraiment que je ne les ai pas vus ?

— On va devoir passer près d'eux. Me murmura-t-elle.

— Je sais, je ne suis pas aveugle. Chuchotais-je en retour.

— Vraiment ? Je pensais que si. Répliqua-t-elle sur un niveau sonore similaire.

Une répartie éclatée.

— Ferme ta gueule, on n'a pas tout notre temps. Répliquais-je en chuchotant alors que je commençais à me diriger vers la supérette.

— Va te faire foutre. Me répondit-elle en se mettant à me suivre.

C'était sûr qu'elle allait dire ça.

Je me baissais pour passer derrière un muret et elle fit de même. Les zombies se trouvaient de l'autre côté, le moindre bruit et nous nous faisions tuer. Je me stoppais en entendant les zombies bouger. J'attendais qu'ils s'éloignent, car ils s'étaient mis sur le seul passage que nous pouvions utiliser. Après quelques minutes, ils changèrent enfin de direction. Je me remettais en chemin vers la supérette, l'autre connasse toujours sur les talons.

Arrivé à l'intérieur, j'ouvris mon sac et elle le sien. On avançait dans les rayons, chacun de notre côté. Je récupérais plusieurs bouteilles d'eau et laissais l'autre conne récupérer des conserves. Quand je passais à côté des sucreries, j'attrapais quelques barres chocolatées et les cachais dans les poches de ma veste rapidement pour éviter que qui que ce soit les voit.

J'attrape aussi une bouteille de soda et une autre d'ice tea, un peu de sucre, ça ne peut pas faire de mal. Je la voyais me fusiller du regard alors que je refermais le sac après y avoir mis les bouteilles.

Un présentoir à sucette posé sur la caisse de la supérette attire mon attention. Je regarde les différents goûts à la recherche de mon préféré. Quand j'en trouve finalement une à la fraise, je me dépêche de la prendre. L'autre me rejoint et attrape une sucette aussi.

Le même goût en plus.

— On devrait rejoindre les autres. Lança mon binôme.

Je regardais devant nous, les zombies avaient encore changé de place et s'étaient rapprochés de la supérette.

— Si tu veux te faire tuer, vas-y. Le groupe de zombies s'est rapproché. Donc, si on sort maintenant, on va devoir se battre. Lui répondis-je.

— Les bruits d'un combat risqueraient d'en faire venir d'autres... L'entendis-je soupirer alors qu'elle rangeait sa sucette dans la poche de son sweat.

— Après, ça me permettrait de me débarrasser de toi. Lançais-je, sachant parfaitement ce qu'elle allait répondre.

Je commençais à avancer, puis elle répliqua enfin.

— Je t'aurais déjà tué avant, connard.

On chuchotait toujours pour ne pas se faire repérer. Je l'entendais prendre une deuxième sucette avant de me rejoindre. Je m'arrêtais une fois de plus pour observer les zombies, essayant de savoir dans quelle direction ils allaient partir.

Lorsqu'ils s'éloignèrent enfin, je m'avançais vers la sortie du magasin. L'autre me suivait toujours, mais le bruit d'un meuble qui bougeait attira mon attention. L'étagère à côté de nous commençait à se pencher en avant. On se mit à courir, elle était derrière moi, mais avait un peu de retard. J'évitais une flaque de justesse et arrivais devant la sortie. En entendant le bruit d'une personne qui venait de glisser sur quelque chose, je compris que l'autre connasse n'avait pas vu la flaque. Je ne me retournais pas, regardant aux alentours si aucun zombie ne venait vers nous. J'entendis l'étagère tomber.

Je me tournais et vis mon équipière par terre, les jambes écrasées par l'étagère qui venait de tomber. Je regardais la scène en essayant de comprendre et quand j'allais l'aider, elle lança.

— Zombie !

Je me tournais juste à temps pour lui mettre un coup de batte en plein dans la gueule, le corps du zombie s'écroulant sur le sol. D'autres arrivèrent tout de suite après et je me retrouvais submergé par un flot de zombies. Je faisais de mon mieux pour leur éclater le crâne et laisser le temps à l'autre de se relever. Plus je tuais de zombies, plus j'avais l'impression qu'il y en avait. J'en éclatai deux, quatre autres arrivèrent juste après. J'étais couvert de sang à force de leur pulvériser la tête. Il n'y en avait pas que sur moi, il y en avait partout.

J'entendis l'autre balancer quelque chose à notre droite et je comprenais facilement pourquoi. Plusieurs zombies se trouvaient dans le magasin et comme des cons, on ne les avait pas vus. Elle tentait de soulever l'étagère, mais je voyais du coin de l'œil que c'était un échec.

Je voyais enfin le nombre de zombies diminuer, je me dépêchais de leur faire exploser la cervelle avec ma batte avant d'aller défoncer ceux qui s'approchaient de l'autre connasse. J'assenais un énorme coup au premier, faisant gicler au passage son cerveau et du sang partout et défoncer le deuxième dans la foulée.

Une fois sûr qu'il n'y avait plus de zombies, je m'approchai de l'étagère et la soulevai un peu pour que mon équipière puisse enlever ses jambes. Je la regardais essayer de se relever, mais elle s'écroula instantanément. Je la laissais retenter une fois de plus, mais ce fut un échec, encore. Ça se voyait qu'elle avait mal, je soupirais et m'approchais d'elle.

Elle me regardait et je voyais dans ses yeux briller une lueur de peur. Elle avait peur de moi.

Je m'approchai tout de même et elle eut un mouvement de recul. Elle serrait la sangle de son sac dans sa main. Je suis sûr qu'elle n'avait pas conscience de son geste. Je l'attrapais tout de même, la portant comme un sac à patate. Je ramassais rapidement mon sac et sortais du magasin en évitant de regarder le massacre à l'intérieur.

J'étais surpris du poids de l'autre connasse. Elle était étrangement légère, trop légère.

Est-ce qu'elle mange ?

J'avançais normalement, il n'y avait plus aucun zombie sur notre passage. Il avait changé de direction. La voix de Kayna me fit comprendre que l'on n'était pas tranquille.

— Cours ! Me lança-t-elle d'un coup.

— Hein ?

— Cours putain ! Ne pose pas de questions et cours, j'ai pas envie de crever ! Cria-t-elle.

La panique dans sa voix me dit comprendre que l'on n'était pas tranquille du tout. Le poids des deux sacs me ralentissait, mais je courais tout de même pour rejoindre les autres. Une fois qu'on les eût finalement rejoints, je balançais mon sac à Jake pour pouvoir courir plus facilement avec l'autre sur mon épaule.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? Nous demanda Jake en regardant ma connasse d'équipière et moi.

— Posez pas de questions et courez ! Répondit-elle alors que je m'éloignais déjà pour monter les escaliers. J'entendis les autres se mettre à courir pour nous rattraper quand le groupe de zombies se fit entendre.

Ils étaient rapides et c'était bien ça le problème.

— Putain, mais vous avez fait quoi pour qu'il y en ait autant ? Demanda une fille qui s'était portée volontaire pour participer à l'expédition.

— On répondra aux questions plus tard. Là, il faut qu'on remonte au deuxième étage au plus vite ! Répondis-je alors que j'arrivais en haut des escaliers.

Comme l'autre était légère, trop légère, je n'étais pas trop essoufflé par le fait de courir.

— T'es sûr que tu manges ? Demandais-je finalement en chuchotant pour que les autres ne m'entendent pas.

— Bonne question. Me répondit-elle simplement.

Je suis certain qu'elle ne mange pas beaucoup.

Son amie, Mary, passa devant nous pour faire exploser le crâne d'un zombie qui se trouvait sur notre chemin. Plus on avançait et plus j'avais l'impression que certains des survivants qui étaient venus avec nous n'allaient pas survivre. Si j'avais laissé l'autre, elle se serait fait mordre. Ce serait moins drôle si elle se transformait en zombie.

Mary et la survivante qui nous avait posé une question tout à l'heure montèrent les escaliers en première. Je les suivais en portant toujours la connasse. Je savais que Jake arrivait à nous suivre malgré le fait qu'il devait porter mon sac.

Mary tenait la porte pour qu'on puisse passer et la referma, même s'il manquait deux survivants. Plusieurs survivants arrivèrent dans notre direction pour prendre les sacs. Je tenais toujours l'autre comme un sac à patate.

— Et donc ? Vous nous expliquez pourquoi vous étiez poursuivi par un énorme amas de zombies ? Nous demanda Mary en brisant le silence.

— Il y avait des zombies dans le magasin et on ne les avait pas vus. Ils ont fait tomber une étagère sur l'autre connasse et cela a alerté les autres zombies. Expliquais-je.

— Tu peux me lâcher d'ailleurs, je vais réussir à tenir debout. Me dit mon équipière.

— Si tu tombes, c'est pas mon problème. Répondis-je en la lâchant d'un coup.

Je la regardais atterrir sur ses fesses avant de me foudroyer du regard. Elle ne tenta pas de se relever, ce qui prouvait bien qu'elle avait mal, mais elle ne voulait pas l'avouer.

— Vous avez pu récupérer beaucoup de trucs ? Demanda Léon qui venait d'arriver.

— Peut-être. On va tout compter après. Répondit Mary en haussant les épaules.

Il faudra que je récupère mes bouteilles avant qu'ils ne les voient.

Léon se tourna vers l'autre conne et lui tendit sa main pour l'aider à se relever. Je remarquai qu'elle hésita quelques secondes avant d'accepter son aide. Mais une fois debout, elle retomba aussitôt. L'étagère avait sûrement salement amoché ses jambes. Je laissai un sourire arrogant apparaître sur mon visage et elle me fusillait du regard.

— Tu ne disais pas pouvoir tenir debout ? Demandais-je avec une pointe de sarcasme pour l'énerver encore plus.