19. Le retour du moi
« Heu, qu'est-ce qu'il vient juste de se passer, en fait ? »
Je relève la tête, pour remarquer justine334, à l'entrée de la pièce.
« Je me suis planquée... je veux dire, j'ai monté la garde près du distributeur de boissons. Je viens de voir des hordes de cornichons déferler, euh, et des chaussettes, aussi, c'était plutôt inattendu... »
Elle me dévisage, puis porte son regard vers moi, puis à nouveau moi.
« Tu es... deux, maintenant ?
— Enchanté, moi, c'est JBSchrottenloher. Et moi, ici présent, c'est JBSchrottenloher. »
Elle continue de me dévisager, l'un après l'autre, perplexe, puis porte une main à la tête.
« D'accord, cette histoire ne faisait déjà aucun sens, de toute façon. Je suppose que ce n'est pas la peine de se demander ce que fait une chenille verte à jouer du tambour...
— JE SUIS UN ASTICOT !
— Heu, un asticot vert, alors, ou un rutabaga en train de se transformer en, heu, lapin ?
— Je suis un chaton ! »
J'interviens tous les deux.
« La situation est parfaitement sous contrôle, maintenant ; les cornichons sont en déroute.
— Ah, les cornichons, oui. »
Je poursuis, seul, cette fois-ci, et remets mon masque.
« D'ailleurs, il est temps que je reprenne mon rôle de chef de cette Organisation.
— Heu, tu as un masque de... toi-même ? me fait remarquer justine334.
— Bien sûr. Personne ne se doutera de ma véritable identité, comme ça. Et, en plus, je suis très beau. »
J'acquiesce aussitôt avec moi.
« Bien sûr, je suis tout à fait d'accord avec moi.
— Merci, j'ai toujours su que j'étais quelqu'un de bien. »
Medusa se cogne le visage d'une main, avant de se tourner vers Gorzül.
« Heu, il est toujours comme ça, avec vous, aussi ?
— Toujours, acquiesce le vampire-garou,
— Déjà qu'un seul, c'est beaucoup, alors deux...
— On peut dire qu'il va bien ensemble. »
Comme toujours, mes deux assistants masquent leur admiration avec un certain brio, même, il faut bien le leur reconnaître. Pendant ce temps, j'allume un écran pour une allocution dans toute la tour. J'étais censé avoir préparé un discours, mais, par manque de temps et trop-plein de péripéties, autant avouer son absence plutôt flagrante.
Et puis, j'avais la flemme, de toute façon.
« Salut, tout le monde ! »
Autant improviser, j'improvise très bien, généralement.
« Alors, déjà, euh, je suis de retour ! Il reste sans doute encore quelques légumes dans cette tour, mais aucun ne m'empêchera de reprendre la tête de l'Organisation, aucun ne nous en empêchera, même, parce que je compte bien sur chacun pour apporter son aide. Ah, et vous pouvez laisser rentrer Gruk, le zombie qui assiège le bâtiment. Il est avec nous, du coup, et pareil pour Zogothar, le dragon, évitez de lui tirer dessus, d'autant qu'il est végétarien, d'ailleurs. Sinon, je rapporte avec moi le bambou de légende, donc cookies gratuits à tous ceux qui me rejoindront ! Les légumes ne passeront paaas ! Mouhahaha ! Je vous ai compriiiis ! »
Medusa interrompt finalement la communication, tandis que j'applaudis mon incroyable discours.
« Il faut que je me fasse visiter les lieux, d'ailleurs.
— C'est une excellente idée !
— Je savais que ça me plairait. »
Je quitte la pièce, suivi par moi, ainsi que le reste du groupe. Je remarque aussitôt la télévision immobile, non loin de l'entrée.
« Tiens, mais c'est AleckLPark. »
Je me réponds aussitôt.
« Bien sûr, je ne m'en souvenais donc pas ?
— Si, si, bien sûr, maintenant que je le dis, ça me revient, d'ailleurs. Elle vient de me sauver la vie, c'est ça ?
— Tout à fait. »
Je soulève tous les deux la télévision et commence à la déplacer.
« Il y a des salles informatiques, à l'étage, en dessous. On va y aller. Au fait, vous avez remarqué que le distributeur de boissons fournit aussi des poissons ? Ah, et vous avez vu la statue, là-bas ? Apparemment, les cornichons ne l'avaient pas encore retirée... »
J'observe la statue.
« Hum, ce regard ahuri me dit quelque chose...
— Bien sûr, c'est moi.
— Elle est superbe ! Et des poissons, donc ?
— Oui, c'était, ou plutôt, ce sera l'idée d'un dracombre. On a aussi des robinets à limonade et même une chocolaterie, d'ailleurs.
— Miam. » commente Grymm_, de façon tout à fait pertinente.
Nous descendons à l'étage inférieur pour arriver à une salle informatique. Des écrans géants tapissent les murs et plusieurs ordinateurs garnissent des tables encombrées. Un cornichon arrête de se cogner contre un mur et se retourne, stupéfait.
« Ayayayaya. »
Une nouvelle coquille de Robert met aussitôt fin à ses velléités.
« Et encore une vague, remarque le ninja-huître. Admirez une fois de plus ma légendaire efficacité. »
Je reste cependant beaucoup plus absorbé par la contemplation du matériel informatique qui m'entoure.
« Wahou. Et c'est d'ici, que je heu... »
Je repose la télévision au sol et m'explique aussitôt.
« Des machines toute dernière génération. L'Organisation dispose d'une capacité de calcul plus qu'appréciable.
— Pas mal, reconnait Gorzül. Mais, heu, à quoi sert toute cette puissance de calcul, du coup ?
— À faire des jeux-vidéos, bien sûr ! Regardez, ici, j'ai conquis toute la planète et imposé le pastafarisme en religion mondiale. Ah, et comme je suis devenu le Grand Maître Absolu de la dictature démocratique terrestre, je dispose de monuments à ma gloire dans toutes les cités de la planète. Et même d'une ville-palais rien que pour moi, mouhahaha !
— Mais c'est fantastique !
— Euh, ce n'est pas ce qu'on est censés éviter ? fait remarquer Gorzül.
— Ah oui, Rodolphe-Albert, les betteraves, la domination mondiale des légumes, tout ça, tout ça. C'est sur ma to-do list, d'ailleurs. »
Je fais tomber un nouveau cookie et le mange.
« Il faut aussi garder à l'esprit que tous ces jeux et simulations ont principalement une raison didactique, bien sûr. Non seulement c'est amusant, mais, en plus, on apprend des trucs.
— Et celui-ci, grenouilles-zombapocalypse, c'est didactique, aussi ?
— Bien, sûr, il enseigne comment survivre à une éventuelle invasion de grenouilles-zombies grâce à la seule aide d'un fusil à pantoufles.
— Heu, et sinon, à part ça, il y a d'autres trucs, que tu aimes faire ? » demande justine334.
J'attrape un autre cookie.
« Heu, manger ? J'ai des cuisiniers, maintenant, très important. Ah, et la musique, aussi, j'ai des murs entiers tapissés d'albums. »
Je me coupe pour enchaîner aussitôt.
« Écrire et lire, bien sûr, sinon, même si je ne risque pas de surprendre grand-monde avec ça, du coup. Inventer de nouveaux mondes, créer des personnages, les faire vivre, ou juste écrire des bêtises dans cette Antibiographie, puis en rire.
— Et la science, aussi. J'ai installé dans cette tour un laboratoire expérimental, afin de pouvoir tester, euh, des trucs selon un protocole scientifique créatif et innovant, à savoir, au pif.
— Personne n'a la moindre idée de ce qu'il y fabrique, commente Medusa.
— Ah ah, moi non plus, n'est-ce pas fantastique ?
— Heu, j'espère juste que tu ne vas pas créer un nouveau Rodolphe-Albert, s'inquiète Gorzül.
— Pas de panique, je n'y fais jamais de cuisine, je laisse ça à des spécialistes. Je me contente juste de bidouiller deux-trois bricoles entre elles, comme, entre autres, des micro-ondes, des missiles thermiques, une brosse à dents électrique, quelques grille-pains atomiques, un moteur de fusée, un lave-linge automatique, une tentative de réacteur à fusion thermonucléaire, que des trucs parfaitement sûrs. »
Je m'applaudis.
« C'est génial, vive la science !
— Sinon, j'ai aussi une salle avec trampoline, un tobogan géant, des hélicoptères personnels, un Sun Obliterator 3000 qui doit traîner quelque part, et même un vaisseau spatial, en cours de construction. Ah, et, bien sûr, le bambou de légende, c'est quand même grâce à ses cookies que j'ai pu diriger cette Organisation secrète... au fait, je vous ai montré les statues à mon effigie ?
— Oui, c'est déjà fait, ça, confirme Gorzül.
— Mouhahaha, et, bientôt, je serai le maître du mooooonde. »
Gorzül me dévisage étrangement, tandis que Medusa se contente de quelques regards en coin.
« Ahem, je veux dire, je sauverai le monde, bien sûr. C'est l'objectif de tout héros qui se respecte, enfin, je suppose. »
Un groupe de paramilitaires entre dans la pièce pour se mettre au garde-à-vous.
« Nous vous cherchions, chef. Les derniers légumes sont en train d'être repoussés hors du bâtiment. La victoire est à vous.
— Mouhahaha, excellent. »
J'agite le bambou de légende.
« Distribution de cookies !
— Ouaiiis ! »
Je m'apprête à quitter la pièce, avant de me retourner vers moi.
« Si, un jour, j'ai un problème, je sais que je peux compter sur moi, n'est-ce pas ? Bref, tout ça pour dire que je n'ai pas à hésiter, au cas où.
— Bien sûr, j'y penserai.
— Ah, et ne touchez pas au lave-cartons atomique, sinon, c'est un prototype et il n'est pas encore au point. Et évitez de libérer la licorne-garou, aussi, ça peut faire des dégâts, ce genre de bestiole.
— Gruk. »
Le majordome zombie apparaît dans le couloir, accompagné de Zogothar.
« Tiens, salut, vous deux, ça faisait longtemps. »
Le dragon me dévisage, avant de se tourner vers moi.
« Euh, pourquoi ce type porte un masque de toi ?
— C'est le chef de l'Organisation des Couvertures Moches. C'est, euh... compliqué.
— En attendant, je vous laisse. Il faut bien que je retourne m'occuper de ces légumes. Ah, et essayer de nouer des liens avec d'autres organisations secrètes, aussi. Encore que j'ai déjà quelques contacts avec les reptiliens, grâce à l'aide d'Elenasticot.
— Gruk. »
Gorzül attend que j'aie quitté la pièce, accompagné par Medusa et quelques Wattpadiens, puis me souffle sa question à l'oreille.
« C'est moi, ou tu étais un peu plus bizarre que d'habitude ?
— Hein, pourquoi ? J'étais aussi exceptionnel que d'accoutumée. Par contre, nous avons ici de formidables salles de jeu, alors pourquoi ne pas...
— On a surtout du travail, me coupe Gorzül. Trouver un Snark, il paraît, sauver le monde, ce genre de détail...
— Gruk. »
Je soupire, puis mange un cookie pour me motiver.
« Oui, bon, effectivement, ça doit être quelque part dans ma to-do list, tout ça. On va s'en occuper.
— Gruk. »
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