11 février 2017

« Chers téléspectateurs, chères téléspectatrices, bonsoir, et bienvenue dans Bhoutan News, le journal officiel du Bhoutan. Je suis Jean-Paul Pastafouille, et voici mon collègue Chroucroute-Persil.

— Je suis une côte de bœuf. Yoho !

— Ce soir, nous avons l'honneur de pouvoir compter parmi nous un invité exceptionnel, à savoir notre auteur, JBSchrottenloher

— C'est moi, salut !

— Mais avant toute chose, les titres : politique mondiale ; bah, pas grand-chose si ce n'est une invasion du monde par une armée de légumes parlants. Un avis, JBSchrottenloher ?

— Heu, je n'ai pas vraiment eu le temps de m'en occuper, mais Gudule et ChristopheNolim sont sur le coup, par contre. Je leur fais entièrement confiance.

Des bruits d'explosion se font entendre au dehors. Des dragons bhoutanais affrontent des hélicoptères repeints à l'effigie de Rodolphe-Albert. Des cris retentissent.

« Boutez-les hors du Bhoutan ! »

Je toussote.

« Hum, enfin, presque confiance. »

J'attrape un épais carnet pour ajouter "Penser éventuellement à sauver le monde d'une invasion légumineuse" à mon interminable to-do list, tout juste derrière "Penser à racheter des gâteaux". Le journaliste poursuit sa présentation.

« Aux dernières nouvelles des Chroniques de Gudule, il semblerait que Rodolphe-Albert fût en réalité un navet. Vos impressions, JBSchrottenloher ?

— Heu... vu qu'il s'agit du premier personnage de cette Antiobiographie, je pense suffisamment bien le connaître pour confirmer qu'il s'agissait d'une betterave. »

J'ajoute à ma to-do list "Penser à retrouver Rodolphe-Albert un jour et tirer ce navet au clair."

Voilà qui pourrait encore se transformer en de nouveaux segments antibiographiques. Le journaliste reprend la parole.

« Voilà, c'est tout pour les informations générales. Passons donc maintenant à l'interview. Tout d'abord, JBSchrottenloher, pourquoi le Bhoutan ?

— Heu... parce que vous êtes de joyeux boute-en-train ? »

Jean-Paul Pastafouille se met à rechercher ses papiers, tandis que Choucroute-Persil me fixe étrangement de son unique œil valide - l'autre reste masqué derrière un bandeau noir.

« Je ne suis pas un train, je suis une côte de bœuf. » déclare-t-il d'un ton neutre.

Je le dévisage à mon tour. Étrangement, il ressemble plutôt à un brocoli, et me rappelle quelque chose. Peut-être qu'à ce stade, le lecteur attentif aura déjà fait un rapprochement.

« Yoho ! Ajoute-t-il.

— Stop, stop, stooop ! »

Je me retourne pour découvrir Gorzül à l'entrée, essoufflé, en combinaison de ski rose fluo. Je dois dire que cela change beaucoup de ses habitudes vestimentaires.

« Mais, euh... tu n'étais pas en vacances au ski ?

— Si, j'étais en vacances, mais ma conscience professionnelle m'a rappelé prématurément. Ah, et avant qu'on ne me pose la question, il n'y avait plus de combinaison noire. »

Il soupire.

« Sinon, je préfèrerais éviter une catastrophe, tant médiatique que politique.

— Meuh non, la situation est parfaitement sous contrôle. »

Au-dehors, des chars violet-betterave mettent en route leurs canons à patate pour pilonner la zone. Le sol se met à trembler.

« Comme d'habitude, la routine.

— Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Que c'est drôle ! Vous êtes excellent ! »

Nous tournons tous deux la tête vers Jean-Paul Pastafouille qui s'esclaffe de plus belle, une liasse de papier à la main.

« Euh, je viens de retrouver le script, explique-t-il. Vous venez de faire une blague, vous savez, les boute-en-train... »

Je salue le professionnalisme d'un tel défenseur de l'information libre, qui...

« Tu n'as pas encore pris la porte, après ça ? Soupire Gorzül.

— Ou plutôt le train... »

Le vampire-garou se frappe le visage de la main. Un tic nerveux récurrent chez lui, ces derniers temps.

« Hum, reprenons, tente Jean-Paul Pastafouille. Dans les nouvelles du jour, nous avons donc une possible recatégorisation de l'œuvre.

— Heein ? S'exclame Gorzül. Qu'est-ce que tu as encore fait pendant les quelques jours d'ellipse, depuis le segment précédent ?

— Euh, je n'ai encore rien fait. Je me suis seulement rendu compte que la catégorie "Aléatoire" n'est pas censée contenir d'histoire, donc qu'elle n'est pas forcément aussi appropriée que ce que je pensais...

— Et donc, tu pensais à quoi ?

— Pas exactement moi. Au hasard d'une conversation Wattpad, j'ai finalement eu cette conversation avec Perlemu, et...

— Déjà, je plains la personne en question si elle a dû subir tes élucubrations au sujet de cette aberration inclassable, me coupe - encore - Gorzül.

— Bref ! Une possibilité pourrait être de classer cette œuvre en "Humour". »

Mon assistant me regarde sans comprendre. Je reprends mes explications.

« C'est de l'humour absurde ; et j'y fais en permanence des blagues irrésistibles. »

Gorzül tousse très fort, jusqu'à la limite de l'étouffement. Je le soupçonne d'être tombé malade au cours de son séjour au ski. Je ne suis pas sûr que le vampire-garou résiste aussi bien au froid qu'il le prétend.

« Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Que c'est drôle ! Vous êtes excellent ! »

Nous nous retournons de nouveau vers Jean-Paul Pastafouille. Le journaliste ouvre des yeux ronds.

« Miiiince, je me suis trompé de texte. Ce n'était pas une blague, en fait...

— Je suis une côte de bœuf, commente Choucroute-Persil. Yoho !

— Heu. Poursuivons, reprend Jean-Paul Pastafouille. Depuis le tag d'un certain asticot spameur...

— Une chenille.

— Un asticot qui m'a fait un virement bancaire conséquent afin que je le nomme tel quel...

— Mince.

— Donc, depuis ce tag, vous avez lancé un appel au lectorat afin de déterminer le nom de Z..., afin de pallier votre légendaire flemme.

— Heu, la situation était un peu plus compliquée que ça. Il fallait répondre au tag, et...

— Il n'empêche que ce personnage a été créé sans nom, au départ, me souffle Gorzül.

— Et s'il en avait eu un, nous n'aurions sans doute même pas pu réchapper au dernier tag. Ne t'est-il pas venu à l'idée que mon cerveau brillantissime eût justement envisagé toutes les possibilités, et, en conséquence, décidé de ne pas lui donner de nom afin de parer à cette éventualité ?

— Parce que c'est le cas ?

— Hein ? Non, j'avais juste la flemme, ce jour-là, mais ça aurait pu...

— Ahem, reprend Jean-Paul Pastafouille, voici donc la liste des noms proposés par vos lecteurs.

— Mais elle n'est pas encore définitive, aujourd'hui. » me fait remarquer Gorzül.

Je hausse les épaules.

« Je la complèterai au fur et à mesure, lorsque de nouvelles propositions arriveront. Arrivé à quinze, j'arrêterai la collecte, et l'on pourra passer au vote, comme prévu.

— Mais ce sera dans une autre émission, fait remarquer Jean-Paul Pastafouille. Chers téléspectateurs, téléspectatrices, il est désormais temps de nous quitter. Merci d'avoir regardé Bhoutan News.

— Je suis une côte de bœuf. Yoho !

— C'est cela, oui. Merci à vous aussi, Choucroute-Persil. »