You can't always get what you want
Avertissement : Je tiens à avertir les lecteurs que cette fanfiction aborde des thèmes et des situations qui peuvent être dérangeants ou sensibles. Certains chapitres peuvent contenir des scènes de violence, de romance ou traiter de problématiques liées aux relations interpersonnelles. Je recommande aux lecteurs de prendre connaissance des avertissements pour une lecture éclairée et en toute conscience.
Bienvenue dans cet univers magique de Poudlard, créé par J.K. Rowling. Les personnages principaux de cette fanfiction, tels que Sirius Black, James Potter, Remus Lupin, Peter Pettigrow ou Severus Snape, sont des créations originales de J.K. Rowling. Je les emprunte pour donner vie à une histoire, mais les personnages et l'univers en eux-mêmes restent l'œuvre de J.K. Rowling.
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Mai de l'année 2105 :
Durant la fin de la semaine, les charognards s'abattirent sur les balcons du 12 Square Grimmaurd, détruisirent à coups de bec le grillage des fenêtres, remuèrent avec leurs ailes le temps stagnant intra-muros, et le lundi au petit jour la ville se réveilla d'une léthargie de plusieurs siècles sous une brise tiède et tendre de ce grand cadavre pourrie. Déjà, lorsqu'elle avait atteint le grand âge de 116 ans, si quelqu'un avait l'audace de questionner Esther Walsh sur le plus ancien souvenir qui persistait dans les recoins perdus de sa mémoire, elle répliquait avec une certitude inébranlable : "Le 4 février 1969". rien avant cela.
Le 4e jour du mois de février de l'année 1969 :
Une voix cristalline, presque trop aiguë pour être réelle, teintée de la candeur de l'enfance et de la complexité de l'incompréhension, déchire le silence de la bibliothèque. « Mais papa, je ne comprends pas pourquoi les gobelins se sont livrés... Ce n'était pas dans leurs intérêts ! »
Le père, homme fatigué par les années, répond avec une douce condescendance qui n'est pas dénuée d'amour, « Le véritable sens de leurs actions, ma douce Esther, tu le comprendras lorsque tu seras toute fripée. Tout ce que je peux te dire maintenant, c'est que les géants, les grands acteurs invisibles de cette tragédie, ont mené les gobelins vers leur reddition. Ils étaient les marionnettistes derrière l'horrible assassinat de Bernadus Piedodu. C'est une vérité incontestable. »
Les mains de la petite Esther se crispent brusquement sur le livre qu'elle tient en otage. Elle n'apprécie guère lorsque son père la considère comme une enfant naïve. Elle est pleinement consciente de son jeune âge, mais elle aspire à être perçue autrement. En particulier en ce jour, le jour de ses neuf printemps. Dans l'esprit de la petite Esther, tout est encapsulé dans une question essentielle : pourquoi ? Elle a soif de tout savoir, de tout comprendre, de tout découvrir. Du sommet de son mètre trente-deux, elle se rêve déjà comme la sorcière la plus érudite que Poudlard ait jamais accueillie. Trop orgueilleuse, elle l'est.
Depuis les premières lueurs de son existence, Esther requiert qu'on lui lise des histoires avant de s'endormir. Même en tant que nourrisson, elle résistait au sommeil sans la présence réconfortante d'un livre. À trois ans, elle déclencha une tempête sans précédent pour qu'on lui apprenne à lire. Son père, Maximilien, finit par céder le jour de ses cinq ans, déverrouillant pour elle les portes de l'empire des mots. Pour ses six ans, il lui offre « Les yeux de la découverte : Étoiles et planètes », sur lequel il griffe : « Pour ma chère Esther, qui a compris que la curiosité n'est pas un défaut, Papa ». Mais le cadeau le plus précieux de tous est celui qu'il lui donne à ses huit ans, lui accordant un accès libre à la bibliothèque familiale. Max déborde de fierté pour sa petite fille. Cependant, sa mère Odette n'est pas aussi emballée. Elle craint que sa fille ne se mure dans son propre monde, isolée au sein des pages des livres.
Esther ne correspond pas à l'idéal de beauté dicté par sa lignée. Elle dépasse en taille les filles de son âge, et des taches de rousseur semblent éclore sur sa peau comme des mauvaises herbes. Cependant, tout cela aurait pu demeurer invisible si elle n'avait pas été marquée par une hétérochromie bien plus apparente. En effet, un œil marron et un œil vert sont considérées comme une malformation parmi les sangs purs. À sa naissance, Belvina Beurk, avait décrété qu'elle serait laide. Mais Esther se soucie peu de l'opinion des autres. Elle a même proclamé qu'il est préjudiciable pour une jeune fille d'être trop jolie, car cela entraine le sous-développement de sa personnalité. Pendant ce temps, elle s'échappe dans sa chambre pour assimiler l'un des poèmes préférés de sa mère, sachant que son anniversaire approche. Elle se plonge dans un poème de Byron intitulé « She walks in beauty », se laissant bercer par les mots qui valsent sur les pages.
« She walks in beauty like the night
Of cloudless climes and starry skies,
And all that's best of dark and bright
Meet in her aspect and her eyes... » Mince ! C'est quoi la suite ? Elle releva le parchemin sur lequel étaient notés ces vers, mais elle n'était pas tirée d'affaire. Elle butait sur le cinquième vers, alors qu'il y en avait dix-huit. « Thus mellowed to that tender light... »
Quelqu'un frappe à la porte, qui cède le passage à Jolly, leur elfe de maison.
« Votre mère vous demande au salon, mademoiselle... »
Si maman veut me parler, elle n'a qu'à monter, je ne suis pas son labrador ! Dis-moi, Jolly, ça te dérangerait de me faire des tresses ?
— Non, mademoiselle, mais madame ne sera pas contente.
— Je descendrai quand tu auras fini mes tresses, deal ? »
Les tresses solidement enlacées autour de sa tête, Esther, jambes croisées, sirote tranquillement son chocolat chaud. Elle n'est pas de celles qui cèdent à l'angoisse, et le fait que sa mère veuille s'entretenir avec elle avec tant de solennité ne modifie en rien ses habitudes. Après tout, Esther prend son chocolat chaud tous les jours à seize heures trente dans le salon. Par conséquent, le fait que sa mère désire lui parler simultanément ne bouleverse pas vraiment sa routine. Odette se place dans le fauteuil voisin, se tortillant les mains. Contrairement à sa fille, elle est une femme très anxieuse, préoccupée par le bien-être de tous. Et se soucie de l'image que sa famille projette. Ce n'est pas une mauvaise mère, loin de là. Elle est attentionnée, douce, mais exige aussi le respect des bonnes manières, parfois un peu surannées. « Ce n'est pas parce que nous sommes des sang-pur que nous pouvons tout nous permettre », répète-t-elle souvent.
Un sentiment étrange s'empare d'Esther. Elle pressent que sa mère va lui donner un sermon sur la politesse ou quelque chose de la sorte. Elle peut déjà visualiser l'air austère et les manières nobles que sa mère adoptera, ce qui exaspère la demoiselle au plus haut point.
« Ce soir, les Black et leur fils vont venir...
— Lesquels ? Ils sont si nombreux et consanguins que je ne peux deviner. »
Sa mère soupire. Elle n'apprécie guère entendre des mots si adultes sortir de la bouche de sa fille. Elle se demande bien qui a pu lui enseigner de telles choses.
« Walburga et Orion. Ils seront accompagnés de Sirius... » Odette prend une pose et reprend sa respiration. « Serait-ce trop te demander de te comporter convenablement ? Et j'aimerais aussi que tu te lies d'amitié avec le jeune Sirius. Ça te ferait du bien de sortir le nez de tes livres et de socialiser un peu. » Une autre pause. « Peux-tu faire ça ? »
Il y a peu de choses qu'Esther déteste plus que lorsque sa mère la prend pour une enfant attardée, dénuée d'intelligence, une banale enfant de son âge, selon elle. Oui, Esther est assez désagréable. Son moral descend encore plus bas. Plus tôt dans l'après-midi, son père a refusé de lui expliquer un contexte géopolitique qui semble pourtant passionnant, puis il y a eu le poème récalcitrant, et maintenant sa mère la traite comme une anarchiste incapable de se tenir droite et de dire « Bonjour, madame, comment allez-vous ? Vous avez l'air radieuse ! » même si la personne en face d'elle ressemble à un veau écrasé. Non, décidément, ce n'est pas une bonne journée d'anniversaire. Oui, Esther est une pleureuse.
Dans les yeux de sa mère brille l'espoir d'un avenir sans embûches pour sa fille, mais aussi le doute. Elle connaît trop bien Esther pour savoir qu'elle a un sale caractère et que rien n'est gagné d'avance si elle veut lui donner l'apparence d'une parfaite petite fille de bonne famille. Plutôt que de jouer à la poupée ou de s'amuser avec des amies, la petite Esther préfère construire des maquettes ou se plonger dans la lecture. Sa mère a bien essayé de l'inscrire à des cours de gymnastique dès son plus jeune âge pour développer sa grâce, mais après quatre ans de pratique sportive, Odette a seulement réussi à obtenir une jeune fille faisant des roues sur le canapé pour se défouler.
« Ce n'est pas un problème », a répondu la brunette en déposant sa tasse désormais vide sur la table. « Dois-je porter la robe que tu m'as offerte ce matin ?
— Eh bien... oui, très bien. Mais cela ne te dérange pas, au moins ?
— Tu sembles anxieuse, maman. Si tu tiens tant à ce que je devienne amie avec Sirius, ce sera le cas. » Jamais.
Les principales raisons d'Esther, à l'heure actuelle, pour fuir le salon sont de se réfugier dans sa chambre et d'apprendre son poème composé de trois sizains, tout en espérant ne pas croiser ce foutu Sirius Black durant la soirée. Malheureusement, son intuition lui dit étrangement que cela ne sera pas possible, du moins pour la partie « ne pas croiser ce Sirius Black de la soirée ». Car même avec toute l'hypocrisie qu'elle peut afficher, elle devra passer la soirée en compagnie du jeune garçon, ce qui signifie qu'elle ne pourra pas se retirer dans sa bibliothèque. Non, à moins d'un événement dramatique, elle ne pourra pas y échapper.
Les Black sont sur le point d'arriver, et le supplice est prêt à commencer. Ses parents reçoivent souvent des invités, mais il est rare qu'il y ait des personnes de son âge parmi eux. Les plus fréquents sont Isobel Murphy et James Potter. Isobel est la fille de la meilleure amie de sa mère, et elles ont grandi ensemble. Leurs deux familles sont étroitement liées par une histoire commune. Les Walsh et les Murphy sont deux familles de sang pur, assez haut placées dans l'aristocratie irlandaise. La guerre civile a affaibli leur influence, et la proclamation de la République irlandaise le 18 avril 1949 a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Les deux couples, cherchant un nouveau foyer, ont trouvé refuge en Angleterre.
Isobel ne partage pas la passion d'Esther pour la lecture, bien qu'elle lise, comme beaucoup d'enfants de son âge, de temps à autre. Isobel est rusée, espiègle, et tout comme sa comparse, elle est un ange en apparence, mais un vrai diable dans les faits. Quant à James, il est le fils d'un des collègues les plus proches de son père au Magenmagot. Esther ne le trouve pas spécialement cultivé ou amateur de lecture, mais depuis qu'il a commencé à lui parler des stratégies au Quidditch, elle a revu son jugement sur le garçon.
Cependant, ce soir, la présence des Black bouleverse la dynamique habituelle. Il appartient à une famille influente, mais aussi controversée. Leurs liens de parenté sont si nombreux et consanguins qu'il est difficile de les démêler. Esther a entendu parler de certains d'entre eux, notamment de Bellatrix, la cousine au regard fou. Elle n'arrive pas à comprendre comment sa mère peut souhaiter qu'elle devienne amie avec un membre de cette famille de timbré.
Le temps passe et Esther commence à s'impatienter. Les invités ne tarderont plus à arriver, et elle sent que sa mère est sur le point de lui rappeler ses attentes une fois de plus. Esther hoche légèrement la tête, ne voulant pas discuter davantage. Elle est résignée à passer une soirée pourrie en compagnie des Black et de Sirius. Elle espère juste que cette expérience ne sera pas trop longue.
Ses parents se mettent à discuter dans le grand salon. Ces conversations superficielles qui se succèdent sont un outil que Maximilien utilise souvent pour détendre Odette. Esther les écoute assise derrière un canapé. Elle ne comprend pas pourquoi cette simple invitation à dîner stresse visiblement autant sa mère. Et elle se demande si cette invitation ne cache pas quelque chose de plus. Une affaire au ministère, peut-être ? Les adultes se perdent dans des discussions administratives et les dernières nouvelles de la haute société magique, alors comme rien de concluant ne sort de cette conversation espionnée, Esther décide de se lever de sa cachette. Sans la moindre discrétion, son père lui fait un clin d'œil et un signe de la main en direction de la cuisine. Les Black vont arriver et elle n'a toujours pas dîné.
Jolly lui sert son repas. Esther, un peu triste de ne pas avoir droit au bœuf comme les adultes, joue avec ses petits pois, sans grande conviction. Cependant, alors qu'elle s'apprête à prendre une pause et à se retirer discrètement dans un coin tranquille, elle aperçoit Sirius Black qui vient d'entrer dans la pièce. Son regard perçant et son air désinvolte l'interrogent instantanément.
Esther décide alors de faire un pas en avant, prête à surmonter sa réticence et à discuter avec Sirius. Après tout, peut-être que les maladies congénitales de cette famille de timbré ont sauté une génération. Elle est presque certaine que c'est possible, elle l'a lu dans : Codex Arcanum Medicinae : Le Grimoire des Secrets de la Santé génétique.
Les destins d'Esther et de Sirius sont sur le point de se croiser. Mais pour l'instant, Esther ne se rend compte que d'une chose. Sirius ressemble à un chien.
Esther vit dans une bulle restreinte, coupée du monde extérieur. Elle est familière avec les moindres détails des arbres généalogiques des grandes familles d'Angleterre, une connaissance qu'elle a acquise au fil de ses lectures approfondies. Cependant, elle ne se mêle que rarement aux autres, sauf pour des sorties occasionnelles pour acheter une nouvelle robe ou pour accompagner son père lors de ses déplacements. Sa fontaine préférée se trouve au pied du ministère de la Magie, un endroit où elle aime s'installer et observer le tourbillon de la vie quotidienne. Les employés se hâtent, absorbés par leurs tâches, ignorant souvent la beauté de la fontaine. Pourtant, pour Esther, elle est une véritable œuvre d'art. Mis à part James, Isobel, ainsi que les collègues et amis de ses parents, Esther a grandi dans une sorte de cage dorée. Certes, c'est une existence privilégiée, mais cela reste tout de même une cage. Les sœurs Black, elle les connait. Lorsqu'elle avait entre quatre et cinq ans, les sœurs venaient diner avec les parents parfois. Bellatrix, Esther la trouvait moche, bête et folle. Narcissa, elle ne l'a jamais vu. Heureusement, il y avait Andromeda, qui venait également de temps en temps. Elle était plus calme, moins excentrique, et elle lisait merveilleusement bien les histoires.
Bien qu'elle n'ait jamais rencontré Sirius jusqu'à présent, James l'admire et le considère comme un frère. Cependant, Esther préfère ne pas se fier au jugement du jeune homme. Si Sirius est aussi excentrique que sa cousine, avec ses cheveux bouclés, elle ne souhaite en aucun cas nouer une amitié avec lui. Elle a une aversion pour toute personne ayant une apparence similaire à celle d'un gorille. Esther est déterminée à rester ferme dans sa conviction.
Alors qu'elle rêvasse, perdue dans ses pensées sur la nature de Sirius Black, elle ne le remarque pas immédiatement tendre la main vers elle. La silhouette agite ses bras en signe de désespoir, mais cela ne suffit pas à attirer l'attention d'Esther. Enfin, elle prête enfin attention à la personne qui se tient devant elle. Ses yeux se posent sur Sirius Black, dont l'expression est un mélange d'intrigue et de confusion. Esther ne peut s'empêcher d'être intriguée par les yeux perçants du jeune homme. Cependant, elle reste sur ses gardes, ne souhaitant pas se laisser tromper par son apparence.
« Ho ! Tu m'entends ? La terre appelle Esther... Esther ? Ce n'est pas toi, Esther ? » déclare le jeune garçon en posant sa main sur l'épaule d'Esther, qui se retourne aussi rapidement que le permet la rapidité d'un mouvement humain. À vrai dire, Sirius Black ne ressemble pas à un gorille, mais plutôt à une sorte de chien-loup croisé à un labrador, avec son museau fin et ses poils noirs. Il est indéniablement labradoresque.
« Attends, on ne t'a jamais dit que tu ressembles à un chien ? » répond Esther d'un ton très sérieux.
C'est la première fois qu'on lui fait une telle remarque sur son apparence canine. C'est également la première fois qu'il rencontre cette fille étrange, et il se demande si elle est bien Esther. Il n'en est pas certain, mais une chose est claire pour lui : les yeux de cette fille sont très étranges, voire déconcertants. Ils semblent refléter quelque chose d'inhabituel, ce qui le met mal à l'aise. Sirius Black n'est pas habitué à se sentir mal à l'aise.
« Pourquoi tes yeux sont bizarres ? » demande-t-il.
Esther riposte avec la même intonation, mais Sirius est presque certain que ce n'est pas une simple question. Il sent une pointe d'amertume cachée derrière le mot « cinq ans ». Il n'a certainement pas cinq ans, bon sang ! À travers cette simple question, il comprend une chose : il sera difficile de s'entendre avec cette fille. Quelque chose cloche chez elle. Premièrement, elle lui a dit qu'il ressemble à un chien, puis elle le rabaisse avec cette simple question, alors qu'il ne lui a rien fait. La fille qu'il suppose être Esther se lève de son tabouret et se dirige vers la porte qu'il vient de franchir. Où compte-t-elle aller ainsi ? Presque instinctivement, il se met à la suivre. Après tout, il ne peut pas rester planté là sans rien faire.
En chemin, il croise un elfe de maison qui lui adresse un large sourire. C'est une expérience inhabituelle pour Sirius. Chez lui, Kreattur fait une tête d'enterrement à moins qu'il ne s'agisse de servir sa mère. Sinon, la créature ronchonne et insulte tout le monde, à l'exception de Regulus, bien sûr.
Finalement, il retrouve la jeune fille devant ses parents, qui affichent presque des sourires. Presque.
« Bonjour, madame, comment allez-vous ? Vous avez l'air radieuse ! » déclare Esther avec un sourire en direction de la femme en face d'elle. Sale hypocrite, pense Sirius. Walburga ne ressemble guère à une beauté rayonnante, mais plutôt à un veau écrasé. Odette sourit, tandis que son père tente de cacher son amusement derrière un sourire de circonstance. Max sait exactement à quoi joue sa fille. Il trouve amusant de la voir amadouer si facilement l'une des plus grandes pestes encore en vie. Esther ne perd pas de temps et entraîne Sirius dans les escaliers.
Alors que Sirius commence à désespérer, déjà une heure et demie s'écoule pendant qu'Esther expose ses "ouvrages" favoris. Il se sent à demi engourdi, ne retenant aucun titre de livre qu'elle lui a mis sous le nez. Il endure, patiemment en attente, dans un état de tranquille résignation. Attendant. Toujours attendant. L'étonnement le saisit de ne pas s'être déjà abandonné aux bras de Morphée. Une question cruciale lui vient à l'esprit, dont il doute de l'opportunité.
« Sinon, à part lire, que fais-tu de ta vie ? » se permet-il finalement de demander, presque instantanément, se reprochant son audace.
Sa tête semble prête à exploser sous le poids des titres de livres qu'il n'a pas même effleurés. C'est un comble pour lui qui fait preuve d'un effort conséquent pour en lire le moins possible. Accoudé dans un fauteuil, il espère en silence la fin du discours de celle qui se dresse devant lui. Pour la première fois, le désir de rentrer, lui effleure l'esprit. Se prélasser dans son lit et emmerder Regulus. Mais non, Esther continue à parler d'acromentules. C'est désespérant ! Elle ne semble avoir aucune vie.
« Non, mais tu n'as pas des jeux normaux, des trucs pour les enfants, pas pour les vieux schnocks ? » Rajoute-t-il.
Esther plonge son regard dans celui de Sirius, un mélange d'exaspération et de mépris se dévoilant.
« Parce que ce n'est pas normal de lire des livres ? Je pourrais t'en faire avaler des pas normaux ! Tu crois que ton allure de clebs est normale, peut-être ? », rétorque-t-elle avec agressivité.
Sirius est décontenancé par la réplique acérée. Jamais personne ne lui avait parlé de la sorte auparavant.
« Qui a établi que lire était une activité réservée aux vieux schnocks ? », réplique Esther, les sourcils froncés. Elle se demande qui a pu formuler une telle absurdité. "Et toc ! Personne assez débile ne peut avoir établi ça !"
Esther trouve Sirius de plus en plus stupide et orgueilleux. Elle se demande s'il est plus ignorant ou plus arrogant.
« Mais tout le monde, quel enfant s'amuse avec des livres ? » continue Sirius, attrapant le premier livre à sa portée. « 'L'almanach des planètes telluriques depuis la création du système solaire'. C'est pas amusant, ça ! Tu n'as pas plutôt un yo-yo, des billes, un ondamania ou même une poupée ? Même une poupée est plus divertissante que ton almanach de je-ne-sais-quoi ! »
Esther est perplexe. Elle n'a jamais entendu parler de l'ondamania, se demandant si cela a un lien avec un odomètre. Son univers est tellement concentré autour de la lecture qu'elle n'a jamais vraiment exploré les jeux auxquels les enfants de son âge s'adonnent. Les noms mentionnés ne suscitent en elle aucun intérêt.
« Primo, je ne sais pas ce que sont tous tes trucs. » Répond Esther d'un ton méprisant. « Et deuzio, que cherches-tu au juste ? Depuis que tu es là, tu ne fais que râler ! Si tu te pissais dessus, tu ressemblerais plus à un papy sénile que moi avec mes livres ! »
Sirius est déconcerté par la remarque sur le fait de se pisser dessus. Il ne voit pas le rapport. Il commence à trouver Esther à la fois ennuyeuse et insupportable. Qui ne connaît pas le yo-yo ou les billes ? Il ne parvient pas à comprendre comment elle peut vivre dans sa bulle, si loin de la réalité. Que fait-elle de son existence depuis sa naissance ? Surtout, qu'on ne lui dise pas qu'elle lit. Il a déjà entendu ce mot trop souvent ce soir.
« Mais je n'y peux rien si tu as des loisirs de papy. As-tu essayé de... je ne sais pas faire, du sport ? Tu connais le Quidditch, tu sais, avec un balai ? » propose-t-il d'un ton provocateur.
Esther ne peut s'empêcher de rire devant cette suggestion. Elle est furieuse de se faire traiter de simple d'esprit par Sirius. Plus leur dispute avance, plus elle se demande si la personne en face d'elle possède un cerveau plus développé que celui d'une huître. Leur échange continue avec une intensité grandissante.
« COMMENT PEUT-ON TROUVER LE QUIDDITCH "SANS INTÉRÊT" ? C'EST LE PLUS BEAU JEU DU MONDE !", s'exclame Sirius avec indignation.
Esther a un sourire narquois. Elle sent qu'elle a touché un point sensible chez Sirius.
« Je n'ai jamais dit que le Quidditch était sans intérêt. Seulement que le seul intérêt du Quidditch était la partie stratégie ! » réplique-t-elle. « À quoi ça sert un match de Quidditch si ce n'est pas pour gagner ?? Et pour gagner, il faut de la stratégie. Sans stratégie, tu ne fais rien du tout ! »
Les mots acerbes volent entre eux.
« On ne joue pas forcément pour gagner », remarque Sirius, d'un ton plus calme.
Au cœur de la réalité tangible de la soirée, un frisson de désarroi s'installe subrepticement dans l'âme d'Esther. Son regard fixe Sirius avec une perspicacité nouvelle, une étincelle de compréhension naissante jaillit. Pour la première fois, elle envisage le jeu non comme un combat, mais comme un acte de joie pure et débridée.
« Alors », elle ose, sa voix teintée d'incrédulité et d'une pointe de moquerie, « tu trouves donc un plaisir grotesque à te dandiner sur ton balai ? Pourquoi ne pas alors l'utiliser pour ce qu'il est réellement et balayer quelque chose d'utile, si tu tiens tellement à jouer avec ? »
Dans le réceptacle de Sirius, une tempête se forme à l'égard de cette proposition sacrilège, ce blasphème à l'encontre de sa foi en la pure liberté du Quidditch. Chaque fibre de son être se rebelle, se dresse face à cette vision dégradante de son sport bien-aimé.
« Écoute », il gronde, son ton aussi aiguisé que le tranchant d'une lame, "il est préférable parfois de garder le silence et laisser planer le doute sur sa connerie, plutôt que d'ouvrir la bouche et dissiper tous les doutes. »
Elle se tient droite, sa riposte déjà prête à jaillir comme un serpent sur sa proie.
« Et pourtant », réplique-t-elle, la morgue teintant sa voix d'une couche glaciale, « lorsqu'on parle à un Russe, on emploie le russe, n'est-ce pas ? Alors lorsqu'on parle à un imbécile, on doit lui parler en imbécile ! »
Le 5e jour de février 1969 :
Au petit matin, Esther est là, ancrée à la table du petit déjeuner, sa plume errant dans les marges d'un livre, telle une mouette cherchant désespérément à atteindre le large. La fin du livre lui semble d'une stupidité sans nom, d'une absurdité qui touche au tragique. De l'autre côté de la table, sa mère, Odette, sirote tranquillement son thé, ses yeux étudiant sa fille.
Avec sérénité, Odette brise le silence : « Alors, avec Sirius hier soir, comment ça s'est passé ? »
Esther laisse sa plume en suspens et lève les yeux de son livre, un voile d'ironie dissimulé profondément dans son regard. Elle sait que sa mère est emplie d'une joie silencieuse donc elle garde pour elle son sentiment sur Sirius, se refusant à provoquer une discussion sans issue.
« Oh, ça s'est bien passé. », répond-elle avec une neutralité diplomatique.
Un sourire se dessine sur le visage d'Odette. « C'est une bonne chose, tu sais. Faire de nouvelles rencontres est important. »
Esther acquiesce simplement, gardant pour elle sa rancœur envers Sirius. Elle choisit la voie du silence plutôt que celle de la discorde, préférant tracer des motifs invisibles sur les pages de son livre que de donner vie à une conversation qui ne ferait qu'éveiller des tensions.
Le mensonge est une carapace qu'elle s'est forgée pour se protéger. Il est plus simple de laisser croire que tout est en ordre plutôt que de dévoiler les méandres de ses sentiments et de s'exposer à un débat futile.
Le silence s'installe de nouveau, un silence paisible, presque sacré. Esther retrouve le refuge de son griffonnage, tandis qu'Odette plonge dans les profondeurs de ses propres pensées. C'est finalement Esther qui rompt cet équilibre, sa voix neutre tranchant « Je monte. »
Odette acquiesce et dans son monde, elle nourrit l'espoir que sa fille comprendra leurs choix.
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