Chapitre 4 : Quand les os brisent les rêves
Une jeune blonde court sur un terrain beaucoup trop grand pour ses petites jambes. Mais elle s'y sent bien, si bien !
Elle contrôle le ballon d'une manière si habile pour son âge, ses jambes la portent sur toute la longueur du terrain. Soudain, une douleur transperce son pied. La crampe lui fait perdre la balle qui va se perdre dans les pieds des autres enfants et la blondinette tombe à genoux.
Elle se dirige vers le bord du terrain on boitant et s'assied sur le banc. Son entraîneuse s'approche d'elle.
-Tu as mal ?
-Ou... oui, répond la petite entre deux sanglots.
-Attends un peu sur le côté, si ça ne passe pas tu pourras rester ici et regarder.
-D'accord.
Mais il n'en est pas question. L'enfant se relève courageusement, bien que son pied soit encore légèrement douloureux, essuie ses larmes et remonte sur le terrain comme si de rien n'était.
*
Toutes les filles sont là. Roxane, Ivy, Alya, Laure, Alicia, Marie, Taïs... Je me dis que je dois encore rêver, jusqu'à ce qu'Ivy vienne me serrer dans ses bras, en pressant involontairement mais douloureusement mes côtes. Je ne sais pas si elles sont cassées, mais en tout cas, elles me font mal, très mal. Enfin, pas plus que mes jambes.
-Alice ! s'écrie Alya. Oh, je suis si contente que tu ailles bien, on s'est toutes beaucoup inquiétées ! On t'a harcelée de messages sur le groupe !
Roxane s'approche de moi et caresse doucement mes cheveux.
-Le médecin t'a déjà dit ce que tu avais ? Demande-t-elle.
-Non... À vrai dire, je ne sais même pas pourquoi je suis là.
Un lourd silence s'abat sur la chambre. Les filles se regardent en fronçant les sourcils.
-Comment ça ? demande Laure.
-Je ne me souviens plus de rien...ou du moins plus de grand-chose... je ne sais même pas si on a gagné ou perdu le match.
-Eh bien... grâce à toi, on a gagné !
Je hausse les sourcils. « Grâce à toi » ? Pourtant, je n'ai pas le souvenir d'avoir fait quelque chose d'extraordinaire.
Voyant ma confusion, Alya se décide enfin à m'expliquer.
-En fait, c'était match nul presque jusqu'à la fin. Roxane t'a fait la passe dans les dernières minutes et tu as donné un coup de tête splendide dans le ballon, qui a atterri dans le goal sans que la gardienne puisse faire quoi que ce soit ! Le stade était en folie ! Mais, quand tu as reposé les pieds au sol, tu t'es écroulée. Personne ne sait pourquoi...
Je reste bouche bée. Je ne m'attendais pas à ça.
Alya s'approche de moi, et me serre elle aussi les côtes. Je ne sais plus quoi penser, je suis choquée de ce qui s'est passé pendant le match, je suis heureuse de voir l'équipe ici et j'ai affreusement mal aux jambes et aux côtes.
Soudain, l'infirmière entre dans la chambre :
-Allez, ouste ! Les visites du matin sont terminées, Alice a besoin de repos.
J'ai surtout besoin de mes amies, ouais...
Tsss... Décidément, je ne l'apprécie pas beaucoup, cette infirmière.
Les filles sortent de ma chambre, Roxane est la dernière. Lorsqu'elle s'apprête à franchir la porte, elle s'arrête et se retourne.
-On reviendra tout à l'heure, t'en fais pas !
Et elle rejoint les autres.
Un peu plus tard, la vieille infirmière arrive et me m'avertit qu'on me fera passer des examens aujourd'hui. Je dois avouer que ça me stresse un peu, mais ce n'est pas comme si j'avais le choix.
Midi arrive, et lorsque l'on m'apporte mon dîner, je reçois un message de ma sœur.
« Alors, pas trop mauvais leur bouffe à l'hôpital ? »
• Pour être honnête, on dirait plutôt du plastique, je lui réponds.
• Haha, bon appétit la crevette ! m'envoie-t-elle ensuite.
J'avale le contenu de mon plateau, puis on vient me chercher.
On pousse mon lit à travers les couloirs et j'arrive dans une salle de radio. Un jeune femme souriante m'aide à me relever et me soutient pour me poser délicatement sur le lit d'examen. La radio se passe bien, même si c'est un peu dur de rester ainsi sans bouger. On m'emmène ensuite dans diverses salles pour faire d'autres examens plus pénibles les uns que les autres.
On finit par me ramener dans ma chambre, enfin ! Je suis exténuée.
Quelques minutes plus tard, un infirmier me signale que je vais devoir changer de chambre. Il me demande si ça ne me dérange pas trop, et je lui réponds que ça m'importe peu. J'attrape mon unique sac, celui que Maëline m'avait apporté, et l'infirmier saisit le bord de mon lit pour le faire rouler à travers la moitié de l'hôpital. Le bâtiment est immense et l'antidouleur que j'ai pris ce matin a un effet soporifique sur moi, si bien que je m'endors profondément avant d'avoir atteint ma nouvelle chambre.
Plusieurs heures plus tard, je me réveille, et je remarque que l'espace autour de moi est plus grand, et il y a un épais rideau bleu sur le côté. Je préfère nettement cette chambre à l'autre ! J'ai même une petite table de nuit en bois garnie de fleurs.
Quelqu'un m'a amené un deuxième sac avec quelques vêtements, de quoi me laver et m'occuper et des pantoufles plutôt douces, il faut se l'avouer. Il faut croire que je vais y rester quelques jours, dans cet hôpital. J'attrape un livre que Maëline avait glissé dans mon sac et je plonge dedans, histoire d'oublier l'affreuse douleur qui transperce mes jambes et mes côtes.
Soudain je sursaute, interrompue brusquement dans ma lecture par un infirmier que je n'avais encore jamais vu.
- Hum... bonjour, qu'y a-t-il ? je demande.
- Bonjour Alice, comment vas- tu ? m'interroge l'homme avec un sourire légèrement forcé.
- Je vais... bien. Vous avez quelque chose à me dire ?
- Les analyses de tes résultats sont arrivées.
Enfin, c'est pas trop tôt ! L'homme prend une grande inspiration.
-Tu souffres d'une double fracture de la jambe gauche, et d'une simple à la droite. Et malheureusement, une de tes côtes est touchée. Ne t'inquiète pas, ça se soigne sans trop de soucis, ajoute-t-il précipitamment devant mes yeux écarquillés. Cependant...
- Cependant quoi ? je demande d'une voix tremblante, paniquée.
- ...le foot, c'est terminé pour toi, ajoute-t-il. Même après les interventions, tes os resteront trop fragiles, c'est trop dangereux.
- Qu... quoi ?!
- Désolé. Bonne soirée mademoiselle.
-Non ! Attendez ! C'est pas possible, il doit y avoir une...
Il secoue la tête, puis ferme la porte derrière lui.
-...erreur..., je finis, même si je sais bien que personne ne m'entendra.
Je ne bouge pas, assise dans mon lit. Je refuse d'y croire. Non. Il a dû se tromper. C'est impossible.
Mes mains commencent à trembler, puis je fonds en larmes.
Le foot, c'est terminé pour toi.
Interdiction.
Le foot, c'est terminé pour toi.
Fini.
Le foot, c'est terminé pour toi.
Plus jamais.
Plus... de foot...
Plus de foot...
Plus de foot !
- NON !
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