Alors que les rires et cris des élèves retentissaient dans tout le wagon, je me contentai de suivre la course des paysages campagnards par la fenêtre.

Le château de Poudlard pointait à une centaine de mètres ; si le voyage avait prit la journée entière, il avait paru pour moi durer seulement quelques secondes.

Lorsque les wagons se stoppèrent dans un crissement sec, j'attrapai ma valise et mon blouson dans le filet pour les descendre ; la masse d'élève quitta le train, un brouhaha incessant les suivant à la trace. Je me frayai un chemin après eux, plus discrète. Mais alors que je tombai nez à nez avec la foule, je remarquai soudain les robes de sorciers qu'ils avaient tous enfilées. Je jetai un coup d'œil exaspéré sur mes vêtements, eux toujours présents comme si nous étions en hiver. Pourquoi a-t-il fallu que j'oublie ce foutu dérèglement des saisons ?!

Ne sachant où aller, je restai plantée là, devant le train. Personne ne me prêta attention, et je leur en fus presque reconnaissante ; je n'avais pas besoin d'une interview spécial à cet instant précis.

Cependant, tous les élèves s'en furent bientôt, comme évaporés. La plupart avaient pris les diligences, d'autres encore suivaient le gardien de l'école, toutes petites têtes émerveillées ; je compris alors que c'étaient là les nouveaux arrivés, les 1ère années.

Mais lorsqu'il ne resta plus personne sur la place humide, seulement éclairée de lampadaires à la lumière jaunie dans l'obscurité, je me sentis bien maligne : j'étais parvenue jusqu'ici, et voilà qu'au pied de l'école je ne faisais plus un geste.

-Êtes vous perdue, Miss Goeth ?

Mes poils se hérissèrent sur ma nuque, mais je ne sursautai pas ; la voix se faisait amusée, presque chaleureuse.

-Qui êtes vous ? rétorquai-je, méfiante.

L'inconnu se fendit dans la nuit pour se réléver à la lumière : un vieil homme se tenait là, une longue barbe blanche couvrant ses joues creusées, un nez droit aquilin supportant une paire de lunettes en demi-lune. Sa robe bleu-nuit se fondait parfaitement dans le décor et le rendait plus majestueux que n'importe quel professeur qu'il m'ait été donné de voit.
Il eut un sourire amusé, ses yeux bleus perçants me toisant par dessus ses lunettes :

-Je suis Albus Dumbeldore, le directeur de Poudlard. Je suis l'expéditeur de votre invitation dans notre école.