Chapitre 18
Debout devant les lourdes portes de bois, le décor s'était empreint d'un étrange silence ; le temps lui même sembla s'être arrêté.
Je frappai ensuite à la porte, hésitante, et une voix me convia à entrer. Je poussai alors les lourds battants pour pénétrer dans un élégant bureau, dont les contours étaient agrémentés d'étagères garnies d'objets de toutes sortes. Des dizaines de tableaux étaient affichés aux murs, représentant sûrement les anciens directeurs de l'école.
Je montai deux marches pour parvenir devant le bureau élégamment garni de babioles anciennes, et encadré de chaises aux accoudoirs de velours.
Dumbledore se tenait dressé sur une partie supérieure du bureau, là où s'accrochait à ses côtés le majestueux phénix aux plumes d'or du directeur. Il poussa un petit cri mélodieux, comme ravi ; il plana jusqu'à son perchoir sur le bureau et s'y posa tout en douceur, ses yeux noirs profonds plongés dans les miens avec une tendresse infime.
-Fumsec est un magnifique Phénix, n'est-ce pas ? sourit Dumbledore devant mon air ébahi.
Je revins cependant de suite à mon expression neutre, peu fière de moi de m'être laissée emportée par la magie de l'instant.
Voyant que je ne répondais pas, Dumbledore descendit doucement les escaliers pour venir se tenir à mes côtés, lissant d'une main sa longue barbe blanche.
Tandis que le silence se tassait, je perçus chez le directeur un sentiment de regrets profond, comme une douleur intérieure sans cesse rejetée.
Je coulai un regard dans sa direction, plus touchée par ce sentiment que curieuse. Dumbledore semblait porter sur ses épaules un lourd secret, enfoui comme à jamais dans les souvenirs du passé.
-Comment fais-tu ? murmura-t-il soudainement.
Je détournai vivement le regard, brisant ainsi la magie qui imprégnait l'instant.
-De quoi parlez vous ? répliquai-je.
-Tu n'es pas legilimens, Zelda, tu ne lis pas les pensées, poursuivit-il. Mais tu captes les émotions des gens avec une étrange facilité, comme si...
-... j'avais avais étudié chacun des muscles de votre visage pour en associer l'émotion qui le suit, complétais-je, exaspérée.
Mais à ma plus grande surprise, le directeur secoua négativement la tête :
-Non, il n'y a rien de vicieux là dedans. Tu es simplement douée d'une empathie si grande que tu arrives à décerner la moindre émotion ou pensée trop forte.
Je refermai la bouche, dubitative. Je n'étais pas certaine de ce que racontai Dumbledore. Moi, empathique ?!
-Bien ! déclara le directeur pour nous sortir de cette mystérieuse conversation. Je suis content que tu sois venue.
Il se fraya un chemin jusqu'à son bureau, où il s'appuya, lui donnant un étrange air de jeune homme de vingt ans.
-Tu es donc prête à tenter de découvrir tes origines ? continua-t-il en plongeant ses yeux bleus perçants dans les miens.
-Pourquoi est-ce que vous faites ça pour moi ? rétorquai-je, ignorant sa question.
-Tu es l'une de mes élèves à présent, Zelda, déclara-t-il simplement. Je me dois de t'aider, comme je l'aurais fait avec n'importe qui d'autre.
Je plissai les yeux, dubitative. Pourquoi Dumbledore m'avait tout à fait l'air de mentir ? Cependant, je fis abstraction de ce détail ; peut-être n'était-ce pas si important que cela.
-Comment je vais m'y prendre ? demandai-je ensuite, toujours méfiante.
Il corrigea :
-Comment nous allons nous y prendre ; je vais percer ce mystère avec toi, Zelda. N'oublie pas que tu n'es pas seule...
Je déposai mon sac au sol et croisai les bras, attendant la proposition du directeur.
-Tu n'as donc aucun souvenir de tes parents, commença-t-il.
-Aucun.
-Tu as toujours vécu en Australie ?
Je hochai la tête :
-J'ai été élevée à Arès, par un professeur qui m'avait trouvée sur le seuil de l'école.
Dumbledore se redressa :
-Nous avons une première piste ! Quel était le nom de ce professeur ?
-Georg Goeth.
Surpris, le directeur haussa les sourcils :
-Il t'a donné son nom de famille ?
Je me renfrognai ; je n'appréciai pas particulièrement parler de cette partie de ma vie.
-Oui. C'est lui qui m'a appelé Zelda.
Dumbledore hocha la tête un moment, pensif.
-Je crois qu'il va falloir parler à Mr Goeth pour en apprendre plus.
Je lâchai un soupire. Pourquoi avais-je un si mauvais pressentiment sur cette histoire ? Et surtout, pourquoi Dumbledore tenait-il tellement à m'aider ?
-Georg vit en Australie, lui rappelai-je, renfrognée.
-Eh bien, ça me fera des vacances, sourit le directeur. J'ai toujours rêvé d'aller en Australie.
-Vous n'êtes pas sérieux ?! m'étranglai-je, ahurie.
Mais Dumbledore haussa les épaules :
-Nous irons pendant les vacances de Noël. Je suis décidé.
Je refermai la bouche, toujours aussi perplexe devant la décision soudaine du vieil homme. Pourquoi se donnait-il tant de mal pour résoudre ce mystère ?!
-Tu devrais aller te coucher, il se fait tard, fit-il.
Je ramassai mon sac, et sans un mot, juste un simple regard dans sa direction, quittai la pièce, l'esprit encore plus embrumé de doutes qu'avant d'y entrer.
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