6- J'aimerais que tu sois là
Severus Rogue avait réussi à survivre au réveillon de Noël : un Noël passé à Poudlard, avec quelques élèves, dont l'énervant Potter et ses amis, et les professeurs. Il avait tâché de faire bonne figure. Il avait sagement obéi et préparé la potion pour Lupin. Mais depuis quelques heures, il ne décolérait pas : Dumbledore lui avait garanti qu'il verrait sa mère, Eileen mais jusqu'à présent, il n'avait pas tenu sa promesse ! Et on était le vingt-cinq décembre au soir !
Dans son bureau, Severus faisait les cents pas, imitant inconsciemment Dumbledore. Quand il vira d'un peu trop près des étagères surchargées de bocaux contenant les bestioles immondes faites pour décourager ses élèves de passer du temps ici, Rogue se reprit :
– Non, mais voilà que j'imite le zinzin ! « Arpentez votre bureau, Severus, vous y verrez plus clair ! », gna-gna-gna, vieux grigou ! Ai-je l'air d'avoir l'esprit plus clair, hein ?
Il s'arrêta aussitôt. Il était en train d'invectiver une étagère emplie de bocaux et de pots. Ce n'était pas le moment de perdre la tête ! Il songea un instant à monter en haut de la tour d'astronomie pour y fumer une cigarette. Cela lui calmerait peut-être les nerfs... Bien sûr, il prétendait avoir cessé de fumer mais de temps en temps, il s'adonnait à ce plaisir coupable.
Rogue hésita. Le temps était frais mais pour l'instant, il ne neigeait plus. Il prit sa cape la plus chaude, enfourna son paquet de cigarettes dans l'une des poches et sortit de son bureau en claquant la porte. A grands pas, il rejoignit l'escalier qui menait à la tour, en faisant voler sa cape noire autour de lui comme il en avait pris l'habitude.
Le vent soufflait sur la tour la plus haute de Poudlard. Severus resserra sa cape autour de son corps mince. Il rabattit son capuchon sur ses cheveux sombres. Il s'avança vers les larges créneaux. Le soir était déjà tombé sur les environs de Poudlard. On était en hiver et la nuit débutait tôt.
Il se pencha, devinant dans l'ombre au loin, la Forêt Interdite. Il s'était passé tant de choses ici.... Severus sentit une boule se former dans sa gorge. Il sortit l'une des cigarettes du paquet, la tapota machinalement et d'un coup de baguette magique, l'alluma. Il n'avait pas le temps pour s'appesantir, pas le temps de devenir sentimental. Il avait fait des choix, il continuerait de les assumer. Rogue tira une longue bouffée qu'il recracha dans la nuit d'un bleu sombre. Il laissait le froid l'envahir, anesthésier ses doigts, remonter le long de son cou. Si seulement ses émotions pouvaient se geler sur place !
Tandis qu'il laissait son esprit dériver, des paroles lui revinrent en mémoire :
« Come on, now
I hear you're feeling down
Well I can ease your pain
And get you on your feet again »
Il resta là, tirant sur sa cigarette, laissant le temps défiler, les souvenirs s'effacer, en écho dans sa tête.
https://youtu.be/_FrOQC-zEog
– Je vous parie qu'il est ici ! Fit une voix.
– Je vous suis, Dumbledore !
– Ce n'est pas nécessaire, Eileen, restez en bas des marches, l'escalier est passablement raide, vous savez ...
– Je m'en souviens, mais je ne suis pas grabataire, Dumbledore !
Les pas allaient en se rapprochant. Deux personnes débarquèrent sur le haut de la tour d'astronomie.
– Sapristi, il fait diablement froid, lança Albus Dumbledore.
Il chercha autour de lui et très vite avisa la silhouette du professeur de potions accoudée à l'un des créneaux.
– Je vous avais dit que nous le trouverions ici, fit-il à Eileen Prince qui le suivait de près.
La petite sorcière tira sur sa cape en frissonnant.
– Mais que fait-il ici ? Ce n'est guère plaisant... Eileen s'avança vers le parapet. Doucement, elle demanda dans le noir : - Severus, c'est toi, mon garçon ? Ne peux-tu pas rentrer ?
Elle fit un autre mouvement en avant, hésitant encore sur la conduite à tenir. Son fils avait toujours été un solitaire. Il aimait rester tranquille, à lire ses livres, à écrire. En cela, il lui ressemblait. Pourtant, elle aurait aimé qu'il soit plus sociable, qu'il soit entouré d'amis fidèles, qu'il fonde une famille, peut-être, avec une gentille sorcière. Mais il était devenu professeur, et il vivait seul.
Quand il se retourna, visiblement étonné, elle eut le temps de distinguer deux traces de larmes sur ses joues pâles.
– Mère ? Tu as pu venir ?
Sa voix grave tremblait un peu. Il passa sa manche sur son visage et se pencha sur elle pour lui faire la bise.
– Bien sûr que je suis venue ! Oh, Severus, ne me dis pas que tu fumes toujours, ajouta-t'elle en écartant la main de son fils qui tenait encore le mégot enflammé. Mais jette donc ça, mon garçon, tu fiches des cendres partout, c'est dégoûtant !
Le professeur de potions se sentit alors redevenir beaucoup plus jeune. C'était elle, la grande dame, qui avait tout son respect, sa sorcière de mère. Eileen Prince. Il dut faire un effort pour ne rien laisser paraître de son trouble. Et il lui obéit sans broncher.
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