Chapitre 19 : Draco fait les courses
Harry passa les heures qui suivirent dans un état comateux qui lui fit perdre toute notion du temps. Son esprit s'embourbait dans un marécage de plus en plus profond pour fuir son corps épuisé par les blessures qui ne guérissaient pas. Chaque fois que Draco voulait lui parler, il déployait des efforts colossaux juste pour rester conscient.
– ... a renvoyé les Détraqueurs... Rogue a fait passer le message que tu es de retour à Poudlard... tter ?
Ses paupières se fermaient seules sur ses yeux brûlants.
– ... chat.
Harry grogna, aspirant juste à replonger dans les limbes du sommeil. La voix à son oreille se fit plus forte.
– Transforme. Toi. De suite.
Il obéit et replongea dans l'obscurité. Le monde tremblait, dans ses rêves il se voyait debout sur un sol en train de s'effondrer, mais qui ne chutait jamais.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, il était dans une valise ouverte au milieu d'une petite pièce. Le bois de la table ronde avait perdu son vernis, une peinture blanche toute simple recouvrait les murs mais le plus surprenant était le réfrigérateur, les plaques de cuisson et le vieux four qui formaient une cuisine moldue des plus classiques.
Poussé par la curiosité, Harry chancela hors de la valise et reprit forme humaine. Draco inspectait la pièce.
– Un train part pour Poudlard dans trois jours. C'était trop dangereux pour toi de rester plus longtemps là-bas, je leur ai dit que je me rendais au Chemin de Traverse pour étudier ce que Barjow et Beurk propose... c'est une boutique de l'allée des Embrumes, c'est de là que venait le collier. Ma vie est en jeu, donc ma mère n'a pas protesté.
– Pourquoi elle aurait protesté ?
– Peut-être parce que Noël est demain ? Et en guise de cadeau, le seul endroit potable que j'ai pu dégoter c'est ça. Enfin potable, il ouvre sur le monde moldu. D'ailleurs, tu m'expliques à quoi servent ces meubles ?
Il désigna le four et les plaques qu'un vertige fit tanguer.
– Ça, ça sert à cuisiner, murmura Harry en s'adossant au mur.
– Une invention moldue qui prend de la place pour...
Draco perdit quelques couleurs.
– Quoi ?
– Le ministère nous localisera si on fait de la magie et je ne tiens pas à ce que le Seigneur des Ténèbres connaisse ma position exacte.
De toute façon il y avait le nécessaire pour vivre à la moldue. Harry esquissa un faible sourire ; ça allait demander un temps d'adaptation à Draco. En se dirigeant vers l'autre pièce de l'appartement, la chambre, forcément, Draco s'arrêta net.
– Un problème ? demanda Harry.
– Aucun.
Il tira la valise à l'intérieur et claqua la porte derrière lui.
Resté seul, Harry tituba jusqu'à la table ronde. Les vertiges ne passaient pas. Il se changea en chat et se roula en boule près d'un pied de bois. Il ne mourrait pas ici, n'est-ce pas ?
– Potter ? Potter ! Où est-ce que...
Harry ouvrit un œil au moment où des chaussures passaient devant lui. Ses muscles refusèrent de bouger. Son faible miaulement fut heureusement assez pour que la tête de Draco apparaisse sous la table.
– Tu as l'air de t'y connaître en moldu, comment ils cuisinent ?
Serrant les crocs, Harry reprit forme humaine. Les vagues de douleurs familières l'assaillirent et il se cramponna à une chaise.
– Comme les sorciers, souffla-t-il. Sauf qu'ils chauffent les plats sur le feu ou dans le four.
Draco acquiesça, les bras croisés, puis se tourna vers la cuisinière et bougea au hasard les boutons jusqu'à ce que toutes les plaques se colorent d'un rouge incandescent, ce qui propagea une vague de chaleur dans la pièce.
– Je suppose que tu n'es pas en état de cuisiner, dit-il en coupant les plaques. Très bien. Puisque tu as l'air de connaître le sujet, comment les sorciers cuisinent ?
– C'est la même chose...
Résistant à l'envie de frapper son front contre la table, Harry fouilla sa mémoire à la recherche de recettes faciles et dicta les ingrédients à Draco qui les inscrivit sur un bout de parchemin.
– Et ensuite ? dit-il en relisant la liste.
– À ton avis... ? Va les chercher.
– Et où ça ? Tu crois que je passe mes week-ends à cuisiner ?
Harry se laissa tomber dans la chaise.
– Debout, Potter !
Il reprit sa forme féline dans l'espoir de se rendormir.
Grossière erreur. La minute suivante, Draco le soulevait et quittait l'appartement en verrouillant derrière lui. Le premier sorcier qu'ils croisèrent se retrouva avec la liste de course dans les mains.
– Vous trouverez tout ça du côté moldu. Il y a un supermarché à quelques mètres du Chaudron Baveur. Ah et n'oubliez pas de changer votre monnaie.
Draco eut beaucoup de mal à accepter que l'employé des devises remplace ses précieux Galions contre des bouts de papier, mais ils finirent par atteindre le côté moldu avec suffisamment d'argent pour faire leurs courses et le chemin jusqu'au supermarché fut calme.
Par contre, la cliente à qui Draco refourgua sa liste de course apprécia moyennement. Un vigile dut menacer de le mettre à la porte pour que Draco reprenne son parchemin et la direction des rayons, irrité. Trouver les carottes lui demanda une dizaine de minutes, en voyant les oignons lui passer sous le museau pour la quatrième fois, Harry planta ses griffes dans son bras. Il se retrouva aussitôt suspendu par la peau du cou devant le visage de Draco.
– Refais ça et je te jette dans l'aquarium.
L'aquarium en question accueillait déjà des écrevisses donc il fut soulagé que Draco remarque le panier d'oignons.
– La prochaine fois, montre-moi directement le chemin au lieu de détruire ma veste, dit-il en attrapant une botte.
Il faillit bousculer un gamin qui le fixait. Celui-ci tira sur la veste de son père.
– Pourquoi il parle à un chat lui ?
Draco le toisa de toute sa hauteur, d'un regard qui gela le petit sur place.
– Toi, le moldu... Potter !
Il secoua son bras pour décrocher les griffes que Harry y avait plantées. Le gamin fondit en larmes, alertant aussitôt son père. Draco les contourna en levant les yeux au ciel.
Après des échanges salés avec deux clients et trois caissiers, ils reprirent enfin le chemin de l'appartement, Draco portant les deux sacs dans sa main libre.
– Tu iras mieux quand tu auras mangé, dépêche-toi de cuisiner, dit-il en lâchant les sacs par terre.
Harry se retransforma et récupéra de quoi préparer une Bolognaise maison.
Son bras valide était lourd alors qu'il fouillait les tiroirs à la recherche d'un couteau et d'une planche à découper. Il ne se rendait même pas compte qu'il vacillait avant qu'un bras le ceinture et l'éloigne du plan de travail. Alors qu'il retombait dans une chaise, Draco passa devant lui en remontant ses manches.
– Ça ne peut pas être bien compliqué si tu y arrives. Donne-moi les instructions.
Si le découpage des légumes était parfait, Draco ne démontra pas une once d'intuition et ne prit pas la moindre initiative, pas même de remuer la sauce tomate. Ce fut l'odeur de brûlé qui arracha Harry à son demi-sommeil.
– Et j'étais censé le deviner, Potter ? Si tu me donnes des instructions, arrange-toi pour qu'elles soient complètes !
– Tu as besoin de moi pour savoir que quand on laisse quelque chose trop longtemps sur le feu, ça brûle ?
– Tu vois du feu quelque part ? répliqua Draco en désignant la plaque sur laquelle se découpaient deux ronds rouges.
– Laisse tomber...
Une assiette fumante heurta la table devant lui et la porte de la chambre claqua. Harry plissa le nez. Des morceaux de carottes carbonisées perçaient la sauce tomate et il supposa que les autres machins noirs étaient des vestiges d'oignons. Il commença à les retirer du bout de sa fourchette, puis abandonna, déjà parce qu'il y en avait trop et parce qu'il mourait de faim. La première bouchée lui parut correcte mais il retrouva vite son sens critique et son estomac n'encaissa que quelques bouchées avant de se fermer.
Il devait reprendre des forces. Et puis Draco avait cuisiné ça pour lui, en dépit de son « honneur » de Sang-Pur. Harry reprit sa fourchette et parvint à avaler quelques bouchées supplémentaires.
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J'espère que le titre vous a pas déçu du coup, j'ai vu beaucoup de "pluie et confettis" passer XD
Des bisous !
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