Chapitre 13 : Choix
– Quoi, tu ne viens pas pour Noël ? dit Ron. Mais tu ne vas pas rester seul au château. Il n'y a quasiment personne sur les listes cette année.
Harry haussa les épaules. Il préférait le château vide. Tout le monde le harcelait de questions sur pourquoi il avait défendu Malfoy, les rumeurs et les commentaires qui se croyaient discrets le fatiguaient. Au moins Ron et Hermione avaient eu le tact de ne pas insister.
La veille des vacances, alors que les élèves terminaient de boucler leurs valises, Harry s'attarda dans un des fauteuils de la salle commune. Le sommeil le fuyait. Quand il avait surpris Malfoy dans les toilettes des filles, il parlait de Voldemort, de l'accueil qu'il lui réserverait lorsqu'il rentrerait chez lui et il n'avait fait aucun progrès sur sa mission depuis.
L'année précédente, les fausses visions de Sirius lui avaient donné une idée de la cruauté dont pouvait faire preuve Voldemort lorsqu'il décidait de torturer quelqu'un. Alors qu'il fixait les flammes de la cheminée, un éclat de lumière verte jaillit de sa mémoire et il vit Cédric Diggory qui tombait, son visage bientôt remplacé par un autre, plus pâle, au nez pointu...
– Harry ?
Il releva les yeux vers Hermione qui s'était installée en face de lui avec un énorme livre gravé de runes anciennes. Elle ne l'ouvrit pas.
– Ça ne va pas.
Ce n'était pas une question. Pour la première fois, Harry ressentit l'urgence de partager ce qu'il savait. Il ne pouvait pas rester assis là sans rien faire. Peut-être aurait-elle une de ses idées brillantes ? À condition de lui en parler.
Il inspira plusieurs fois. Une fois dit, rien ne pourrait l'effacer. Quand il releva la tête vers elle, elle attendait toujours, le livre fermé sur ses genoux.
– C'est de Malfoy qu'il s'agit, dit-il enfin.
– Je m'en doutais. Tu as trouvé quelque chose ?
– Hmm... Non.
Un discret soupir lui parvint.
– Harry... peut-être que tu devrais oublier cette histoire de Malfoy devenu Mangemort. Tu somnoles à tous les cours, tu perds le temps que tu devrais consacrer à étudier à traquer un complot qui n'existe pas et je ne compte plus le nombre de devoirs que tu as rendus en retard. Ce sera un miracle si tu réussis tes examens de fin d'année. Malfoy n'en vaut pas la peine.
– Tu ne l'aimes pas, hein ?
– Malfoy n'est pas assez important pour que le Seigneur des Ténèbres se serve de lui, il se vante juste pour que les autres Serpentards bavent. Ne t'avise pas d'échouer ton année pour une petite fouine arrogante comme lui.
Une douleur traversa sa paume. Harry se força à desserrer le poing.
– Tu ne sais... commença-t-il d'un ton tremblant.
Il tenta de se maîtriser. Sa colère ne ferait que soulever des questions. Il reprit, avec une froideur qu'il ne se connaissait pas :
– Je ne le déteste pas.
– Vraiment ?
– C'est peut-être à force de l'espionner, je ne sais pas. Oublie ça.
– Tu sais, c'est une bonne chose. Ces disputes puériles avec Malfoy étaient peut-être justifiables quand tu avais onze ans, mais c'est tout à ton honneur de passer outre.
– Puéril ? Rappelle-moi qui l'a frappé en pleine figure.
Le rire d'Hermione le contamina et il se sentit un peu plus léger. Il avait toujours eu Ron et Hermione avec lui et rien ne semblait infranchissable, pas même d'enseigner la défense contre les forces du Mal sous le nez du ministère pour préparer les élèves au retour de Voldemort.
Il vérifia qu'ils étaient seuls dans la salle commune.
– Tu te souviens de l'Amortentia ? murmura-t-il.
Son cœur tambourinait comme un avertissement, mais il mourait d'envie de lui dire. Elle avait bien accepté sa trêve avec Malfoy (enfin trêve, lui avait fait une trêve, ce n'était pas exactement réciproque).
– Oui, tu avais senti quelque chose. Est-ce que la rumeur de Malfoy était vraie ? Celle qui parlait d'une peine de cœur ? C'est ça qui te mine ?
– Pas exactement, mais j'ai bien senti quelque chose et Malfoy le sait.
– C'était qui ?
Sa voix s'était faite douce et elle avait un petit sourire.
– Malfoy.
Le sourire d'Hermione vacilla.
– Quoi.. ?
– Je sais que c'est difficile à croire, mais...
– N'importe qui mais pas Malfoy. Il n'a pas la moindre considération pour les autres. Tu le connais ! Il enfonce les autres pour se sentir exister, qu'est-ce qui peut bien t'intéresser chez quelqu'un comme lui ?
– Il n'a pas grandi dans la famille la plus ouverte d'esprit, il baigne là-dedans depuis toujours.
– Ça ne pardonne pas tout. Il n'a plus douze ans et il agit toujours comme le dernier des imbéciles.
– Tu dis ça sans savoir, j'ai passé du temps avec lui, si tu essayais de comprendre tu...
Hermione éclata d'un rire froid.
– Si j'essayais de le comprendre ? Comme tu l'as fait tu veux dire ? Si je me souviens bien, ça t'a valu de terminer trempé dans ton propre sang, permets-moi de passer mon tour. Attends une seconde... c'est pour ça que tu passes autant de temps sous ta forme Animagus ? Pour passer du temps avec lui ?
Harry soutint son regard.
– Et si c'était le cas ?
– Tu te rends compte du danger que tu cours si Malfoy comprend ? Sous forme de chat tu es à sa merci et tu sais aussi bien que moi qu'il ne t'épargnera pas. S'il apprend qu'il te plaît n'en parlons même pas, ajouta-t-elle en lui enfonçant son manuel de runes dans la poitrine.
– Il ne le saura pas, répliqua Harry en écartant le livre.
– Donc tu sais qu'il n'est pas digne de confiance, dit-elle en se levant. Dans ce cas je n'ai rien à dire, fais tous les choix idiots que tu veux mais ne compte pas sur moi pour t'aider.
Elle disparut dans l'escalier dans une tornade de cheveux épais. Dès que la porte du dortoir des filles claqua, Harry pressa ses tempes pour soulager un début de migraine. Quand la chaleur de l'âtre devint trop étouffante, il quitta la tour de Gryffondor. L'ombre d'une armure le fit sursauter. Il n'était pas supposé se balader dehors aussi tard, alors il se métamorphosa et sauta dans un des escaliers volants.
Il arrivait au septième étage quand Malfoy apparut à l'angle du couloir, les traits tirés. En le repérant, il esquissa un sourire.
– Tu étais là, boule de poils, dit-il en s'agenouillant devant lui.
Harry se résigna quand il le prit dans ses bras. Ça commençait à devenir une habitude. Au lieu de prendre le chemin de la Salle sur Demande, Malfoy redescendit les étages, traversa le hall d'entrée et, horreur, s'enfonça dans les cachots.
– Arrête de t'agiter, dit Malfoy avec une tape sur la tête.
Il le ramenait encore dans sa salle commune ? Sa fuite de la dernière fois n'avait pas suffi à lui faire comprendre qu'il ne tenait pas du tout à s'y retrouver enfermé ? Il eut beau mordre et trancher – enfin mordiller et planter ses griffes dans le bras de Malfoy, celui-ci entra. Cette fois, il se dirigeait vers les canapés noirs où Nott, Pansy, Zabini, Crabbe et Goyle discutaient. Tout autour, les lampes diffusaient une lumière verte qui semblait avoir traversé le lac pour se poser sur eux.
Malfoy se laissa tomber à côté de Crabbe qui lisait une BD et attrapa un numéro de la gazette du sorcier. Harry se redressa pour regarder par-dessus le journal et croisa les regards inquisiteurs des autres Serpentards.
– C'est le chat de la dernière fois ? demanda Zabini. Celui que tu soupçonnais d'être un Animagus ?
Harry se raidit. Il leur en avait parlé ?
– Ce n'est pas le cas. Avec tout ce qu'il saurait s'il était humain, je ne serai plus à Poudlard depuis longtemps.
– En tout cas, il a l'air attaché à toi, commenta Pansy, moqueuse, ce qui lui donna envie de lui griffer la figure.
– Ça n'est peut-être plus utile mais j'ai trouvé le sort que tu cherchais, dit Nott. Celui pour révéler un Animagus.
Derrière le journal, Harry eut un frisson.
– C'est un peu tard, répondit Malfoy en tournant une page.
– Ça ne coûte rien de vérifier maintenant, commenta Zabini en caressant sa baguette.
Très lentement, Harry se tassa, bandant ses muscles pour pouvoir bondir au moindre sortilège. À côté de Malfoy, Pansy se pencha vers lui.
– Tu ne trouves pas qu'il a une attitude bizarre, ton chat ?
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Oh dear we are in trouble... Paaaas ouf pour notre très cher "chat". Bon, Hermione n'avait peut-être pas complètement, déraisonnablement, désespérément tort du coup. Peut-être. XD
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