Les trois mineurs avaient été assignés à une zone située au dessus de la grotte, non loin du lieu où tout le monde mangeait. Lei leva la tête et soupira de soulagement : la galerie finissait en cul de sac 20 mètres plus loin. Il approche sa sonde du rocher, songeant déjà au bon café qui l'attendait dans la grotte.

Biiiiiip ! Biiiiiiip !

Les 3 mineurs sursautèrent de surprise. Ce fut Lei qui réagit le premier, par un magnifique juron :

- Putain de bordel de merde !

Les 2 autres mineurs se regardèrent avec effroi, les yeux exorbités, puis se jetèrent dans les bras de l'autre en pleurant.

- Nous sommes fichus ! C'est la fin !

Lei leur mit une claque à tous les deux.

- Bon sang qu'est ce que ça soulage ! s'exclama-t-il

Puis plus sérieusement, il ajouta :

- Vous n'avez pas honte, de pleurer comme des mauviettes ? Nous sommes les enfants de Doton, et nous avons survécu 200 ans. Nous survivront encore, ou nous rejoindront notre Dieu !

Les 2 frères, encore soufflés par la gifle, le regardait avec ébahissement. Finalement, celui dénommé Calam se leva, séchant ses larmes.

- Tu as raison. Allons prévenir les autres.

Les 3 mineurs remballèrent le matériel et repartiront, la tête basse, en direction du centre administratif.

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Weissman se prépara à entrer dans le bureau de la responsable. Il n'hésita pas, ne souhaitant pas s'apesantir sur ses sombres pensées. Il ne toqua pas, et rentra comme si il en avait le droit.

- Madame. Nous avons détecté une fissure dans la zone située au dessus de la grotte.

Il vit la responsable se décomposer littéralement, s'avachissant sur son siège. Mais cet instant ne dura pas. Se rappelant la présence de son adjoint, Isabel releva la tête avec courage.

- Réunis tous les habitants sous la grotte.

Weissman resta là sans bouger. Il ne faisait rien, sinon la regarder. Après tout, il etait paralysé. La perspective de mourir bientôt, sans jamais avoir fait quelque chose de significatif lui faisait peur. Car il... Weissman secoua la tete, et se reconcentra sur le moment présent. Il n'avait encore jamais vu cet air si fragile à Isabel, elle avait l'air si forte d' habitude.

- Qu'est ce que tu attends ? cria Isabel

Weissman aimait bien cette fragilité, et même aussi son air quand elle était en colère, comme maintenant. Isabel avait les cheveux courts, bruns, et un visage en ovale qu'il avait envie de... Il leva fugacement les yeux aux ciel. Après tout, ils risquaient tous de mourir dans peu de temps. Qu'avait il à perdre ?

Il avança d'un pas, puis de l'autre. Isabel le regardait avec de grands yeux, ses poings toujours crispés de colère. Il s'arrêta à 1 mètre d'elle. Elle le regardait, mais ne bougea pas. Alors, il la prit dans ses bras, et commença à la bercer, comme une enfant. L'homme sentit soudain des larmes sur son épaule : Isabel s'était reposée sur lui et pleurait à chaudes larmes, sans bruits, son corps agité de soubresauts. Il lui caressa la tête doucement, fredonnant un air enfantin. Quand la crise fut passée, Isabel se detacha de lui, essuyant ses larmes du dos de la main.

- Qu'allons nous devenir ?

Il la reprit dans ses bras, et elle se laissa faire.

- Je ne sais pas, mais nous serons ensemble.

Isabel soupira de contentement.

- J'ai l'impression que rien ne pourra m'arriver, dans tes bras...

Weissman ne dit rien. Si seulement elle savait... Il mourrait de trouille intérieurement, il était un froussard dans l'âme. Il avait vu son père le renier et partir alors qu'il venait de naître, et sa mère mourir à ses 7 ans. Alors il avait appris à camoufler ses émotions, à les enfouir au plus profond de lui sans jamais les laisser sortir. Mais il n'avait pas réussi à enfermer sa peur. Il avait peur de tout : que la grotte s'effondre, de mourir, d'être impuissant.... Jusqu'à maintenant, il n'avait même pas oser parler à Isabel autrement que professionellement, alors qu'il l'avait remarquée...Il avait toujours été très professionel, limitant au minimum son contact avec les autres. Weissman avait même réussi à enfouir l'amour dans son coeur.

Mais maintenant, il avait quelqu'un ave lui. Et Weissman ne se laisserait pas vaincre si facilement. Il attrapa Isabel par les épaules et la regarda droit dans les yeux.

- Battons nous.

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L'intérieur du centre était une véritable ruche, tout le monde courait dans tous les sens en parlant fort. L'extérieur n'était pas mieux. Depuis que les responsables administratifs avaient appris à tous ce qu'il se passait, les réactions étaient variées. Il y avait ceux qui se lamentaient en pleurant, profitant de ses derniers instants avec ses proches. Il y avait ceux qui s'étaient réunis au centre de la grotte, et qui priaient en implorant Doton de les sauver. Et enfin, il y avait ceux qui cherchaient une solution au problème. Tout cela créait une belle pagaille, et il était impossible pour les habitants de s'entendre.

Jonas faisait partie du troisième groupe. Il était encore tout jeune, environ une vingtaine d'années, et n'était devenu responsable administratif que depuis 2 ans, dans un secteur peu important. Néanmoins, Jonas ne voulait certainement pas mourir maintenant ! Il avait prévu beaucoup de choses dans son avenir, et il craignait de ne pas pouvoir les réaliser.

Aussi le jeune homme s'activait-il énormément, remuant toute la grotte en cherchant la solution miracle. Sûrement y avait il une centaine d'hommes comme Jonas, qui parcouraient la grotte en tous sens, et qui avaient même peut-être de meilleures raisons pour sauver les Dotonniens. Mais le destin fut que ce fut lui que le vieillard alpagua.

- Jeune.... homme... écoute moi...

Sa voix était rauque, sèche : c'était la voix d'un mourant. Il est probable que partout ailleurs, personne ne se serait arrêté pour écouter un vieillard déblatérer sur sa vie. Mais nous n'étions pas nimporte où, et dans ce monde souterrain, tout le monde était "frère", enfant de Doton, alors Jonas s'arrêta et écouta. Le vieillard, voyant qu'il avait réussi à capter l'attention du responsable, continua, les yeux à demi fermés.

- J'étais... aussi responsable... Et c'est moi qui a stocké certains documents... qui...

Il s'interrompit, arrêté par une violente quinte de toux qui le plia en deux. Jonas, même si c'était son devoir de s'arrêter, faillit partir : il devait sauver la grotte, et chaque minute était comptée. Il avait mieux à faire que d'écouter un vieil homme radoter sur son passé. Le vieillard sur percevoir son agacement, car il se dépêcha de continuer, un peu plus fluidement.

- Ces documents... étaient un plan pour aller vers l'extérieur... ils sont stockés en A35... Il faudra utiliser des explosifs... mais vous pourrez sortir... C'est la seule solution...

Jonas regarda avec effarement le vieil homme tomber, réussissant à le rattraper à la dernière seconde : le pauvre avait perdu connaissance. Le jeune homme le coucha contre un mur, avec une couverture trouvée non loin de là. Sortir de la Grotte ? Cela lui semblait impossible, tout le monde avait toujours vécu avec elle, ils ne sauraient pas se débrouiller dehors ! Mais il comprit vite qu'ils n'avaient pas le choix : c'était ça ou mourir écrasé. Jonas se précipita au centre pour annoncer la nouvelle à tous les responsables.

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Eliza s'activait vivement. Depuis que le responsable Jonas était revenu avec des informations comme quoi il y avait de plans pour sortir de la grotte, c'était le branle bas de combat. Tout d'abord, il avait fallu déterminer à quel galerie correspondait A35, le système de nomination des galeries ayant changé avec le temps. Puis on s'était aperçu que la galerie était une galerie jugée récemment trop instable, et dont les risques d'effondrement étaient élevés. Alors, on avait fait appel aux mineurs, et donc voilà pourquoi Eliza se retrouvait là. Sa taille de guêpe et son poids de 25 kilos et quelques avaient joué, il faut bien l'avouer. Aussi la jeune femme était elle seule dans la galerie, avec à l'extérieur des dizaines de responsables et d'habitants qui attendaient son retour avec fébrilité.