La Zoldick (partie 1)
La terre tremblait sous la course effrénée du lapin. Celui-ci jetait des regards apeurés de droite et de gauche, ses longues oreilles couchées par la vitesse de sa fuite. Il entendait derrière lui le grognement de son poursuivant, qui semblait s'approcher de plus en plus. Soudain, il plongea dans un champ de ronces, misant sur sa fourrure marron foncé qui le camouflerait. Au bout d'un long moment où il avait retenu sa respiration, il sortit enfin des ronces. Son assaillant avait disparu, sûrement découragé. Il sortit entièrement de sa cachette, reprenant tranquillement son chemin. Ce fut la dernière décision que prit le lapin.
- Je t'ai eu ! s'exclama la jeune fille, tenant le lapin mort par les oreilles.
Ce n'était pas une jeune fille comme on en a l'habitude d'en voir. Elle avait une chevelure rousse flamboyante, et on aurait dit que toute sa peau était recouverte de fourrure. Ses yeux étaient à la limite du rouge, et elle se mouvait silencieusement, tel un félin. Elle avait pour unique vêtement deux morceaux de tissus qui lui couvraient ses parties intimes.
Il faut avouer que le lapin non plus n'était pas très naturel. C'était un lapin, sauf que ses dents étaient affreusement longues et pointues, ses yeux rouges, et sa taille devait bien avoisiner 1 mètre de hauteur.
La jeune fille traîna le lapin jusqu'à un assemblement hétéroclite de huttes en bois, et rejoignit quelques personnes rassemblés au centre. Un homme faisait un dicours, ses yeux rouges parcourant la foule et ses bras poilus faisant de grands gestes.
- Zoldicks ! Comment pouvez-vous supporter ainsi l'oppression ? Ne sommes nous pas le clan le plus puissant, le plus redouté ? Les autres clans parlent tous de nous comme des meilleurs chasseurs, des meilleurs guerriers, et même des meilleurs tueurs ! Et alors que les Enfermés ont décimés des dizaines des nôtres, ne souhaitez-vous pas vous vengez et récupèrer l'intégrité de notre territoire ? Il est temps d'exterminer les Enfermés !
Un vieil homme à la fourrure terne prit alors la parole :
- Tu as bien vu leurs armes et leurs protections ! Nous ne faisons pas le poids, nos meilleurs guerriers sont morts sans même érafler cette fichue sphère... Ce serait du suicide d'y retourner.
- Vous êtes tous des lâches ! Vous avez donc trop peur pour agir ?
La jeune fille soupira intérieurement. Depuis l'assaut où une vingtaine de leurs guerriers avaient péri, le sujet des Enfermés déclenchait toujours de vives polémiques. Aussi loin qu'elle s'en souvienne, les Enfermés avaient toujours posé problème. Ils n'étaient pas comme les autres clans. D'abord, ils vivaient enfermés dans une espèce de bulle, un dôme opaque très petit. Ensuite, ils ne migraient jamais et bien qu'ils aient des armes offensives incroyables, ils n'attaquaient jamais personne à moins qu'on ne les provoque. La jeune fille était très mitigée à leur sujet.
- Lilianna !
Ce cri la tira de sa réflexion. Elle tourna la tête et aperçut son père ainsi que la troupe des chasseurs.
- J'ai vu que tu avais attrapé un lapin, dit son père.
Puis aperçevant l'assemblée, il ajouta d'un ton désaprobateur :
- Toujours en train de se disputer, ces deux là...
XXXXXXXX
Le soir, tout le clan se rassembla pour chanter et jouer, souhaitant un bon passage dans l'au delà aux morts. Le traumatisme était encore récent, et Lilianna surprit quelques larmes sur les jours des membres du clan. Pour sa part, elle avait de la chance de n'avoir aucun proche qui ne soit allé à l'assaut. Son père était à la chasse, et sa mère était morte depuis longtemps déjà. La cérémonie dura une bonne partie de la nuit, et la jeune fille se coucha épuisée.
Elle fut réveillé par un vacarme sensationnel de cris et de coups. Elle sauta littéralement de son lit, et courut voir ce qu'il se passait, jamais il n'y avait eu autant d'agitation dans le village. Il y avait toute la tribu de rassemblée, et Lilianna dut de frayer un chemin en jouant des coudes. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle découvra la cause de tout cela !
A ses pieds gisait un humanis, comme elle et les membres de la tribu. Mais il n'avait pas de fourrure, et portait beaucoup trop d'etoffes ! Il portait avec lui une espèce de sac, fait d'un matériau qu'elle n'avait encore jamais vu.
- C'est un Enfermé ! Regardez ces tissus, et surtout ce qu'il y a dans son...sac ! vociféra Radius, un des Zoldicks les plus hargneux à l'égard des Enfermés.
Il montra un objet cylindrique, et par un mécanisme inconnu, l'objet émit brusquement une lumière vive. Lilianna recula avec vivacité, craignant une attaque. Mais rien de ce genre ne se passa.
- Il faut le tuer ! Ou il nous détruira tous ! continua Radius.
A ce moment là, le jeune garçon (du moins Lilianna pensait que c'en était un) poussa un gémissement. Quelque chose la poussait à l'aider. Lilianna n'était pas du genre à réfléchir, aussi ecouta-t-elle son instinct.
- Il est sous ma protection, Radius.
Radius écarquilla les yeux. Lilianna était la fille du chef des chasseurs, présumée pour lui succéder, et elle avait gagné le respect du clan grâce à ses capacités de chasseuse. Elle avait donc une position respectable, et elle put voir l'hésitation danser dans les yeux de Radius. Finalement, il s'inclina avec un grognement.
La jeune fille emmena le garçon chez la guérisseuse du village, qui avait une maison au centre pour faciliter l'accès aux soins. Elle n'eut même pas le temps de toquer que la vieille dame avait ouvert la porte et prit en charge le malade.
- Va me chercher les fleurs rouges dans le bocal là, et met les à ébullition dans de l'eau ! Dépêche toi !
Lilianna courut dans toute la petite hutte toute l'après midi, aidant la vieille guérisseuse dans ses soins. Enfin, le soir, la vieille dame déclara qu'ils en avaient assez fait. Elle ammena un bouillon de viande à Lilianna, qui était épuisée après tous ces va-et-vient.
- Il va s'en sortir, commença la guérisseuse.
La jaune fille soupira de soulagement. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi elle avait voulu l'aider, mais à présent elle était frappée par l'incohérence de son action. Pourquoi sauver un inconnu, et qui plus est un Enfermé ? Car oui, en regardant objectivement les évènements, elle était désormais sûre que le garçon était un Enfermé. Comme si elle avit entendu des pensées, la vieille dame continua :
- C'est un Enfermé. Il n'a aucune protection, aucun savoir, aucune connaissance de nos règles. Même s'il a d'étranges objets pour l'aider, cela ne change rien au fait qu'il est comme un bébé abandonné dans la nature. Son organisme n'arrive pas bien à s'adapter, tu as pu voir qu'il n'a pas les yeux rouges comme tous les habitants de cette terre... Cela devrait mettre un peu de temps pour qu'il s'adapte, mais il est maintenant tiré d'affaires.
Lilanna remercia chaleureusement la guérisseuse. Elle resta quelques instants à bavarder avec elle avant de rentrer dans sa hutte se coucher.
XXXXXXX
La semaine se passa quasiment sans encombre, et l'état de l'Enfermé se stabilisa. Mais le 9ème jour, Radius interpella Lilianna.
- Hé ! Gamine !
La jeune Zoldick se retourna en grognant. Comment quelqu'un osait-il la traiter de gamine ?
- Oui, une gamine ! Comment oses-tu, par un simple caprice, mettre en danger tout le clan ? Tu n'es pas digne d'être une Zoldick !
Lilianna encaissa le coup avec douleur. C'était la pire insulte qu'on pouvait dire aux membres du clan, et elle ne laisserait pas cet affront impuni.
- Demain soir, lorsque le soleil se couchera, sur la place centrale.
Radius sourit. Liliannna vit que c'était ce qu'il cherchait à faire depuis le début, et elle serra les poings de rage. Mais elle ne pouvait décemment pas refuser le duel, ou elle serait déshonorée.
Radius avait environ la quarantaine, sur une durée de vie d'environ 100 ans en moyenne dans les clans. Elle était jeune et vigoureuse, mais lui avait la ruse et la technique. A vrai dire, Lilianna ne savait pas qui allait sortir vivant du combat....
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