Déchus (partie 3)
Ils dormirent dans la rue, se blotissant les uns contre les autres, recouverts de quelques vêtements et couvertures qu'ils avaient été autorisés à emmener avant de partir.
Lary était furieux. Ces sales porcs de juges les avaient expulsés de leur maison, juste parce que peut-être, ils étaient des traîtres. Sans preuves tangibles, juste parce qu'ils n'étaient pas censés être Nobles, ils avaient été mis à la porte. Tout ce qu'avait été capable de lui dire le petit juge, avec une fausse compassion horripilante, c'était :
- Je suis désolé monsieur Byron, vous comprenez, on ne peut vraiment prendre aucun risque. La société risquerait de perdre pied. Vous nous en voyez sincèrement confus, nous faisons au plus vite pour vous libérer une place chez les moyennes-classes...
Lary l'aurait bien baffé ce crétin, s'il avait pu. Et comme ça, en un claquement de doigts, ils s'étaient retrouvés dehors, dans la rue. Encore plus pitoyables que les sans-classes...
Sa femme remua, ouvrit les yeux et voyant Lary réveillé, elle vint s'appuyer contre lui.
- Tout va bien mon amour ?
Il soupira.
- Je suis énervé, c'est tout.
Elle eut un baillement.
- Pfff... ces salauds mériteraient bien qu'on rejoigne les sans-classes, juste pour leur donner raison et les laisser sur le chou.
Elle plaisantait en disant cela. Mais Lary y réfléchit sérieusement.
- Pourquoi pas, après tout ?
Marguerite le regarda avec des yeux écarquillés :
- Voyons, c'est irréalisable ! Et comment ferions nous avec Marina ?
- Elle ne serait pas plus mal traitée que chez les moyennes-classes, sûrement... Après tout, même sans l'aide du gouvernement, la vie est possible. En plus, on retrouverait la jeune fille que Marina aime bien, et c'est sûr que l'on serait plus libre...
- Ce serait de la trahison !
- Ils nous ont trahi en premier, en nous envoyant ces juges malsains et en nous jetant dehors !
Grommelante, sa femme continua à lui donner des contre-arguments, mais Lary trouvait une solution à tous ses problèmes. Finalement, elle capitula.
À ce moment là, Marina jaillit de sous l'ammas de couvertures que lui avaient mis des parents et s'écria :
- Oui ! Retrouver Zahlia ! Et quitter ces méchants hommes qui nous ont mis à la porte ! Chez les...
Sa mère la baillona rapidement avant qu'elle ne fasse des dégâts.
- Chuuuuuuuut !
La petite se tut, mais ses yeux brillaient toujours. Doucement, la mère enleva sa main.
- Allons-y ! chuchote Lary.
- Tout de suite ?
- Il vaut mieux, il est tôt et tout le monde dort encore...
Silencieusement, la petite famille ramassa ses maigres possessions et commença à marcher. Devant, la fillette trottinait, ravie. Elle allait retrouver une maison ! Et ça se trouve encore plus belle que celle d'avant !
Loin des rêves utopiques de la petite fille, les deux adultes parlaient à voix basse.
- Comment allons nous les trouver ? Personne ne sait exactement où ils habitent...
- À la plage, c'est là qu'on a le plus de chance d'en trouver. Avec un peu de chance, ils nous indiqueront la direction de leur camp et il faudra bien qu'ils nous aceptent avec Marina...
- Et s'ils n'existaient pas ? Si ce n'était qu'une légende, une rumeur de rue ?
- Ils existent, j'en suis sûre Marguerite.
Elle eut un sourire triste. Il ne l'appelait jamais Marguerite, d'habitude. Jusqu'à maintenant, il les avait toujours bien guidé. Elle décida donc de s'en remettre à lui un fois de plus.
Ils arrivèrent à la plage alors que le soleil se levait sur l'océan. Se serrant entre eux, ils s'arrêtèrent deux minutes profiter du paysage, et Lary sentit son coeur se serrer. C'était le soleil d'un nouveau départ.
Ils marchaient depuis seulement une minute sur le bord de la plage lorsqu'un homme les apostropha. Lary eut du mal à le distinguer nettement avant qu'il n'approche, et pour cause : l'homme portait une espèce de cape de la même couleur que le sable qui le rendait quasiment invisible.
- Qu'est ce que vous venez faire ici ? demanda-t-il d'une voix dure. C'est pas un endroit pour les gamins ici.
Prenant son courage à deux mains, Lary répondit avec aplomb :
- Nous venons rejoindre les sans-classes.
L'homme de sable éclata de rire.
- C'est pas quelque chose qui se décide comme ça, monsieur !
- Nous avons été expulsé de notre maison. Nous n'avons nul part ou aller (il mentait un peu).
Er puis, je crois savoir qu'une autre famille à été accepté chez les sans-classes tout récemment...
Lary bluffait beaucoup. Il n'avait aucune idée de ce qui était arrivée à la famille de la jeune fille, mais il conjecturait.
L'homme se frotta la moustache, avant de hocher finalement la tête.
- Bon, suivez moi. Mais j'espère que vous êtes la dernière famille qu'on accueille, parce que ça commence à faire beaucoup !
Il les guida à travers la plage avant de s'arrêter devant une grosse dune de sable, face à la mer. D'une voix théâtrale, il annonca :
- Voici... le clan des sans-classes ! Et il applaudit à tout rompre.
Bouche bée, les Byron regardaient l'homme avec étonnement. Toujours en riant, celui-ci continua :
- Après vous...
Stupéfait, Lary mit un peu de temps à réagir. Finalement, il avança sa main jusqu'à toucher la dune de sable. Quelle ne fut pas sa surprise de voir que sa main disparaissait, comme happée dans un autre univers. Voulant pousser la découverte plus loin, il passa tout son corps à travers la porte.
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