Chapitre 18
Gillian
Forêt de Saint-Gobain, France, 1660
Perchée sur mon petit promontoire, je balaie des yeux l'arborescence solide alentour. Les genoux ramenés contre ma poitrine, je pose mon menton dessus et inspire les senteurs de bois et de sève si pures et si pleines de vie...
Rares ont été les fois où je m'alanguissais et me délectais de ce que la Nature a à offrir en pareil lieu, ces dernières années. Je suis en somme soulagée de constater que le bien-être qu'elle me cause n'a pas totalement disparu. J'ai été si longtemps coupée de ces sensations, enfermée dans la geôle sombre et amère de mon esprit que j'avais presque oublié ce que cela faisait de ressentir la Nature. De la vivre, sans vouloir l'utiliser, se servir d'elle et de sa puissance pour mon seul profit. Pire, pour détruire ses créations, pour déchaîner ses pouvoirs et sa force implacables.
Me remémorant mes obscurs desseins et actes passés, je sens une vague de honte diffuse monter en moi. Depuis quand n'ai-je pas simplement communier avec notre Mère pour le seul plaisir de le faire ? Depuis quand ne lui ai-je pas donné sans exiger quelque chose en retour ?
La culpabilité me submerge lorsque je me rends compte que mon égoïsme et ma rage, qui m'ont guidée ces six derniers mois, m'ont détournée de ces devoirs sacrés et contrôlée depuis... la Norvège. Depuis notre départ précipité de là-bas. Depuis la nuit où nos premières troupes se sont formées, prêtes à marcher sur l'Angleterre. Depuis...
Je ferme les yeux et lâche un soupir tendu, peu désireuse de remonter plus loin dans la chronologie de cette soirée d'hiver. La balafre sur mon cœur, jamais cicatrisée, se manifeste à nouveau alors que la pensée ne fait qu'effleurer mon esprit.
Une feuille se met à virevolter au-dessus de ma tête avant de frôler ma joue, caresse tendre et aérienne qui descend sur mes jambes avant d'échouer sur mes pieds découverts. Un petit sourire reconnaissant fleurit sur mes lèvres. Notre Mère est bonne avec moi, bien que je ne le mérite pas toujours. Elle veille sur tous ses enfants et les console dès que le chagrin les grignote petit à petit, comme c'est mon cas en ce moment. Mes prunelles se posent sur l'arbre dont est issu le fragment délicat et observent la brise agiter doucement ses ramures.
— Merci, chuchoté-je avec déférence.
Les branches bougent encore, laissent les rayons du soleil transpercer leur couche et atteindre mon visage relevé. Mon sourire s'agrandit et mes paupières se ferment derechef. Les attentions de la Nature sont précieuses, de vrais cadeaux qu'il faut savourer. Tous mes semblables vous le diront : ils ont le pouvoir incroyable d'alléger tous les maux, même les plus pénibles...
Mon souffle s'apaise, revient à un rythme normal, et mes pensées redeviennent claires et sereines. La douleur est reléguée à un second plan pour l'heure, ce qui m'accorde toute latitude pour me recentrer et reprendre la communion. Notre Mère et moi en avons besoin, mieux encore, nous avons envie de nous retrouver de cette manière. Nous relier, nous respirer, nous éprouver...
Hélas, ce moment de paix ne dure que quelques nouvelles minutes avant d'être interrompu par des râlements en contre-bas. Sans doute pas distincts pour des oreilles humaines, ils sont toutefois amplifiés par mes sens et aucune miette ne m'échappe. Je rouvre les yeux sur le jeu d'ombres et de lumières qui frémit dans l'arbre tout en continuant à écouter. Grognements, injures, hoquets et respiration heurtée résument assez bien la situation sous mon rocher. Un autre de mes devoirs m'appelle, ce que confirme la Nature avec un nouvel effleurement d'air dans mes cheveux et sur mes pommettes.
Sans plus broncher, j'enfile mes chaussures, me mets debout en moins de deux puis me laisse glisser jusqu'au sol froid, deux mètres plus bas. La densité des végétaux des environs a épargné la neige à la terre sous mes pieds, mais pas pour très longtemps. Le fond de l'air est glacial et toute zone à découvert est nappée de blanc crémeux depuis plusieurs jours déjà. Maintenant que je ne suis plus plongée dans les ondes longues et chaleureuses de la Nature, je ressens à nouveau la froidure intense sous mes vêtements. Je m'emmitoufle dans mon manteau de laine et effectue plusieurs pas vifs en direction des bruits. J'emprunte l'un des sentiers, sors des tréfonds de la forêt pour rejoindre le lac gelé où une silhouette familière, les bras croisés, déambule sur la berge.
Devant elle, de l'autre côté du plan d'eau, on peut apercevoir d'autres personnes, en train de réunir du bois ou d'installer les toiles de tente pour la nuit à venir. En me rapprochant, je discerne les œillades railleuses de certains, et celles un peu plus compatissantes qui animent les âmes les plus charitables du groupe. Le lit du lac n'est pas très large, l'autre rive est toute proche, ainsi de là où nous nous trouvons, la femme aux cheveux bouclés et moi, nous pouvons parfaitement voir ces coups d'œil. Et comme l'ouïe de ma compagne est plus fine que la mienne, je devine qu'elle entend aussi les remarques éventuelles...
— Bon sang, ce n'est pas permis d'être aussi empotée et incapable... Pourquoi je n'y arrive pas ?
Rendue de très mauvaise humeur, la femme creuse des sillons dans la neige à chaque aller-retour fébrile. Ses épaules sont voûtées, ses muscles plus durs que l'onyx de ses yeux et son aura dégage une explosion de mécontentement teintée de lassitude.
— Ne sois pas trop sévère avec toi-même, l'apostrophé-je d'une voix plus indulgente que la sienne. Tu fais de formidables progrès tous les jours, Eleuia.
Elle pile net sur la poudreuse et tourne la tête vers moi, l'air surprise de me voir là. Étrange, elle ne m'aurait donc pas entendue arriver ? Elle doit être plus contrariée encore que ce que j'imaginais : la guerrière n'est pas du genre à se laisser surprendre. Sa vigilance et ses sens sont toujours en alerte, plus aiguisés et affûtés que ceux de n'importe quelle autre créature. Elle se renfrogne d'ailleurs sous mes yeux alors que je lis la même conclusion dans ses orbes fauves : elle ne s'est que trop laissée envahir par son désappointement.
Eleuia pousse un soupir à fendre l'âme, son attention ramenée sur l'eau mouvante sous la glace.
— Je ne comprends pas pourquoi je ne parviens pas à briser le gel... Je fais pourtant tout ce qu'il faut pour !
— Mmh... Je pense plutôt qu'au lieu de te concentrer sur le résultat, tu demeures beaucoup trop focalisée sur la frustration qui te gagne, argué-je, un sourcil entendu haussé dans sa direction.
— Je ne suis pas frustrée, grogne-t-elle en réponse.
— Eleuia...
Elle souffle plus bruyamment encore cette fois, vaincue.
— Ce lac est une véritable plaie ! J'ai réussi à maîtriser le vent à maintes reprises, je suis parvenue à enflammer toutes les brindilles que tu m'as ordonnées d'incendier. J'ai même su faire ressortir les racines d'un arbre centenaire une fois... Explique-moi donc pourquoi cette eau ne m'écoute pas ?
— Certains éléments sont plus ardus à contrôler que d'autres, répliqué-je avec le calme qui lui fait tant défaut. Nombre d'entre nous doivent s'y reprendre à plusieurs reprises pour obtenir satisfaction et ne plus connaître l'échec.
— Près de six mois ont passé depuis ma transformation, et l'eau me résiste encore..., déplore-t-elle en secouant la tête.
— Cela ne durera pas. Et à l'inverse, ta maîtrise du feu est exceptionnelle. Même William n'est pas autant en phase avec que toi.
J'ai d'ailleurs rarement vu tel exploit si tôt dans l'apprentissage d'une sorcière. C'est remarquable... D'autant plus qu'Eleuia n'est pas entièrement vouée à la sorcellerie ! Toutefois, elle parvient déjà à allumer et éteindre un feu à sa guise, à manipuler des flammes dans ses mains, à projeter des gerbes ardentes aussi...
Mais, plus que quiconque, la guerrière est une perfectionniste dans l'âme et ne supporte pas « l'échec », bien que ce terme ne s'applique pas du tout à sa situation. C'est ce qui explique la raideur de ses gestes et le regard lugubre qu'elle pose tantôt sur le lac, tantôt sur notre clan réunifié.
— Il n'empêche... Cela ne suffit pas, ni à mes yeux ni à ceux de nos compagnons...
Sa remarque est accompagnée d'un coup de menton, qui désigne les quelques hommes et femmes en train de faire semblant de travailler. En réalité, ils nous épient, avec moins de discrétion que le reste du groupe, et jaugent les réactions d'Eleuia.
— Ignore-les, lui conseillé-je sans hausser le ton, dans l'optique de nous conférer un simulacre d'intimité. Ils sont curieux et un peu envahissants, mais...
— Gillian, nous savons toutes les deux que certains sont plus que curieux, m'interrompt-elle avec un geste impatient de la main. Ils me surveillent et sont soupçonneux.
Je ravale un soupir et passe mes dents sur mes lèvres, autant à cause de la nervosité que de l'agacement. La cohabitation vampires, berserkers et sorciers n'est pas toujours paisible ni évidente... Les trois premiers mois ont été les plus intenses et laborieux – plusieurs disputes et conflits internes ont éclaté et ont mis une sacrée pagaille dans nos amorces de relations... –, mais j'estime que le pire est derrière nous désormais. Celles et ceux qui ont décidé de rester l'ont fait en leur âme et conscience, désireux de trouver paix et compromis ; personne n'irait mettre en péril ce que nous avons mis en place aujourd'hui. Après tout, ne sommes-nous pas toujours « Plus unis qu'une famille, plus déterminés qu'une armée » ?
Néanmoins, c'est un fait : les vieilles rancunes ont la vie dure et ne s'effacent pas totalement en quelques mois. Nous nous adaptons, nous cherchons nos marques dans ce nouvel équilibre encore un peu instable... et au-delà de cela, une poignée d'entre nous veille, méfiants et anxieux.
— Ils ne s'en cachent même pas au demeurant, complète Eleuia, faisant à la fois écho à mes pensées et à ses dires.
Je suis son regard et tombe sans surprise sur Sander, assis à même le sol au bord du bassin, indifférent au froid comme toujours, et ses yeux attentifs braqués sur nous.
J'entortille la pointe de mes cheveux avec mes doigts et reporte mon attention sur ma compagne.
— Sander n'agit pas ainsi par méchanceté. Il... s'inquiète pour moi, même si c'est à tort dans notre cas, j'en conviens, bredouillé-je, mal à l'aise.
— Oui, je sais. Cela a beau me scier les nerfs parfois, je comprends son attitude. Plus que venant de n'importe qui d'autre.
L'expression dans ses prunelles, lorsqu'elle les dirigent à nouveau sur moi, accentue ma gêne, à tel point que je sens le rouge me monter aux joues. Un petit sourire entendu naît sur sa bouche ronde alors qu'elle me scrute.
— Il est toujours... très protecteur avec toi. Il fait aussi en sorte de bien te garder dans son champ de vision dès que vous vous trouvez au même endroit.
J'acquiesce et tousse tout à la fois, de plus en plus embarrassée par ses observations.
— Nous sommes amis et avons un passé commun assez fort, justifié-je en me retenant de zieuter vers l'ami en question. Il en fait souvent un peu trop, c'est vrai, mais il est habité des meilleures intentions.
Je prie intérieurement pour que nos voix, pas plus élevées qu'un chuchotis, ne portent pas jusqu'à lui. J'en doute fort cependant, car il est un berserker doté de sens affûtés, et son ouïe n'y réchappe pas... Je sais vers quoi se dirige cette conversation à peine sous-entendue et l'idée d'avoir des témoins – d'en avoir un en particulier – me terrifie. J'ai besoin d'une distraction, de quelque chose qui détournera l'attention générale...
Je fouille fébrilement les lieux, accablée par les orbes brûlants dans mon dos et sur mon visage, quand soudain je trouve la fameuse distraction. Elle est juste sous mon nez, immaculée et figée, et n'attend plus que mon intervention pour la libérer.
Ni une ni deux, je brandis un poing serré au-dessus du lac et expulse un souffle d'air soulagé quand la glace se fissure. L'instant d'après, les remous plus violents de l'eau engloutissent les fragments gelés dans ses tréfonds. Cette brusque animation aqueuse interpelle notre clan et il ne lui en faut pas plus pour se précipiter vers l'étang, muni de seaux et de bassines. Leurs exclamations enjouées se mêlent au crissement du verglas qui éclate de-ci de-là, et noient ainsi tout autre son alentour.
Le sourire d'Eleuia s'élargit et ses iris pétillent. Elle n'est pas dupe une seconde, et si j'avais le courage d'aviser l'expression de Sander, je suis certaine que lui non plus ne le serait pas...
— Impressionnant, commente la guerrière. Mais ça ne me fera pas taire, tu le sais aussi bien que moi.
— Inutile d'en faire toute une histoire, grincé-je, désespérée de la voir passer à autre chose.
— J'aimerais comprendre, insiste-t-elle toutefois. Il est évident qu'il est amoureux de toi, je l'ai vu dès l'instant où il t'a rejointe et t'a prise dans ses bras, à notre première rencontre. Et je ne pense pas me fourvoyer en avançant que tu as aussi des sentiments pour lui... alors que se passe-t-il exactement ? Pourquoi cette... distance, cette réserve entre vous ?
Mon cœur s'emballe dans ma poitrine et le feu sur mon visage ne s'atténue en rien alors que je fais des va-et-vient nerveux entre le regard inquisiteur d'Eleuia et l'affairement des nôtres.
— Pourrait-on aller en discuter plus loin ? quémandé-je en désespoir de cause, mon corps déjà tourné vers les fourrées en arrière.
La vampire hausse les épaules, puis m'emboite le pas sans rechigner. Je souffle aussi fort qu'elle tout à l'heure, et avant de trop m'éloigner, je jette un dernier coup d'œil craintif vers l'autre côté du rivage. Sander s'est levé, mais ne fait pas mine de nous suivre pour autant ; ses jambes sont raides et sa mâchoire est serrée, signe très évocateur de sa contrariété et de sa déception. Je ne m'attarde pas plus et ne tente même pas de croiser son regard – qui, j'en suis sûre, est beaucoup moins lumineux que d'habitude –, impatiente d'être enfin à l'abri de l'effervescence du lac... et de ses oreilles.
Je déguerpis à travers bois, longe les larges troncs engourdis par l'hiver, et ne m'arrête qu'une fois qu'un bon mile nous sépare du point d'eau. J'inspecte la forêt, toutes ces arborescences rapprochées les unes des autres et recouvertes de neige dense puis, satisfaite de n'y voir âme qui vive, me tourne vers Eleuia, non sans mal.
— Par Saint Georges, ce que tu peux être agaçante et obstinée, bougonné-je sur un ton rigide, le regard sur la poudreuse entre nous.
— Je commence toutefois à croire qu'il existe plus obstinée que moi en ce monde, raille-t-elle, et j'imagine sans peine le sourire tordu qui barre son visage à cette remarque. Sincèrement Gillian, qui de nous deux est la plus butée en ce moment ?
Je ne réplique pas, mais n'en pense pas moins. Pour ma part, la réponse n'est pas aussi évidente qu'elle se l'imagine... Il est cependant inutile de se battre contre elle sur cette question, car la guerrière ne se laissera pas prendre au jeu et exigera de revenir au sujet qui l'intéresse tant.
Je l'entends faire un pas de plus vers moi et sens son odeur épicée et sa curiosité m'envelopper en une seconde, alors qu'elle reprend :
— S'il te plaît Gillian, je désire réellement comprendre ce qui te pousse à agir ainsi avec Sander. Depuis que nous avons réuni nos clans et n'en formons plus qu'un, ce qui se passe ou non entre vous m'échappe. Aucun autre des berserkers ou des sorciers et sorcières ne se comporte comme vous le faites. Votre lien paraît... inédit et bien plus fort que celui qui peut exister entre les autres « éveilleurs » et « éveillés ».
Comme je le disais : c'est une véritable obstinée... dont la curiosité et le sens de l'observation sont plus tranchants qu'une lame d'épée.
Je tique malgré moi aux mots « éveilleurs » et « éveillés », peu habituée à leur emploi pour nous décrire, les miens et moi. Les vampires, qui ont rejoint nos rangs et entendu à maintes reprises notre histoire, sont à l'origine de ces appellations, à cause du sortilège lancé sur les berserkers en Norvège. Dans leur bouche, cela sonne comme un compliment, un statut émérite dont nous pouvons être fiers... Dans ma tête, en revanche, ces mots ne s'apparentent pas à une prouesse ; ils me ramènent à cette nuit terrifiante, durant laquelle les cris de souffrance se mêlaient aux déchirements de la chair et des os. Ni héroïsme ni triomphe ne peuvent représenter nos actes et leurs conséquences de cette époque-là...
Ce douloureux rappel me pousse à me rembrunir davantage.
— Je te l'ai déjà expliqué : notre amitié est solide, c'est elle qui renforce ce lien.
— À d'autres ! Ce n'est pas de l'amitié que je lis dans les yeux de Sander quand il les pose sur toi. Ni dans les tiens, d'ailleurs.
— Et je pourrais savoir ce que cela peut te faire, à toi ? contrattaqué-je, piquée au vif... et piquant un fard.
— Rien dans l'absolu, c'est vrai... Seulement votre souffrance m'a marquée aussi, elle transparaît autant dans vos auras que dans votre regard. Cela me rend... perplexe. Tu me rends perplexe.
Je tourne à nouveau la tête, gênée par l'intensité du coup d'œil qu'elle coule sur moi. Eleuia n'a pas son pareil pour déstabiliser les gens ; ses iris, souvent insondables mais profonds, sont sa meilleure arme pour obtenir tout ce qu'elle veut et percer les mystères qui lui résistent encore. J'ai eu la possibilité de la voir à l'œuvre à plusieurs occasions...
— Écoute, ajoute-t-elle avec douceur devant mon trouble, je ne souhaite ni te brusquer ni t'embarrasser, mais mon instinct me souffle depuis des jours de m'entretenir avec toi sur la question. Parce que tu en as... besoin.
Je tressaille et reporte mes prunelles dans les siennes, brillantes et compassionnelles. Mon cœur refait une embardée dans ma poitrine, touché par la soudaine sensibilité de mon vis-à-vis. Sa clairvoyance est plus grande encore que ce que je pensais, au point de dépasser la mienne à bien des égards.
La vampire n'hésite pas lorsqu'elle comble les quelques pas entre nous et vient se poster à hauteur de mon visage, la même expression sur ses traits fins.
— Tu es malheureuse, Gillian. Et j'ai l'impression, la conviction même, que tu te rends si mal en point à dessein...
Son intervention souffle sur les cendres encore fumantes de mon âme et ravive leurs braises rougeoyantes, qui incendient ma gorge et ravagent ma résolution.
Je tangue un peu sur mes jambes, titube en arrière puis touche sol en ramenant mes genoux devant moi. Sans un mot, Eleuia se place à mon côté, adopte la même position protectrice que moi, et attend que je me ressaisisse. Jamais personne avant elle n'avait posé de mots aussi fermes et définitifs sur mon état, ma famille et mes amis n'y ayant vu que de la froideur et de l'entêtement. Même Sander n'a pas suggéré l'idée, bien que je sois un livre ouvert pour cet homme...
Alors, suis-je bel et bien malheureuse, comme l'avance Eleuia ? Oui, incontestablement. Mais la raison de mon tourment n'est pas unique, loin de là...
— Ce que nous avons fait en Norvège n'était pas bien, amorcé-je d'une voix basse et rendue rauque par la culpabilité. Nous avons agi par égoïsme et par peur, et avons entraîné Sander et son peuple dans nos plans, en connaissant parfaitement toute la malhonnêteté de ces derniers. Si les miens ont su se convaincre, se persuader en partie qu'ils agissaient au mieux, qu'ils le faisaient autant pour eux que pour le village, moi de mon côté, je savais que c'était faux. Je savais que nous nous fourvoyions. Hélas, je me suis montrée aussi faible qu'eux, suivant à la fois leur mouvement et les espérances de mon cœur. Je me suis leurrée à mon tour, décidée à nous sauver, à secourir le reste de nos familles vivant toujours sous la menace vampire, en Angleterre. J'ai écouté les arguments d'Erik, de Magnus, de Harald, j'ai voulu qu'ils me bercent de leurs semi-vérités... Pourtant bien consciente de leurs dissimulations, je n'ai pas assez insisté pour qu'ils nous les révèlent. Je les ai laissés faire. Pire, j'ai participé activement. Malgré mes doutes, malgré la voix de la vérité et de la sagesse qui résonnait fort en moi.
Je m'interromps pour reprendre mon souffle, une part de moi subjuguée par les aveux que j'ose enfin formuler, sans anicroche ni raté, tandis qu'une autre prépare la suite de ce flot de paroles intransigeantes.
— Nous avons choisi pour eux ce qu'allait devenir leur existence. Et nous l'avons fait loin d'être habités par les meilleures intentions. Sander et tous les autres avaient beau être destinés de par leur essence à renouer avec les dons de leurs ancêtres, nous n'aurions jamais dû intervenir. Nous avons profané notre propre magie et avons outrepassé nos droits, notre rôle de serviteur et gardien de la Nature. Et lorsque celle-ci a manifesté Sa toute-puissance, Elle s'est montrée implacable.
Je frémis, toute tournée vers les images de la transformation berserker. Elles demeurent aussi vivaces dans mon esprit que si l'événement tragique s'était produit la veille. L'écho des hurlements de Sander et celui du choc de son corps distordu dans la poussière retentissent à mes oreilles, effroyable symphonie aux notes sourdes et sinistres...
— Toutes les paroles de Sander, des plus rassurantes aux plus autoritaires, ont toutes eu pour vocation à envisager différemment cette nuit-là. Pour lui, et pour la grande majorité de ses frères et sœurs, cette évolution est un cadeau, une évidence salvatrice. Et tous les jours, je ressens un peu de soulagement à le voir s'épanouir et embrasser sa nature profonde, à constater que lui et les autres sont raisonnablement heureux de leur sort... Mais il n'empêche : nous avons influencé le cours de leur vie et les avons condamnés aux affres de cette condition surhumaine.
— Tu l'as dit toi-même, Gillian, il s'agit là de leur essence, cela faisait partie d'eux depuis toujours, intervient Eleuia d'une voix claire. Pourquoi assurer que vous les avez condamnés, alors que ce qu'ils sont ne dépend pas de vous ?
— Parce que l'éveil de leur nature ne s'est pas fait de lui-même. Nous l'avons révélée. Nous l'avons fait sortir de leurs entrailles. Nous avons provoqué et bouleversé leurs corps et leurs âmes. Il n'y avait rien d'authentique, de libéré, de légitime dans cet éveil.
— Mais la génération actuelle, et celle passée des berserkers ne peuvent pas s'accomplir sans votre intervention, proteste encore la guerrière, les sourcils froncés.
— Ou peut-être qu'ils auraient fini par s'épanouir d'eux-mêmes, grâce à la force des choses, à l'influence du temps..., répliqué-je, en haussant une épaule. Nul ne peut savoir désormais.
— Je ne comprends pas... si tu es si opposée à cette pratique, pourquoi l'avoir renouvelée au fil des ans en Norvège ? et avec moi, il y a six mois ?
Comment répondre à ces questions, certes fondées et justifiées, mais qui en dévoileraient tellement sur moi-même et les trop nombreuses contradictions qui m'assaillent ? Comment réussir à lui faire comprendre que si ma tête est sûre de mes convictions, à savoir ne pas chambouler l'ordre de la Nature et ne pas s'imposer, mon cœur, lui, ne parvient pas toujours à les suivre à la lettre ? Que mes actions de ces dernières années ont été commandées par cette deuxième part en moi, bien trop à l'écoute de ma déraison et de mes sentiments ?
À nouveau, le feu envahit mon visage, preuve de ma honte et de ma culpabilité à m'être montrée aussi... faible et versatile. Mes humeurs m'ont menée à la baguette, d'abord en se pliant elles-mêmes à celles de mes compagnons – d'un en particulier... –, ensuite en prenant toute la place dans mon être, jusqu'à éradiquer mon bon sens.
— Parce que je suis faillible, moi aussi... et susceptible d'être emportée par les affres de ma nature, déclaré-je enfin à Eleuia, le regard porté au loin.
Il m'a fallu du temps et du recul, de la souffrance et du désespoir, de la fatigue et de la détresse, pour me rendre compte de ce cheminement. Pour appréhender celle que j'étais en Norvège et celle que je suis devenue de retour en Angleterre. La fascination et l'attirance d'un côté, la rage et la haine de l'autre...
Sander a été le catalyseur de cette première vague d'émotions. Je n'avais jamais été autant troublée par quoi que ce soit ou qui que ce soit avant de le rencontrer. Dans ce village, autour de ce premier feu nocturne, il s'est démarqué de tous les autres. Son aura brillait, chatoyait comme le soleil, ses prunelles étaient aussi limpides que le ciel d'été et reflétaient sa surprise, sa curiosité. Cette curiosité qui ne le quitte jamais, qui est imprégnée dans le bleu glacé de son regard et dans les traits marqués de son visage...
Il était emballé par nos projets, conquis par l'avenir qui s'annonçait, vibrant d'une énergie et d'une détermination sans faille que je lui enviais. Il désirait ardemment ce que lui promettaient les berserkers danois, il était confiant et certain de notre réussite.
Sa volonté s'est très vite propagée au reste du village, il s'est assuré que tous le suivent et gardent foi, même après son horrible transformation.
Et moi, j'ai désiré lui faire plaisir ; je n'ai pas su ni vraiment voulu résister à cette envie qu'il nourrissait chaque jour qui passait en sa compagnie. J'ai aspiré, de toutes mes forces, à réaliser son souhait, à lui faire cette faveur. Sander a fait pencher ma balance interne au moment fatidique. J'ai désiré lui plaire... autant que lui me plaisait.
Je n'ai pas compris cela tout de suite, cette vérité s'est imposée à moi bien plus tard, mais déjà à l'époque, elle me troublait. Elle m'embrumait l'esprit dès que ses yeux déconcertants cherchaient les miens ; elle me retournait l'estomac dès que sa présence réchauffait mon corps ; elle accélérait les battements de mon cœur à chacun de ses sourires.
Après que le sort d'éveil a été jeté et que Sander m'a suppliée pour partir à la recherche de ses semblables, elle est encore apparue au triple galop. Décidée à me faire ployer comme le berseker, et malgré mes tentatives de mise en garde formulées à ce dernier, je me suis lancée cette quête. J'ai continué à tenter de lui plaire... en dépit de mes réserves, de ma confusion, de ce que je savais être le bien, l'acceptable, et le mal, l'impardonnable.
La vampire sent le tourbillon qui s'est emparé de moi et pose une main ferme sur mon bras, désireuse de réattirer mon attention sur l'instant présent.
— Ta motivation première a donc été Sander ? C'est... à cause ou grâce à lui si tu as fait ces choix et agi de la sorte ?
Je plonge dans les iris sérieux et un peu stupéfaits d'Eleuia, sans pouvoir réprimer la vague douce-amère qui m'étreint en n'y percevant aucun reproche.
— Tu l'aimes donc autant que ce que je m'imaginais, conclut-elle avec une pointe de satisfaction, fière d'avoir vu juste.
J'ébauche un petit sourire et secoue la tête, le rose toujours aux joues. Je finis par me détourner d'elle après quelques secondes, et par pousser un soupir lent.
— Il n'a toutefois pas été la seule de mes motivations. Il y en avait une autre...
Ma voix baisse d'une octave, redevient chuchotis sur la fin de ma phrase. La voilà, l'autre part, mon alter ego fait de rage et de haine. La voilà, celle qui a guidé mes pas vengeurs en Angleterre ; celle qui est née à la suite de la réception d'une lettre, un soir d'hiver... Et qui n'était qu'amour et inquiétude au commencement pourtant.
— J'avais une cousine, plus jeune que moi de plus de dix ans. Je l'ai vue naître et grandir, s'épanouir d'année en année. J'ai aidé ma tante à l'élever très tôt, au moment où son mari et sa sœur, ma mère, nous ont quittées... Nous sommes restées ensemble toute notre vie, formant à nous trois le noyau dur de notre famille.
Je m'arrête un instant, traversée par une bouffée de tristesse. Nous étions censées demeurer unies jusqu'à la fin des temps. Rien ne devait pouvoir nous séparer...
— Emily..., soufflé-je, un aiguillon terrible de douleur dans la poitrine. Emily et moi...
Je soupire alors que je sens mes cordes vocales se contracter.
— Les liens du sang faisaient de nous des cousines, mais les liens du cœur, eux, surpassaient cela. Elle était la plus grande source de joie de mon existence, à mi-chemin entre la sœur et la fille, parviens-je à expliquer, les yeux brûlants et fixés devant moi.
Le visage d'Emily s'impose à moi, et ses traits doux défilent dans mon esprit. Emily bébé, Emily petite fille, Emily à dix ans, Emily à quatorze ans...
Une nouvelle gerbe de souffrance explose dans mon cœur dès lors qu'aucune nouvelle image d'elle vivante, passée cet âge, ne se forme. Il ne reste plus que son expression lisse et froide, dénuée d'allant et de vitalité, et son corps rigide et brisé allongé sur un lit, dans une pièce sombre.
Le dernier souvenir de mon Emily, celui qui hante mes cauchemars et mes rêves détruits...
— Je l'aimais tant... J'étais prête à tout pour assurer son bonheur et sa sécurité. Je voulais lui offrir une meilleure vie, une de celles où elle n'aurait plus eu à craindre les bruits dans la nuit. Alors, nous nous sommes engagées, sa mère et moi, à participer à cette expédition de « sauvetage », motivées par cette mission, ce but ultime...
— L'avenir d'Emily, complète Eleuia dans un murmure aussi faible que le mien.
Mon regard plonge dans l'immaculée blancheur des environs et ne s'en détache plus durant la suite de mon discours.
— Lorsque le sort jeté a porté ses fruits, nous sommes tous restés plusieurs années en Norvège. Comme tu le sais, nous devions nous habituer à ces nouvelles conditions de vie et aider les berserkers à s'adapter. Ma tante a toutefois fini par rallier l'Angleterre, dès qu'une ouverture s'est profilée. Je brûlais de l'accompagner, aussi impatiente qu'elle de retrouver Emily, mais Sander et les autres... ils avaient besoin de la puissance de sorciers âgés, comme moi ou Agnès. Et si l'une de nous deux partait, l'autre devait rester et épauler William, notamment. J'ai accepté d'accomplir cette autre tâche et ai laissé ma tante me quitter, convaincue que je pourrais les rejoindre à mon tour dans quelque temps. Quelques années ont passé, durant lesquelles nous correspondions fréquemment, Agnès, Emily et moi, jusqu'au jour où il n'y a plus qu'eu l'écriture hâtive de ma tante dans une lettre... Une lettre qui a tout changé, a précipité notre retour en terre anglaise, et qui m'annonçait la pire nouvelle qui soit.
Ni Eleuia ni moi n'avons besoin que je formule ladite nouvelle pour comprendre et ressentir un long frisson dévaler notre échine. J'enchaîne quelques secondes plus tard sur la soif de vengeance qui a guidé mes actes une fois revenus dans notre pays, sur la chasse folle que j'ai entreprise et qui nous a tous menés dans des batailles sanglantes contre les vampires. J'exprime mon désir, mon besoin insatiable passé d'exterminer un maximum d'ennemis, encouragée par le secret espoir de mettre la main sur ceux responsables de la mort de mon Emily... et de leur faire connaître les pires tourments. Je lui parle aussi de mes nombreux arrêts dans les procès de sorcellerie et de ce sentiment d'injustice grandissant et de haine illimitée que j'ai nourri à l'encontre de tous ces mécréants. Enfin, j'évoque cette profonde tristesse qui a remplacé la rage petit à petit, et qui a alimenté ma lassitude, mon désespoir alors que le souvenir d'Emily, de mes choix et de mes agissements passés se rappelaient sans cesse à moi.
— Et puis, il y a eu ce combat contre tes troupes et toi, l'an dernier, où nous t'avons trouvée à l'agonie et te vidant de ton sang, poursuis-je sur un ton toujours accablé. Je t'ai observée, j'ai écouté avec attention le vrombissement qui s'emparait de l'arbre et de ton être, j'ai senti la force qui reprenait ses droits... et j'y ai vu une chance, une possibilité de ne plus vivre dans la peur ni dans la colère. De m'y essayer tout du moins. J'ai pensé que ce que tu devenais était notre salut à tous...
Du coin de l'œil, j'aperçois mon interlocutrice hocher la tête, plongée autant dans ses réflexions que celles que je lui rapporte. Mais à l'instant où je me tourne plus franchement vers elle et happe ses prunelles, l'étincelle flamboyante dans ses iris se rallume.
— Je ne pouvais pas te laisser mourir, Eleuia.
— Parce que tu pressentais que la Nature ne le voudrait pas et que j'étais une forme d'espoir, résume-t-elle avec sérieux.
— Oui... Mais ce n'est pas la seule chose que j'ai vue en toi, ajouté-je dans un élan d'honnêteté dont je ne me serais jamais cru capable et que j'ai toujours tenté d'étouffer.
La lueur dans ses orbes noirs s'anime encore plus, et sa tête se penche sur le côté, dans l'attente de la suite.
— L'expression sur ton visage, la souffrance qui exsudait de tous tes pores et de tes traits... étaient les mêmes que celles d'Emily, le jour de son enterrement. La mort ne l'avait en rien apaisée, elle était restée figée dans cette attitude douloureuse et poignante.
La lumière de son regard brille plus fort, inondée par le reflet de larmes contenues.
— J'ai désiré ardemment les effacer, les voir disparaître de ta personne... autant que j'ai désiré les éclipser de mon Emily.
Je ravale l'énorme boule qui s'est installée dans ma gorge durant ces confessions, puis reviens au cœur des ténèbres incandescentes d'Eleuia.
— Je suis heureuse d'y être parvenue avec toi, conclus-je, douceur et douleur mêlées dans ma voix.
Les lèvres de la vampire frémissent puis arborent un petit sourire triste, tandis que sa main se pose sur la mienne.
— Merci... Et je suis désolée. Je ne peux que compatir à ta perte.
Un voile d'affliction l'englobe toute entière et ternit son aura de touches amères et lugubres.
— Mon père et moi sommes les derniers représentants de notre famille, me fait-elle part en serrant mes doigts. Mes frères, mes sœurs et leurs enfants, ma mère et ma belle-mère, tous sont morts au fil des siècles, dans la souffrance et le chaos... J'aurais préféré que tu ne connaisses pas ce déchirement, Gillian.
— Je te présente aussi tous mes regrets et mes condoléances, Ele, ne puis-je m'empêcher de lui communiquer.
L'interpellée tressaille légèrement à l'entente de son diminutif. Jamais auparavant je ne l'avais appelée ainsi, mais il me paraissait juste aujourd'hui. Comme allant de soi.
L'ombre dans ses prunelles faiblit alors que la pression de ma main s'intensifie sur la sienne.
— Merci... Gill.
Un léger sourire commun retrousse nos lèvres, généré par la même vague de complicité et de... tendresse.
L'instant d'après, la guerrière se redresse, ma main dans son sillage, et se racle la gorge.
— Je crois que nous nous sommes absentées plus d'une heure. Les autres risquent de venir nous chercher d'une seconde à l'autre si nous ne prenons pas les devants.
Je me relève à mon tour, incapable de me souvenir du moment exact où nous avons fini par nous asseoir dans la neige, époussète mon manteau et le bas de ma robe.
— C'est vrai, nous ne devrions plus traîner.
Eleuia exagère une grimace puis un clin d'œil à mon attention, ce qui accentue mon rictus. Puis avec lenteur, ses doigts s'échappent de ma poigne, mais leur empreinte laisse une chaleur vive sur ma peau. Une de ces chaleurs pures et réconfortantes, que je ne ressentais qu'en présence de Sander ou d'Agnès jusque-là. Et tandis que la vampire me décoche un dernier sourire, prête à se remettre en marche, je saisis à quel point cette journée, cette discussion, ces sentiments ont tout bouleversé. Nous ont bouleversées...
La relation entre Eleuia et moi vient de prendre un nouveau tournant, une nouvelle profondeur inédite. Dès notre première rencontre, je pressentais que la jeune femme allait représenter un énorme changement dans ma vie, mais je ne m'imaginais pas alors qu'elle deviendrait une amie, une confidente si précieuse... ou même une autre sœur. Une nouvelle sœur, une différente de celles que j'appelle ainsi et avec qui j'ai grandi, évolué en tant que sorcière. Une sœur à la fois proche et éloignée de mon Emily et de ce que j'ai pu ressentir à son contact.
Eleuia est plus qu'une sœur de cœur ou de sang. Elle est une sœur d'essence. Une sœur d'âme.
* * * * * * * * * * *
Bonjour, vous ! :)
C'est là encore un chapitre bien rempli du point de vue de Gillian ! Faut dire aussi qu'il y avait plus d'un sujet à dégrossir ;)
Alors, ces retours sur l'éveil des berserkers ? les sentiments de la sorcière envers Sander ? la prégnance de son sentiment de culpabilité ? On saisit mieux le ressenti de Gill avec ce chapitre, non ? Il le met en lumière et s'étale un peu plus dessus.
Et puis la jolie conclusion finale entre elle et Ele, elle met du baume au cœur, non ? :) Plus de 300 ans d'amitié les unit quand même, ce n'est pas rien !
J'espère donc que ce chapitre vous a plu ! A partir de la semaine prochaine, on va faire un bon gros bond dans le temps, vu qu'on atterrira près de 100 ans plus tard !
A bientot !
A. H.
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