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Chapitre 15

Sander

Lysefjord, Norvège, 1654

Suite au coup d'éclat de Gillian, nous avons convoqué une assemblée et nous sommes tous réunis à la lueur des étoiles et des torches combinées. Appuyé contre la façade d'une maison, je relis encore et encore la lettre envoyée par Agnès. C'est à moi que l'on a confié la tâche d'informer le village, étant le plus à l'aise pour passer de l'anglais au norrois si besoin est, et parce que Gillian est bien trop secouée pour le faire. Et il y a de quoi l'être ; les mots de sa tante font froid dans le dos.

« Ils nous pourchassent tous. Les hommes s'allient entre eux et jurent de nous débusquer un à un. Ils sont déterminés et ont déjà semé malheur et désolation parmi nos pairs. Nous savons de source sûre que les vampires ne sont pas étrangers à cette situation. Il semblerait qu'ils aient déjà soutenu les humains à travers l'Écosse et au nord de l'Angleterre. Cette fois, la guerre sévit sur nos terres, les arrestations humaines menacent nos vies... Nous sommes perdus, isolés et décimés.

Puisse Dieu avoir pitié de nos âmes... »

Au vu de la hâte avec laquelle Agnès a écrit ces mots, William pense qu'elle devait être pressée, comme sur le point de partir en urgence... Une perspective qui nous a tous plongés dans une morosité teintée de colère.

Quelques lignes griffonnées, des lettres serrées les unes aux autres, le papier froissé à force d'avoir été manipulé entre des mains anxieuses. Tout est fait pour nous inquiéter à notre tour, nous terrifier même... et comme si cela ne suffisait pas, il reste une ligne, un fragment de ce pli que nul n'a lu à voix haute, mais dont tout le monde connaît le contenu, cependant. Il est écrit en lettres de feu sur le visage ravagé de Gillian.

Mon regard revient très souvent sur sa silhouette et évalue son attitude. Assise sur un tronçon de bois, elle est entourée par Kathryn et trois amies norvégiennes et danoises, mais ses traits demeurent pâles et éteints. La distance avec sa tante et sa cousine lui a toujours pesé, la précipitant par moments dans la mélancolie. Mais les savoir en danger – et pire encore... – la tire plus encore vers le bas.

Kathryn lui tend un morceau de pain – inutile de préciser que le dîner a tourné court avec tout cela – mais la blonde le décline. Sa tête se secoue mollement de droite à gauche, sans qu'elle ne croise les iris préoccupés de son amie. Gillian garde les yeux dans le vague, le buste penché vers le sol, comme si elle portait un poids infini sur ses épaules. Durant une seconde, j'hésite à la rejoindre et tenter de la consoler, puis j'abandonne cette idée. Je doute d'y arriver en toute honnêteté, je ne serai pas d'un grand réconfort pour elle dans l'immédiat, compte tenu de son humeur. Je pousse un soupir, frustré, mais mon attention est soudain appelée ailleurs, lorsque l'un de nos hôtes prend la parole.

— Je crois que nous sommes tous profondément touchés et navrés par ces nouvelles qui nous viennent d'Angleterre. Longtemps, nous avons espéré et prié pour que ces débâcles puritaines cessent et permettent à tout le monde de vivre en paix, hélas elles gagnent un peu plus de terrain chaque jour...

— Une véritable infamie, complète une voix féminine non loin de là.

Notre rassemblement acquiesce tout bas, écœurée par les agissements de leurs voisins éloignés. Nous avons tous connu, ou a minima ressenti les répercussions qu'ont les guerres et conflits, nous savons le mal et la désolation qu'ils causent. Mais ce combat-ci a un goût particulier, bien plus amer, un fumet rance et fétide qui nous révulse autant qu'il nous fait serrer les dents. De nouveaux innocents sont traînés dans la boue, châtiés, puis exécutés dans la disgrâce et la haine. Aveuglés par leur peur, les hommes s'entretuent – encore –, se cherchent des coupables autres qu'eux-mêmes – encore –, et s'en prennent à nous, sur les conseils que trop avisés des vampires. Des sorciers sont dénoncés par eux, et j'ai conscience que ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils s'attaquent à d'autres êtres « différents ».

William et moi semblons partager les mêmes pensées car, au moment où nos prunelles sévères se croisent, je capte le tumulte de ses sentiments, la rage en tête de lice. Et c'est dans un état d'esprit plus que belliqueux qu'il s'avance pour atteindre le milieu de notre assemblée, là où le scintillement des torches est le plus fort et l'enveloppe tout entier.

— Il est temps pour nous de nous en mêler. Temps de rentrer en Angleterre et de faire notre devoir. Nous n'avons que trop tardé, nous ne pouvons plus nous permettre de rester en arrière à présent.

Quelques sorciers et berserkers opinent du chef, disposés à appuyer leur allié dans toutes ses entreprises. Revigoré par ces premières marques de soutien, William inspire à fond puis s'exprime avec une voix plus ferme et portant loin.

— Je pensais avoir eu mon compte en termes de guerres, et celles et ceux qui me connaissent savent à quel point je préférerais laisser ce pan de ma vie loin derrière moi désormais...

Ce disant, il décoche un long regard en direction de Kathryn qui hoche le menton. J'oublie bien souvent que certains sorciers ne font pas l'âge qu'ils ont en réalité, qu'ils sont en fait bien plus vieux qu'il n'y paraît. C'est notamment le cas de William qui, sous ses dehors d'homme trentenaire, dissimule avec brio sa véritable date de naissance... et l'ampleur de son passé martial.

— Il m'est toutefois impossible de rester les bras croisés alors que les miens souffrent et meurent en ce moment, poursuit-il après sa courte pause en nous regardant tous. Et je pense que vous non plus, vous ne pouvez pas ne pas agir. Au-delà du lien qui semble s'être crée entre nous, vous êtes concernés par ce qui se passe. Vous êtes menacés au même titre que nous, ou vous le serez dans peu de temps.

— Les vampires ne connaissent pas notre existence. Et ils sont loin de nos terres, intervient un jeune homme, désireux de se préserver.

— Parce que tu crois vraiment qu'il n'existe des vampires qu'en Angleterre ? rétorqué-je. Qu'aucun d'entre eux ne vit à proximité de notre région et ne serait susceptible de nous découvrir ?

— En admettant qu'ils n'ont vraiment jamais entendu parler de vous, glisse William avec gravité.

— Comment ? Mais c'est impossible, voyons ! Nous n'avons jamais été attaqués !

— Il y a à peine deux ans de cela, vous ne saviez pas ce que vous étiez. Ça ne veut pas dire qu'il en va de même pour tous les berserkers existants et qui ont traversé les âges, comme moi et mes pairs, réplique l'Anglais, ce qui lui attire des murmures inquiets. Votre magie prend racine ici, certes, mais il n'est écrit nulle part qu'elle ne peut pas se développer ailleurs. Comme la nôtre.

— Mais... mais...

— Les peuples bougent, se déplacent et s'installent dans d'autres pays, dans d'autres régions... Vous avez encore beaucoup de choses à apprendre, conclut William en ayant cure des vagues protestations alentour.

— Vous êtes en train de vous égarer, les rappelé-je à l'ordre pour couper court. Peu importe que les vampires ou d'autres créatures connaissent ou non notre existence ! Nous nous sommes toujours préparés à cette éventualité, grâce à l'aide et aux avertissements des sorciers justement, et nous apprenons autant à nous défendre qu'à livrer bataille pour le jour où nous ne serions plus en paix. Pour le moment, rien ni personne n'est à nos portes, mais à celles de nos amis, de nos mentors, si.

Mes paroles atteignent leur cible aussi efficacement qu'une flèche décochée par un archer. Les villageois se taisent d'un seul coup, et leurs traits sont à nouveau marqués par la peine et la révolte.

— Personne ne demande que toute notre communauté se déplace, c'est inenvisageable et impossible. Une partie des sorciers et berserkers les plus expérimentés restera ici et assurera à la fois la protection du village et l'enseignement des plus novices. Nous comptons sur celles et ceux qui sont prêts à aller se battre pour une cause qui nous concerne, même si nous en sommes pas encore les victimes.

— Et nous espérons que vous serez nombreux à vouloir nous suivre, complète William, sur la même longueur d'onde que moi.

Je passe et repasse sur tous les visages de l'assemblée, impatient d'y lire leurs décisions et intentions. J'esquisse un bref sourire soulagé devant plusieurs expressions déterminées à mener cette mission avec nous ; je hoche la tête, compréhensif, lorsque je croise des regards désolés et mêlés de refus – la plupart d'entre eux appartient toutefois à des parents de jeunes enfants, voire de bébés, ce qui explique parfaitement leur choix.

En quelques minutes, je dénombre pas moins de quinze berserkers et vingt-trois sorciers et sorcières motivés à partir en Angleterre.

— Cela te semble-t-il... raisonnable ? interrogé-je William, un peu hésitant.

— Bien souvent, les armées vampires et sorcières ne se comptent qu'en dizaines ou en centaines de soldats. Nous ne sommes pas aussi nombreux que les hommes pour nos combats, mais notre puissance et notre force contrebalancent cela.

J'acquiesce, rassuré et intrigué par cette déclaration. William a raison : nous avons encore beaucoup à apprendre...

D'autres questions fusent de ci de là afin de récapituler la situation et de préparer notre prochain départ. Au bout d'un rapide débat, nous tablons de partir dans une semaine, le temps de rassembler nos affaires, de prévenir les villages amis sur notre route de nos projets et arrivée – l'occasion de peut-être trouver d'autres alliés là-bas –, et de penser le meilleur itinéraire et les moyens de transport concevables pour un groupe aussi vaste.

Une fois que le gros de nos préparatifs a été étudié, je me détache de cette discussion et me dirige vers le tronçon de bois où Gillian n'a pas bougé. Elle ne s'est pas éclipsée avec les autres qui ne prennent pas part au voyage, ni ne s'est approchée de notre nouveau cercle pour apporter ses lumières.

Ses prunelles sont toujours perdues dans le vague, même lorsque je m'agenouille au niveau de sa tête.

— Je sais que c'est une nouvelle épreuve qui s'annonce pour toi, lui murmuré-je tout en cherchant ses orbes vides. Tu as peur pour ta famille et tes amis, et à ta place, je doute que je serais dans un meilleur état... Mais je te promets que tu ne seras pas seule pour affronter cette peur. Je te promets que je serai toujours à tes côtés, quoi qu'il arrive... et que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu ne souffres pas.

Elle ne réagit pas, mais je sais qu'elle m'a entendu et que mes mots sincères sont en train de perforer sa cuirasse. Je connais bien Gillian : plus de dix ans d'amitié m'auront appris à toujours trouver un moyen pour l'apaiser, pour l'ancrer à nouveau dans l'instant présent et non plus là où résident ses démons.

Cependant, endiguer sa peine est bien plus ardu qu'endiguer sa colère ; derrière la femme forte et solide qu'elle est au quotidien, il se cache une facette plus trouble, plus fissurée de sa personnalité. Et je pressens que, plus que jamais, cette part-là en elle risque de craqueler ses protections, de fragiliser son âme. Sa famille, sa communauté est son plus gros point faible, nous le savons et le ressentons. Alors je dois tout faire pour que cet élément ne s'effondre pas dans sa vie, elle ne le supporterait pas... Et moi, je ne supporterai pas de la perdre.

Délicatement, je pose mon front contre le sien, respire son odeur fruitée ébranlée par celle gâtée de la peur qui l'étreint.

— N'oublie pas que tu es une battante, Gillian. Alors, commence par te battre contre ton affliction. Tu auras besoin de tous tes moyens pour ce qui nous attend en Angleterre, tu vas devoir te ressaisir et laisser tes angoisses un peu de côté. Tu n'y arriveras pas sinon.

Un frémissement remonte sa silhouette tandis que son souffle se suspend une longue seconde.

— Tu as toute la détermination nécessaire en toi, ajouté-je, encouragé par ces premiers signes. Va la chercher, creuse afin de la ramener à la surface. Elle n'est pas loin, elle n'est jamais loin quand il est question de toi.

Le parfum de la peur la quitte petit à petit et son corps se raffermit, paraît reprendre vie devant moi. Avec un soupir, je dépose mes lèvres sur son front tiède et le presse avec ferveur.

— Je t'épaulerai à jamais, Gillian... Et je veillerai à ce que tu me reviennes toujours, soufflé-je dans le creux de son oreille.

La respiration de la jeune femme repart de plus belle alors qu'elle redresse le dos et dégage à nouveau son énergie coutumière. Lorsque ses prunelles croisent les miennes, leur vert est éclatant, plus incandescent que jamais. Elles sont le reflet sans équivoque du parfum soutenu qui l'enveloppe comme une seconde peau. Ça va au-delà de la détermination ou de la colère froide... C'est plus intense encore, beaucoup plus intense et impérieux. Si je ne la connaissais pas aussi bien, je pourrais avoir peur d'elle en cet instant.

— Gillian... ?

Mais la sorcière ne répond pas à mon appel ni même à mon regard soudain inquiet. Elle se lève plutôt, grave dans sa posture droite et avec sa tête haute, et avance ensuite dans la neige, sans faire cas des œillades glissant sur elle.

Resté à genoux devant le tronçon, je n'ose pas bouger, encore moins me lancer à sa suite. Je ne peux pas, pas maintenant, pas alors qu'elle est dans cet état. Gillian ne me laissera pas l'approcher de nouveau, car elle s'est retranchée dans une parcelle de son être qu'elle n'aime pourtant pas souvent visiter.

Elle est en pleine fureur. La fureur de vaincre.

C'est plus fort que moi, mon regard se déporte à nouveau sur la lettre restée ouverte dans ma main. Je m'étais pourtant juré de ne plus lire ses mots, de ne plus m'attarder sur cette unique ligne qui a tant chamboulé Gillian.

La fureur de détruire.

Comme hypnotisés, mes yeux passent et repassent dessus. Je fais plus que les lire, je finis par m'en imprégner, les absorber... aussi sûrement que l'a fait Gillian.

La fureur de faire souffrir.

« ... Et priez comme moi pour l'âme de mon Emily, maintenant qu'elle a rejoint Notre Seigneur. »

La fureur de faire payer.

∞ ∞ ∞ ∞

Gillian

Quelque part, en une année quelconque

Mes yeux sont remplis de mort. Mes narines sont pleines de désolation. Mes oreilles sont envahies de cris d'agonie. Mes mains sont teintées de sang. Mon âme est accaparée par les ombres. Et mon cœur...

Mon cœur est aussi immobile et figé que ces cadavres sous mes pieds.

Tout est froid. Tout est noir et rouge.

L'écho de mes massacres s'harmonisent avec ceux de mes alliés, mais je tire une certaine satisfaction en remarquant que les hurlements de mes victimes et leurs chutes sur le sol sont plus... vibrants que les leurs. Ils résonnent sous mon crâne, prennent tout l'espace encore disponible – celui que la douleur et la rage n'ont pas emporté. Ils deviennent telle une mélodie macabre, aux ondulations mouvantes et suaves qui me ravissent. Hélas, leur agonie ne dure jamais assez longtemps, alors il me faut reproduire encore et encore ces sons... afin qu'ils continuent à m'emplir. Afin qu'ils me maintiennent... en vie.

Dorénavant, mon existence se résume à ces instants. Ces instants de déchaînement, de violence. Ces instants de brutalité, de cruauté. Ces instants... de gouffre sans fond. Car là réside toute la vérité : chaque tuerie, chaque victime, chaque lacération a pour but de combler cet immense gouffre en moi. Ce gouffre qui est né des années ? des siècles ? une éternité entière depuis lors ?

Je ne sais pas. Je ne sais plus... Le temps, comme quasiment tout le reste en dehors de la noirceur, n'a plus de consistance ni d'importance.

Mes jambes avancent droit devant moi, mon buste traverse la brume opaque, mes bras invoquent les éléments et frappent mes ennemis avec. L'air est saturé de l'électricité venue du ciel pour me venger ; l'explosion du feu calcine les peaux fragiles ; les trombes d'eau font s'écraser au sol les armes adverses ; la terre tremble et s'effrite sous les pas belliqueux.

J'écoute, je sens, je respire, je ressens. Je me gorge de ce que je crée, de ce que je détruis... mais je ne suis pas en vie pour autant.

J'ai menti.

Je ne suis pas emplie.

Je ne suis pas satisfaite.

Je ne suis pas complète.

Je ne suis pas apaisée.

Je suis froide. Je suis en colère.

Et je suis vide. Tellement vide...

Le gouffre n'est pas comblé. Il ne le sera jamais.

Alors je frappe plus fort. Je ravage plus durement. Je fracasse sans m'arrêter. Et la mélodie macabre reprend, se transforme en parfait requiem. Toutefois, il ne s'agit pas de n'importe quel requiem ; il n'est pas non plus destiné à mes victimes, passées, présentes ou futures.

C'est là mon requiem.

Je suis morte.

Comme Emily.

Et je ne compte pas revenir à la vie de sitôt.


* * * * * * * * * * * * * *

Bonjour à vous, j'espère que vous allez bien ?

Bon, comme annoncé, ce chapitre est loin d'être joyeux :/ Vous vous doutiez que le contenu de la lettre de la tante de Gill était aussi dramatique ?
Je leur mène la vie dure, à mes personnages... Et là, clairement, pour Gillian, c'est la goutte de trop. Attendez-vous à de sacrés bouleversements dans la suite !

N'hésitez pas à me laisser une petite trace de votre passage et de me dire si vous ressentez bien le début de chaos qui se profile chez la sorcière !

La semaine prochaine, long chapitre au programme qui reviendra sur des événements forts de l'Histoire... Un indice ? La torture était leur fidèle servante, à cette époque.

Bisous plus ou moins enneigés

A. H.

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