Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 11


Sander

Comté de Buskerud, Norvège, 1645

La douleur est insoutenable.

Tout en moi crisse et se disloque au rythme des battements de mon cœur fou et de mes hurlements. Mes os se brisent un à un, soudain aussi friables et fragiles que le verre avant qu'il devienne poussière. Mais au lieu de se ressouder ou de simplement demeurer futiles et incongrus dans ma carcasse tout aussi vaine, leurs fragments s'allongent, gagnent en taille comme en épaisseur et me perforent un peu plus de l'intérieur. Leur fragilité redevient puissance, mais ils ne me soutiennent plus pour autant. Mes muscles, mes articulations, mes tendons, en plus de mes os et mes chairs... tous se liguent contre moi et me font imploser.

Mon corps se sépare du reste de mon être dans la plus douloureuse des actions... et rien, ni mes suppliques, ni mes tentatives de me raccrocher à mes convictions, à ce qui m'a amené jusqu'à cet instant, ni même mes ongles plantés avec hargne dans la terre sous moi, ne m'apporte le salut et la délivrance que je réclame.

Ma peau et mes organes ne sont pas épargnés non plus dans cette débâcle : ils semblent prendre feu, carboniser puis se racornir sur eux-mêmes, laissant ainsi plus de place à la démolition profonde que je subis. Le monde se réduit brusquement à cette seule sensation de chaos ; je me rappelle avoir été entouré des mêmes plaintes que les miennes avant de sombrer dans ce cauchemar, mais depuis... plus rien n'a d'importance. Plus rien ne compte. Plus rien n'atteint ma conscience en dehors de ça. Celui que je suis, celui que j'étais, les gens qui m'aimaient et que j'aimais, les visages, les noms, les voix, toutes ces choses sont réduites à néant par la douleur.

Mes poumons expulsent un nouveau cri proche du grognement de bête à l'agonie, quand une autre de mes côtes se brise en mille morceaux. Ces derniers rejoignent leurs pairs éparpillés à tout va sous ma peau, s'agitent avec urgence avant de trouver le point d'ancrage où ils feront le maximum de dégâts.

Le goût du sang que j'ai ingurgité plus tôt ainsi que le mien imprègne mon palais, tapisse ma langue râpeuse. Il dévale ensuite ma gorge, imbibe ma trachée, envahit tous mes tissus... et une fois que sa texture huileuse et sa saveur amère se sont répandues, il se transforme en un acide brûlant qui me fait un peu plus perdre la tête. Ce poison s'ajoute à mon calvaire, le complète parfaitement même. Il renforce l'action dévastatrice de mon squelette fracassé, m'oblige à m'enfoncer davantage dans le sol. Je me sens écrasé, écartelé, déchiqueté de toutes parts. Mon corps ne me répond plus, il ne me reconnaît plus comme m'appartenant, comme formant une entité avec mon âme. Il se rebelle, se défait de chaînes dont je n'avais pas connaissance jusque-là. Il se libère et condamne tout le reste dans sa quête... Et je ne suis pas certain que lui comme moi nous en sortirons vivants s'il s'accomplit.

Un glapissement suivi d'une suffocation s'extirpe à grande peine de moi au moment où je tente le geste improbable de me redresser. Mon esprit cherche à me soulager lorsque la souffrance devient plus intense, me pousse à esquisser un roulement à droite ou à gauche, mais ça ne fait qu'empirer la situation. Ce qui n'était qu'un effleurement venimeux se change en geyser d'agonie brute dès lors que je remue le petit doigt.

L'envie féroce de m'arracher le cœur ou la tête afin d'abréger cet enfer s'implante telle une idée fixe dans mon esprit enfiévré. En l'espace de quelques brèves secondes, je regrette d'avoir vu le jour. Je regrette le simple fait d'exister, de respirer. Je regrette de ne pas mourir sur-le-champ et j'enrage de ne pas pouvoir hurler à quelqu'un – n'importe qui ! – d'exaucer cette ultime prière.

Je ne désire plus qu'en finir au plus vite désormais. J'appelle la mort de toutes les fibres de mon être, mais je sens aussi qu'elle ne répondra pas à ma conjuration. Quelque chose proche du... souvenir ? me fait comprendre que mon jour n'est pas arrivé, malgré les apparences.

Je ne vais pas disparaître aujourd'hui. Au contraire. Je suis censé... renaître, d'une certaine façon. Plus fort. Plus puissant. Plus rapide. Je suis supposé devenir ce que j'ai toujours été destiné à être. Cependant, je ne peux me séparer de l'impression tenace que je me suis bercé de chimères pour me rassurer et me convaincre que mon choix, ce choix qui m'a porté sur le seuil des limbes, était le bon.

Comment cela pourrait être le bon choix ? Comment pourrais-je devenir meilleur en en passant par le pire, le plus infâme qui existe ?

La vacuité de mes interrogations s'abat sur moi en même temps que de nouvelles tortures ; cette fois-ci, toute mon attention se déporte sur mes entrailles tordues et rabougries, qui semblent flamber plus fort que ma chair. Le mal se répand en elles, se distille dans mes organes mourants, et le faible hululement que je parviens à émettre n'est que le reflet tronqué du réel tourment qui frémit en moi. Je n'ai plus ni assez de force ni assez d'air pour montrer ou faire entendre ce qui me fait perdre la raison. Mon enveloppe charnelle est parcourue de frissons incontrôlables – j'en prends vaguement conscience lorsque je passe mes mains sur mon estomac brutalisé – et mon visage s'enfonce davantage dans la terre, comme si cela allait suffire pour me faire disparaître. Si seulement...

Les sensations deviennent plus violentes, plus instables. Mes tremblements paraissent se propager au-delà de ma seule carcasse, ils font s'agiter l'humus et les roches alentour. Tout vibre de partout, je le ressens avec autant de netteté que les morsures délirantes du feu et du chaos. Si j'étais en capacité de le faire, je m'étonnerais de pouvoir percevoir ces changements, mais ce tout nouveau qui se forme m'enveloppe sans que j'aie à y penser. Il s'impose à moi, tout comme la douleur, les nouveaux bruits de pas rapides ou de discussions décousues qui s'élèvent au-dessus de moi. Dans l'immensité de ma destruction, j'avais oublié que je n'étais pas seul avant... avant ; mais la présence de ces personnes se rappelle à moi alors que je discerne leur panique en écho à la mienne.

— ... souffrir est... tuer si vous...

Leurs paroles sont hachées, impossible à suivre. Une part de moi essaie pourtant de s'y rattacher – tout, plutôt que de supporter entièrement cet enfer –, elle s'attarde sur les inflexions, les sonorités discordantes des voix qui parlent toutes en même temps.

— Relevez... mourir... maintenant...

L'instant d'après, je crois sentir quelque chose me recouvrir ou me... soutenir peut-être. C'est aussi doux et léger que me permet d'éprouver le cataclysme toujours aussi déchaîné en moi. Une perception inédite qui a le mérite d'exister, mieux, de m'éloigner quelques secondes de ma torpeur.

— ... désolée... vraiment...

Un lambeau de mon esprit tente de me donner le nom de la personne – la femme ? – qui s'adresse à moi, toutefois il n'est pas assez rapide, car soudain la douleur se décuple encore et me ravage. Mes hurlements reprennent alors que mon dos s'arque dans un angle dangereux et que mes jambes se raidissent. Je halète plus que je ne respire lorsque je m'écroule à nouveau face contre terre et sens mon buste se ramasser sur lui-même, comme sous le coup d'un impact sauvage.

— Sander !

Mon nom est glapi à quelques pas de moi, mais je n'y réponds pas. Je ne peux que pousser des cris désarticulés, vibrants d'une détresse incohérente.

Les ongles à nouveau incrustés dans l'herbe, j'entreprends d'empêcher mon corps de se révolter, mais ma pauvre volonté ne suffit pas devant la détermination cruelle de... ma nature. Ce qui est en train de croître à l'intérieur de moi force mes muscles et tendons à s'allonger au-delà de l'acceptable. Ceux-ci continuent à s'étirer, même après que mon corps a manifesté de nombreux craquements sinistres. Un nombre infini de larmes de souffrance s'est écoulé en cascades sur mon visage depuis le début de ce calvaire, mais de nouvelles que je ne pensais pas contenir font leur apparition et mouillent mes joues crispées.

— ... fini... jure...

Une pression sur mon épaule, qui se veut rassurante et douce, m'arrache une autre plainte distordue. Un simple effleurement devient aussi infernal qu'un os brisé en deux. La sensibilité de mon être s'exacerbe, terrible et implacable, et me fait endurer des sensations qui dépassent mon entendement. Un des exemples les plus flagrants, en dehors de cette souffrance folle : les murmures qui s'imposent d'un seul coup sous mon crâne écartelé. La voix féminine qui s'attèle à me ramener à elle à mes côtés, s'estompe au profit de ces autres interventions. Leurs souffles gagnent en intensité et dégringolent par vagues légères mais fermes ; leurs tons râpeux et gutturaux s'ancrent dans mes oreilles, glissent dans mes conduits et cavités... et c'est comme s'ils ne pourront plus jamais m'échapper.

Je n'ai jamais entendu ces voix auparavant, et encore moins les paroles dont elles m'abreuvent. Objectivement, je ne connais pas cette langue, je ne l'ai jamais parlée, cependant je reconnais certaines sonorités proches de ma langue natale. J'ai l'impression qu'il s'agit de vieux norrois, le parler de mes ancêtres, un parler qui s'est perdu et vu remplacé... Il n'est donc pas logique que je puisse comprendre ce que toutes ces voix racontent. Or, c'est bel et bien le cas.

Leurs mots n'ont pas besoin de traduction, cela dit. Ils ne se contentent plus d'être intangibles, d'être juste des mots en soi... Non, ils s'imprègnent et prennent tout leur sens en moi. Dès lors qu'ils quittent leurs lèvres immatérielles, ils s'implantent dans mon être aux abois. Ils le nourrissent autant qu'ils le tourmentent.

Je les écoute, me concentre autant que possible sur ces spectres, et c'est à ce moment précis qu'un nouveau changement s'opère dans ma chair. Plus les voix me parlent, plus elles enflent et prennent de place, au point de faire reculer la douleur. Mes maux s'altèrent, abandonnent progressivement leur emprise. Ils quittent d'abord mes membres, puis mes organes, et finissent par déserter ma tête enflammée et mon cœur atrophié.

Un bref sentiment de soulagement me saisit alors que je m'apprête à rouvrir les yeux, mais hélas, cela ne dure pas plus que quelques secondes. Si la souffrance physique et l'écartèlement ne sont plus, la cacophonie qui se joue sous mon crâne, en revanche, m'agresse de plus en plus fort. Elle fait bientôt saigner mes tympans et bouche mon ouïe à tout autre son que ses gémissements et chuchotis. Sans surprise, je recommence à hurler aussi puissamment qu'elles ; je tente d'enrayer cette nouvelle entrave, mais comme plus tôt, j'en reste prisonnier.

Je ne peux rien faire d'autre que subir... et attendre que cela passe.

Une éternité d'agonie s'écoule donc, jusqu'au moment où les voix ancestrales se taisent à leur tour, remplacées par un flux vibrant. Celui-ci m'enveloppe de la tête aux pieds, se met à grésiller sous ma peau encore à vif. Il m'ébranle pour, je l'espère, la dernière fois de cette nuit digne du purgatoire... et explose en un millier de particules qui s'incrustent à vive allure dans mon être.

Un souffle d'air passe sur ma carcasse incandescente, accompagné de celui d'une des voix spectrales. Il s'agit de la plus pure du lot, de la moins agressive, et c'est avec la même intensité que tantôt qu'elle m'affirme avec bienveillance :

— N'aie plus peur. Tu es accompli, dorénavant.

Attiré par ces mots, je papillonne des yeux et finis par apercevoir les contours d'un visage penché sur moi. Les billes bleues acérées qui me font face sont rivées aux miennes et encadrées par quelques mèches dorées, qui frôlent mon poitrail nu tant elles sont longues. Ma bouche s'entrouvre alors que je détaille son nez et son front, tous deux recouverts en partie par un casque brillant de mille feux. Un râle sourd monte et meurt simultanément dans ma gorge tandis que je cille à plusieurs reprises en découvrant les arabesques colorées et sacrées sur ses joues fines.

Seigneur, est-ce possible... ? Cela ne se peut, je dois devenir fou, plus fou encore que cette dernière heure. Elle ne peut pas être vraie, elle ne peut pas être... l'une d'elles.

Le froid de la nuit s'estompe un court instant alors que la femme casquée approche son buste protégé d'une armure contre le mien, puis sa bouche sur mon front moite. La caresse de ses lèvres m'enveloppe dans une étreinte lénifiante et relance mes lourds battements de paupières. Je sens que le sommeil n'est plus très loin désormais. Dans le même temps, la femme se redresse légèrement, arbore une expression grave mais loin d'être menaçante, et murmure quelques paroles que je ne comprends pas. Une espèce de halo irradie autour d'elle, m'obligeant à refermer un peu plus fort les yeux, à me laisser glisser un peu plus vers l'inconscience. Mon corps devient léger, ma respiration s'amenuise en douceur, et la présence mystique près de moi s'évapore par degrés pendant que je sombre.

* * * * * * * * * * * * *

Bonjour à vous ! Comment ça va ? :)

Alors, je dois vous faire une petite confession : ce chapitre est l'un de ceux que je préfère (et là, vous allez me pourrir et me détester davantage quand on pense à ce que je fais vivre à Sander chéri dans le futur ^^'...) Que je m'explique quand même : ce n'est pas tant le fait de faire souffrir le berserker qui me plaît, mais plutôt le rendu de ladite souffrance ici, vous voyez ? Je le trouve pas trop, trop mal en soi, en fait, et vous ? Des avis ? :)

Et concernant ce mystérieux "l'une d'elles" de l'avant dernier paragraphe ? Avez-vous compris/deviné de qui il peut bien s'agir, à qui fait référence l'étrange femme casquée qui apparaît à Sander (en rêve ou en vrai, ça, nul ne le sait précisément héhé)...? Petit indice : nous sommes en Norvège, pays de Scandinavie, dont le folklore et la mythologie sont très riches. Si vous repensez aux ancêtres du berserker et à leurs croyances d'alors, vous verrez où je veux en venir ;)

La semaine prochaine, on reste dans la tête de Sander pour découvrir le post sortilège ! J'espère que le chapitre vous plaira :)

Bisous

A. H.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro