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Chapitre 1

Gillian

Forêt de Greywood, Angleterre, 1642

Le dos bien droit, les mains posées sur mes genoux et mes paupières closes, je ressens tout ce qui est. Une légère brise d'été caresse mon visage et mes mèches folles, tandis que j'inspire doucement l'air frais aux notes boisées. Les senteurs environnantes se mêlent entre elles, mais comme j'ai grandi entourée par cette nature, je sais les reconnaître et les dissocier. Boulots, chênes, fougères et lichen composent en grande partie ce bouquet odorant. Quelques fleurs sauvages, qui poussent en larges étendues colorées, complètent mon analyse à l'instant où un nouveau souffle s'abat sur mes joues.

Le soleil haut dans le ciel réchauffe mes bras nus et le sage décolleté de peau sous mon cou. Je me gorge de son énergie et de celle des plantes, la respiration profonde et apaisée. Elles irradient toutes deux, parcourent mes veines et cheminent dans mon corps offert à leur bienfait. Un lent sourire monte sur mes lèvres alors que la vie, tant des végétaux que des animaux de la forêt, se fond en moi. Elle me rend plus forte, plus calme, plus concentrée sur mon monde... Elle me dote d'une puissance sans commune mesure et difficile à décrire avec de simples mots.

Tout ce qui communie avec moi, tout ce qui se coule en moi est mon essence, ma force d'âme. L'eau du ruisseau à un mile de là, l'air qui glisse sur mes pommettes, la terre fertile sous moi, et le feu qui brûle dans l'âtre de notre forgeron... je suis eux et ils sont moi. Il en va ainsi pour les êtres comme moi ; les sorciers et sorcières ne font qu'un avec la Nature, ils vivent pour la servir, pour la protéger. Elle nous le rend bien... et ce, depuis des temps immémoriaux.

— Gillian !

Je fronce vaguement les sourcils à l'entente de cette voix. Comment a-t-elle fait pour me retrouver ? Je pensais avoir été discrète en m'éclipsant plus tôt dans la journée...

— Gillian !

Le ton est énergique et pressant. L'importune n'est plus bien loin. Je pousse un faible soupir sans rouvrir les yeux ou même renseigner ma position. Elle aura tôt fait de me trouver, de toute façon.

— Gillian ! Il serait de bon ton que tu répondes lorsque l'on t'appelle ! s'agace la fâcheuse.

Ses pas irrités font se crisser les feuilles et autres brindilles sous eux, m'informant ainsi qu'elle se situe juste en-dessous de mon perchoir. Dans un bref moment, ses sens vont lui souffler de lever la tête vers la cime de mon arbre, et là...

— Veux-tu bien descendre, oui ?

Enfin, je relève mes paupières et abaisse mon regard sur les traits contractés de Lizzy. L'expression dure, la femme plonge ses prunelles acérées dans les miennes et croise ses bras robustes sur sa poitrine.

— Tu te comportes parfois comme une enfant, Gillian. C'est épuisant !

Je ne réplique rien, peu désireuse de perdre mon temps dans un nouveau discours de sourds avec elle. Comme d'autres membres de notre communauté, j'ai déjà trop souvent tenté d'assouplir son caractère, de lui faire gagner en patience et en magnanimité. Aucune tentative n'a été fructueuse jusque-là, pas même lorsqu'elles étaient avancées par les anciens de notre clan, ceux et celles dont la parole fait loi.

Je me retiens de lever les yeux au ciel alors que Lizzy claque sa langue contre son palais, réprobatrice.

— Je te rappelle que ta tante t'attend à la sortie du village, reprend-elle, nez levé dans ma direction. Tu as promis que tu l'accompagnerais au marché.

— Nous ne devions partir qu'après le déjeuner, répliqué-je sans avoir fait encore un geste pour descendre.

— Eh bien, elle semble avoir changé d'avis et comme tu étais introuvable, elle m'a envoyée à ta recherche.

Cette fois, je décroise les jambes et m'accroche à quelques branches pour me hisser sur mes pieds. Je croyais avoir plus de temps devant moi pour me recentrer, je devrais sans doute terminer cela ce soir, à l'aide de la lune. Pendant que je retrouve les prises qui m'ont permis de grimper sur ce tronc, Lizzy continue ses invectives en bas. J'apprends entre deux remontrances qu'elle fait elle aussi partie du voyage, ce qui explique un peu plus sa mauvaise humeur. La sorcière ne veut pas se mettre en retard – les huit miles que nous devons parcourir la mettent dans tous ses états, elle qui n'aime pas les longues marches... – c'est à peine si elle nous autoriserait à préparer un en-cas.

— Calme-toi, Lizzy, lui sommé-je en atterrissant tout près de sa silhouette tendue. Nous ne sommes pas en retard, le soleil vient à peine d'atteindre son zénith. Rentrons, et en silence si tu le veux bien.

La femme fait la moue, contrariée par ma dernière recommandation, mais j'ai le plaisir de voir qu'elle la suit quand même. Après un énième borborygme fielleux qu'elle murmure dans sa barbe, Lizzy prend les devants et s'enfonce entre les arbres. J'observe sa petite taille, son corps rond mais tonique, et la frappe de ses chaussures sur la terre. Puis, je la suis plus lentement, un soupir gonflant dans ma gorge. Cette escapade avec la sorcière nerveuse promet d'être très peu reposante... Dire que nous serons parties pendant trois jours !

Le marché de Derby est l'une de nos sources de revenus, à nous, les femmes de notre hameau. Nous y vendons nos créations faites main, allant du simple filet aux draps chauds pour les hivers rudes. Nos tissages sont de bonne qualité et appréciés par les villageois alentour. Les hommes de notre communauté, eux, sont maçons et menuisiers, et ils travaillent aussi durs que nous tous les jours de l'année. J'entends d'ailleurs le jeu de leurs outils frapper les pièces de bois et les clous alors que je m'approche de l'entrée.

Oui, ils travaillent vraiment très, très dur... Encore plus aujourd'hui.

Le beau temps leur permet de fortifier nos toits et portes. Viendra ensuite le tour de certains meubles, qui ont été abimés ou détruits à l'instar de nos maisonnées. À nous voir tous travailler sagement, chacun occupé et consciencieux, on ne penserait pas que nous venons d'essuyer une bataille harassante, il y a six jours de cela. Et pourtant...

Des vampires nous ont attaqués sur nos terres en captant notre présence. Ils s'en sont pris à notre clan, à notre famille, sans distinction. Ils nous ont envahis par surprise au petit matin, alors que l'aurore n'avait pas encore pointé le bout de son nez, et ils ont saccagé nos propriétés. Ce n'était pas la première fois que nous nous retrouvions confrontés à ces ennemis de longue date, mais jamais encore ils n'avaient franchi les limites de notre habitat. Ils n'avaient jamais essayé de nous débusquer dans ce genre d'endroit, assez reculé et en retrait du reste du peuple. Cela semble être dû au hasard, à un hasard fortuit... qui nous a couté notre tranquillité d'esprit et trois de nos sœurs.

Nous nous sommes défendus, une fois l'effet de surprise passé, mais une partie du mal était déjà faite. Ce sont d'ailleurs les cris de détresse de l'une des femmes qui nous a tous alertés et rassemblés sur le pas de nos portes. Nous avons usé de nos dons pour repousser nos assaillants, nous avons su faire des victimes dans leurs rangs aussi. Ce sont eux qui se sont repliés alors que le soleil s'était levé depuis quelques heures, des grimaces de haine sur leurs faciès de monstres. Leurs iris cruels nous ont promis qu'ils reviendront tôt ou tard pour finir ce qu'ils ont commencé, et cette perspective me remplit autant de rage que de peur...

La force de l'ire qui me consume va grandissante toutefois, plus encore que ma peur. Les décennies écoulées, à essuyer ce genre d'attaques, à s'endurcir et à être sans arrêt sur ses gardes, me pénètrent jusqu'à la moelle. À l'instar de mes pairs qui ont traversé les mêmes époques que moi, j'observe, je raisonne, j'apprends... et je retiens la leçon. Nous n'oublions rien.

Ainsi, depuis lors, nous sommes un peu plus sur nos gardes, nous nous efforçons de ne pas trop traîner tard le soir, étant donné qu'il est toujours plus aisé d'attaquer accompagné de l'obscurité que du jour. Et nous nous donnons du mal pour réparer ce qui a été endommagé. En près de six jours de temps, nos maçons et menuisiers ont fait des prouesses autour de nos chaumières. Désormais, il ne reste plus que deux logis saccagés à remettre en état et les meubles dont je parlais tantôt. Nos hommes se ménagent peu, mais nous autres, les femmes, en faisons tout autant. À défaut de maçonner, nous avons repris nos travaux de couture et de tissage avec vigueur, à la fois pour récupérer le linge perdu et pour vendre de nouvelles pièces au marché. Nous avons plus que jamais besoin d'argent afin de racheter des outils, des métaux et des provisions. Les conséquences de ce sac ralentissent nos autres labeurs, il est indispensable que nous les compensions à travers des achats plus importants qu'à l'accoutumée, le temps que nous puissions rattraper les dégâts.

De retour dans notre village, j'observe les expressions concentrées de nos hommes, les allers-retours des enfants qui leur apportent de l'eau, notre colle maison pour éléments fragiles et des morceaux de bois. Je salue ceux que je dépasse et leur adresse quelques sourires d'encouragement dans le même temps. J'en fais de même avec mes consœurs à l'entrée de leurs maisons alors qu'elles secouent les draps ou s'affairent sur leur métier à tisser. J'accélère l'allure après avoir traversé la moitié de notre bourg, le regard rivé sur la charrette et les silhouettes devant moi. Notre moyen de transport est presque rempli aux deux tiers maintenant ; ma tante, Lizzy et deux autres amies s'occupent de le charger.

— Ah, Gillian ! m'interpelle ma tante en m'apercevant. Viens donc nous aider à empiler le reste.

Je réponds au sourire d'accueil de cette dernière et admire un instant les reflets vert d'eau dans ses prunelles. Je m'exécute ensuite, non sans éviter le regard réprobateur de Lizzy, et en un petit quart d'heure tout est en place.

— Bien. Comme tu le sais, reprend ma tante à mon attention tout en rejetant ses longues mèches en arrière, Lizzy nous accompagne et j'ai également demandé à Mary de le faire.

L'interpellée acquiesce et me retourne le sourire que je lui offre. Mary et moi nous entendons très bien. Je suis contente qu'elle se joigne à nous, le voyage semblera moins long avec une amie aussi douce et gentille qu'elle.

— Emily est déjà partie chez Beth ? Je ne l'ai pas croisée sur le chemin, m'informé-je en cherchant la jolie frimousse de ma cousine.

— Oui, elle devait avoir une leçon ce matin, me répond Agnès, ma tante, dans un sourire. Mais elle a juré qu'elle viendra nous dire au revoir.

— Quitte à s'éclipser du cours, terminé-je en secouant la tête.

Je réfrène un rire en me figurant l'audace et l'effronterie de la jeune fille. Ce ne serait pas la première fois qu'elle ferait ça. Ma cousine, de treize ans ma cadette – enfin... si l'on se fie aux explications que nous donnons à tous ceux extérieurs à notre cercle, ou encore à notre seule apparence ; en réalité, compte tenu de mon âge beaucoup plus avancé, Emily et moi avons bien plus de treize ans d'écart – n'a pas sa langue dans sa poche ni de patience. Elle aime n'en faire qu'à sa tête très souvent.

— Agnès ! appelle Lizzy au moment où l'un de nos voisins finit de harnacher un cheval à notre charrette. Nous partons !

Ma tante lui fait signe avant de se retourner vers moi et de hausser une épaule.

— Il semblerait que notre petite brigande n'a pas pu s'échapper.

— Elle va être infernale avec Beth, soufflé-je avec un demi-sourire en coin.

— Oh, Beth a l'habitude ! Comme tout le monde au village, d'ailleurs... Quelle enfant terrible j'ai fait !

Je ris de bon cœur, cette fois. Agnès a raison : Emily a un tempérament assez éloigné de celui de sa mère. Son père n'était pas non plus très fougueux lorsqu'il était encore en vie... C'est assez étonnant de voir ce petit brin de femme s'affirmer de cette façon.

J'imite les mouvements de ma tante lorsqu'elle remonte la carriole et me poste sur l'un des flancs du cheval. Lizzy est la première à prendre les rênes et à s'installer en hauteur, ce qui me ravie en mon for intérieur. La sorcière peut vite être... intransigeante et difficile à vivre. Elle sera moins sur mon dos ainsi et moins à l'écoute des discussions que je pourrais avoir avec Mary. J'échange un rapide coup d'œil entendu avec cette dernière qui réplique par un hochement de tête complice. Une fois sur la route un peu cahoteuse, nous nous déporterons vers l'arrière du chargement pour nous entretenir à mi-voix, loin des oreilles indiscrètes de notre compagne.

— Allons-y ! s'exclame Lizzy, prête à actionner les rênes dans sa main.

— Non, attendez !

Nous pivotons toutes vers la voix d'homme qui nous a hélées et affichons un même air surpris en voyant Stuart nous faire de grands signes.

— Qu'est-ce qui se passe ? lui fais-je, les sourcils froncés alors qu'il s'arrête à trois pas de nous, hors d'haleine.

— Vous ne pouvez pas partir. Ce n'est pas le bon moment..., explique-t-il avec difficulté.

— Pourquoi cela ?

Il inspire un bon coup, presque plié en deux après l'effort qu'il a fourni. Vu son allure, il devait se situer à l'autre bout du hameau, en train de découper du bois lorsqu'il a été interrompu dans sa tâche. Ses yeux clairs se plantent dans les nôtres, et nous y décelons sans peine une lueur d'inquiétude qui n'augure rien de bon.

— Fritz est revenu, et il apporte d'importantes nouvelles...

* * * * * * * * * * * *

Bonjour à tous.tes et bienvenue donc dans cette nouvelle histoire/ce nouveau tome dédié à Gillian et Sander ! :) Sacré bon dans le temps que voilà, vous ne trouvez pas ? ^^
On démarre donc en amont d'une première péripétie, celle du genre qui va bien chambouler la vie - pas si paisible que cela - de Gillian et de sa communauté ! Qu'est-ce que ça peut être, selon vous ? ;)

J'espère que cette mise en bouche vous a plu (bien qu'elle soit relativement courte - à mes yeux, elle l'est en tout cas xD) et que cela vous fait plaisir d'en découvrir un peu plus sur la vie passée de notre sorcière ! :)

Je précise que, pour cette histoire, j'ai tenté de respecter le plus possible les siècles traversés, tant au niveau des croyances, des modes de vie, du langage, des tenues vestimentaires, etc. cela étant dit, si vous voyez quoi que ce soit qui vous paraisse un peu étrange pour l'époque concernée, n'hésitez pas à le notifier ! Je ne suis pas du genre à écrire de l'historique pur (je n'ai pas le style pour cela, je le vois et le sens dans mes mots ^^), mais si je peux faire des efforts niveau cohérence, je les ferai avec votre aide précieuse !

Je précise tout de même tout de suite que le nom de la forêt est inventée haha (j'avais pensé à la forêt de Sherwood au début, mais c'était un haut lieu de chasse à cour, donc difficile de faire coexister un village entier de sorciers et sorcières avec les parcours royaux)

Si vous avez aimé, laissez un petit vote et/ou un commentaire ! On se retrouve la semaine prochain pour le chapitre 2 ! <3

A. H.

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