Chapitre 29
Les rayons du soleil font timidement leur apparition dans le ciel d'aurore au-dessus de nos têtes. Réel contraste de couleurs iridescentes, ils se parent de mauve foncé, d'orange lumineux et de rouge sombre. Celle-ci est la teinte la plus profonde encore visible, celle qui m'hypnotise de longues secondes. Elle m'attire comme nulle autre. Droit devant moi et majestueuse, je scrute ses déclinaisons, m'imprègne des ténèbres qui se décomposent par strate à mesure que le jour se lève.
Ombreux. Menaçant. Obscur. Ce sont les premiers qualificatifs qui me viennent en tête pour décrire cet entre-deux du jour. C'est une aube vermeille, une aube de sang... Une aube qui est en parfaite harmonie avec mon humeur et mes desseins.
Son flamboiement écarlate va briller très fort tout au long de la journée. Tout sera rouge comme ses résidus célestes... je m'en assurerai.
La progression des troupes est lente et silencieuse autour de moi. Elles s'avancent vers notre cible avec précaution, leurs ombres s'étirant sur le sol meuble sous leurs pieds. Je me trouve en première ligne, accompagnée par mes plus proches alliés, afin de leur donner le pas. Nous évoluons à pied depuis plusieurs minutes déjà, ayant convenus d'abandonner nos véhicules à plus de cinq kilomètres de l'antre de Jarlath. Les généraux et autres chefs misent toujours sur l'effet de surprise, mais en mon for intérieur, je doute que nous puissions duper le vampire. Il doit s'attendre à nos représailles et à notre venue sur ses terres. Il saura sans doute nous accueillir dès que nous franchirons les abords de son domaine...
Toutefois, je veux avoir confiance en nos armées : nous sommes décidés et entraînés, nous sommes prêts à ressortir vainqueurs de cette ultime guerre. Nous sommes puissants et plus nombreux que jamais. Nous y arriverons.
Ce sont tes dernières heures, Jarlath. Tiens-toi prêt à mourir. J'ai une promesse à honorer aujourd'hui...
Mon regard est attiré par l'un des signaux que nous avons préparés, celui qui m'indique que le déploiement de nos troupes devient plus large sur les flancs. Je jette un coup d'œil dans la direction que me montre Helen et ébauche un rapide sourire en distinguant quelques têtes par-dessus les broussailles, avant qu'elles s'y enfoncent complètement.
Ils sont encerclés. Parfait...
J'analyse ensuite les barricades, fortifications et autres barrages qui composent les lieux. Ils ont la particularité d'avoir été construits ou taillés dans la roche environnante. Notre ennemi s'est servi des ressources naturelles à sa disposition afin de créer son domaine. Le procédé est ingénieux et quand on sait que beaucoup de sorciers et sorcières se sont ralliés à lui au fil des siècles, on comprend toute la dangerosité que représente cet environnement. Mais ce qui est une force pour notre adversaire n'est pas toujours synonyme de faiblesse pour nous : nos rangs comportent des mages qui sauront eux aussi tirer profit de ces avantages. Je saurai tirer profit de ces avantages.
Mon sourire s'élargit encore.
— Eleuia, je sens que quelque chose se prépare devant, me souffle soudain Allan sur ma droite.
Au moment où sa main se pose sur mon avant-bras, un feulement mauvais s'élève dans mon dos. Comme mon lié, je pivote vers ce son et pince les lèvres en découvrant Conrad, en deuxième ligne, l'air très irrité. Ses yeux sont braqués sur nos membres joints, puis ils se détournent au bout de quelques secondes. Je refais face à notre route, les yeux levés au ciel. Avoir été rétrogradé ne lui a pas plu, mais il a encore moins apprécié en apprenant que c'est désormais mon lié qui occupe son poste. Je ne pouvais pas agir autrement toutefois : l'inimitié de Conrad est un vrai frein pour nos plans, il aurait pu soulever une nouvelle vague de révolte chez certains surnaturels s'il était resté lieutenant.
Il a fait ses choix. Ce n'est pas de ma faute si ce sont les mauvais.
Je me désintéresse de mon ancien second et reporte toute mon attention vers le domaine de Jarlath. Nous sommes de plus en plus près et si l'on en croit Allan, nos ennemis en ont bien conscience aussi.
— Préparez-vous, soufflé-je à mes soldats. Ils savent que nous sommes là.
Mon chuchotis se répand en arrière, passe de bouche en bouche. Il met en alerte mes troupes et change l'atmosphère autour de nous, la rendant plus tendue et sombre qu'auparavant. Les muscles se tendent un cran au-dessus et les démarches martiales s'affirment alentour. Tout le monde est sur le qui-vive, en tension.
Jusqu'à ce que...
— Eleuia, regarde en haut !
Je suis le regard perçant de mon lié et fais signe aux guerriers de s'arrêter en un instant. Le silence reprend alors tous ses droits tandis que je scrute la façade rocheuse. Niché sur un balcon, à plusieurs mètres de hauteur, Jarlath nous observe évoluer jusqu'à lui. Ses paumes sont plaquées sur la pierre, son visage est penché vers nous comme si nous étions un spectacle fascinant... mais je crois apercevoir une légère crispation dans ses épaules et sa mâchoire.
Notre ennemi n'est pas rassuré. Un rapide coup d'œil lui permet d'évaluer nos forces... et il n'aime clairement pas ce qu'il jauge.
Tant mieux.
Mes prunelles acérées captent les siennes dans un long échange qu'aucun de nous deux n'est disposé à suspendre. J'espère qu'il lit toute la détermination à le tuer et toute la haine qu'il m'inspire. Je veux qu'il me voie venir, qu'il comprenne que c'est ma main qui le fera tomber. Le regard qu'il me renvoie est tout aussi intense et farouche, mais il est vite estompé par le large sourire qui se dessine petit à petit sur sa bouche. Jarlath n'est pas du genre à baisser les bras, il ne va pas renoncer à se battre. Ou plutôt... il ne va pas renoncer à envoyer ses sous-fifres se battre pour lui.
Un grondement tonitruant monte depuis les énormes portes closes du domaine. Il fait vibrer la terre sous nos semelles, fait trembler la végétation fragile à proximité. Le grincement de l'ouverture des battants s'amorce alors que nos troupes dégainent lentement leurs armes. L'instant d'après, des centaines de surnaturels chargent en avant, armes en main et visages grimaçants de rage. La première vague nous atteint de plein fouet sans surprise, mais la seconde, elle, est endiguée par des attaques alliées venant des côtés. Tous, nous entamons un ballet mortuaire que nous connaissons bien désormais. Rapide et brutal, il nous fait valser de joute en joute ; direct et saccadé, il nous entraîne à enchaîner tous nos mouvements chorégraphiés.
Courir, sauter, esquiver, frapper, tourner, avancer, reculer. Mon corps connaît tout ça par cœur, il s'exécute d'instinct, tout ce qui est mécanique et musculaire prend l'ascendant sur ma réflexion et mes sentiments. Cependant, cette fois a une saveur toute particulière pour moi. Ces luttes que je mène me galvanisent davantage. Chaque corps qui s'écrase au sol est un nouveau pas de plus vers ma vengeance. Je touche enfin au but, tout a été pensé pour que j'y parvienne d'ailleurs. Tous celles et ceux présents en première ligne doivent s'assurer, non seulement que les plus proches alliés de Jarlath ne se relèvent pas, mais aussi que je réussisse à arracher le cœur du vampire. Ils me couvrent tous, mais le meilleur dans cette entreprise est évidemment Allan.
Une poignée de mètres nous sépare alors que j'use tantôt de mon épée, tantôt de mon revolver sur mes adversaires, et qu'il neutralise ceux qui voudraient s'en prendre à moi et à nos amis. Il propulse des sbires au loin, réveille les éléments pour en ralentir d'autres, empêchent des attaques massives en déviant les pensées vindicatives qui nous font face... Comme promis, il ne les tue pas, il nous aide à sa manière et ne se retourne pas sur les corps qui finissent achevés par nos soldats. Il s'assure de m'avoir toujours dans son champ de vision et m'avertit dès qu'une riposte perfide tente de me faire ployer. Mon lié anticipe certaines choses à notre place, ses facultés semblent être sans limite quand il est question de nous protéger. Il se donne tout entier à cette mission et est à peine touché par nos ennemis.
Alors que j'extirpe ma lame du torse ensanglanté d'un incube, je capte le mouvement de défense de mon lié sur ma droite, qui éjecte une vampire dans le décor. Sa silhouette valdinguante traîne trois de ses semblables dans son sillage, ce qui permet à Elias et Dean d'invoquer plus rapidement des entraves en végétaux pour les paralyser.
— On avance ! crié-je à mon âme sœur tout en désignant les portes toujours ouvertes.
Il hoche la tête et interpelle les autres pour qu'ils nous suivent. Si Dren, Helen, Elias et Onyr se débarrassent en un clin d'œil de leurs opposants, cela demande quelques secondes supplémentaires à Amada et Darcy. La sirène reste plantée devant trois berserkers et les sonde intensément du regard. Les guerriers sont hypnotisés, leurs iris se voilent et leurs membres se décontractent alors qu'elle chemine jusqu'à l'oreille de l'un d'eux. Elle se penche sur lui et souffle quelques mots qui paraissent l'électrocuter d'un seul coup. L'homme se redresse ensuite, pivote vers ses compagnons et leur assène de grands coups de poings sur leurs crânes. Il lui en faut quatre au total pour les pulvériser. Une fois ses crimes accomplis, le berserker se perd dans le regard d'Amada, une expression toujours plus absente sur les traits.
Sans plus perdre de temps, je fauche un poignard à Dren et l'envoie se ficher dans le front de l'envoûté. Il s'écroule enfin au sol.
— On avance, Amada, lancé-je à la sirène sur un ton sec et hargneux.
Peu touchée, elle hausse une épaule et se remet à courir comme nous autres. Quelques alliés viennent nous prêter main forte pour repousser les ennemis qui essaient d'entraver notre progression. Je ravale des grognements sourds quand quelques-unes de leurs armes m'écorchent malgré ma course. Mes compagnons encaissent eux aussi des blessures, sans pour autant ralentir l'allure.
— Les portes sont là ! s'exclame Onyr. Encore un effort !
Nous l'écoutons tout en esquivant encore et encore les offensives ennemies. Plus que quelques mètres...
Sans pouvoir m'en empêcher, mes yeux tombent sur les tableaux macabres qui se peignent dans cet environnement reculé, et un sentiment de rage et de peine mêlées m'étreint avec force. Chaque nouvelle contemplation expose une mort violente, donnée soit par un ami, soit par un adversaire. Le sang peinturlure les visages et les corps rigides, les membres sectionnés jonchent le sol et la cacophonie de cris se répercute sur la roche.
La même férocité nous habitait lors de la guerre qui opposait jadis vampires et sorciers. Nous nous entretuions avec la même violence et le même abandon. Je ne pensais pas qu'un jour nous retomberions si bas, que nous tutoierions de nouveau nos instincts le plus primaires. Je m'autorise une brève pensée pour Gillian et me félicite de l'avoir convaincue de rester au manoir. Elle aurait détesté voir ça...
Comme un seul homme, nous pilons net devant l'escalier d'entrée, nos regards alertes furetant de tous côtés. Si la traversée a été compliquée, l'arrivée en revanche paraît bien calme et aisée en comparaison...
— Pourquoi n'y a-t-il plus personne tout à coup ? questionne Dren, les sourcils froncés. Le comité d'accueil s'est fait la malle ? On a été trop longs pour eux ?
— Arrête de dire n'importe quoi, Dren, le rabroué-je sans dévier mon attention du calme étrange qui nous enveloppe.
Derrière nous, les bains de sang se poursuivent sans discontinuer, alors que le périmètre que nous occupons, lui, est à découvert. Les portes sont là, grandes ouvertes toujours, mais aucun garde, aucune compagnie pour en protéger l'accès.
— C'est insensé, soufflé-je, incrédule.
— Ils préparent quelque chose, assure mon lié, toujours sur le qui-vive.
— Oui, mais quoi ? Et d'où cela va-t-il venir ?
Aucun de mes acolytes n'a la réponse, malheureusement. Ma part sorcière ressent un amoncellement d'énergie vibrante tout autour de nous sans en trouver la source. Un bref échange avec Elias, Allan et Tia m'apprend qu'eux aussi le perçoivent. Imitée par mes pairs, je cherche à droite, puis à gauche, n'ose pas franchir le seuil tant que cette menace n'a pas été trouvée et neutralisée. Nous faisons quelques pas en arrière, nous déportons sur les flancs de l'escalier au cas où le danger nous foncerait soudain dessus... mais rien.
Une poignée de secondes passe ainsi, et puis Allan se fige brusquement devant moi et fait volte-face, les yeux écarquillés.
— Attention !
Mais il est déjà trop tard. Un énorme morceau de roche vient de s'abattre sur la silhouette de Darcy. Elle n'a pas eu le temps de le voir venir et nous non plus... Choqués, les prunelles exorbitées et la bouche béante, nous sommes pétrifiés sur place. La réalité peine à s'imposer à nous, mais le hurlement d'alerte d'Allan nous sort bien vite de notre léthargie.
— Revenez aux portes ! Revenez aux portes !
Encore une peu hébétée, je lève le nez pour voir d'où venait ce bloc et retiens un hoquet paniqué. Installées au sommet des balcons, des sorcières sont en train de commander à la pierre de s'effriter. Celle-ci se fissure de toutes parts avant qu'elles la fassent léviter au-dessus de nos têtes et la lâchent une fois bien en place.
— Elias ! appelé-je en voyant la roche se rapprocher à vitesse grand V.
Le sorcier lève les mains et serre progressivement les poings afin que l'éboulis se transforme en gravier inoffensif. Mes propres doigts sont eux aussi dressés vers le ciel pour lui porter assistance.
— Eleuia !
Allan me hèle, et en pivotant vers lui, je le vois me faire des grands gestes depuis le sommet des marches. Les bruits de craquelure s'intensifient, de la poussière et de nouveaux projectiles chutent encore. Une vague de peur m'envahit lorsque je comprends que les éboulis n'ont pas pour seul but de nous évincer : les sorcières tentent aussi de barrer l'accès. En quelques secondes, les gravats commencent à s'entasser et nous séparer.
— Elias, il faut que nous entrions ! m'époumoné-je par-dessus le vacarme. Viens !
Mon ami me jette un vague coup d'œil sans arrêter ses mouvements. Il essaie de balayer les mages avec des ravales de vent.
— Elias !
— Pars, Eleuia ! Je les ralentis !
— Non, Elias !
— Pars ! éructe-t-il sans plus me regarder. Dépêche-toi !
Les cris d'Allan m'appellent à nouveau alors que je ne parviens pas à me décider. Je me décale sur la gauche lorsqu'un projectile me frôle et effectue une roulade en arrière afin de semer de nouvelles avalanches.
— Eleuia !
La terreur de mon lié me frappe de plein fouet. Entre deux chutes de granit, j'aperçois Dren en train de l'empêcher de me rejoindre, ses bras passés en travers du torse d'Allan alors que sa bouche continue de hurler mon nom. Mon âme sœur se débat de plus en plus et mes prunelles ne cessent de faire des va-et-vient entre lui et Elias, toujours debout à lutter avec ses pouvoirs. Je l'interpelle encore, mais mon cri se perd dans l'écho assourdissant qu'émet le minerai en se décrochant violemment de son socle. J'ai à peine le temps de faire un bond en arrière avant que l'amas rocheux s'effondre. Les sorcières ont repris l'ascendant et Elias est le premier à en payer le prix...
Son corps n'est plus en vue, sans doute englouti par les décombres. Cette fois-ci, mes appels restent sans réponse.
— Eleuia, putain qu'est-ce que tu fous ?
Ni une ni deux, je fonce vers ce qui reste des escaliers, les cascades pierreuses devenues cataractes. Je prends l'élan suffisant pour me catapulter en avant et... prie de toutes mes forces pour ne pas me faire piéger ou écraser à mon tour. Je me réceptionne cahin-caha sur un sol en marbre et me mets à tousser violemment la poussière que j'ai avalée.
— Eleuia !
Des bras solides me redressent et m'emprisonnent contre un torse frémissant, dans une étreinte de fer.
— Pourquoi tu as mis tout ce temps ? Qu'est-ce qui t'a pris ? crie mon lié tout en relevant mon visage vers le sien.
Ses traits sont contractés, tant par la peur que la colère, et une boule se forme dans ma gorge. Je le serre aussi fort qu'il le fait avec moi.
— Ne refais plus jamais ça ! Tu m'entends ? Ne me refais plus jamais ça !
— Elias est mort, articulé-je avec difficulté. Je voulais qu'il nous rejoigne... mais il n'a pas pu.
L'expression de mon lié s'adoucit légèrement et ses lèvres se pressent contre mon front alors que le silence suit ma déclaration. Nous nous détachons l'un de l'autre un court instant plus tard et avisons le reste de notre groupe. Je compte six survivants en plus d'Allan et moi. Les autres ont péri lors des éboulements, je n'ai même pas besoin qu'ils me le disent pour comprendre. Mes yeux se déportent ensuite sur notre environnement et s'adaptent à l'obscurité ambiante. La sortie dans notre dos est condamnée, quasi plus aucune source de lumière ne filtre à cause des écroulements.
— On devrait retourner avec les autres..., exhale Tia en pivotant vers l'ancienne issue.
— Il nous faudrait trouver un autre accès pour ça.
— Ou en créer un, ajoute Trent, le regard rivé sur le mur du fond.
Allan secoue la tête, en désaccord avec cette idée.
— Il vaut mieux qu'on avance. Nous avons une mission bien précise à exécuter.
— Empêcher nos amis de mourir en fait partie, pour ma part, objecte le vampire, les sourcils froncés.
— Nous sommes plus nombreux, nos alliés s'en sortiront dehors, asserte mon lié avec conviction. Et tuer Jarlath stoppera tout et les préservera. Il est quelque part ici... L'opportunité est trop belle pour passer à côté.
Ses paroles font leur cheminement dans les esprits de nos compagnons, il ne leur faut donc pas plus de cinq minutes ensuite pour obtempérer. Après cela, tout à chacun détaille ce qu'il a sous les yeux. Je devine un intérieur ancien et haut, très haut de plafond. Tout est en arches et colonnes. On se croirait dans un château ou dans une cathédrale revisitée. Il y fait très frais et humide aussi ; la décoration est minimaliste, ce hall n'a pas pour rôle d'être accueillant et je ne suis pas la seule à le noter.
— Eh bien... je ne m'attendais pas à une réception avec champagne et petits fours, mais quand même... On a l'impression d'être dans le château de Dracula, là, déclare Dren en réprimant un frisson.
— Le rez-de-chaussée semble très calme, observe Tia.
— Trop calme. Et nous avons vu ce que donnait une trop grande quiétude, là dehors, émet Amada d'une voix sèche et courroucée.
— La question est de savoir d'où sortira la prochaine menace, réplique Onyr tout en inspectant les grandes marches devant nous.
— Vous pensez qu'ils nous attendent ?
— Je suis sûre que Jarlath nous attend, certifié-je, les lèvres retroussées sur une grimace de dégoût. Il joue encore avec nous.
— Quoi ?
— Il joue. Et il a initié son jeu favori, qui plus est, répété-je à la cantonade, les yeux braqués sur les étages supérieurs.
— Son jeu favori ? Mais qu'est-ce que tu nous chantes, Ele ? m'interroge l'incube, dérouté.
Allan à mon côté se tend et contracte les poings le long de ses flancs. L'océan agité de ses iris s'échoue dans les miens alors que je resserre ma prise sur son bras. Je relève derechef le regard vers l'antre de notre ennemi et pince les lèvres une seconde, avant de reprendre à leur intention à tous.
— Vous ne l'avez pas encore compris ? Nous jouons malgré nous à sa partie de cache-cache géante. Mais méfiez-vous, car avec ses règles, les chats deviennent souris en un clin d'œil...
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