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Chapitre 17


Un mois s'est écoulé depuis l'affrontement au domaine. Un mois durant lequel toutes les troupes alliées aux nôtres, toutes celles qui ont pu répondre présentes, ont suivi la trace macabre laissée par nos ennemis.

Jarlath et ses sbires se sont baladés – et nous ont baladés par la même occasion – à travers toute la partie nord-ouest des États-Unis. Nous avons éculé une partie de l'État de Washington, de l'Oregon, ainsi que de l'Idaho en ce laps de temps qui peut paraître si court – mais qui est en fait infiniment long lorsque l'on ne fait que frôler du bout des doigts notre but...

Les forces adverses se sont séparées dès le début, nous obligeant à en faire de même afin de ralentir leurs attaques hasardeuses et assassines à chaque étape de leur « périple ». Certaines d'entre elles étaient restées à couvert lors de nos premières batailles. Elles se sont fait connaître au fur et à mesure, tentant, parfois avec succès, de prendre à revers les régiments qui s'occupaient alors d'éliminer les premiers sur les lieux et de faire fuir les humains encore vivants dans le même temps.

La folie de Jarlath n'a plus de limites, il se fiche de nous exposer au grand jour désormais. Il y voit même sans doute un bon moyen de nous détourner de notre mission initiale, lui laissant ainsi le champ libre pour davantage de nouvelles tueries. Le résultat doit être au-delà de ses espérances, car nous sommes bel et bien submergés. Entre les vies à sauver, celles à ôter, nos propres morts et blessés à gérer et nos tentatives d'influence sur les humains haut placés afin que leur peuple n'ébruite pas notre existence... nous n'avons pas beaucoup d'instants de répit. Nous combattons, nous nous acharnons à rétablir la paix dans des villes et des villages assiégés et nous exhortons à tenir ce cap et à ne pas flancher. Malgré la fatigue, malgré nos pertes...

Éparpillés à droite à gauche, nous communiquons par radio et téléphone afin de nous tenir informés des avancées et retraites ennemies. Nous tenons aussi les comptes tant de nos effectifs que des leurs, et si les premiers temps nous avons cru devenir fous à force de voir débarquer de toutes parts des adeptes de Jarlath, nous constatons que la balance se rétablit. Voilà déjà une bonne semaine que nous croisons le fer avec les mêmes soldats, sans que de nouvelles recrues surprises ne déboulent à l'orée des champs de bataille. C'est bien l'une des seules bonnes nouvelles que nous avons, malheureusement...

Depuis que cette ruée improbable s'est mise en place, je n'ai eu aucun signe, aucun contact avec Allan ou Jarlath. Personne parmi les miens n'a aperçu ou même senti leur présence sur les différents fronts que nous occupons. Ils sont pourtant là, quelque part... mais ils se cachent. Ils nous épient, nous guettent, sans jamais s'approcher trop près de nous, à l'inverse de la première fois. Ils restent dans l'ombre, entourés d'une nouvelle garde rapprochée plus efficace et discrète que la précédente.

Si cette manigance en a déstabilisé plus d'un dans nos rangs – et continue d'ailleurs de le faire –, je n'ai mis que quelques jours pour comprendre ses raisons. Jarlath « reformate » mon lié, ni plus ni moins. Ce qui a bien failli se passer lors de notre altercation, à Allan et moi, a effrayé le vampire, j'en suis persuadée. Il a vu de ses propres yeux l'hésitation et la confusion remplacer la furie froide chez l'hybride. Il a senti que mon emprise sur lui n'était pas aussi morte et enterrée qu'il se l'imaginait, et que sa propre influence pouvait en pâtir... Alors il garde Allan sous sa coupe et le tient éloigné de moi le temps qu'il parvienne à recréer le vide en lui, celui qui le contrôlait avant que je l'atteigne.

En prenant conscience du plan du chef vampire, j'ai été aussi satisfaite que folle de rage. Satisfaite parce que ce que j'avais ressenti, ce que j'étais persuadée d'avoir éveillé même brièvement chez mon lié, n'était pas le fruit de mon imagination. C'était une preuve supplémentaire que j'y étais arrivée et que j'étais réellement à deux doigts de récupérer Allan. Je suis un véritable danger pour les plans de Jarlath, il l'a compris lui aussi ce jour-là. Je suis l'arme qui peut le vaincre lui, et toutes ses chimères mégalomaniaques. Car sans Allan auprès de lui, sans cette surpuissance prête à lui obéir au doigt et à l'œil, il n'est plus intouchable. Redoutable, certes, mais pas invincible...

La colère, elle, est apparue parce que le caractère lâche de cette enflure me débecte au plus haut point. Il s'adonne à une partie de cache-cache géante et envoie ses soldats faire tout le sale boulot, plutôt que de se confronter directement à moi. Il fait tout pour gagner du temps au détriment de nombreuses vies dont il n'a rien à faire. Il paiera pour cela aussi... Le jour où je le tiendrai enfin pour arracher son cœur racorni hors de la poitrine, je vengerai toutes celles et tous ceux qu'il a mené à l'abattoir sans aucun scrupule.

Mais quelque chose me dit que cette période touche à sa fin. Le changement d'atmosphère me le souffle, la vibration dans mon être m'en convainc. Je le sens : ce petit jeu du chat et de la souris s'achève. L'affrontement est proche et ni Jarlath ni moi ne reculerons devant lui.

C'est ce pourquoi j'ai ordonné à ce que nous établissions un campement rapide dans la soirée d'hier, à quelques kilomètres d'Auburn. Les miens n'ont pas compris cette halte soudaine, se demandant pourquoi nous arrêtions la chasse alors qu'il était évident que nos ennemis, eux, allaient poursuivre leurs méfaits – aux dernières nouvelles, ils semblaient se rendre à l'est. Je n'ai pas écouté leurs cris de protestation : ils ne le comprenaient pas encore, mais le temps de la course avait assez duré. Et c'était à moi de choisir son point d'arrivée.

Comment suis-je aussi sûre que Jarlath va enfin sortir de sa cachette ? Parce que je le connais, je sais pertinemment qu'il va se lasser de ces badinages. Je suis convaincue que son désir de domination va reprendre le dessus. Après tout, il est « le grand Jarlath », celui qui va devenir le maître du monde, celui qui a promis d'éradiquer ceux et celles qui se mettront sur sa route. Alors il va venir à nous, il a dû recevoir notre positionnement et se mettre en chemin depuis. Il ne tardera plus à présent...

Le vampire répondra à mon appel implicite. Il ne pourra pas résister à l'envie de nous soumettre une toute dernière fois. Il arrêtera de courir et me retrouvera.

L'aube pointe alors que je me renfonce dans mon siège. Seule dans la tente de commandement, je perçois les chuchotis irrités des soldats et généraux qui ne dorment pas. Ils sont tous agacés par ma décision et ils l'ont été bien davantage encore en apprenant que Necahual s'était rangé à mon côté, suite à un entretien privé il y a quelques heures. Pour eux, notre stagnation est insensée et périlleuse. Et le fait que je me refuse à tout commentaire plus poussé que : « Je suis la commandante en chef des armées, je décide », les met à cran.

Mon regard parcourt le vide tandis que leurs pas raides passent à proximité de mon QG. Certains soldats déguerpissent aussi sec, trop remontés pour ne serait-ce que partager le même espace que moi, d'autres ralentissent pour capter un mouvement, un geste de ma part qui pourrait les aiguiller sur la marche que je compte adopter. Mais je ne bouge pas, je ne fais rien. J'ai les yeux grands ouverts, tout comme mes oreilles, et je guette le signe qu'ils n'attendent pas, qu'ils ne pensent pas entendre.

Mais je sais qu'il va retentir.

— Oula, ça empeste la rébellion par ici ! s'exclame Dren en entrant dans ma tente.

Il pince avec théâtralité son nez pour appuyer ses dires avant de s'affaler sur le siège en face du mien.

— Si tu voyais les regards brûlants qu'ils lancent vers cette toile ! Certains ont carrément le mot « Meurtre » inscrit en lettres de feu sur leur front.

— Bonjour à toi aussi, Dren, répliqué-je posément.

— Ça ne peut pas être un bon jour, Ele, embraye l'incube, les sourcils froncés. Tu as entendu ce que je viens de dire ? Les révoltés du Bounty font partie de ton équipage, Capitaine, et ils sont tout disposés à te faire subir le supplice de la planche pour parfaire leur mutinerie.

— L'équipage du Bounty n'était pas un équipage pirate, Dren. Ils n'ont pas envoyé leur ex capitaine par-dessus bord, ils l'ont seulement abandonné à la dérive, le corrigé-je sur un ton toujours aussi calme et détaché.

— Super, bravo pour ce cours d'Histoire édifiant, Madame l'érudite, m'applaudit-il avec cynisme. Maintenant, arrête de jouer avec moi et va plutôt parler à tes hommes ! Ils sont en train de perdre confiance en toi, là.

— Je n'ai rien à leur expliquer.

— Ele !

— Tu crois que si je leur dis mon plan, ils seront d'accord avec ? sifflé-je d'une voix basse et glaciale. Non, tout ce que j'obtiendrai c'est de me les mettre définitivement à dos. Et à ce moment-là, il n'y aura plus personne pour combattre.

— Ils pourraient comprendre, tente d'argumenter l'incube, peiné.

— Non, ils ne pourraient pas. Ils ne voudraient pas le faire, surtout, assené-je les poings serrés.

— Ils pourraient te surprendre. Après tout, Allan était...

— Chut, tais-toi, lui sommé-je en jetant un coup d'œil significatif vers l'extérieur de la tente. Une fois que tout sera fini comme j'en ai décidé, je ferai face à leur courroux. Si leurs reproches et animosité sont toujours à l'ordre du jour, j'en subirai les conséquences. Mais jusque-là, ils feront ce que je leur dis de faire.

Ma voix claque bien qu'elle ne soit qu'un souffle modéré, et je vois une légère chair de poule recouvrir son épiderme. Dren n'est pas stupide : comme toutes celles et tous ceux qui nous entourent, il sait à quel point je suis dangereuse et mortelle et il sait aussi comme je peux me servir de cette prédisposition à la violence. C'est ce qui m'a permis de tenir mes troupes au pas et de les garder sous mon commandement, malgré leur désir réel de ne pas m'écouter.

Le silence de plomb qui s'est abattu entre l'incube et moi charge l'air d'une tension lourde et électrique, hautement funeste. Cette dernière semble s'exfiltrer hors de la toile et toucher la patrouille car soudain, la respiration des hommes et femmes se suspend, comme si une lame affûtée pesait sur leur gorge nouée. La seconde suivante, ils détalent tous, mettent plusieurs mètres de distance entre eux et moi. Au cas où...

Prudence est mère de sureté.

Toutefois, l'homme qui me fait face ne semble pas se démonter. Au contraire, il profite de cette forme d'intimité agressive pour se pencher en avant et murmurer tout bas ce qui lui brûle les lèvres depuis un moment :

— Tu l'aimes comme une folle.

La tension dans mon corps s'évapore en partie à ces mots et un rictus déformé tant par l'attendrissement que par la rage retrousse mes lèvres.

— Oui.

La folie résume assez bien ce qui se passe entre Allan et moi, ce qui me relie à lui depuis le premier jour, même si je ne l'admettais pas encore à ce moment-là. Mais l'amour aurait-il son pareil sans folie ? Serait-il aussi grandiose et absolu ?

L'amour est aussi déraisonnable et inconscient que la folie. En fait, l'amour est l'expression même de la folie. Celle-ci n'existe pas ailleurs que dans ce genre de sentiments, parce que c'est là que son excès et sa dépendance prennent forme... Jusqu'à ce que les cœurs soient pervertis par sa fièvre dépendante.

— Tu es prête à tout perdre pour lui ? m'interroge encore Dren, ses prunelles ambrées ancrées aux miennes.

— Oui, répété-je sans hésitation.

Je pourrais perdre ma réputation, mon statut, mon essence, et le peu de raison qu'il me reste si cela permettait son retour. Je serais prête à être traitée comme une paria et jetée hors de mon foyer si je pouvais le récupérer.

Je suis prête à tout, à absolument tout. Pour lui.

— Je n'ai pas peur de mourir, conclus-je d'une voix profonde tout en me levant. J'ai seulement peur du néant que deviendrait ma vie sans lui...

Mon ami se lève à son tour et souffle mon prénom sur un ton torturé. Son regard brille et les larmes qu'il renferme miroitent alors qu'il attrape ma main pour la presser entre les siennes. Il est bouleversé pour moi, pour Allan, et je lis tout l'espoir et le déchirement que je lui inspire en cet instant. Mais très vite, la magie étrange qui nous enveloppe est rompue par l'apparition affolée de sentinelles, suivies par trois généraux.

— Eleuia ! Ils sont là ! Ils sont là !

Et comme pour appuyer cette exclamation, les premiers cris de charge résonnent depuis la lisière de notre camp. Sans me préoccuper des coups d'œil éberlués de mes nouveaux comparses, – le scepticisme qui leur collait à la peau depuis des semaines vient d'être balayé par l'effet de choc et de surprise – je sors de la tente et scanne l'horizon. Les lignes ennemies et alliées n'ont pas perdu de temps car, sitôt face à face, elles se jettent les unes sur les autres et entament des corps-à-corps sauvages. L'horreur reprend, accompagnée de cette mélodie entêtante d'armes qui se croisent, de gargouillis d'agonie... Tout se remet en marche comme je l'avais prévu et annoncé.

Piège ou non, Jarlath n'a pas résisté. Il est venu à nous, à moi... Il est donc temps pour moi d'accomplir ma mission.

Je retourne brièvement sous la toile pour attraper mon arme de poing et avant de me joindre aux hostilités, j'avise les hommes et femmes qui n'ont pas bougé d'un pouce.

— Vous vous languissiez de la guerre et de ses massacres ? Eh bien, ils sont de retour ! Donnez-vous en à cœur joie, les invité-je à faire avec un grand geste du bras.

Je n'écoute pas leurs réponses – si tant est qu'ils en formulent – et me lance dans cette arène à ciel ouvert. Mes instincts de guerrière prennent les rênes, laissent parler mes muscles plutôt que ma tête. Mes jambes se contractent, mes bras s'abaissent, mon buste se tord lorsque je suis confrontée à mes adversaires, mais mon esprit et mes yeux, eux, sont focalisés ailleurs. Ils fouillent chaque centimètre carré, scrutent chaque visage et attroupement pour tomber sur ceux que je recherche. J'esquive plus que je ne combats au demeurant, tant je suis obnubilée par ma quête.

Mais ça m'est égal. Je cherche et cherche encore. Ils sont là tous les deux, cette fois-ci ils ne nous ont pas faussé compagnie. Je le sens...

Bien entendu, je ne m'attendais pas à ce que Jarlath se présente à ma tente de commandement, ou au milieu de la plaine que nous occupons. J'ai vu juste dans ses projets – ou plutôt, je ne les ai pas oubliés et ne me suis pas laissée dépasser par ses excès de sauvagerie et de force, a contrario des miens –, mais je dois tout de même faire le reste du boulot seule. Le repérer, éviter de me faire tuer sur le chemin, slalomer entre des combats et des morts... c'est un challenge qu'il me lance, qu'il espère autant qu'il redoute me voir relever. Je secoue la tête, dégoûtée par ce personnage. Il est certain de gagner, convaincu que je ne saurai pas le battre et remporter son petit jeu. Ce qui se passe aujourd'hui n'est qu'une manière excitante et détraquée de prouver sa supériorité sur ce que nous représentons, sur ma famille, sur moi.

Sauf qu'il est hors de question que je perde, que je m'écrase devant lui. Il n'obtiendra plus gain de cause. Je vais récupérer Allan. Je vais détruire son armée. Je vais éradiquer son nom et ses ambitions de la surface de la Terre. Il ne sera plus rien.

Je vais tuer Jarlath. Pour le bien des miens. Pour le bien de l'humanité. Pour Allan. Pour ma famille. Pour moi.

Et pour Yaotl.

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