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Chapitre 13


L'entrée du domaine est ravagée.

La terre a été retournée là où les bottes l'ont frappée, où les corps ont été projetés et se sont réceptionnés vaille que vaille – pour ceux qui l'ont fait et sont retournés au combat, s'entend. De larges étendues d'herbe ont été arrachées ne laissant plus que quelques cailloux et mottes de boue apparentes. Les arbustes et arbres alentour ont également souffert : des branches se sont rompues et des troncs ont été déformés sous l'impact des êtres surnaturels envoyés dans le décor.

Les fleurs ont été piétinées, des sillons informes sont tracés sur le sol, desquels des traces de sang ruissellent et forment ainsi un contraste saisissant avec la verdure persistante.

La désolation s'est abattue sur nos terres... mais bien plus encore sur les habitants. Le nombre de blessés est hallucinant, celui de morts, lui, est affligeant...

Alors que je marche en slalomant entre les débris naturels, je passe de corps en corps pour les inspecter et vérifier leur état, comme le font d'autres soldats alliés plus loin. Un important triage débute, les rescapés sont acheminés en urgence jusqu'au manoir où de nombreuses salles ont été libérées et transformées en infirmeries. Les morts, eux, sont rassemblés ensemble dans un premier temps et recouverts d'un linge ; nous nous occuperons de leur commémoration un peu plus tard, une fois qu'ils seront tous regroupés et identifiés.

On pourrait croire que notre longévité, notre statut de quasi immortels nous préserve de la vacuité et du tragique de la mort. Il n'en est rien. Comme l'avait expliqué mon père à Allan, la mort jalonne autant notre vie que celle des humains. Certes, moins souvent je dois bien l'admettre... Mais lorsqu'elle frappe à notre porte, c'est généralement pour en foudroyer plus d'un sur place. La mort nous fauche, nous emporte dans son giron et s'assure que ses causes ont été les plus dévastatrices possibles... comme c'est le cas aujourd'hui.

Nous ne sommes rien face à elle. Et son pouvoir absolu se lit aussi dans les yeux vides et éteints de nos pairs.

— Elle aussi est décédée, dis-je aux ramasseurs près de moi tout en fermant les paupières livides de la malheureuse sur son regard mort. Emmenons-la.

En silence, mes acolytes et moi-même soulevons la dépouille et l'apportons sur les rangées des macchabées. La sorcière est déposée délicatement puis habillée d'un linceul avant que je m'en détourne pour poursuivre ma mission.

Après la fuite de Jarlath et Allan, j'ai mis un temps infini à me ressaisir et à revenir ici. J'ai lutté contre mon envie impérieuse de les courser afin de ramener mon lié. J'ai gardé obstinément le regard porté au loin, à échafauder mille et une stratégies pour le rejoindre, quitte à y laisser ma peau en le tentant, jusqu'à ce que la raison l'emporte.

Je n'y serais jamais arrivée seule. Un pas vers Jarlath ou Allan aurait signé mon arrêt de mort avant même que je puisse dire « Ouf ». Les sbires de mon ennemi me seraient tombés dessus et m'auraient écharpée. Et Allan aurait alors été perdu à jamais...

J'ai renoncé, à contrecœur, mais je ne m'avoue pas vaincue pour autant. Ce qui s'est passé entre nous sur ce champ de bataille est une lueur d'espoir au goût d'inachevé. Et je ne peux pas passer outre. Je tiendrai ma promesse, je le ramènerai... Même s'il devait s'agir là de ma dernière action sur Terre.

Coûte que coûte.

— Eleuia ! m'appelle-t-on à quelques pas. On te cherche au manoir.

— Je viens.

Attrapant par la taille deux vampires amochés, je les aide à rentrer avec moi. Durant le trajet, leurs plaies les moins vilaines se referment, ce qui leur permet d'avancer un peu plus vite, jusqu'à ce qu'ils s'écroulent de fatigue sur des matelas de fortune dans un des salons.

— Dès que Louise aura fini de remettre l'épaule là-bas, elle viendra s'occuper de vous, les avertis-je après avoir fait un signe à la sorcière susnommée.

Je leur garantis que je repasserai les voir plus tard, puis je me dirige vers le hall et les escaliers principaux.

— Eleuia, m'interpelle alors Gillian sur les dernières marches. Tu vas bien ?

— Ça peut aller. Rien de cassé en tout cas, la rassuré-je tout en faisant rouler mes muscles pour vérifier mes dires.

— Ce sang sur toi ne t'appartient donc pas ? rebondit mon amie en me scrutant du regard.

— Je ne pense pas, soufflé-je, mes yeux posés sur mon abdomen et mes jambes tachés.

— Ton visage...

Mes doigts montent automatiquement dessus et reviennent poisseux, presque huileux, tant il y a eu de giclures.

— J'en ai tué plusieurs à mains nues et avec mes poings.

Elle hoche la tête en silence, soudain plus grave.

— C'était un carnage, Eleuia. Les pertes sont très lourdes.

— Plus de leur côté que du nôtre, contré-je en essuyant tant bien que mal mes paumes. D'après les premières estimations...

— Je sais ce qu'elles disent, me coupe sèchement la sorcière. Il n'empêche... Encore des morts...

— C'est la guerre, rétorqué-je à mon tour, la voix dure. Ce n'est ni la première ni la dernière que nous menons, toi et moi, malheureusement. Aucune guerre ne se déroule sans victime.

— Et tu considères celle-ci comme une réussite ? Parce que le nombre de disparus est « minime » ?

Ses prunelles émeraude lancent des éclairs tandis que ses bras se croisent sur sa poitrine en signe de rejet.

— Aucune guerre n'est une réussite, murmuré-je plus pour moi que pour elle. Mais certaines ont le pouvoir de faire renaître l'espoir...

— De quoi tu... ?

— Eleuia, nous interrompt un général berserker. Ton père t'attend avec ses conseillers. Ils tiennent une assemblée qui ne souffrira pas ton absence.

Le ton qu'il emploie me le fait très bien comprendre, oui... Et ses traits impénétrables marquent un peu plus cet ordre.

— Où sont-ils ?

— Dans la salle de verre.

Je retiens à temps une grimace sur mon visage. Pour tous les habitants du manoir, la salle de verre doit son nom aux immenses fenêtres qui l'encadrent en partie, et qui offrent ainsi une vue grandiose sur les bois et forêts des environs. En réalité, cette appellation est une sorte de code entre mon père et moi. Elle désigne toutes les affaires délicates et sensibles à traiter. Toutes celles qui sont aussi faillibles et fragiles que le verre.

Sans rien ajouter, j'emboite le pas au mastodonte et parcours la distance qui nous sépare des bureaux de Necahual, Gillian sur nos talons.

— Si ton père m'y autorise, je souhaiterais assister à cette réunion, m'informe cette dernière lorsque je me tourne de trois quarts vers elle.

Le silence retombe ensuite et n'est brisé qu'une fois que nous arpentons le couloir qui mène à notre point de chute. Des éclats de voix résonnent, plus ou moins intelligibles tant les inflexions se mêlent, et chaque nouvel écho crispe davantage mes épaules endolories.

Mâchoire verrouillée, j'avance la première jusqu'à la porte, me saisis des deux battants et les fais claquer contre les murs intérieurs de la salle.

Autant bien marquer le coup et faire comprendre mon humeur du moment...

Toutes les paires d'yeux présentes se braquent instantanément sur moi, et l'expression de leurs propriétaires passe de l'irritation à la consternation, voire au choc. J'ai le temps de les passer en revue un à un, notant ainsi qu'ils sont tous là, sans exception, avant qu'un cri de stupeur s'élève dans l'assemblée.

— Eleuia ! Bon sang, mais que t'est-il arrivé ?

Celui qui s'est exclamé, et levé par la même occasion comme d'autres autour de lui, est Cakulha, notre plus ancien ami et général, à mon père et moi. Il fait partie des derniers survivants de notre groupe originel, celui qui a pris racine à Pomoná.

— Mais la guerre, oneltzil* ! lui répliqué-je avec un rictus froid. Tout bêtement, la guerre.

— Tu ne penses pas qu'il aurait été plus correct d'effectuer un brin de toilette et de te changer avant de faire irruption ici ? m'apostrophe méchamment Tamara de l'autre côté de la table, l'une des conseillères directes de mon père.

— La vue du sang t'indispose, Tamy ? lui lancé-je, la tête penchée sur mon épaule. Quel calvaire ça doit être pour une mi-vampire, mi-berserker comme toi ! Mais pour répondre à ta question, sache que je n'ai pas eu le temps ou l'opportunité de faire ce que tu suggères, étant donné que j'étais en bas, parmi les décombres et les cadavres pour le triage. Là où je n'ai pas eu le plaisir de croiser un seul d'entre vous, d'ailleurs...

Mes prunelles acérées naviguent de faciès en faciès, leur transmettant ainsi tout le mépris que leur retraite m'inspire. Sitôt le combat terminé, ils se sont tous précipités ici plutôt que de rester sur place, avec le gros des troupes encore valides pour mener la suite des opérations, aussi peu glorieuses soient-elles.

Mais c'est tellement moins avantageux de se traîner dans la boue et le sang pour cataloguer les morts et les blessés... Tellement moins distingué et tellement plus salissant !

Au moins, une partie des conseillers et généraux a la décence de détourner le regard, étranglée par la honte. Ils savent qu'ils ont mal agi, qu'ils n'ont pas eu un comportement de chef jusqu'au bout. Quant à l'autre partie...

— Épargne-nous tes simagrées, Eleuia, renâcle Griffin, appuyé par le hochement de tête de ses voisins. Ce conseil devait se faire au plus vite. Nous ne pouvions pas nous éparpiller ailleurs...

— Oui, et vos « gens » se sont chargés de la sale besogne à votre place, ne vous en faites pas, rétorqué-je, acide, les poings serrés le long de mes flancs.

— Je ne pe...

— Paix !

La voix forte de Necahual nous interrompt dans cette engueulade que j'étais pourtant prête à mener jusqu'à l'explosion, malgré les coups d'œil d'avertissement de Gillian et d'autres amis. Mais avec l'ordre de mon père, j'inspire une bouffée d'air par le nez et referme ma bouche la seconde d'après. Griffin m'imite et se rassoit dans son siège, tandis que notre chef, lui, se redresse.

— Es-tu blessée ? me demande-t-il sur un ton plus bas et doux, alors que ses orbes marron me détaillent de bas en haut.

— Non, Père.

— Bien. Gillian, pourrais-tu aller chercher des serviettes pour ma fille ? Tu en trouveras à cet étage sans problème, dans l'une des pièces voisines.

L'interpellée acquiesce puis s'éclipse par la porte. Elle revient une minute plus tard avec un linge humide, une petite bassine et d'autres serviettes sèches. Je m'empare du tout, m'installe sur l'une des chaises vacantes, juste en face de Griffin et Conrad, et entreprends de me nettoyer en silence sans les lâcher du regard. L'un comme l'autre me décoche une œillade mauvaise en réponse.

— Sur quoi échangiez-vous avant mon arrivée ? me renseigné-je d'une manière faussement calme et détachée.

Pressentant que ce qui va suivre risque de mettre à mal mon self-control, je me focalise sur mes mains et les astique méticuleusement pour supprimer toute trace de sang et de chair dessus. Et pour les occuper aussi, afin que j'évite de les enserrer autour des cous qui me font face...

— Nous cherchions à débattre sur la meilleure approche à mettre en place, résume mon père avec le même ton de voix que moi, me faisant ainsi comprendre l'étendue de la tension et du trouble qui les habitent tous, à commencer par lui.

Mes phalanges blanchissent sur le chiffon qu'elles tiennent et suspendent un instant leur geste affairé. Ses mots signent le retour des hostilités parmi ses hôtes.

— Je répète qu'il nous faut mener une contre-attaque le plus vite possible ! s'écrie Dorian en tapant du poing sur la table.

— Avec quels soldats ? Les nôtres sont épuisés, au mieux. Et au pire...

— Il nous suffit de réunir les troupes des autres clans, Cakulha, intervient alors Eleanor. Le temps qu'ils nous rejoignent, nos soldats auront récupéré. Ils n'ont pas besoin de plus de trois jours pour cela, tu le sais bien.

— Physiquement parlant, peut-être. Mais moralement...

— Nous ne pouvons pas attendre qu'ils se remettent de ce point de vue-là. Si nous restons trop longtemps les bras croisés, Dieu sait ce qui pourrait encore nous tomber dessus !

— Sur nous, mais aussi sur les humains, surenchérit Kalon à ma gauche.

— Ils seront les prochaines cibles, se désole Richard.

— Les soldats de Jarlath vont vouloir reprendre des forces... Ils vont certainement attaquer des hommes à proximité, réfléchit Eleanor tout haut.

— C'est pourquoi nous ne pouvons pas attendre pour une contre-attaque ! Nos pairs et les humains risquent gros. Il faut en finir à présent.

— Et ça passe par l'élimination des recrues les plus imposantes de Jarlath, conclut Conrad sans dévier ses orbes irascibles des miens.

Tandis que Griffin lui souffle un « Bien dit ! » en tapotant son épaule, mon lieutenant esquisse un sourire vil qui me reste en travers de la gorge et me pousse à la riposte immédiate.

— Si n'importe lequel d'entre vous approche Allan, je l'écraserai.

Les quelques acquiescements qu'avait suscité l'intervention de Conrad meurent dans l'œuf. Tous les regards convergent sur moi, comme à mon arrivée, mais cette fois, l'acrimonie prime sur tout autre sentiment.

— Qu'est-ce que tu viens de dire, Eleuia ? gronde Tamara, ulcérée.

— J'ai dit que je vous écraserai. Je vous égorgerai. Je vous arracherai vos tripes. Je romprai un à un tous vos os. Et pour faire bonne mesure, à la fin, je vous réduirai en cendres, annoncé-je, mes yeux dans les yeux de mon vis-à-vis.

Ce dernier se rembrunit au moment où des hoquets outrés et de réprimande font le tour de la table. Je me détourne de mon lieutenant pour étudier les autres, l'air inflexible et déterminé.

— Vous n'étiez pas tous présents pour entendre ma mise en garde passée. Alors pour tout le monde, même pour ceux qui devaient pourtant savoir à quoi s'en tenir mais ne m'ont visiblement pas prise au sérieux, je vais clarifier une dernière fois les choses...

— Eleuia..., veut s'interposer mon père alors que je me lève.

— Ne. Vous. Approchez. Pas. D'Allan. Ford., martelé-je chaque mot sur un ton brutal et réfrigérant. Si je vois l'un de vous ou de vos soldats tenter de le faire tomber, je n'aurai aucun scrupule à vous tuer. L'amitié, les alliances, notre bonne entente ne compteront plus à ce moment-là.

La température semble avoir chuté de dix degrés pendant mon bref laïus, et les têtes horrifiées de mes voisins m'apprennent bien vite que j'ai fait mouche. Tous ont conscience de qui je suis et de ce dont je suis capable de faire, avec ou sans arme au poing. Je maîtrise l'art de la guerre et de la torture depuis bien des siècles... mais cela fait bientôt mille huit cents ans que je suis sur Terre et que j'excelle dans la bestialité et la sauvagerie. Je suis une meurtrière, plus sanguinaire et féroce que la majorité des conseillers dans cette salle. J'ai tué plus que mon frère ou mon père, et pas toujours pour des causes « nobles » ou « louables »... Mes premiers pas en tant que vampire ont développé mes penchants obscurs, ce qui a donné lieu à des épisodes barbares de tueries et autres massacres. Ils sont restés dans les mémoires, gravés au fer rouge sur mon aura.

Quand j'affirme que je dépècerai ou viviséquerai quiconque s'en prendra à mon lié, c'est parce que je sais exactement comment m'y prendre pour le faire. Ce sont loin d'être des paroles en l'air dans le seul but d'effrayer ou de dissuader. Ils le savent ; nous le savons tous.

— Notre ennemi est Jarlath. C'est lui le seul responsable de cette déchéance, reprends-je en rompant le lourd silence que j'ai créé. C'est à cause de lui si nous souffrons aujourd'hui. C'est à cause de lui si des êtres chers nous sont pris, et ce depuis des années ! C'est à lui qu'il faut en vouloir, à lui qu'il faut s'en prendre en priorité.

Mes prunelles échouent dans celles peuplées d'ombres et de larmes contenues de Gillian. Elle ne se soustrait pas à moi, ce qui m'encourage à poursuivre.

— Nous devons éliminer le chef suprême de cette mégalomanie, éliminer la souche même du mal afin d'éviter sa prolifération.

— Facile à dire ! Les membres de sa garde rapprochée comptent parmi les plus talentueux et redoutables surnaturels du pays, objecte Griffin, les bras croisés sur son torse et la mine revêche.

— Et son nouveau joujou lobotomisé en fait partie, ajoute Conrad, sardonique.

— Je m'en charge, assuré-je sèchement. Je m'occuperai d'Allan et du reste de la garde s'il le faut.

— Et on pourrait savoir de quelle façon tu comptes t'y prendre ? persifle le vampire.

— Qu'est-ce que ça peut faire ? me rebiffé-je en perdant un peu de mon sang froid. Peu importe la manière, du moment que le champ devient libre pour accéder à Jarlath et le tuer ! Une fois qu'il sera tombé, il n'y aura plus qu'à s'occuper de ceux tentés de le venger puis de mettre en déroute le reste de l'armée qui tiendra avant tout à sauver sa peau.

— Qu'est-ce qui nous garantit que l'armée complète ne cherchera pas vengeance ?

— Après que leur guide ait disparu ? Après que leur figure de proue, leur modèle absolu et vénéré soit mort ? rétorqué-je de manière rhétorique. Quand elles perdent leur chef, les troupes sont déstabilisées, hautement fragilisées, alors que leurs opposants, eux, sont toujours forts et téméraires, voire galvanisés. Elles se replient, s'éloignent le plus loin possible de leurs ennemis. Elles s'échappent, pansent leurs blessures à l'abri, puis se dissolvent. S'il n'y a plus de leader assez charismatique pour les mener et leur dire quoi faire, elles ne font plus long feu. Elles préfèrent s'éteindre.

— Il peut y en avoir d'autres, des leaders, glisse Richard, attirant mon attention sur lui et sur le hochement de tête de Béatrice, sa voisine.

— C'est bien pour cela que je dis qu'il faut liquider les personnes les plus proches de Jarlath. Ce sont elles qui seraient susceptibles de reprendre le flambeau et de savoir au mieux rallier les anciens adeptes du chef. Mais si elles non plus ne sont plus là...

Je ne finis pas ma phrase pour laisser mes paroles faire leur cheminement. Les conseillers et généraux qui m'entourent les méditent, réfléchissent à leur portée, et si certains semblent encore très dubitatifs et indécis, j'entraperçois une lueur de réel intérêt chez d'autres.

— Ce que tu suggères ne nous protège pas complètement d'éventuelles représailles à l'avenir..., souffle la voix hésitante de Frederic.

— Rien ne pourra jamais le faire. De même, rien ne peut nous préserver non plus d'un nouvel adversaire de la même trempe que Jarlath, qui désirera lui aussi nous détruire pour x raisons. Demain comme dans une décennie, un homme, une femme, ou un peuple entier pourrait nous envahir et nous forcer à lutter à nouveau, argué-je avec conviction.

Plusieurs murmures approbateurs s'élèvent. Chaque surnaturel présent sait à quel point mes dires sont vrais. Des ennemis, nous en avons tous eus à travers les époques, et les jeux de pouvoir et de territorialité ne sont pas près de finir sous prétexte qu'un seul d'entre eux va périr.

— Nous ne pouvons pas savoir d'où viendra la prochaine menace et sous quelle forme elle se matérialisera. Mais ce que je vous propose aujourd'hui, c'est de mettre fin à celle qui pèse sur nous comme une épée de Damoclès depuis trop longtemps. Ce que je vous propose, c'est de reléguer le règne de la terreur de ce mégalomane aux oubliettes. Ce que je vous propose, c'est de nous assurer que ce danger-là n'aura plus aucune emprise sur nous et nos proches.

Nouvelle manifestation d'adhésion, cette fois-ci plus puissante et flagrante. Les généraux opinent du chef, lancent des oui forts et distincts. Ils acquiescent, s'accordent avec ferveur à mes intentions. En scannant leur visage, je ne manque pas le sourire fier et soulagé de mon père en bout de table, ni l'étincelle résolue dans les iris verts de ma meilleure amie. Je m'autorise un rictus enjoué devant l'expression renfrognée et déçue de Conrad et Griffin lorsqu'ils comprennent que j'ai réussi à rallier l'assemblée à ma cause.

Jeu, set et match, espèce d'abrutis !

Une chaleur brute et revigorante m'assaille et me gorge d'une énergie sans pareille, alors que j'appose mes deux poings serrés sur la table. Grisée et transportée par ma combattivité, je penche mon buste en avant, laisse mon regard acéré s'égarer sur les traits plus confiants de mes camarades, et lance d'une voix irréductible :

— Alors, qui est avec moi ?


*« Ami » en maya dans le texte

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