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Chapitre 31

Depuis que je suis en âge de m'intéresser aux relations hommes/femmes, – un âge tardif dans mon cas –, je n'en ai vécu que trois.

La première a eu lieu à la fin de mes années lycée. Elle s'appelait Kristen et, malheureusement pour nous deux, notre brève histoire a été catastrophique. Nous sommes restés ensemble quatre mois et notre première fois désastreuse a signé notre perte. Nous avons été... très maladroits, incapables de nous satisfaire un tant soit peu pour cette première vraie expérience. J'en ris volontiers aujourd'hui, mais à l'époque je m'étais senti minable. Je ne comprenais pas encore que ce genre de choses est courant, que rater sa première fois n'est pas dramatique et ne présage pas que toutes les autres à venir le seront tout autant.

Mes deux autres relations, je les ai vécues à la fac, puis lors de mes débuts dans le monde professionnel. Deborah et Quinn. Nos idylles ont été simples, faciles à vivre et à contenter. J'ai nourri un petit attachement, une certaine tendresse pour l'une et l'autre, à plusieurs années d'intervalles. J'ai fait un petit bout de chemin avec chacune d'elles, passé de bons moments et connu les premières vraies joies du sexe avec elles. C'étaient des femmes gentilles et drôles. Elles se ressemblaient, tant physiquement que caractériellement. Ma relation avec Quinn a duré un peu plus longtemps que celle avec Deborah – près d'un an ensemble – mais, au final, nous n'avons pas su faire tenir nos couples.

Je me sentais assez bien avec elles, mais je n'en ne suis pas tombé amoureux. Je n'éprouvais pas de sentiments assez forts pour l'une ou l'autre. Je ne nous voyais pas un avenir commun et durable dans ces conditions. C'était d'autant plus vrai avec Deborah, laquelle a été à l'origine de notre rupture, quand j'avais une petite vingtaine d'années et que je finissais mon cursus universitaire. Concernant Quinn, cela fait presque deux ans que nous nous sommes séparés ; j'ai été l'instigateur de notre séparation, cette fois-là. J'ai préféré couper-court à quelque chose qui, je le sentais, n'aboutirait jamais à plus... d'investissement de mon côté. Mon attachement n'était pas assez fort, pas assez profond. Et cela était en partie dû à ma nature de surnaturel, celle qui rejetait mes relations avec le seul genre humain et recherchait plutôt la compagnie de mes semblables, je l'ai compris aujourd'hui.

Je n'ai pas su aimer ces femmes... Parce que j'étais clairement destiné à en aimer une autre. Une femme qui surpassait toutes mes attentes, tous mes rêves et de loin.

Allongé dans mon lit, plongé dans un demi-sommeil, je me repasse les moments langoureux que j'ai partagés toute la nuit avec Eleuia. Je revis nos baisers, nos caresses, le son de ses halètements et cris pendant l'orgasme, son toucher sur ma peau... Je me suis abandonné à elle, et elle à moi. Notre lien a mis en exergue ce que nous étions, tout ce que nous désirions être pour l'autre, et tout ce que nous voulions obtenir de l'autre.

Dans mon cas, les choses n'ont jamais été aussi claires que maintenant : je veux être le seul compagnon de sa vie. Je veux être chaque jour à ses côtés et lui prouver que je suis à la hauteur. Je n'aspire qu'à être digne d'elle, lui montrer toute l'étendue de mon désir et de mes sentiments pour elle.

Eleuia m'a rendu fou. Fou de sa peau, de son odeur et de son goût. Obsédé de ses yeux noirs, de son corps et de sa chaleur. Ivre de sa douceur, de son éclat et de sa beauté. Je perds la tête en l'entendant rire, en la voyant se cambrer sur ou sous moi et en la sentant se lover contre moi après l'amour.

Cette nuit, chaque fibre de mon être a vibré à l'unisson du sien, et ces sensations au goût de paradis nous ont propulsés plus d'une fois vers ce dernier. Elles ont été accompagnées par toutes ces choses que j'ai apprises et découvertes au fil des mois sur son compte. Les facettes d'Eleuia que je connais, celles de la guerrière, de l'hybride, de la femme forte, de la battante, ou encore de la femme au tempérament sûr, se sont ajoutées à des nouvelles en cours de nuit, comme celles de l'amante voluptueuse et de la femme éperdue de désir pour moi. Et elles me font toutes le même effet démentiel.

Eleuia est ma liée, la seule qui me fera éprouver tous ces sentiments puissants qui m'étaient inconnus jusqu'alors. J' aimerais en faire de même pour elle, pouvoir lui faire connaître le même degré de félicité qui me saisit depuis hier. Alors, pour m'y aider, à l'instant où j'ouvrirai les yeux, je lui offrirai mon cœur en plus de mon corps et de mon âme.

Les poings serrés et un peu tremblants sur les draps, j'inspire en chassant au mieux la boule de peur qui se forme dans ma gorge, et pose mon regard sur l'autre oreiller près de moi. Aucune tête n'y repose cependant. Je me redresse, sans pouvoir réfréner une petite grimace de douleur dès que quelques courbatures tardives s'éveillent et pulsent dans mon corps. Je balaye la pièce du regard. En dehors d'une partie des draps qui se retrouve par terre à tenir compagnie à mes vêtements jetés pêle-mêle, nulle trace de la présence d'Eleuia. Je souffle bruyamment et retiens un juron sonore. Trop obnubilé par mes pensées et songes, je n'ai pas remarqué plus tôt son étrange absence.

Une main passée dans mes cheveux en bataille, je sens une montée de panique m'étreindre. Aurait-elle pris une nouvelle fois la fuite ? Serait-elle encore capable de le faire après ce que nous avons partagé cette nuit ?

Une partie de moi se nécrose sur elle-même. Si j'avais l'impression d'étouffer, de suffoquer lorsqu'Eleuia était au loin avant que notre lien ne soit renforcé, aujourd'hui, je risque fort de me flétrir et d'être réduit en lambeaux.

Où est-elle allée ? Pourquoi est-elle partie ?

Elle ne peut pas nous faire ça. Pas encore. Pas après ce que nous avons vécu ensemble...

Aux portes de l'affolement, je me relève complètement, attrape quelques pièces de tissu pour m'habiller et courir après Eleuia, mais un grincement sur ma gauche m'interrompt à mi-chemin. C'est elle ! Ma liée entre dans ma chambre, sans détacher son regard sombre du mien, et referme bien la porte derrière elle.

— Je pensais revenir avant que tu te réveilles, chuchote-t-elle à mon intention.

— Où es-tu allée ?

— Dans ma chambre afin de me laver et d'enfiler une tenue propre, répond-elle avec calme en repoussant en arrière une mèche de cheveux encore humide.

Je la regarde marcher vers moi, ses longues jambes recouvertes par l'un de ses pantalons fétiches, ses hanches fines superbement redessinées par la ceinture à la boucle métallique qui les saille, et ses seins ronds cachés sous l'étoffe vaporeuse d'un haut que je ne l'ai jamais vue porter. Elle est magnifique.

— Tu aurais pu rester, tu sais. Je n'aurais pas vu d'inconvénient à ce que tu reportes les mêmes fringues qu'hier. Tu aurais même pu ne rien porter du tout pendant que nous restions toi et moi dans ce lit, ça aurait été encore mieux, lui fais-je part en attrapant sa main pour venir la coller à mon buste nu.

Un sourire espiègle orne ses lèvres que j'ai envie de me réapproprier.

— Ça n'aurait pas été très raisonnable, me rétorque ma belle brune, ses doigts chauds plaqués sur mon torse. Il est déjà midi passé.

— Ça m'est égal. Je voulais me réveiller avec toi et prolonger ce moment qui n'appartient qu'à nous.

Je ponctue mon aveu d'un baiser souple et léger sur sa bouche. Je vois ses prunelles s'écarquiller un petit peu avant qu'elle réponde avec la même douceur à mon baiser. Ma franchise l'étonne, elle ne pensait pas que je continuerais à être aussi direct et honnête avec elle quant à mes désirs et pensées. Eleuia a été beaucoup plus habituée à ma réserve et à mon silence qu'à cette attitude plus libérée. Or, je ne me voyais pas me comporter autrement : après notre mise au point de la veille, puis nos étreintes sans pudeur dans ce lit, il était inenvisageable que je me montre à nouveau si... timide avec elle. Cette nuit a tout changé entre nous, et je l'ai visiblement mieux intégré que ma compagne pour le moment.

Je me sépare de ses lèvres au goût si exquis et replonge avec extase dans l'éclat envoûtant de ses iris.

— Tu es sublime. Tu m'as manqué au réveil.

— Désolée. Tu dormais profondément lorsque je suis partie, je ne voulais pas te réveiller, me dit ma liée, le menton bien haut pour me regarder en face.

— Mmh... J'ai pourtant souvenir que mon sommeil de plomb ne t'a pas retenue de me réveiller une ou deux fois durant la nuit..., lui rappelé-je d'une voix chaude et basse sans arrêter de toucher son visage.

Ses joues chauffent légèrement sous la pulpe de mes doigts, et un sourire en coin lui échappe à cette mention coquine. Je lui retourne son rictus en me remémorant le cheminement de sa bouche brûlante sur mon corps, et les baisers plus appuyés qu'elle y laissait et qui m'ont sorti du sommeil au moment où ils se concentraient sur mon aine. Eleuia avait pris son temps, s'appliquant à apposer sa langue et ses doigts jusqu'à me faire décoller du lit. Après cela, nous sommes restés éveillés un moment encore, et chaque bruit, chaque mouvement que nous faisions l'un dans l'autre ont contribué à notre implosion enfiévrée.

Un peu étourdi par la puissance de ces souvenirs, je me penche sur ses lèvres pour retrouver leur douceur bouleversante. La belle jeune femme sous moi se hisse un peu plus haut pour approfondir la délicieuse danse de nos lèvres, et son empressement fait écho à l'ardeur électrique qui circule en moi. Une de mes mains va se plaquer sur sa taille pour la rapprocher, jusqu'à ce qu'elle sente mon corps nu et au garde-à-vous frôler son ventre. Elle se raidit immédiatement à ce contact, puis se colle davantage, disposée à se fondre en moi. Ses doigts viennent crocheter ma nuque, souder nos visages l'un à l'autre, tandis que ma langue sort l'embrasser à son tour. Son goût délicat envahit ma bouche, déclenche un nouvel incendie bienvenu dans mes entrailles. Elle me fait déjà tourner la tête ; un simple baiser suffit.

La paume pressée sur ses reins, j'envahis sa bouche, me délecte de la saveur sucrée de sa peau et de ses petits soupirs étranglés qui trahissent son désir pour moi. Son buste se presse contre le mien, sa poitrine s'y écrase et me distrait presque du reste de notre étreinte. Je les sens lourds, fermes, réclamant mon attention. Les mains d'Eleuia tirent sur mes cheveux, comme indécise elle aussi de ce qu'elle désire pour la suite. Son envie de me voir m'occuper d'elle est aussi grande que la mienne, mais le plaisir qu'elle tire de ce baiser la comble d'un autre côté et la plonge dans le même état de contentement que moi. Nous pourrions continuer ainsi des heures comme passer à la vitesse supérieure, ces deux options nous rendraient aussi fébriles et exaltés que maintenant.

Je mordille ses lèves suaves, réprime à grande peine un grondement de plaisir en la sentant me rendre la pareille. Puis, lorsque mon envie de la faire mienne et de l'entendre crier mon nom devient plus forte, je desserre mon étreinte et recherche l'air qui me manque. Ma liée soupire et garde ses doigts enfoncés dans ma tête, afin de m'empêcher de trop m'éloigner d'elle.

— Tu n'aurais pas dû partir. Je ne te laisserai pas faire la prochaine fois, lui soufflé-je entre deux inspirations sifflantes.

— Je n'aurais pas dû partir.

Elle répète mes mots sans s'en rendre compte, encore un peu pantelante, ce qui dessine un autre sourire sur mon visage. Je plante un nouveau baiser sur ses lèvres, puis plus loin sur sa joue avant d'attraper sa main.

— Je dois aller prendre une douche, tu m'accompagnes ?

— J'en ai déjà pris une, j'en sors même, rétorque-t-elle, les sourcils froncés.

Je porte ses doigts à mes lèvres pour les embrasser lentement, et la seconde d'après, son air confus disparaît.

— Et alors ? Tu pourrais très bien en prendre une deuxième et me laisser m'occuper de toi.

Ma bouche remonte sur sa main, effleure son poignet, trace une ligne de feu sur son avant-bras puis s'arrête sur son épaule pour la picorer.

— Je suis sûr que tu as besoin d'attention et d'un moment relaxant, murmuré-je entre deux baisers sur sa peau dénudée. Tu dois avoir quelques marques et autres courbatures persistantes que je me ferai un plaisir d'apaiser.

— Quelque chose me dit que si je viens avec toi, la douche ne sera pas aussi reposante que tu le prétends, contrattaque-t-elle sur un ton aussi vibrant que le mien.

Je dégage les mèches qui entravent l'accès à son cou, puis applique ma bouche et ma langue sur la chair de poule qui la fait frissonner.

— C'est mal me connaître, Eleuia. Je peux te garantir que cette douche te fera le plus grand bien...

Son pouls bat plus fort et devient visible lorsqu'elle bascule la tête sur le côté. Elle halète en sentant la caresse de mes lèvres se poursuivre, puis ses yeux se révulsent dans leurs orbites lorsque je laisse mes dents venir jouer sur sa peau. Enhardi, j'attrape les boutons de son haut et en fais sauter quelques-uns sous mes doigts, libérant ainsi peu à peu sa poitrine gonflée.

— Allan...

Je garde mes lèvres rivées à la peau chaude de sa mâchoire tandis que j'écarte le tissu de ses seins.

— Allan, attends. S'il te plaît...

Ses mains agrippent mes poignets pour tenter d'attirer mon attention. Avec un soupir de déception, je m'écarte de sa pommette, résiste à mon envie de plonger ma bouche en piqué sur la sienne, et croise ses prunelles fauves. Sa poitrine engoncée dans son soutien-gorge se lève et s'abaisse à toute vitesse contre mon torse brûlant, menaçant à tout moment de me faire craquer.

— Quelque chose ne va pas ? l'interrogé-je en portant la main à sa joue.

Par réflexe, sa tête s'incline sur ma paume et ses paupières papillonnent lorsque mon pouce effectue des cercles doux.

— Je... je crois...

La guerrière ferme les yeux et inspire par le nez pour se recentrer.

— Il faudrait que l'on parle, toi et moi, dit-elle après une pause, ses iris sombres à nouveau dans les miens. Je pense que c'est important que l'on parle...

Il y a tant d'hésitation et de confusion dans ses mots que je fais un pas en arrière pour la dévisager plus intensément.

— Qu'est-ce qui se passe, Eleuia ? Je ne comprends pas...

— Je m'étais jurée ce matin, en me levant, que je ferais preuve d'un peu plus de sang-froid avec toi, et au lieu de cela, il ne m'a pas fallu cinq minutes pour être prête à te sauter dessus à nouveau, s'agace-t-elle soudain.

Si je ne la sentais pas aussi tendue et préoccupée, je m'autoriserais un petit sourire heureux. Mais l'heure n'est pas à la taquinerie. Ma liée appréhende la suite de notre discussion, et les raisons ne me sont pas claires : elle a remonté ses barrières internes durant la nuit, et même notre lien ne me permet pas de venir à bout des loquets scellés. Eleuia est une créature bien plus vieille que moi qui a toujours su contrôler ses émotions et ses débordements ; ce n'est donc pas demain la veille que j'accèderai en illimité à sa psyché.

Alors, tout ce que je peux faire pour tenter de lire en elle, c'est observer ses postures et expressions. Et plus je m'attelle à cet exercice, plus je deviens doué pour la comprendre – et les quelques indications instinctives et sensorielles que m'envoie notre lien par moments m'aiguillent sur la bonne piste. Là, tout de suite, je peux assurer que, malgré ses traits lisses et son regard franc, sa nervosité profonde n'est pas loin. Son cœur bat plus vite, le rouge de la gêne monte à ses joues, ses mains dans le dos cachent leurs faibles tremblements, et ses lèvres sont légèrement pincées. Elle est sur le point de dire quelque chose que je vais juger désagréable et elle le redoute. Ça n'augure rien de bon...

— Tu... voudrais bien que l'on s'asseye sur le lit ?

J'acquiesce et m'exécute en silence, sans la lâcher du regard. Un long soupir qu'elle veut discret grâce au bruit du sommier, quitte ses lèvres, mais mes oreilles hypersensibles le perçoivent à la perfection. Mes poils se hérissent sur ma nuque et mon rythme cardiaque s'emballe un peu.

Eleuia s'installe à mon côté, détourne ses yeux couleur charbon des miens, et les garde obstinément fixés sur le sol un long moment. C'est donc quelque chose de très grave.

— Je t'écoute, finis-je par souffler après un silence pesant. Qu'as-tu à me dire ?

Ma liée redresse la tête, cherche le courage nécessaire d'aller plus loin en se replongeant dans mes orbes alertes, puis reprend la parole.

— Je voudrais mettre au clair ce qui s'est passé entre nous, cette nuit. Ce qui se passe toujours entre nous et qui vibre dans l'air qui nous sépare.

Sa main balaye l'espace entre son corps et le mien pour souligner les vibrations ténues que nous ressentons tous les deux. Dans le même temps, de nouvelles vibrations, beaucoup moins agréables, me saisissent de toutes parts à l'intérieur.

— Nous avons couché ensemble plus d'une fois. Notre lien s'est renforcé. Et nous en redemandons encore, résumé-je la situation en veillant à ne pas m'impliquer émotionnellement parlant.

Je ne lui dis pas que nous avons fait l'amour. Je ne lui dis pas que je l'aime et qu'il n'y avait donc pas que notre désir viscéral l'un pour l'autre qui est entré en jeu cette nuit. Elle n'était pas prête à l'entendre il y a quelques heures, et elle ne l'est toujours pas maintenant...

Eleuia opine et mordille une seconde sa lèvre inférieure.

— C'est ça, oui... Nous avons pris beaucoup de plaisir, et crois-moi quand je t'assure que je ne veux pas que ça s'arrête.

Je la détaille dans l'attente de la suite. Ses prunelles rencontrent les miennes et j'y lis de la sincérité en plus d'un sentiment plus négatif, d'une sorte d'ombre et de retenue qui me taraude l'esprit.

— Mais ? relancé-je en camouflant ma détresse, parce qu'il s'agit forcément de ce genre de discussion à base de « Un pas en avant, trois pas en arrière ».

— Mais je ne voudrais pas que tu croies que c'est plus que ça, termine Eleuia, un minimum d'aplomb retrouvé une fois sa bombe lâchée.

Je me fige, les yeux ronds et la respiration plus laborieuse qu'avant. Elle l'a dit. Elle l'a vraiment dit... Elle a vraiment fait ça. Fait ces fameux nouveaux trois pas en arrière.

Encore une fois.

Le choc n'est pas si grand dans le fond, mais la douleur, elle, si. Elle me glace de l'intérieur, s'étend pour rigidifier tous mes membres. Le bloc de glace qui enveloppe mon cœur pèse une tonne dans ma poitrine. Le froid mordant qui s'installe dans mon être est omniprésent, au point qu'il en deviendrait presque brûlant. Il va me nécroser, ronger mes muscles, mes tendons, mes terminaisons nerveuses... Il risque à tout moment de me faire disjoncter ou de me faire hurler à tue-tête, tant il me ravage de l'intérieur.

Ma transformation en statue n'a pas échappé à ma liée qui se rapproche de moi et grimpe sur mes genoux pour venir encadrer mon visage gelé de ses doigts tièdes. Cette entreprise a au moins le mérite de me détourner un instant de cette congère interne. Je capte la lueur vive et brillante dans le regard d'Eleuia et m'y raccroche afin de me reconnecter à ce qui ne constitue pas ma déchéance.

— Écoute, Allan... Ce que l'on a partagé cette nuit était incroyable, fabuleux. Et comme toi, je ne suis pas disposée à y renoncer, je te l'assure ! Mais je ne voudrais pas que ça aille trop vite, que tu te figures que désormais, toi et moi, nous sommes... plus.

Ses mots m'égarent, me font l'effet de coups de pic à glace enfoncés dans le bloc qui me sert de cœur.

— Je ne veux pas te blesser, poursuit la brune en caressant fébrilement mes joues et mes pommettes. Mais je ne veux pas te mentir non plus. J'aimerais que l'on continue de se retrouver comme hier, que l'on se fasse du bien. Je voudrais te laisser profiter de moi, de ce que j'ai à t'offrir, et moi que je profite de ce que tu as à m'offrir. En clair, notre sang, notre corps avant toute autre chose.

Je ne bronche pas et la laisse continuer à me briser de l'intérieur. Ses mains, passées sur l'arrière de ma tête, serrent entre elles mes mèches de cheveux, tandis que son buste chaud et toujours en partie dénudé se colle au mien.

— Toi comme moi, nous n'arriverons plus à nous passer de l'autre désormais. Tu l'as dit toi-même, nous en redemandons. Nous voulons continuer à nous perdre l'un dans l'autre... Et je ne veux pas lutter contre cette envie. Je n'en ai ni la force ni la volonté.

Ses lèvres embrassent ma tempe, le coin de mon œil, puis ma mâchoire avant de se soustraire à ma peau.

— Il y a une partie de moi toutefois qui tient aussi à te connaître un peu mieux, qui ne veut pas que se contenter d'instants charnels, me confie la vampire dans un chuchotis qui fait fondre une petite parcelle de givre. Et j'ai aussi envie de l'écouter, de la satisfaire... seulement, je ne veux pas que ce que nous vivons aille au-delà de quelques petites confessions sur l'oreiller. Je ne veux pas que tu croies que ce que j'ai à te proposer constituera une relation sérieuse et... amoureuse.

Des petites confessions sur l'oreiller... De tout son discours, étrangement, c'est ce point-ci qui me dérange le plus. Comme si ce que nous vivions devait rester dans la gamme « léger et marrant »... Comme si nous ne nous attachions pas déjà.

Je lâche la jeune femme du regard et lutte contre la profonde amertume qui me saisit.

Si je suis parfaitement honnête à mon tour, je ne peux nier que je me doutais qu'Eleuia n'allait pas assumer à cent pour cent ce qui s'est passé. Je commence à bien la connaître, et je ne pouvais pas m'attendre à ce qu'elle me propose une relation basée sur des sentiments amoureux. Pas alors qu'elle n'en éprouve pas vraiment à mon égard ou bien qu'elle n'en a pas conscience. Même si je rêve que ma liée veuille autant que moi d'une vraie relation, je ne peux pas me voiler la face pour autant.

Mais nous retrouver dans des coins sombres et à l'abri des regards pour faire notre petite affaire, et de temps en temps lâcher une information sur nous-mêmes entre deux séances d'habillage ou de déshabillage, ne correspond pas non plus à ma vision des choses. Je ne veux pas de quelque chose de juste « léger et marrant ». Je ne veux pas être son défouloir et elle le mien. Je veux un peu plus d'authenticité dans ce que nous partageons. Un peu plus de profondeur...

Plus nous nous intéresserons à l'autre en passant du temps ensemble, plus nos sentiments – les siens surtout – auront des chances de se développer, de s'étoffer. Eleuia ne sera jamais une fille comme les autres pour moi, mais je veux pouvoir m'assurer que je ne serai pas un garçon comme les autres pour elle. Ça me détruirait si c'était le cas...

Les yeux clos et la respiration lourde, j'en suis là dans mes réflexions et constate avec appréhension qu'Eleuia et moi sommes dans une impasse. Nous ne sommes pas prêts pour les mêmes choses, et nous apprenons tout juste à communiquer ensemble, alors comment faire pour trouver un compromis ? Comment faire pour ne pas la faire fuir ?

L'hybride sur mes genoux sent toute la tension et la détresse qui m'enveloppent et font tambouriner mon cœur trop fort dans ma poitrine. Elle perçoit ma lutte interne et se penche plus près encore, ses lèvres fougueuses parcourant mes traits tendus.

— Je ne veux pas renoncer à toi, Allan, chuchote-t-elle de sa voix onctueuse. S'il te plaît... Essayons comme ça. Essayons ce que je te propose. Et voyons ce que ça donne.

Sa voix vibre de ferveur lorsqu'elle poursuit ses suppliques, glisse comme une plume sur moi et en moi. Son corps chaud accapare mes sens, sa bouche délicate ravive le courant électrique dans mes veines. Elle me fait l'amour avec ses mots, avec ses requêtes déchirantes, et n'attend plus que ma réédition pour être contentée à nouveau.

— S'il te plaît... Je veux pouvoir encore te toucher comme je l'ai fait cette nuit et le refais maintenant. Je veux sentir ta force et ta chaleur se répandre en moi et ne faire plus qu'un avec les miennes. Je veux que l'entièreté de ton être entre en communion avec le mien.

Les doigts crispés sur sa taille, je respire plus vite et plus fort à chaque nouvelle parole qu'elle formule à voix basse. Toute l'ardeur qu'elle y met m'électrise, me fait oublier petit à petit mes réticences à lui céder. Elle bouge doucement sur moi, ondule ses hanches sous mes mains et joint son souffle de plus en plus heurté au mien.

— Je veux que tu me prennes avec force, avec douceur, avec brutalité... mais toujours avec le même abandon, avec la même passion. Je veux pouvoir diriger parfois, et te laisser me mener à l'orgasme à chaque fois. Je te jure que j'en ferai autant pour toi.

Ses promesses murmurées détaillent encore durant quelques minutes toutes les choses qu'elle rêve de faire, tout ce qu'elle prévoit pour nous deux. Nos corps réagissent, se tendent et imitent les gestes qu'elle évoque. Mon excitation rendue à son comble, Eleuia lâche un gémissement brut lorsque mon sexe dénudé pointe entre nous et caresse son bas-ventre gainé de cuir. Ses ongles se plantent dans mes cuisses, à quelques centimètres de ma verge qui réclame toute son attention, et une fois bien accrochée, ses mouvements de balancier reprennent de plus belle. Je grogne, glapis à chaque va-et-vient lubrique qu'elle effectue et ne résiste donc pas à mon besoin d'aller à sa rencontre. Mon sexe dressé frotte furieusement contre son pantalon serré. Décidé à aller jusqu'au bout avec elle, je l'accompagne dans ses poussées frémissantes. Son dos part en arrière, sa poitrine ronde, elle, se porte en avant et menace de s'échapper à tout moment de son soutien-gorge bleu roi. La tête rejetée et les paupières crispées, Eleuia poursuit ses efforts, et je suis hypnotisé par l'intensité qu'elle dégage et nourrit en moi.

— Oh, bon sang... Je suis sur le point de jouir alors que tu n'es même pas en moi, lâche-t-elle en rouvrant ses prunelles incendiaires sur moi. Et que je suis toute habillée.

Ses yeux aux pupilles dilatées s'écarquillent de surprise. Ce n'est que pure folie. Ce qui se passe entre nous, à chaque fois que nos peaux entrent en contact et que notre lien s'anime, n'est que pure folie et abandon. Je doute que je me lasserai un jour de tout ça, de tout ce qu'elle me provoque... et de la regarder, elle, si belle et si parfaite en train de remuer jusqu'à l'extase en invoquant mon nom.

Les mouvements de ma liée ralentissent, ses bras se déplacent plus haut sur mon corps pour venir m'enlacer plus sagement. Elle pousse un faible soupir tandis que je remonte son menton vers moi pour presser ma bouche sur la sienne. Du bout de la langue, je prends possession de ses lèvres, de son souffle saccadé, anéantissant au passage les ultimes réserves qui m'habitaient encore. Parce que tout n'est que folie et déraison entre Eleuia et moi. Et que ces deux poisons aux saveurs d'Éden me poussent à les laisser s'infiltrer en moi jusqu'à la moelle. Aussi efficacement que ce qu'a déjà accompli la vampire.

Eleuia gémit un peu et ramène ses mains douces dans ma tignasse désordonnée, avant de se détacher de mes lèvres.

— Pardon. Je me suis laissée emporter, murmure-t-elle, les joues roses.

— J'aime beaucoup quand tu te laisses emporter, la rassuré-je en frôlant à nouveau la courbe de ses lippes.

J'incline sa tête pour avoir un meilleur accès encore à ces dernières, et vrille complètement quand la vampire explore à son tour chaque parcelle de ma bouche brûlante. C'est tellement bon et grisant... Je gémis, prolonge cette étreinte pour savourer chaque pression de ses lèvres, chaque expiration laborieuse sur mon visage, chaque bruit que nous effectuons en nous embrassant avec langueur.

— Tu es d'accord, alors ? parvient à me demander Eleuia. Tu veux les mêmes choses que moi ?

Elle parsème une pluie de baisers sur le bas de mon visage, incapable de se passer très longtemps de notre contact direct. Je la laisse faire et garde une main plaquée dans ses cheveux soyeux.

Non, Eleuia. Non, je ne veux pas les mêmes choses que toi. Je veux plus que ça... Plus, et en même temps quelque chose de si simple quand on y pense... Je veux t'aimer, Eleuia. Simplement t'aimer.

Mais si pour y parvenir, je dois en passer par tes exigences, te faire croire dans un premier temps que la légèreté est aussi ce que je souhaite dans notre relation, alors... je suis prêt à le faire. Je suis prêt à autoriser la grande folie qui nous étreint à mener la danse entre nous. Quitte à y perdre quelques plumes. Quitte à attendre le déclic qui te fera réaliser toute l'absurdité de cette entreprise.

Je mets au placard pour un temps ma lucidité et mes espoirs, si cela veut dire t'avoir et te garder près de moi.

— Oui, je suis d'accord, soufflé-je au bout de quelques secondes.

— Tu en es sûr ? vérifie-t-elle, pantelante en s'agrippant à mes épaules pour poursuivre ses assauts.

À quoi bon tenter de résister ou de la raisonner ? Eleuia et moi avons l'objet de notre désir juste sous la main et nous ne savons plus nier l'évidence. Nous nous voulons, nous nous offrons l'un à l'autre, c'est là, la seule chose qui nous guide et nous dirige pour l'heure. Je penserai à l'avenir et aux complications plus tard. Je m'inquièterai de cette folie un autre jour.

Je ne peux rien refuser à ma liée. Encore moins lorsqu'elle est brûlante, aussi affamée de moi que je le suis d'elle à cet instant.

— Je suis sûr, dis-je avant de ramener sa bouche avide sur moi.

Elle témoigne de son ravissement dans un long râle que j'avale, comme le reste de ses inspirations. Son corps se colle davantage au mien, s'y moule à la perfection alors que je nous redresse et me remets sur mes pieds.

— Et maintenant, on peut aller se doucher ? lui demandé-je, son souffle chaud sur ma bouche. Si je ne m'abuse, tu en as besoin toi aussi.

Je frôle son nez et souris alors qu'elle acquiesce à mon idée. Ses mains passées dans mes cheveux, elle s'accroche à moi et embrasse mon oreille et ma mâchoire.

Je ne me fais pas prier plus que ça et file jusqu'à la salle de bain, semant quelques pièces de ses vêtements dans notre sillage.

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