Chapitre 30
Souffle court et vision un peu trouble, j'atterris et quitte lentement mon nuage de bonheur. Le cocon de chaleur qui m'étreint depuis plusieurs minutes ne me relâche plus, comme un constant rappel du bien-être et de l'extase que j'ai su atteindre.
Je pousse un profond soupir et me sens flotter encore un peu. Des sensations divines parcourent en ondes fluides mon corps.
C'était... Il n'y a pas de mots justes pour le décrire avec précision. C'était trop bon et trop beau pour se contenter de ces termes. Et je meurs d'envie de recommencer au plus vite. L'endurance surnaturelle est un gros avantage à ma condition habituelle, mais là, elle risque de m'être plus précieuse que jamais.
Mes mains reposent sur le dos d'Eleuia qu'elles caressent puis serrent distraitement lorsque je tente de me surélever un peu. Toutefois, je ne parviens pas à mes fins car la jeune femme reste allongée sur moi, ses jambes fines continuant à enserrer ma taille, et sa tête toujours enfoncée dans mon cou. Ce n'est qu'en reprenant conscience de nos positions et de sa force que je comprends que ma liée s'abreuve encore aux veines de mon cou. Quelques bruits de succion viennent entraver celui permanent de l'orage au dehors, et je sens pour la première fois quelques coulures de sang glisser sur mon omoplate et tacher les draps.
Perdu dans le plaisir fou qu'elle m'a procuré, j'avais oublié qu'Eleuia était toujours accrochée à moi. Je souris à l'entente d'un gémissement de contentement étouffé contre ma gorge, et porte l'une de mes paumes sur l'arrière de sa tête pour lisser ses belles boucles emmêlées.
Étrangement, je ne me sens pas mal ou anémié par cette perte de sang ; ça m'avait déjà frappé tout à l'heure et cette sensation ne s'est pas évaporée. Elle semble même se renforcer. Si j'avais été un simple humain, je serais sans doute déjà tombé dans les pommes. Je n'aurais peut-être même pas survécu... Mais le fait d'être surnaturel, de surcroît un hybride lié à une autre hybride, m'en préserve.
Quelques secondes passent, durant lesquelles je médite sur cette nouvelle information, puis je me décide à ramener Eleuia à la réalité en attirant son attention ailleurs que sur ma carotide. Je m'en veux presque de l'arracher au plaisir intense qu'elle éprouve, mais nous ne pouvons pas rester ainsi indéfiniment.
— Eleuia ?
Elle grogne sur ma peau. Un son bas et sexy qui se répand dans tout mon être, et en particulier jusque dans mon entrejambe qui n'a pas encore quitté son vagin. Je ne me suis pas retiré et les sons qu'elle produit m'en dissuaderaient presque.
Je mords ma lèvre inférieure, puis ouvre le poing dans ses cheveux et reprends mes caresses.
— Eleuia. Il faut que tu arrêtes maintenant.
Sa nuque se tend sous mes doigts, signe qu'elle m'a entendu.
— S'il te plaît, Eleuia. Reviens, lui chuchoté-je près de son oreille.
J'embrasse son lobe pour mieux faire passer ma requête. À contrecœur, ma liée me relâche, rentre ses dents et lèche la plaie et les traînées dégoulinantes. Je la laisse faire en silence et poursuis mes cajoleries sur son corps souple. Le grain satiné de sa peau est envoûtant, tout comme l'odeur florale qui l'enveloppe. Elle est la créature la plus belle et ensorcelante que je connaisse. Et elle est enfin à moi.
Son regard de braise rencontre mes yeux lorsqu'elle redresse la tête. Le bas de son visage est un peu barbouillé de sang, ce dont elle se rend compte en passant sa langue dessus.
— Désolée, murmure-t-elle, en quête de quoi se nettoyer. Les draps doivent être tachés, eux aussi.
— Ce n'est rien.
Je lui donne un coin de ces derniers pour qu'elle fasse un brin de toilette. Ils sont foutus de toute façon, autant qu'ils lui servent jusqu'au bout.
— Je devrais peut-être aller me laver...
Eleuia fait mine de vouloir se relever, mais je la plaque sur mon torse.
— Non, ne bouge pas, lui fais-je, une main coulée sur sa chute de reins. Ça m'est complètement égal, je t'assure.
C'est la stricte vérité. Il y a plusieurs mois de ça, j'aurais sans doute été horrifié par son apparence et ce qu'elle vient de faire ; mais aujourd'hui, après tout ce que je sais et ai moi-même fait, je ne suis pas choqué ou dérangé. C'est tout l'inverse : je suis émerveillé.
Le sexe, sa bouche refermée sur mon cou, ses bruits de succion, mes sentiments de plus en plus forts pour elle... tout a contribué à me faire vivre la meilleure nuit de ma vie. Je n'y changerai rien.
Eleuia semble lire ma détermination et mon assurance sur mon visage car elle se détend et mollit entre mes bras. Ses doigts fins et colorés montent sur ma joue râpeuse et la caressent, tandis que sa bouche esquisse un petit sourire de connivence. Je le lui retourne, secrètement ébahi de la voir me sourire avec autant de sincérité, et prolonge notre tendre étreinte.
Elle soupire et je l'imite. Je me sens bien et savoure la chaleur de son corps nu sur le mien. Je ne me lasserai jamais de cette position, j'en suis certain.
— Tu sais qu'on ne s'est pas séparés, me fait remarquer la belle brune, avec une œillade à nos bassins imbriqués.
— Je sais, oui. Je n'en ai pas eu envie, avoué-je en traçant des cercles sur son grain dénudé.
— Je comprends.
L'ombre d'un nouveau sourire flotte sur ses lèvres charnues. Je me penche dessus pour les embrasser lentement, ce qui fait monter un autre soupir dans sa gorge rougie.
— C'était fabuleux, Eleuia. Tu es fabuleuse, lui soufflé-je sur un ton bas et dévot qui lui arrache un frisson. Est-ce que c'était... bien pour toi aussi ?
Ses yeux brillants scrutent mes traits, tandis que ses dents mordillent sa lèvre inférieure.
— Ton sang a un goût merveilleux, débute la guerrière alanguie. Meilleur que ce que je m'étais imaginée... Plus puissant et euphorisant que tous ceux que j'ai goûtés. C'est incroyable.
— Et... pour le reste ?
Ma liée reste la bouche entrouverte, prête à donner une réponse qui ne vient pas. Un éclair traverse la fenêtre et illumine brièvement son expression incertaine.
— Je... c'était bon, mais je... enfin, je crois que je ne m'en souviens pas parfaitement.
— Quoi ? m'exclamé-je, les yeux écarquillés.
— J'étais absorbée par ton sang, par les sensations qu'il me procurait, explique-t-elle, les sourcils de plus en plus froncés. Ça m'a submergée et distraite... Je pense que quand tu as joui, je l'ai senti, mais...
— Tu n'as pas joui, complété-je dans un chuchotement atterré.
Eleuia acquiesce prudemment. Le rose gagne ses joues, la gêne prend possession d'elle au point qu'elle détourne un instant le regard. Je l'observe recommencer à mordre ses lèvres, aussi abasourdi par son aveu que par l'air affligé qu'elle prend. Ses prunelles perdent de leur éclat, et à cette vision, une idée qui me déplaît me traverse. Est-ce qu'elle... s'en veut ?
Quelques bribes de ses pensées éparses me donnent raison lorsqu'elles percutent mon esprit troublé. Les bras m'en tombent. Sa culpabilité me déroute, et pendant une longue seconde je reste pétrifié et incapable de dire ou faire quelque chose.
C'est insensé. Ma vague déception d'apprendre qu'elle n'a pas joui en même temps que moi est balayée par la préoccupation et l'agacement qui naissent en elle. Avec douceur, je me retire d'elle, entraînant une grimace sur son beau visage, puis la replace sur mon torse afin que sa tête soit bien en face de la mienne.
— Eleuia, regarde-moi, lui demandé-je d'une voix que j'espère la plus douce possible.
Ma liée m'obéit et plonge ses iris dépités dans les miens.
— Pourquoi tu réagis comme ça ? Ce n'est pas grave. Je... je ne vais pas t'en vouloir, balbutié-je gauchement sans trop savoir comment faire pour la réconforter.
La jeune femme soupire et ferme les yeux un instant.
— J'en avais envie autant que toi. Je voulais me perdre en toi et avec toi, me confie-t-elle. C'est pour ça que je me sens si stupide et nulle. Je ne voulais pas me laisser dépasser par ma soif de sang au détriment de mon désir pour toi.
Mes yeux s'écarquillent plus encore, en même temps qu'une flamme de désir se ravive dans mon bas-ventre. Je suis aussi étonné que fasciné par la profonde sincérité dont elle fait preuve ; il paraît soudain si loin le temps où elle fuyait mon simple regard !
Eleuia n'use plus de faux-semblants, elle a changé en l'espace de quelques heures. Tout comme moi. Nos luttes acharnées et le renforcement de notre lien cette nuit y sont pour beaucoup dans nos transformations respectives... et cela fait un bien fou d'être enfin nous-mêmes l'un avec l'autre.
Touché par ses paroles, je ramène une longue mèche de cheveux derrière son oreille et croise son regard intense.
— Tu es la plus captivante de toutes les femmes, lui soufflé-je avec ferveur. La plus forte et la plus belle aussi.
— Je ne vois pas ce que...
Je l'interromps en plantant un baiser impétueux sur ses lèvres. Je la retiens prisonnière de ma bouche et de ma langue, tandis que mes mains parcourent à nouveau son corps gracile.
— Tu ne devrais pas te tracasser avec des choses pareilles. Surtout pas quand on peut les corriger sur-le-champ...
Sa respiration se bloque sur mes lèvres, et un bref coup d'œil jeté à ses prunelles noires m'informe que ses pupilles sont à nouveau dilatées par le désir. Je mordille sa bouche, baise le bas de son visage puis sa gorge lorsqu'elle m'en offre l'accès dans un soupir, et mes bras la serrent fort sur mon torse. Une boule de chaleur naît entre nous, terriblement incandescente en quelques minutes, puis plonge dans nos entrailles et réchauffe nos poitrines collées.
Nos battements de cœur résonnent à nos oreilles, et un bref gémissement me saisit lorsqu'un courant électrique me traverse de part en part. Surpris, j'éloigne ma bouche de sa peau et cille plusieurs fois. Quelque chose... est en train de s'éveiller en moi. Une chose que je n'ai jamais expérimentée avant. Pendant une poignée de secondes, je me coule dans l'être d'Eleuia, entrevois un chatoiement interne proche de l'aspect d'un brasier qui s'enflamme. C'est ardent, rouge, chaud et doux... Très vite, ça s'inscrit sur ma rétine, s'imprègne dans mon esprit et pénètre mon cœur. Je respire plus fort et sens mes doigts frémir lorsque cette part d'Eleuia passe d'elle à moi, laissant se consumer un chemin de feu invisible dans son sillage.
Mes paupières se ferment au moment où un nouveau son guttural enflamme ma trachée. Et une seconde plus tard, tout ce qui compose la partie absorbée d'Eleuia implose à l'intérieur de moi et explose en un halo chatoyant autour de la jeune femme. Bouche bée, j'observe cet étrange phénomène alors que ma liée, elle, ne semble pas le remarquer. Les caresses de ses mains et de ses lèvres se poursuivent comme si de rien n'était.
Des langues de feu hypnotiques l'entourent pourtant, la magnifient dans leur luminosité éclatante. Redressé sur les coudes, je reste captivé par cette singularité qui rougeoie. Est-ce dû à notre lien ? Ou est-ce une de mes particularités propres qui parvient à s'exprimer enfin ? Instinctivement, je penche plus pour cette seconde hypothèse. Dans le premier cas, Eleuia l'aurait ressenti/vu aussi... Alors quoi ?
— Allan, halète-t-elle. Ça va ? Pourquoi tu t'arrêtes ?
Ses yeux d'onyx cherchent les miens et lorsqu'ils se trouvent, l'évidence me frappe. L'incube. C'est l'incube en moi qui s'éveille ! Cette part de mon être prend possession de mon corps, se coule dans ma peau et investit mes sens. Elle veut me guider, m'apprendre tout ce que je dois savoir des envies de ma partenaire et me montrer comment les explorer au mieux pour elle comme pour moi.
Je souris à ma liée, passe une main dans sa chevelure pour la dégager de son visage rayonnant. Elle me scrute en silence, dans l'attente d'une réponse, sa poitrine gonflée recommençant à rougir. Le feu au-dessus d'elle crépite plus fort, dévoré par la passion et l'appétit qui l'embrasent.
Je sais ce qu'elle veut, je lis dans sa chair ce qu'elle attend et suis disposé à le lui offrir sur un plateau d'argent. Ses désirs et fantasmes n'ont plus aucun secret pour moi et je compte bien tous les concrétiser.
— Je ne m'arrête pas, la rassuré-je après un temps, mes doigts sous son menton. Je ne fais que commencer.
Après ça, je ne la laisse plus rien dire. Je fonds sur sa bouche et l'embrasse comme elle le souhaite. Je fais dévaler mes mains chaudes et avides sur son corps comme elle l'attend. Je passe ma langue sur sa mâchoire contractée comme elle me supplie intérieurement de le faire. Je lui donne mon corps, mon cœur et mon âme comme elle les exige.
Je récolte les plus beaux sons du monde en retour et me délecte de la fièvre qui l'enveloppe toute entière.
— Retourne-toi maintenant, murmuré-je à son oreille, mes paumes désormais sur ses hanches.
Elle papillonne des paupières en m'observant, ses prunelles chargées d'envie, et elle s'exécute dès que je relâche sa bouche. Toujours aussi somptueusement nue, ma liée s'allonge sur le ventre et me permet de contempler les courbes de son côté pile, à commencer par ses fesses fermes et galbées. Sa respiration s'accélère lorsque mes mains viennent caresser leur naissance. J'explore ses muscles tièdes plus haut, effleure et suis sa colonne vertébrale du doigt, puis fais redescendre mes phalanges jusqu'à sa taille.
Eleuia déglutit, la face tournée dans ma direction, et ne dévie pas son regard brûlant de moi. Je lui souris avec tendresse, les mains toujours occupées à la dorloter, puis je me penche un peu sur elle.
— Redresse un peu les fesses.
Elle expire vivement et fait ce que je lui demande. Mon bras gauche se faufile sous elle, arpente son buste pour venir la tenir par devant, et mon bras droit, lui, se dirige vers le sud pour caresser ses cuisses satinées.
Un tracé enflammé se dessine sur ses hanches, m'incite à apposer mes lèvres dessus et à le semer de baisers. Je me laisse guider par ce nouveau brasier, et une fois ce chemin terminé, un autre apparaît, plus intense, sur le haut de son dos. Je l'embrasse avec lenteur, teste le soyeux de son derme avec application, tandis que ma main droite remonte sur le sommet de ses jambes.
J'atterris dans sa nuque chaude au moment où son ventre se contracte sur mon bras gauche. L'ascension de mes doigts vers son intimité ne lui a pas échappé. Un premier halètement rauque la saisit lorsque je ne suis plus qu'à deux centimètres de son sexe. Je continue de l'embrasser dans le cou, plus sensuel et tendre, et m'enivre autant de son odeur que de son souffle haché. Je la respire une longue seconde, puis plonge mes lèvres sur sa bouche offerte en même temps qu'un premier doigt en elle.
J'avale le gémissement qui lui échappe, m'éloigne ensuite de sa langue et recommence à embrasser sa nuque puis sa colonne. Son visage s'enfonce un peu dans le matelas en sentant mes caresses langoureuses sur son clitoris gonflé. J'insère un autre doigt et le porte plus loin pour entamer de légers va-et-vient dans son vagin. Des frissons incontrôlables prennent possession du bas du corps d'Eleuia, la tension commence à s'accumuler en elle. Satisfait de ses premières réactions, mon majeur rejoint naturellement mon index dans sa moiteur, et je laisse mon pouce s'occuper de son clitoris avec la même langueur.
Ses muscles se raidissent contre mon bras, une fine pellicule de sueur couvre la peau que je continue d'embrasser plus haut. Ma liée aime ce que je lui fais, et le mouvement soudain de ses hanches me pousse à poursuivre et à augmenter le rythme. Son corps suit les allers-retours que j'impose en elle, ondulant sur ma main, montant et descendant ses fesses vers le matelas.
— Allan...
Mon nom soupiré embrase mes sens, me fait me pencher un peu plus sur elle au point de coller mon bassin avide contre son fessier contracté. J'expire à fond pour ne pas aller trop vite ou céder à mes impulsions. Même si mon sexe tendu et frottant contre elle ne m'y aide pas, je maintiens mon doigté et plaque ma bouche sur son lobe. Je titille ce dernier de la même manière que je malmène son intimité, laissant ma langue sucer cette bande de peau.
Le cœur d'Eleuia palpite à la même vitesse que son clitoris, ses plaintes essoufflées et mon nom souvent scandé composent une musique excitante à mes oreilles. Mes cercles sur son bouton deviennent plus appuyés, mes va-et-vient plus profonds. Ma liée mord ses lèvres pour étouffer un lourd gémissement. Le feu autour d'elle gagne encore en intensité, signe qu'elle est au bord de la jouissance. Elle bouillonne de désir, les mouvements de son bas-ventre prennent plus d'ampleur.
— C'est bien, Eleuia. Continue.
Elle geint en réponse à mes encouragements et ses fesses se frottent durement à l'arête de mon sexe érigé. Je râle à mon tour et enfonce mon annulaire pour qu'il accompagne mes autres doigts dans leur danse effrénée.
— Oui !
L'orgasme est tout proche cette fois. Ses flammes se consument, jaillissent plus vivement au-dessus de sa tête. Son pouls dans sa gorge est endiablé, les pulsations de son sexe impossibles à compter. Elle crie une fois, mais ce n'est pas encore fini. Ses parois internes enserrent mes doigts dans leur étau, tandis qu'elle gémit encore, plus fort.
Remuant plus vite sous moi, elle roule furieusement des hanches. Une boule de feu brillante dévale son dos et va se nicher entre ses jambes trempées alors qu'elle se cambre et rejette la tête en arrière.
— Lâche-toi. Vas-y, lui sommé-je, mes lèvres passées sur le côté de sa mâchoire.
Les braises explosent autour et en elle au moment où son plaisir la gagne. Elle jouit dans un cri puissant en appelant mon nom et menace de me faire dérailler avec elle. Je garde mes doigts à l'entrée de son sexe et continue de la caresser lentement, appréciant de sentir sa sève mouillée. Je pousse un soupir heureux alors qu'elle mollit entre mes bras. C'est moi qui lui ai procuré cet orgasme. Je l'ai fait décoller cette fois.
Eleuia s'alanguit dans le lit, comblée. Sa respiration est plus lente, plus apaisée sous moi. Je m'allonge de tout mon long sur son dos et embrasse ses épaules, sa nuque, ses cheveux, ses vertèbres avec toute la force de mon désir et de mon amour pour elle.
Elle est tellement belle.
Ses muscles bien chauds roulent à chaque passage de mes lèvres dessus. Mon poids pèse sur elle, ma verge dressée appuie toujours sur son derrière. Ma bouche devient plus pressante, mes bras se déplacent et se postent sur ses flancs, et mon souffle accélère sur sa nuque. Ma liée frémit, attentive à ce qui se passe, puis tourne son visage vers moi.
Son regard est voilé, encore aux prises avec la volupté qui l'a assaillie, mais alerte et intense aussi. Elle me dévore des yeux et entrouvre la bouche en percevant une nouvelle friction de mon bassin contre ses fesses.
— J'ai envie de toi, lui soufflé-je sans stopper mon mouvement.
Eleuia arque le dos, son corps répond d'instinct à mes caresses. J'esquisse un sourire.
— Toi aussi, tu en as encore envie.
Elle acquiesce, le feu aux joues, et porte une de ses mains jusqu'à mon visage. J'embrasse sa paume, récolte un nouveau frémissement de sa part, puis place ses bras le long de son corps. Mon buste s'allonge, mes lèvres retrouvent le chemin de son cou gracile et le butine avec ardeur. Un son de gorge la fait vibrer au moment où j'entends sa respiration s'emballer.
— Écarte les jambes, lui intimé-je d'une voix basse et chaude qui fait naître des frissons sur sa peau.
Elle bouge sous moi, laisse un espace important pour que je puisse passer entre ses cuisses. Ma paume migre sur ses fesses et empoigne doucement l'un de ses globes, le malaxant et le cajolant. Elle siffle, reboostée par ma hardiesse, et presse son bassin vers l'arrière, prête à m'accueillir. Je positionne ma verge, puis entre centimètre après centimètre en retenant mon râle d'extase. Elle est toujours aussi douce et étroite. Son corps se tend, devient aussi dur que mon sexe enfoui en elle, puis il se relâche et suit les mouvements profonds et lents que je lui impose.
Ma liée soupire, transportée par ce que je brûle de lui donner une nouvelle fois. Mes mains enfoncées dans sa taille accompagnent mes roulements et autres allers-retours serrés. J'embrasse avec fièvre son épaule, m'arrête sur l'os saillant qui tombe sous mes lèvres. Les mêmes flammes lumineuses que tout à l'heure nous auréolent, chauffent encore un peu plus nos êtres en fusion.
Le ventre d'Eleuia se contracte lorsqu'elle expulse un nouveau son de plaisir du tréfonds de son corps en sueur. Ses doigts se plantent tantôt dans les draps froissés pour s'accrocher à quelque chose, tantôt dans l'arrière de mon crâne. J'écoute le bruit de nos peaux moites qui claquent l'une contre l'autre, nos respirations en berne et le sang rugir à nos tympans. Je ferme les yeux sous le trop-plein de sensations et incite Eleuia dans le même temps à se redresser complètement, jusqu'à s'asseoir sur moi. À genoux tous les deux sur mon lit, ses fesses reposent sur mon ventre tendu alors que je continue de la remplir de coups de reins vigoureux. Je vais plus vite, plus loin en elle, déterminé à nous perdre ensemble.
— Encore, s'il te plaît, réclame ma liée dans un murmure erratique.
Je m'exécute, tourne mon bassin et l'entends geindre d'une voix éraillée par le plaisir. Moi aussi je m'étrangle, je m'égare lentement, toujours poussé et stimulé plus haut grâce à elle. Le parfum de sa peau me percute de plein fouet lorsque je passe sans réfléchir mes dents sur le derme enfiévré de sa gorge. La course de son sang m'appelle à nouveau. Il file à une vitesse folle dans ses vaisseaux sanguins qui ressortent sous l'effet de la tension.
Ses veines se gonflent sous l'afflux vif de ce liquide si tentateur. Mon regard rivé sur nos corps qui s'emboîtent allègrement, puis sur les sublimes rougeurs de sa peau, je me sens privé de ma raison. Tout s'emballe en moi, devient sauvage et intenable. Je perds contenance ainsi que le peu de souffle qui me restait encore.
Ma bouche planant toujours au-dessus de son cou offert, je relance plus férocement mes assauts dans le sexe bouillonnant d'Eleuia. Elle suit le mouvement avec vigueur et abandon, elle aussi déboussolée par la passion qui nous dévore.
— Allan !
Elle crie, se cambre jusqu'à remonter sa poitrine vers le ciel... et sa gorge pulsante sous mes dents. Alors je ne réfléchis plus et détruis la barrière de sa peau avec ces dernières, les plante à l'intérieur et avale frénétiquement le sang qui coule à flot dans ma bouche. Un même cri étouffé nous saisit, Eleuia et moi, aussi chargé en désir et en délectation d'un côté que de l'autre.
À l'instant où son sang divin atterrit sur mes papilles, j'ai l'impression d'être au nirvana. Rien ne m'a jamais paru plus délicieux et plus... affolant que ce que j'ai enfin sous la langue. C'est chaud, épais... ça a exactement le même goût d'épices et de fleur que le reste du corps torride d'Eleuia. Un râle intense vibre dans ma poitrine et se répercute du dos aux hanches déchaînées de ma liée, vite suivi par un autre, et encore un autre...
C'est le paradis, un mélange d'interdit et de pureté qui me fait tourner la tête. Je m'accroche à ma compagne et la rapproche encore de moi pour être sûr que le flux sous mes lèvres ne se tarisse pas. Je bois avec autant de gloutonnerie qu'Eleuia tout à l'heure et sens tous mes autres appétits se décupler. À commencer par celle de posséder la jeune femme haletante sur moi.
J'avais pourtant toujours cru que, si j'avais la chance de goûter à son sang, je serais bien incapable de désirer autre chose avec. Or, ce n'est pas le cas. C'est tout le contraire même. À l'instar de la guerrière plus tôt, je suis habité par une véritable frénésie. Et elle exige d'être contentée entièrement.
Obéissant à mes impulsions, j'avale toujours plus de sang, sans cesser d'enfoncer mon sexe au supplice plus rapidement. Le matelas tremble sous l'élan et la force que je mets, menace presque de rentrer dans le mur à chaque nouveau coup de boutoir en Eleuia. Chaque poussée la fait rebondir sur mes cuisses, la mène de plus en plus haut. Ses parois se resserrent, sa colonne se tend, ses membres se raidissent sur moi. Elle va venir, ce n'est plus qu'une question de secondes.
Alors, pour être sûr de l'accompagner jusqu'au bout, je relâche son cou, lèche les traînées de sang, puis m'enorgueillis de toute la puissance de notre lien pour nous conduire au point de non-retour. Le feu autour de nous devient incontrôlable, ses teintes se parent du plus beau des rouges.
Nous nous figeons ensemble, la bouche ouverte sur un même cri libérateur, puis nous nous effondrons sur le lit en absorbant l'orgasme violent qui nous fauche.
Le halo de flammes d'Eleuia explose au-dessus de moi. De fines particules planent dans les airs avant de chuter et se dématérialiser lentement sous mes yeux. Puis la chambre retrouve peu à peu son calme, l'atmosphère électrique commence à la déserter. L'orage dehors s'est lui aussi apaisé, ne subsiste de lui plus que la pluie tombant dru sur le toit et les fenêtres du manoir. Le souffle toujours un peu saccadé, j'écoute la respiration de ma compagne se mêler au son de l'eau sur les carreaux.
Emboîtés en cuillère, nous ne parlons pas durant de longues minutes, savourant l'impact vibrant de notre désir l'un pour l'autre. Mes mains caressent les parcelles de peau d'Eleuia qui sont à leur portée, son ventre, ses bras, son sternum, pour intensifier notre contact doux et tendre. Ses doigts à elle enserrent les muscles détendus de mes avant-bras, puis se nichent dans mon cou pour le câliner.
— Ça va ? l'interrogé-je, sans rompre le contact de mes lèvres sur ses omoplates. Tu te sens bien ?
Eleuia se retourne dans mes bras pour me faire face et ses beaux yeux couleur charbon accrochent les miens.
— Merveilleusement bien, me répond-elle avec un sourire rêveur.
J'esquisse le même rictus et plonge sur sa bouche pour un baiser lent, mais passionné. Elle me le rend avec joie en insérant ses mains dans mes cheveux. Mon cœur se gonfle de bonheur et d'amour, aussi comblé que mon corps par cette nuit d'abandon et de trouvailles. La langue de ma liée vient titiller ma lèvre inférieure, joueuse, ce qui entraîne mon grognement. Je la relâche, à nouveau à bout de souffle, et pose mon front contre le sien.
— Je pense... que l'on a besoin d'un peu de repos, toi et moi, argué-je, mon regard plongé dans le sien. Tu ne crois pas ?
Eleuia fait la moue, pas vraiment convaincue. Je ris doucement, l'attire plus près sur mon torse et embrasse ses cheveux. Elle se laisse faire et replace ses mains autour de mon cou.
— Tu n'as pas mal ? me demande-t-elle après quelques nouvelles secondes de silence.
La pulpe de ses doigts trace la plaie qu'elle m'a laissée et qui commence déjà à cicatriser.
— Non, je n'ai pas mal. Et toi ? lui retourné-je en posant moi aussi mes doigts sur sa propre morsure.
— Non plus.
— Bien.
Et je ponctue le tout d'un nouveau baiser sur son front un peu moite. Eleuia lâche un bref soupir, ses mains à présent dans mon dos pour y imprimer des formes avec ses ongles. Elle trace, caresse, dorlote cette partie de mon corps, et j'adore ça.
— Je suis tellement bien, là... On devrait dormir un peu, Eleuia. On en a besoin, lui murmuré-je encore.
— D'accord.
Ses lèvres pleines se penchent sur les miennes avant qu'elle me tourne le dos pour reprendre notre position initiale. Mes bras autour de sa taille et ses mains accrochées à ceux-ci, je plonge mon nez dans sa chevelure, hume sa fragrance divine, puis y dépose un nouveau baiser. Ma liée se détend, son corps chaud moulé contre moi, et une profonde expiration lui échappe lorsque sa tête rencontre l'oreiller.
Je me relaxe moi aussi, garde mon visage à proximité de la chaleur de son cou et ferme les paupières. La torpeur me gagne lentement, mon souffle devient plus profond. Entouré par l'odeur de dahlias et d'épices, j'accueille avec quiétude le sommeil, m'abîme dedans... et rêve déjà à mon réveil futur et à la prochaine fois où nous nous aimerons intensément, Eleuia et moi.
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