───CHAPITRE iii : bonhomme de neige───

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Le lac était bel et bien gelé. Il le voyait nettement du haut de la butte. Un rire innocent vint clore la ballade et traduire les émotions du jeune enfant. Un éclat de rire cristallin, résonnant entre les cimes des sapins et ricochant contre leurs manteaux immaculés.

La sacoche en cuir fut jetée dans la neige.

Un pied explora le terrain. C'était solide. Le deuxième rejoignit son confrère.

Au premier pas qu'ils firent la gravité eut raison du corps et la chute ne tarda pas. Empoté, il l'avait toujours été et le serait toujours, avait dit son grand-père. Mais ça n'était pas un drame. D'après sa mère, tant qu'il se relèverait, il ne serait pas un raté. Pas comme son âne de père.

Maman aimait bien traiter Papa d'âne. Grand-père disait en riant qu'elle le faisait surtout pour s'empêcher de le traiter de salaud. Il ne savait pas au juste ce qu'était un salaud mais se doutait bien que c'était un animal bien plus embarrassant qu'un simple baudet.

Les mains bleuies de froids se crispèrent sur la glace lorsqu'il tenta de se relever. Les extrémités de son corps ne ressentaient plus rien, trop ankylosés pour bouger et trop anesthésiées pour avoir froid.

Une fois debout, ses pas prudents le menèrent au milieu du lac.

Il tourna sur lui-même, comme dans la chanson. S'il avait eu une amoureuse il l'aurait fait tourner avec lui. Seulement, l'été dernier, la petite Madeleine avait épétalé son bouquet de pissenlits et effeuillé au passage son petit cœur d'artichaut.

Son père disait souvent que pour un homme, il avait bien trop de sentiments. Ce à quoi sa mère répondait qu'il n'était pas encore homme, et que ça serait bien dommage qu'il le devienne un jour.