───CHAPITRE ii : fourbe poudreuse───

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Le silence pesait. Alors la voix fluette du garçon s'éleva bientôt dans l'humidité glacée des sous-bois. Une chansonnette, telle un train à vapeur enrhumé, lui avait traversé l'esprit.

« Lorsque l'hiver viendra, 

Répandant sur le monde ce froid 

Que nous connaissons bien,

Nous irons nous promener 

Aux abords de la forêt 

Tous les deux, main dans la main ! »

« Lorsque le lac gèlera

En silence

Et que tout sera de glace 

Nous narguerons les flots 

Coincés sous la surface ! »

« Tu prendras mon bras 

Avec ton rire givré 

Et tu danseras avec moi

Et les corbeaux endormis 

Dans les branches des pins 

S'envoleront vers la lune ! »

« Ils nous laisseront tourner et rire 

Comme des enfants,

Sur cette patinoire de fortune ! »

Il ne se souvenait plus de la suite. Les paroles furent donc remplacées par des fredonnements enjoués, rythmés par les frottements que produisait le manteau chaque fois qu'il balançait son bras d'avant en arrière.

Le chemin devenait pentu, les muscles de ses mollets chauffaient pour le hisser au sommet d'une dune blanche. À maintes reprises, il manqua piquer du nez dans la neige. La poudreuse était fourbe, elle se riait de lui mais lui, il riait avec elle. Et il continuait de chantonner, heureusement insouciant, insouciamment heureux.