§ Chapitre 9 §
18 décembre 2022
France
« Dépêchez-vous ! Si on en oublie, vous ne pourrez que vous blâmer vous-mêmes ! »
Harry s'assit à sa place dans ce car énorme qui allait les amener à son tout premier concert chanté en église ; avant, il faisait tout pour s'y rendre, mais maintenant c'était lui le chanteur. Comme la vie pouvait être étrange...
« Je peux me mettre à côté de toi ? »
Harry sourit automatiquement en entendant Louis, et acquiesça. La particularité de ce car, et ce qui causait sa taille, était la possibilité des sièges de se déplacer d'une rangée à l'autre, pour permettre à des fauteuils roulants de s'installer. Il y avait donc toujours une place assise d'un côté et une seule de l'autre, ce qui permettait à un fauteuil de s'installer à côté d'un siège - l'allée n'ètait pas centrée.
« Ce n'est pas loin ? S'enquit Harry, qui n'était jamais sorti du campus donc ne connaissait pas la ville qu'ils côtoyaient.
- Non, du tout ; le car, c'est pour qu'on s'habitue déjà à rentrer dedans. La semaine prochaine, on t'a dit que les concerts ce serait tous les soirs ? »
Il acquiesça.
« Et c'est aussi pour ne pas éprouver les étudiants qui ne peuvent pas se déplacer, ou pas sur des longues distances. On y sera d'ici dix minutes, le temps que le car trouve un endroit où se garer. »
Son sourire malin montra au plus jeune qu'ils pensaient à la même chose : avec un mastodonte pareil, impossible de trouver une place de parking.
Harry tourna la tête pour regarder dehors, et trouva la ville jolie. Elle n'était pas submergée de bâtiments hauts et moches, mais était plutôt d'un style moyenâgeux.
« Harry ? Lui souffla son voisin.
- Hm ? »
Louis lui donna son téléphone, ouvert sur une conversation avec Charlie.
De : Charlie
À : Louis_Tom
Le : 18.12, 11h21
Dis à Harry de mettre toutes ses protections auditives, je vais utiliser le micro du car.
Il grimaça intérieurement - et extérieurement - en rendant le portable à son ami.
« Désolé... Lui souffla celui-ci, se sentant coupable. Elle est obligée, dans les cars les voix ne portent pas loin du tout et c'est impossible de se faire entendre de tout le monde en criant...
- Tu n'es pas obligé de t'excuser, lui sourit le bouclé en mettant en place bouchons d'oreilles, casque, capuche de sweat et capuche de manteau. »
Louis envoya un rapide 'C'est bon' à sa meilleure amie, qui alluma le micro. Harry faillit grogner quand la chose envoya un larsen.
« Bonjour chers amis, c'est votre cheffe de chœur qui vous parle, commença Charlie dans le micro. Je n'utiliserai pas ce truc longtemps, mais quand on arrivera, on sera sur un parking. L'église où on va chanter c'est l'église saint Cyprien, et elle est à deux rues du parking. Ce sera Louis qui vous guidera jusque là-bas, c'est pas loin ne vous inquiétez pas, et je compte sur les voyants pour guider les non-voyants en leur tenant la main ou restant proche d'eux pour les plus indépendants. Quand vous les guidez, faites gaffe aux merdes qu'on peut trouver sur un trottoir, ils ont leur canne mais on ne sait jamais. Sinon, il faudra sortir les partitions, les tenues et mon pupitre du car en descendant, je missionne pour ça les voix d'hommes. Quand on entrera dans l'église, ne partez pas visiter s'il vous plaît, vous aurez du temps pour ça lors de la pause dej. Avant, on choisit nos places et on prépare les partitions. Voilà, bonne fin de trajet. »
Harry n'avait écouté tout ça que d'une oreille distraite, plus intéressé par le paysage que par les grésillements insupportables du micro, qui réussissait à rendre la voix de Charlie cadavérique - et pour ça, il fallait être sacrément nul à chier.
« Ça va les oreilles ? Lui demanda Louis, inquiet de son silence.
- Oui, je m'attendais à pire. »
Comme il retournait son regard sur la fenêtre, Louis le laissa et l'imita.
• § •
Franchement, Harry n'aurait pas pensé qu'un concert puisse être aussi drôle. À commencer déjà par les placements qu'ils avaient adopté dans l'église : le chœur était dans la partie haute de l'église, habituellement fermée au public, avec ses petits balcons qui faisaient tout le tour de l'édifice, et Charlie était debout sur un lustre - oui, sérieusement - pour les guider. On était justement en train de l'en descendre, vu que c'était fini. Faire des vannes à ses voisins par le regard pendant les pauses entre les chants avait été une activité particulièrement divertissante pour le bouclé.
Harry cherchait à présent un certain Pierrot, que Dorémi avait dit vouloir leur présenter peu avant le concert - autre connaissance due à un speed dating, apparemment.
Aussitôt descendue du lustre grâce à une échelle, Charlie se dirigea vers un petit groupe de personnes, à l'écart du public qui partait progressivement. Harry la regarda s'intégrer au groupe, et choisit de les rejoindre après une petite minute.
« Alors ça, ça n'arriverait qu'avec Will, se vantait-elle en croisant les bras, relevant le nez.
- Vous parlez de quoi ici ? Lança Harry en souriant, voulant faire une impression plutôt positive de lui à ce Pierrot, qui selon Dorémi était assez particulier.
- Oh, Harry ! Sourit Louis en tournant la tête vers lui, perché tel une demoiselle en détresse dans les bras de Dorémi - son fauteuil de concert connaissait des petits problèmes pour descendre des balcons. Regarde qui Dorémi a rencontré sans nous en parler !
- Techniquement je l'ai fait il y a deux heures, crâna la rousse en remontant Louis dans ses bras. Tu commences à faire ton poids ma princesse, lui chuchota-t-elle à l'oreille - il lui mit un coup de coude.
- Enchanté, Harry, vous êtes ? Se présenta le plus jeune, en tendant sa main devant lui pour que Pierrot la lui serre. »
Le brun en face de lui s'exécuta, un sourire un peu bancal aux lèvres. Harry devina aussitôt qu'il n'avait pas l'habitude d'être entouré.
« Pierrot, je travaille en ville, expliqua-t-il brièvement d'une voix qui n'avait pas d'attrait profond particulier. Tu as une voix grave toi, non ?
- Que quand je parle, sourit le bouclé en montrant ses fossettes sans y faire attention - le regard de Pierrot s'y attarda rapidement. Mais j'ai une préférence pour chanter ténor.
- Euh, dit Pierrot avec une moue gênée, ses yeux bleu nuit montrant clairement son désarroi.
- C'est la voix aiguë chez les hommes, lui souffla Dorémi sans discrétion. Tu n'as pas tiqué quand Louis te l'a dit.
- Non, parce que je craignais que Charlie nous tombe dessus, râla Pierrot en levant les yeux au ciel. Mais maintenant je tique.
- Il est marrant ton copain, ricana Charlie comme s'il avait dit une bonne blague.
- Disons qu'il est... simple, résuma Dorémi en le regardant. Mais on ne pourrait pas sortir ensemble hein, ajouta-t-elle en comprenant le sous-entendu - automatiquement, Harry se prit à sourire.
- C'est ce qu'ils disent tous, murmura la cheffe de choeur en cognant doucement sa tête à celle de Louis, à côté d'elle. »
Louis sourit faiblement mais ne dit rien.
« Euh, lança Pierrot alors que les bruits doux de l'église montaient autour d'eux, du coup vous êtes dans un campus particulier ? De ce que j'ai compris ?
- Ouais, acquiesça Charlie. Il est organisé pour tous ceux qui ont des problèmes physiques ou psychologiques embêtants dans un cursus universitaire normal, type Louis qui ne peut pas utiliser ses jambes, ou Dorémi qui peut pas faire cinq pas sans qu'on la regarde comme une grosse vache. Ou encore Harry, qui ne supporte pas qu'un téléphone vibre dans la même pièce que lui. Pauvre homme.
- Gna gna gna, grogna le plus jeune en regardant ailleurs.
- Et du coup, tous ces gens vont à CUHA, là où il y a des infrastructures adaptées, un hôpital à disposition, énormément de logements, et des soins à des prix réduits, tout comme le prix des études, qui sont elles-mêmes moins chères que les cursus normaux, expliqua Charlie avec le professionnalisme de quelqu'un qui a l'habitude de placer son produit auprès de grandes entreprises.
- C'est un truc de fou, souffla Pierrot, captivé.
- Ouais, t'as vu, sourit Dorémi de toutes ses dents. »
Alors que Julien arrivait entre eux en leur demandant s'ils avaient vu Arowana, le regard d'Harry détailla le visage de Pierrot. Il avait une ossature fine qui lui faisait penser à celle de Clotaire, mais ce qui émanait d'eux était très différent. Là où Clotaire était quelqu'un de drôle mais autoritaire, Pierrot était visiblement plus réservé, parlait plutôt doucement, se préservait des gens qui l'approchaient - inconsciemment, à chaque fois que quelqu'un passait derrière lui, il se tendait un peu. Son visage n'était tout de même pas le même non plus, et Harry n'arrivait qu'à voir ses yeux profonds, sombres d'un bleu luisant d'honnêteté. Quant à son manteau classe, son jean et ses tennis de ville, elles le désignaient comme quelqu'un de sérieux, mais surtout un jeune qui avait grandi un peu vite, quoiqu'Harry ne sache pas pourquoi il avait cette impression.
« Aro ? Elle est là-bas, répondit Louis en passant son bras derrière le dos de Dorémi, montrant l'avant de l'église. D'ailleurs, t'as vu Thomas ? Il devait me descendre mon fauteuil.
- Je sais pas, répondit le jeune homme en partant dans la direction qu'il lui avait montrée. »
Harry, de son côté, était trop occupé à observer leur nouvelle connaissance. Louis faisait la même chose, mais jetait aussi de petits regards sur le côté, se demandant pourquoi Harry y mettait autant d'application. S'il lui avait posé la question, le bouclé aurait été incapable de répondre.
« Euh, Charlie ? Appela justement Arowana d'une voix ténue. »
Automatiquement, Pierrot tourna la tête et bloqua sur elle, levant les sourcils comme s'il était étonné de la voir - lire sur son visage était d'une simplicité déconcertante. De son côté, l'étudiante rougit dès le moment où elle croisa son regard.
« Oh, Aro ! S'exclama Louis. Je viens de dire à Julien que tu étais de l'autre côté. Tu vas bien ? Tu es un peu rouge, non ?
- Euh, non, esquiva la jeune femme en allant trouver ledit Julien. »
Niall se profila derrière Pierrot et darda un regard goguenard sur Arowana.
« Vous ne vous connaîtriez pas, par hasard ? »
Pierrot sursauta vivement, ses yeux s'ouvrant très grand au milieu de son visage pâle. Il recula d'un pas, sans doute pour laisser Niall s'approcher.
« Si, elle est déjà venue à ma boutique pour un collier, répondit Pierrot, un peu bégayant. Je ne le lui ai pas encore rendu.
- Quel est ton métier ? Demanda l'irlandais.
- Orfèvre.
- Qu'est-ce que c'est ? Murmura Niall à ses amis, qui sourirent devant sa mine défaite.
- C'est un peu comme un bijoutier, répondit Pierrot lui-même, j'ai une formation de bijoutier en tout cas, mais grosso modo je façonne des sculptures en métaux précieux, ou des éléments décoratifs, en y incorporant des pierres précieuses ou semi-précieuses, selon ce que veut le client. La plupart du temps je sers de bijoutier, ou de restaurateur d'antiquités, mais ça me va aussi.
- C'est un beau métier, sourit Niall. »
Pierrot sourit aussi. Harry n'arrivait pas à détacher son regard de lui. Aucune tension amoureuse, mais une impression étrange.
« Je m'appelle Niall, se présenta l'étudiant après une seconde. Irlandais et étudiant en médecine avec Dorémi.
- Ah, je n'arrivais pas à situer l'accent, sourit Pierrot. Je m'appelle Pierrot, et, bah, tu connais mon métier du coup.
- J'aime beaucoup ton prénom, on n'en a pas comme ça sur le campus ? S'assura Niall auprès de Charlie, qui secoua la tête.
- Nan. Mais c'est vrai que c'est un beau nom. »
Les autres autours d'eux restèrent bouches bées, sauf Harry qui comprit que Charlie aussi captait quelque chose, même si à l'évidence elle ne faisait pas de blocage dessus comme lui. L'orfèvre les regarda bizarrement, sans doute perplexe quant à leurs réactions.
« Charlie ne complimente pas, expliqua Louis. C'est rare qu'elle le fasse, ça surprend toujours. Et jolis yeux, d'ailleurs.
- Euh, merci, rougit Pierrot, gêné.
- Oh, c'est trop mignon ! Viens Do', on l'emmène avec nous et on le garde ! S'extasia Louis, tressautant dans les bras de son amie. »
Harry retint un pincement au cœur.
« C'est sûr qu'on part, mais sans lui, conclut la cheffe de choeur en faisant un pas en arrière, brisant le cercle qui s'était créé. Niall, tu dis à tout le monde qu'on y va s'il te plaît ? Et que quelqu'un rende son fauteuil à Louis, ça devient un peu dur pour sa virilité.
- Je t'emmerde. »
Pierrot souffla un rire.
« Tu viens au concert de Noël ? Lui demanda soudain Harry, ses yeux verts heurtant le regard hagard de Pierrot, terriblement bleu et décidément terriblement perturbant.
- Non, j'ai des trucs de prévus. Mais c'eût été un plaisir, répondit-il honnêtement, souriant comme un rêve. »
Harry lui sourit en retour et s'éloigna avec les autres, suivant Charlie pour sortir de l'église. Il se souvint du fauteuil de Louis, dont on n'avait pas de nouvelles.
« Thomas ? Lança-t-il dans l'étroit escalier. Tu t'en sors ?
- Pas du tout, tu peux monter ? »
Il s'exécuta et rejoignit rapidement son ami, qui se battait avec le siège. Pour des raisons pratiques, ce n'étaient pas les vrais fauteuils roulants tout équipés qui avaient été montés, mais de petits fauteuils roulants modestes, juste assez confortables pour tenir deux heures dedans, et surtout pliables. Mais celui de Louis, le dernier à descendre, ne voulait pas se replier.
« Y'a une pièce qui s'est bloquée, lui montra le plus âgé, qui avait eu le temps d'analyser le problème depuis qu'il était coincé là-haut. Je ne peux plus le replier. Il est trop large pour l'embouchure de l'escalier, alors je sais pas comment le descendre. »
Harry posa un instant son regard sur son ami en sueur. Thomas était à coup sûr un master de l'organisation, même s'il n'en existait pas officiellement. Il supervisait tout ce qui concernait le matériel, et en plus il était le piano dans le chœur et l'orchestre.
« On peut le faire passer par-dessus le balcon, pourvu que l'échelle ne soit pas encore rangée, proposa le plus jeune, puisque c'était la seule chose qu'ils pouvaient faire dans l'immédiat.
- Pas une échelle, c'est trop dangereux, contredit Thomas. Non, il nous faut des cordes. »
C'est en effet beaucoup plus logique.
Une équipe interpelée en bas alla vers la sacristie et en ressortit avec de gros câbles électriques qui ne casseraient pas lors de la descente et étaient assez longs pour la couvrir. Le reste du chœur était reparti au car.
« Attache-les comme ça, lui indiqua Thomas en enroulant solidement l'un des câbles autour des roues puis du siège et du dossier. C'est trop gros pour faire des nœuds, fais juste au plus solide. »
Master des câbles aussi, songea Harry en imitant ce qu'il venait de faire.
Un troisième câble vint juste prendre le siège, pour être sûrsqu'une fois dans le vide, le fauteuil ne basculerait pas vers l'avant pour tomber en bas.
« C'est bon pour toi ? »
Le plus jeune observa son travail et le trouva pas trop mal. Il acquiesça.
« Alors on y va. Je prends celui-là, toi l'autre côté, et... ENVOYEZ QUELQU'UN, EN BAS ! Hurla-t-il à ceux qui attendaient leur cargaison. »
Florent monta l'escalier en trottinant.
« Je dois faire quoi ? Demanda-t-il, pressé d'aider.
- Prends le câble du milieu, lui montra Thomas, et garde-le en main bien solidement le temps que je mette le fauteuil dans le vide. »
Il fut plus difficile de s'assurer que les murs de l'église ne souffraient pas du frottement que de soulever le siège.
« Bon, c'est parti. À trois, chacun laisse un peu de câble couler. On va le faire descendre doucement. Un, deux, trois. Un, deux, trois. Un, deux... »
Lentement, le fauteuil entama une descente, qui se passa très bien le temps d'arriver en bas, où les trois garçons non partis dans le car le réceptionnèrent et détachèrent les câbles, que les trois du haut remontèrent pour tout redescendre dans la sacristie.
« Oh, vous vous êtes servis des câbles ? S'enquit un vieil homme habillé en noir en s'approchant d'eux. »
C'est un prêtre, repéra Harry en voyant le petit carton blanc sous son col de chemise.
« Oui, répondit Thomas. L'un des fauteuils est resté bloqué là-haut, alors on s'est improvisé des cordes pour le descendre autrement que par les escaliers. Ça ne vous dérange pas ? Les câbles vont bien. »
Le prêtre sourit tout de suite.
« Aucun problème. Vous repartez ? Le concert s'est bien passé ?
- Très bien, sourit Florent, toujours content. Le public a beaucoup aimé, et j'ai personnellement trouvé que votre église possède une merveilleuse sonorité ! Chaque chant était si beau, même en répétitions je n'ai jamais ressenti une telle satisfaction ! »
Et il continuait, dans un langage un peu soutenu, et Harry découvrait une facette de sa personnalité. Est-ce qu'il était comme ça parce qu'il était face à un prêtre, ou parce qu'il avait vraiment trouvé le concert génial ? Un coup d'œil à Thomas lui fit comprendre qu'ils en reparleraient plus tard. En attendant, il sourit, parce que le bonheur de Florent provoquait toujours celui de tout le monde.
• § •
« Alors Florent, tu es passionné des sonorités des églises ? S'intéressa Harry en s'installant auprès de lui dans le car - Charlie avait voulu s'asseoir à côté de Louis, et lui n'avait pas protesté. »
Il n'était pas ironique. Presque pas.
Si, complètement.
« Pas forcément, hésita Florent. J'ai beaucoup aimé le concert déjà, parce que le son était vraiment bon, mais ça tu l'as entendu mieux que moi je pense... »
Le plus jeune hocha la tête. Il avait beau se moquer un peu, chanter en hauteur et autour du public avait été une idée de génie.
« Mais si j'étais un peu... foufou tout à l'heure, c'est que j'ai rencontré un prêtre, et j'adore les prêtres, rougit-il. Pas dans un sens amoureux, hein, mais... même si je n'ai pas la vocation de faire comme eux, je les admire très fort.
- Qu'est-ce qui te retient de devenir prêtre ? »
Ce genre de sujet ne tombait jamais sur la table chez Harry, parce que lui et sa mère ne suivaient aucun office. Il n'était même pas sûr d'être baptisé.
« Je sens que je ne m'y plairais pas, sourit tristement l'italien. Et je ne suis pas un fan absolu de Dieu, donc... les admirer et les soutenir est tout ce que je peux faire. Chez moi, reprit-il d'un air rêveur, j'aidais les prêtres des églises autour de chez moi pour les tâches qui nécessitaient d'avoir des bras, ou d'aller quelque part. Je distribuais des repas aux pauvres, j'allais donner des médicaments aux malades... J'aimais me rendre utile comme ça. Et je côtoyais des prêtres. Des super-héros. »
Harry ne dit rien et observa son ami, qu'il voyait si bien faire tout ça.
« Tu veux bosser dans l'humanitaire, alors ?
- Non. Mon travail me convient. Et, si j'en faisais mon métier, j'aurais moins de plaisir. Le faire quand j'en ai envie rend tout ça beaucoup plus beau, pas obligé, juste volontaire.
- Tu es quelqu'un de bien. »
Florent l'attira dans une étreinte.
« Toi aussi Harry. Je crois qu'on ne te le dit pas assez. »
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