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§ Chapitre 8 §

14 décembre 2022
France

Allez Harry, on court, se motiva le garçon en ce mardi après-midi, quittant tout juste son - ennuyeux - cours de cytologie et devant courir jusqu'à la Charlie's House, puisque, une fois n'était pas coutume, il allait assister à la répétition des soprane-alto, et non pas aller travailler à la bibliothèque.

Seulement, la répétition était de dix-huit à vingt heures, et lui quittait précisément son cours à dix-huit heures cette semaine, à cause d'un problème de professeurs qui avaient mal géré leurs cours et qui devaient retenir leurs élèves plus longtemps.

Non, Harry n'était pas remonté. Il jouait juste de malchance et n'aimait pas ça. Et, qui aime sortir de cours deux heures plus tard que l'habitude alors qu'il a justement quelque chose de prévu juste après ? Personne. Et Harry n'est pas Personne, il est Harry. C'est complètement différent.

Après cinq minutes de trottinement léger à travers le campus - arriver en retard et puant ne serait pas une superbe publicité -, il franchit en trombe la porte de l'immeuble, sourit de ne plus voir le détestable bureau de Jacques - ça faisait bien un mois qu'il ne venait plus, mais son ''matériel de travail'' n'avait été retiré que pendant la nuit - et s'engouffra dans l'ascenseur, qui s'ouvrit aussitôt qu'il en pressa le bouton d'appel.

Quelqu'un a dû descendre il n'y a pas longtemps, sinon il serait encore là-haut.

« Harold ? Entendit-il juste avant que les portes ne se referment. Attends-moi. »

Sans réfléchir, il tendit le bras à travers la cabine pour stopper les portes, et constata que c'était Charlie qui l'avait interpelé, des feuilles plein les mains.

« Tu n'es pas en haut ? S'étonna-t-il, comme si c'était normal que lui soit là.

- Je crois que nan. Tu peux monter au sixième steuplaît ? »

Il s'exécuta sans broncher. Il trouvait Charlie aimable aujourd'hui, la preuve, sa tête était tournée vers lui. Un grand changement.

« Tu es venu pour quoi ? Demanda-t-elle pendant la montée.

- Cueillir des tulipes. Et toi ? »

C'était Charlie qui avait retiré Jacques, après l'avoir mis justement à cause de lui, pour qu'il ne fasse pas ce qu'il faisait maintenant, soit venir à une heure où il n'était pas indispensable. Donc évidemment qu'elle savait pourquoi il était là.

« Marrant. Je vais apprendre à chanter à des castors moi.

- Des castors ? Elles chantent si mal que ça ? Sourit Harry, un peu surpris de la répartie.

- Hein ? Mais non, c'est mignon un castor, rétorqua-t-elle d'un ton bourru mais pas fâché. T'aimes pas les castors ?

- Il ne faut pas confondre castor et cochon d'Inde, tempéra le plus jeune, qui avait en tête la tronche destructrice d'un animal aux dents et aux griffes gigantesques.

- Si tu veux mon avis, à partir du moment où t'as 'cochon' dans le nom, railla la master en laissant traîner un peu sa phrase, tandis que les portes de l'ascenseur s'ouvraient. Tes oreilles vont bien, là ? On va bosser des contrechants.

- Oui, ne t'inquiète pas, sourit Harry, qui ne comprenait pas trop quelle magie avait fait s'ouvrir la version sympa de Charlie - en tout cas il appréciait. Je dors mieux depuis dimanche, alors mes tympans me laissent tranquilles. »

Elle ne répondit pas, parce qu'elle n'avait plus rien à dire sans doute, et entra dans la pièce de gauche du couloir.

« Les filles, vous avez une nouvelle recrue, lança-t-elle par-dessus les bavardages. »

Tout de suite, un silence de plomb tomba sur la salle, la petite silhouette blanche de la jeune femme passant tranquillement au milieu des étudiantes. Harry ne savait pas trop où se mettre, et ne croisa que quelques uns des regards qu'on lui adressait avant d'être gêné et de regarder Charlie, les murs, le piano. Tout sauf les 'salut beauté' que les choristes lui envoyaient avec des clins d'œil.

« Viens-là ma chérie, on va te trouver une voix, sourit Charlie d'une manière inquiétante en lui faisant le signe de venir.

- Si tu veux, mais à la base je regarde hein, pouffa Harry en approchant du piano. »

Aussitôt, la cheffe de chœur appuya sur une touche tout à droite du clavier et lui demanda de reproduire la note. Il le fit approximativement, en toussant beaucoup.

« On va te laisser regarder, ouais, ricana Charlie en lui indiquant une chaise proche du piano, face aux choristes. Et écouter ; dès que tu entends une fausse note tu lèves la main. »

Les filles devant lui s'échangèrent des regards paniqués.

« Je ne sais pas différencier les bonnes des fausses, fit-il mine d'avouer en mentant carrément.

- Tu sers vraiment à rien, soupira la jeune femme en prenant ses partitions. Allez les filles, on a pris du retard à cause de vos bêtises. J'avais dit qu'on travaillait quoi déjà ?

- Eternity, répondit une soprane en levant la main. »

Toutes ses voisines lui envoyèrent des regards incendiaires. Elles comptaient sans doute sur le fait que Charlie ait ''oublié'' pour lui mentir et faire quelque chose de moins difficile. 

Eternity était une partition que Charlie avait adapté en chœur mixte, puisqu'à la base il était soprane-alto, mais comme les hommes avaient énormément de retard comparé aux filles, elle avait abandonné l'espoir de le leur apprendre et ne se concentrait que sur les filles avec la partition originale, filles qui n'avaient clairement pas l'air ravies de le travailler.

« Merci Paula, vous pourriez au moins faire l'effort d'aimer Eternity les autres, il est très joli.

- Mais il est trop dur, se plaignit une fille qu'Harry se souvenait avoir déjà vu râler en tutti.

- J'ai déjà entendu des collégiens le chanter, soupira Charlie en levant probablement les yeux au ciel. Si tu continues à te plaindre comme ça Timothée, on finira pas l'année. Prenez vos partitions au lieu de blablater. Harry est probablement déçu de votre comportement. »

Il ne répondit pas mais fit une moue équivoque en regardant ses ongles. Ça fit rire les filles, qui se reprirent quand leur cheffe leva légèrement ses bras. En se repassant la phrase, le garçon se sentit soudain surexcité et voulut sauter partout. Elle l'avait appelé par son prénom.

Eternity - Michael Bojesen, SA
Find a stone that glistens
When you walk on the shore
All rolled throughout the ages by
The oceans mighty roar

Pour l'instant, l'ensemble était harmonieux, ce qui était la moindre des choses vu que c'étaient des notes simples et qu'elles étaient à l'unisson. Selon ses souvenirs, il y avait trois ou quatre couplets avant le canon.

Feel it with your fingers
With a grain of sand
Salted with the memories
Of far of distant lands

Hide it in your pocket
Where other eyes can't see
It's your piece of the ocean
And all eternity

C'est là, reconnut Harry en entendant la dernière phrase, qui faisait 'and aaaall eternityyyyyyyyyyyyyyy'.

Ce furent d'abord les altos qui se détachèrent de l'ensemble et partirent dans leur partie, le canon commençant déjà entre eux, avant que les sopranes deux ne fassent à leur tour un canon, puis les sopranes un. Mais, pas assez sûres de leur coup, les sopranes un ne partirent pas du tout au bon moment, leur erreur en partie provoquée par le retard massif des sopranes deux à la mesure 53 - Charlie avait prêté une partition à Harry pour qu'il puisse juger du désastre, selon ses mots, par lui-même.

« Vous vous écoutez trop, soupira Charlie en les faisant taire. C'est un canon, c'est normal que vous partiez à des moments différents. Et là comme vous vous attendez on casse complètement l'effet, c'est juste ramollo. Dites-moi, à quel endroit il est écrit que les sopranes deux B1 partent en même temps que les sopranes deux B2 ? »

Cette formulation étrange était due à la partition peu conventionnelle du chant. Les mesures étaient réduites à des rectangles pour chacune des trois voix, répartis sur trois lignes dans chaque voix, où les chevauchements de voix étaient plus simples à repérer que sur une partition normale. Mais la compréhension en était forcément altérée.

Cependant, comme si elles étaient toutes convaincues d'avoir raison, elles cherchèrent activement un endroit où ce serait le cas. Sauf que, si elles s'alternaient, elles ne partaient pas du tout en même temps.

« Mais ça me perturbe, râla Timothée - maintenant qu'il avait un nom à mettre sur son visage, il n'allait pas s'en priver. 

- Donc tu admets que c'est toi qui ralentis tout le monde ? »

Harry savait que c'était le cas, et Charlie aussi, évidemment. Cette fille avait beau se plaindre, elle avait une voix forte qui certes était juste, mais emportait tout le monde dans son sillage, ce qui conduisait à ce genre d'incidents malheureux.

« Les autres n'ont qu'à pas me suivre, crâna la jeune femme en croisant les bras. Et tout le monde peut se tromper.

- Pas quand Tout le monde a vingt-trois ans et que c'est toujours au même endroit, concentre-toi ! »

Elle ne répliqua plus rien. Elles reprirent donc au début du canon, et cette fois, les sopranes deux n'eurent pas de retard, ce qui permit aux sopranes un de partir. Mais leur ascension fut si fausse qu'Harry en grimaça douloureusement.

« Regardez-moi ça, vous faites chialer Harold. »

Il rougit d'être mis sous le feu de l'attention des chanteuses, se demandant si elle avait entendu son souffle faire une pirouette, ou si elle connaissait juste ses réactions par cœur.

« C'était faux et archi-faux votre truc. On recommence. »

Nouvel essai, Timothée arrêta carrément de chanter pour ne pas se tromper, mais repartit au mauvais endroit.

« Je ne commenterai pas, Timothée, mais encore une erreur aussi merdique que celle-là et je te vire. »

Une demi-heure plus tard, Harry ne comptait plus les tentatives. Il n'était pas lassé du chant pour autant, et trouvait qu'elles s'en sortaient bien, puisqu'on touchait sur la fin. Charlie n'était pas du même avis.

« Celles qui font le thème, vous avez vos notes ? Demanda-t-elle d'un ton agacé, détestant qu'on lui fasse perdre son temps.

- Oui, répondit la dénommée Clotilde après une rapide vérification auprès de ses consœurs. On peut y aller.

- Cool. Je veux un sans-faute. »

Chacune eut visiblement une préparation mentale. Puis le canon commença, et comme par magie, fut parfait.

« Allez ça dégage, dit-elle pour passer à autre chose, je veux la même chose dimanche. »

Dimanche ?

« Qu'est-ce qu'il se passe dimanche ? Demanda Harry en se raclant la gorge, qui n'avait pas été utilisée depuis un moment.

- On aura un concert, Harold, et puis la semaine d'après on en aura un par soir. Là c'est le premier. »

Ah.

« Mais... on est prêts ?

- Bah, samedi a intérêt à être parfait, c'est tout... »

La menace sous-jacente ne lui échappa pas. Ils devaient être irréprochables.

• § •

17 décembre 2022
France

« Ah, j'en peux plus ! »

Niall se laissa tomber sur le canapé aussitôt qu'ils furent rentrés de la répétition. En effet, Charlie n'y était pas allée de main morte avec eux. Reproche sur reproche, mille arrêts en un chant, elle les avait défoncés. Mais le jeu en valait la chandelle : ils étaient bien plus assurés qu'avant.

« On répète ce soir ? S'assura Harry en regardant son colocataire disparaître dans les coussins.

- Évidemment. Tu sors ? »

Harry n'avait pas enlevé ses chaussures et partait vers la porte.

« Oui, je vais chercher le pain. »

Si Niall le trouva un peu trop nerveux pour aller acheter une baguette, il n'en dit rien et le regarda passer la porte. Il avait un pressentiment particulier, mais il se trompait sans doute.

Harry, de son côté, s'apprêtait à faire un casse dans un hôpital, alors il se sentait très très stressé. Il avait regardé le nom de famille de Leah dans un ancien annuaire du campus - son nom complet était Leah Maria Deareer - et allait tenter un énorme bluff pour réussir à la voir. Si elle était encore à l'hôpital, bien sûr.

J'achèterai la baguette après.

Après tout, l'hôpital n'avait pas besoin de pain, et comme ça, elle serait plus fraîche en arrivant à l'appartement.

Il prit donc le même chemin que d'habitude pour se rendre à l'hôpital, mais stressé. Il ne savait même pas exactement ce qu'il allait dire.

« Oui bonjour ? L'interpella la secrétaire en service quand il eut traversé trois couloirs et se fut retrouvé dans la partie publique de l'hôpital, où se baladaient des gens venant de la ville d'à côté.

- Euh, oui bonjour, j'aimerais voir une jeune femme qui a été internée ici il y a quelques mois, sourit-il d'une manière un peu crispée. Elle s'appelle Leah Deareer. »

La secrétaire s'activa sur son ordinateur, mais releva un regard contrit vers lui.

« Je suis désolée, elle a changé d'établissement peu après son arrivée ici.

- Oh... Vous pourriez m'en dire l'adresse ?

- Non monsieur. Il faut que vous soyez un membre de sa famille proche.

- Mais je suis son frère, protesta-t-il - du chiqué, mais il voulait vraiment la voir, au risque que l'établissement soit à mille kilomètres de là.

- Puis-je voir votre carte d'identité ? »

Il se sentit mourir à l'intérieur. La secrétaire était suspicieuse, ça se voyait, et s'il avait sa carte d'identité sur lui, le nom de famille marqué dessus n'avait rien en commun avec celui de Leah. Il ne vit pas comment se sortir de ce mauvais pas sans être interpelé par la sécurité.

« Harry ? Qu'est-ce que tu fais là ? Le rendez-vous est dans mon bureau, comme d'habitude, lança soudain quelqu'un derrière lui. »

Il reconnut la voix de Véronique.

« Oh, euh, je- désolé, j'étais pas sûr- bricola-t-il en accourant vers elle, trottant comme une brebis perdue.

- Viens. »

Il ne contesta pas, et suivit son infirmière personnelle à travers les couloirs qu'il avait longuement parcourus en début d'année.

« Tu as besoin de quelque chose ? Lui demanda la brune en ouvrant la porte de son bureau et s'asseyant à sa place. Tu veux qu'on reprenne les rendez-vous, peut-être ?

- Euh, oui, ça m'aiderait beaucoup, avoua-t-il sans réfléchir longtemps, mais à la base je venais pas pour ça... »

Comme elle lui posait la question par le regard, il se jeta à l'eau, en craignant tout de même de se prendre une beuglante.

« Je cherche une fille qui est entrée ici en mai, mais la dame de l'entrée m'a dit qu'elle n'est plus là, sauf que je veux la rencontrer. Alors je... mentais, en disant que j'étais son frère, pour avoir le droit de la voir. Mais, je veux rien faire de malhonnête hein ! Se défendit-il en voyant que le regard de Véronique s'était assombri. Juste la rencontrer et lui parler.

- Cette manière de procéder EST malhonnête, Harry, soupira la soignante. Tu ne veux que lui parler ?

- Et qu'elle me parle d'elle. Je ne sais pas qui elle est vraiment, mais, autour de moi on me cache plein de choses sur elle alors je veux la voir par moi-même. Ce serait... possible ? »

Véronique le regardait toujours.

« Tu n'es pas un mauvais garçon, mais... Commença-t-elle, douchant directement tous ses espoirs. La famille seulement est autorisée, dans l'établissement où elle est. Tu n'en es pas. »

Il courba les épaules.

« Cependant, reprit-elle en analysant sa réaction, selon qui elle est, je peux éventuellement te donner une permission. »

Son regard pétilla d'une joie sans bornes.

« Leah Deareer. »

Pas besoin de chercher sur son ordinateur, Véronique la connaissait - sa moue le laissait savoir.

« Je m'en doutais. »

?

« Le secret médical me retient, alors je ne peux rien te dire, mais je t'autorise à aller la voir aujourd'hui. Ça te va ?

- Oh oui oui oui, merci beaucoup, sourit-il jusqu'aux oreilles.

- Alors je te signe ça. C'est à l'hôpital psychiatrique du campus, tu vois où c'est ? »

Son regard se figea. L'hôpital psy ? Elle était là ?

Alors c'est peut-être normal que personne n'en parle.

« Je... non.

- Tu vois la grande prairie ? »

Il opina du chef.

« C'est de l'autre côté, si tu pars du centre. Tout au fond du campus. L'entrée principale de l'hopitâl psychiatrique est sur la gauche du golf, c'est assez bien indiqué alors tu ne devrais pas avoir de mal à la trouver. C'est bon pour toi ?

- Mhmh, acquiesça-t-il, parti dans ses pensées.

- Alors voilà ta permission, lui dit-elle en lui tendant un papier signé. Sinon, tu voulais reprendre les rendez-vous ? »

Il lui parla de ses problèmes internes du moment, mais toujours rien à propos de la petite fille. Il ne voulait pas que sa petite visite à l'hôpital psy se transforme en aller simple.

« Tu as bien besoin de nos séances, sourit Véronique en prenant sa souris d'ordinateur. On reprend les mêmes horaires qu'avant ?

- Oui, s'il te plaît. Ça ne te dérange pas ?

- Non, ça ne peut que te faire du bien, sourit-elle, aimable. C'est noté, du coup je te dis à dimanche ?

- C'est ça, à dimanche Véronique ! La salua Harry en sortant de la pièce, son autorisation bien en main. »

De peur de recroiser la secrétaire suspicieuse, il passa par le couloir universitaire pour ressortir, et une fois dehors, bifurqua vers la droite pour aller au fond du campus, et ensuite le traverser horizontalement. Alors qu'il parcourait cette grande steppe inoccupée qu'était le fond du campus, un vent gelé se mit à souffler, et il se maudit de n'avoir pas pris de cache-oreilles. Pour se réchauffer, une petite trotte fut rapidement élaborée, et apercevoir l'hôpital psychiatrique qui se profila bientôt au loin fut la meilleure nouvelle de cette journée.

Il mit encore dix minutes à atteindre les bâtiments modestes regroupés là, qui réunissaient désintoxication, détoxication et psychiatrie. Il se retourna pour regarder le reste du campus, et fut étonné de tout voir en tout petit. Les malades mentaux étaient donc si loin d'eux. Au-delà de trouver ça sécurisé, il trouva ça triste.

Il ouvrit la lourde porte de l'établissement qui l'intéressait, et fut tout de suite enveloppé par la chaleur et l'odeur de propre de l'endroit.

« Oui, bonjour ? L'appela l'infirmière en service à l'accueil. »

Il se retint de déglutir. Les secrétaires lui faisaient peur, maintenant.

« Euuuh, bonjour, je viens pour voir Leah Deareer. J'ai une permission. »

Il tendit son petit papier signé par Véronique, et l'infirmière le lut sans perdre son sourire.

« Très bien, suivez-moi ! »

C'est si simple ?

Elle lui fit franchir une double-porte sécurisée et lui demanda de vider ses poches dans un casier, ainsi que d'enlever son manteau et de mettre des sacs sur ses chaussures - ces machins avaient sans doute un vrai nom mais il ne le connaissait pas.

« Les patients peuvent se montrer brutaux, alors vous ne devez rien garder sur vous, lui précisa l'infirmière en croisant son regard 'maispourquoionmevolemesaffaires'. Votre téléphone est éventuellement autorisé.

- Je veux bien le garder alors, merci. »

Elle le lui rendit avant de fermer le casier. Il se sentait un peu moins nu comme ça.

« Je dois vous prévenir, mais si quelque chose de violent a lieu, ou quoi que ce soit qui vous effraie, ne criez pas. Vous pouvez nous appeler avec ce bouton - elle lui donna une petite manette -, mais ne criez pas. »

Plus elle parlait, plus il avait l'impression d'entrer dans un jeu d'horreur. Il tenta vainement de calmer les battements de son cœur, mais c'était difficile. Pour se distraire, alors qu'ils se mettaient en marche dans les couloirs du bâtiment chaudement éclairé, il pensa à cette fois où Louis s'était fait passer pour complètement fou. Ça le fit sourire.

« Nous y sommes. Vous avez une heure pour vous entretenir avec elle. »

Il releva la tête vers elle, et se rendit compte qu'il l'avait déjà vue, cette infirmière. Elle était passée en vélo à l'administration, un vendredi, alors qu'il était avec Wilhelm et Liam. Comment s'appelait-elle déjà ?

Avant qu'il n'ait eu l'idée de regarder son badge, il était seul dans le couloir.

Je suis sûr que ça finissait par 'i'... Et qu'il y a un 'a' aussi... Cassy ? Darcy ? Maggie ?

Comme il n'en trouvait pas d'autres, il abandonna et poussa la porte de la chambre. Ce qu'il vit en premier fut une silhouette, qui regardait par la fenêtre le peu qu'on voyait du campus. Elle était de dos, mais il voyait d'elle une cascade d'anglaises brunes, qui lui suffirent à l'identifier.

« Eum... Leah ? C'est ça ? Balança-t-il maladroitement quand même en fermant la porte derrière lui. »

Elle ne bougea pas d'un poil. Lui réfléchit. Était-ce poli de traverser la pièce pour se rendre devant elle ?

« Leah ? J'aimerais vous... te parler. »

Toujours aucune réponse. Que faire ? Il ne pouvait pas crier, alors n'osait pas pousser sa voix trop fort. Mais si elle ne réagissait pas, peut-être qu'elle ne l'entendait juste pas ? Il fit deux pas sans que la Terre ne s'arrête de tourner, alors en fit trois de plus. Il était à un mètre du lit. Et elle ne bougeait toujours pas. C'était à peine s'il l'entendait respirer.

Courageusement, il contourna le lit pour se mettre face à elle. Son visage lui coupa le souffle. Ses yeux étaient d'un vert doux rehaussé par de longs cils veloutés, ses joues étaient un peu creuses, et une raie de coté faisait tomber ses cheveux élégamment de part et d'autre de son front. Sur la couverture, ses mains étaient fines, anguleuses, elles avaient l'air froides. Le pyjama de l'hôpital empêchait de se faire une idée précise de son physique.

« Leah ? L'appela-t-il doucement. »

Ainsi, sa voix était grave, et inexplicablement, elle tourna ses yeux vers lui. Il se sentit très bizarre d'avoir ces yeux plantés dans les siens, mais aussitôt, elle retourna son regard sur la vitre et l'oublia. Toute l'heure se résuma à lui qui tentait de lui adresser quelques mots, mais qui parlait à un mur.

Quand il sortit de la pièce, l'infirmière était là.

Elle s'appelle Fany, lut-il sur son badge. Je me souviens que Wilhelm ne l'aimait pas trop, il n'avait pas l'air enchanté de la voir.

« Ça s'est bien passé ? S'enquit-elle en le jaugeant discrètement.

- Elle est... mutique. Elle ne m'a regardé qu'une fois. »

C'est déjà bien, moi elle ne me regarde jamais, se dit Fany en l'accompagnant à travers les couloirs.

« Il ne faut pas vous en vouloir, elle est comme ça avec tout le monde, lui dit-elle en repérant que ça l'attristait.

- Beaucoup de gens viennent la voir ?

- Je ne peux pas vous le dire, sourit-elle. »

Oui, normal, ça ne me regarde pas.

Elle lui restitua ses affaires, et bientôt il était dehors, à marcher dans le froid à travers une plaine longue de trois kilomètres au moins. Quand il fut à une certaine distance pourtant, il se retourna, et essaya de retrouver quelle fenêtre était celle de Leah. Il la trouva en se restituant rapidement les couloirs traversés, et la regarda attentivement. Le verre était sans tain, mais il était convaincu qu'elle le regardait lui.

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