§ Chapitre 33 §
8 avril 2023
France
« Prenez tous vos partitions, on va sur scène pour faire les placements et les balances ! »
Le chœur s'activa aussitôt sorti du véhicule ; les bien portants prirent les tenues patientant dans les soutes pour les mettre sur les genoux des fauteuils, et s'emparèrent des valises qu'ils utilisaient pour transporter les partitions de ceux qui n'avaient pas de sac - les fauteuils en grande partie, mais quelque mentaux aussi -, ainsi que la trousse de secours et le pupitre sacré de Charlie, qui ne les avait pas attendus avant d'entrer dans le bâtiment.
Ils connaissaient maintenant bien la salle et ne tardèrent pas à aller poser leurs affaires dans les loges communes, s'organiser pour que tout le monde ait ses partitions, et se diriger groupés vers la scène pour, comme l'avait dit Charlie, faire les balances - son et lumières - et les placements - d'un concert à l'autre, le chœur et les instruments ne se plaçaient pas de la même manière, alors il fallait trouver quelque chose de différent d'à Noël et d'à la rentrée. Harry supervisait les déplacements de groupes et servait donc de guide à ceux qui n'étaient encore jamais venus, en plus de presser les autres et de les empêcher de papoter trop longuement, parce que Charlie n'aime pas attendre et qu'elle lui avait paru stressée en descendant du car.
Cependant, alors qu'ils se dirigeaient vers l'une des portes qui menaient sur la salle - une porte réservée au personnel -, un colosse barra la route à la petite troupe, qui s'immobilisa de surprise.
« Vous ne pouvez pas passer par là. Suivez-moi, je vous prie. »
Le colosse leur indiqua un couloir sur leur droite, et ils marchèrent en silence derrière lui le temps d'arriver à une autre porte, elle aussi menant à la salle mais par l'autre côté. Cette porte-ci n'était pas coupe-feu, contrairement à l'autre, et Harry songea que c'était sans doute à cause de cette particularité qu'on les empêchait de l'utiliser ; à cause des fauteuils, les portes devaient constamment être grandes ouverts quand le chœur était là ; une porte coupe-feu devant être fermée en permanence ne pouvait ainsi pas être utilisée comme une porte normale.
« Gardez bien en tête que vous ne pourrez pas utiliser votre chemin habituel pour rejoindre la salle aujourd'hui, leur rappela le colosse avant de repartir dans l'autre sens. »
Et il s'en fut. Harry ouvrit donc la porte pour laisser passer les fauteuils et le chœur derrière la scène, et ils rejoignirent Charlie sur la scène même - il y avait un ascenseur pour les fauteuils à l'arrière de la scène -, en train de parler à un second colosse.
« Ah, vous êtes là, constata celui-ci quand la troupe s'approcha, rendue un peu craintive par la présence de ces messieurs. J'ai quelques informations à vous faire passer avant que vous ne répétiez, si vous le voulez bien. »
Harry reconnut ce monsieur comme étant l'un des gardes de l'hôpital psy qui l'avait coursé à Noël, mais s'efforça de conserver une attitude transparente pour ne pas se faire remarquer.
« Ce soir, reprit le colosse quand il fut sûr d'être écouté, on aura plus de public que d'habitude, alors les mesures de sécurité que vous appliquez déjà en temps normal ont été renforcées. On a déjà une équipe de garde qui circule dans les couloirs ; toutes les portes coupe-feu, il y en a trois, on été fermées à clef et vous ne pourrez les utiliser que si elles sont déverrouillées par l'un de nous lors d'un incendie ; à part ça, une fouille vigipirate sera effectuée lors de l'arrivée des membres du public avant le concert. Vous n'avez pas à vous inquiéter si vous nous voyez, reprit-il calmement à l'attention des quelques uns qui avaient pâli, la majeure partie du temps on sera dans les couloirs à surveiller que tout se passe bien, et on patrouillera de temps en temps dans la salle pendant le concert, mais rien de méchant.
- Vous êtes combien ? Demanda Charlie avec une froideur peu habituelle.
- Six, mademoiselle.
- D'accord. Et vous souhaitez faire une fouille du chœur, aussi ? »
La question n'était pas sarcastique, elle était honnête ; le garde assura que ce n'était pas la peine, et il alla dans la régie pour observer les issues de la salle d'un peu plus haut. Dès qu'il s'en fut allé, Charlie pesta.
« Qu'est-ce qu'ils m'énervent, tous. À les regarder, on pourrait croire qu'il y aura un drame ce soir.
- Ils veulent bien faire, lui sourit Louis alors que Thomas voyait son piano se faire installer sur un coin de la scène.
- Tu parles. Oiseaux de mauvais augure. »
La répétition commença, et ils virent en deux heures comment se placer en règle générale, comment arriver sur scène, comment en repartir, qui présenterait oralement chaque pièce avant le chant, qui ferait la pub à la fin... Ce fut ensuite le tour de l'orchestre, et pendant que chaque instrument se mettait en place, les choristes devant rester à leur place pendant cette opération pour que les placements soient bons même avec tout le monde sur scène, Harry songea qu'il pourrait rentrer chez lui dès le lendemain, grâce aux vacances, et que sa mère pourrait ainsi lui toucher deux mots sur son père, comme elle lui avait promis de le faire lors de l'un de ses appels. Un stress angoissant lui prit les tripes à l'idée d'apprendre des choses sur son père, cet homme qu'il n'avait pas connu et dont il avait été tenu loin pendant pratiquement dix-huit ans, mais il se rassura intérieurement : jamais sa maman n'aurait épousé quelqu'un de bizarre ou de dangereux. Du moins, il l'espérait.
« Rompez ! S'exclama Charlie vers quinze heures. Restez dans le bâtiment le temps d'attendre le repas de ce soir à dix-huit heures, ne dérangez pas l'équipe de sécurité, et ne faites pas trop de bruit. Que ceux qui ont du mal sur certaines pièces restent avec moi ou s'entraînent en solo, avec quelqu'un pour les superviser, gardez à l'esprit que vous devez forcément être avec quelqu'un pour vous déplacer. Merci de ne pas sortir du bâtiment, s'il vous plaît. »
Le chœur se dispersa donc en plusieurs petits groupes, et Harry choisit de rester dans la salle, partant se poser dans un fauteuil rouge pour passer le temps - il avait bien envie d'écouter quelques solos, aussi ; il lui tardait particulièrement d'entendre celui d'I Believe, un très beau chant relatant d'un poème écrit sur les ruines du camp concentrationnaire d'Auschwitz et dont le solo lui faisait toujours quelque chose au cœur lorsqu'il l'entendait.
Il patienta donc pendant quelques chants et pièces de l'orchestre en jouant sur son téléphone, mais au bout d'un moment, il n'entendit plus rien ; il releva la tête, et constata qu'à cause de la distance entre lui et la scène, ainsi que l'acoustique feutrée créée par la moquette au sol et les fauteuils matelassés, il ne pouvait pas entendre la conversation animée qu'entretenaient Charlie et Timothée sue la scène. Il essaya de se concentrer, mais ne parvint qu'à vaguement entendre le son de leur dispute.
Ce constat le fit sourire : son ouïe s'était suffisamment amenuisée pour qu'il ne puisse plus épier les conversation de tout le monde. Quel soulagement !
Mais il n'en restait pas moins que Charlie et Timothée se disputaient, fort de surcroît, et que Timothée était justement la soliste sur I Believe ; comme c'ètait son seul solo avec The Rose et que celui-ci allait très bien, il ne faisait aucun doute que c'était I Believe le problème.
Harry réfléchit sur ce que Charlie pourrait bien reprocher à sa soprane numéro un ; elle avait l'habitude de lui dire de moins se presser, et de chanter plus doucement, mais il n'y avait pas là matière à s'engueler, surtout aussi fort.
Les micros se mirent brusquement en marche, et l'on entendit la dispute dans toute la grande pièce.
« Mais ne le prends pas mal-
- MAIS C'EST MON SOLO ! TU NE PEUX PAS ME LE RETIRER COMME ÇA !
- Si ; je peux le faire et je vais le faire, parce que c'est moche, la manière dont tu le chantes. Ce solo n'est pas pour toi. »
Un point de vue extérieur aurait sans doute cru que seule Timothée s'emportait, mais Charlie avait le même ton de voix que quand elle commençait à devenir agressive par manque de patience.
« T'es vraiment une connasse. Tu vas le donner à Jolie, c'est ça ? Je sais pas pourquoi tu ne jures que par elle sur les solos, mais il va falloir arrêter de faire du favoritisme !
- Je ne fais aucun favoritisme, et je t'ai déjà dit mille fois ce qui ne va pas entre toi et ce solo : tu chantes trop fort, on dirait que tu veux engloutir le chœur et non pas flotter au-dessus comme moi j'ai envie que tu le fasses. De la même manière, ta voix est lourde, et ça tu n'y peux rien, mais au niveau de l'équilibre des voix ça me dérange.
- Mais je peux encore me corriger ! Plaida Timothée, qui ne voulait pas perdre ce solo.
- Non. Je t'ai dit un nombre incalculable de fois comment tu devais le faire, et à chaque fois tu me dis oui, mais tu rechantes de la même manière, parce qu'au fond tu n'as pas envie de m'obéir mais de faire ton show en faisant des effets de voix. Et encore une fois : ce n'est pas le but de cette chanson ! Ta voix doit être douce, légère, aérienne, percer le choeur sans passer par-dessus. C'est simple, mais si tu ne sais pas assez te servir de ta voix pour le faire correctement, moi je te dis au revoir et je donne ce solo à quelqu'un d'autre. »
Les micros se coupèrent à nouveau, alors Harry n'entendit pas la fin de la conversation, mais il vit que Timothée quitta la scène après encore quelques échanges, et Charlie se tourna vers les autres occupants de la scène pour répondre à leurs questions sans plus se préoccuper du sort de sa chanteuse. Louis, qui passait par là, vint s'asseoir à côté de lui.
« Tu sais qu'elle a été la conclusion entre Charlie et Timothée ? Lui demanda Harry en swipant distraitement sur son téléphone. Je l'ai pas entendue d'ici.
- Hm, Timothée est démise de I Believe, mais en contrepartie Charlie a interdiction de mettre Jolie à sa place. Sauf que connaissant les sopranes qu'on a avec nous pour ce soir, en-dehors de Timothée et Jolie, personne n'acceptera de faire un solo, surtout si c'est I Believe. Il est facile à retenir, mais les rythmes peuvent être déroutant en solo, et les tenues sont très longues, il faut un bon souffle. Sachant que même si seule Timothée a le souffle nécessaire pour faire ça, Charlie ne reviendra jamais vers elle. Je ne sais pas comment elle va faire. »
Harry hocha vaguement la tête. Un problème de plus qui s'annonçait pour Charlie. Sans aucun doute, la représentation de la soirée allait être une source de stresse infinie pour elle d'ici les applaudissements.
• § •
« Putain. »
Une porte claqua violemment, et Harry sursauta, sensible au son, qui s'était répercuté dans toutes les toilettes. Il avait clairement reconnu le timbre de Charlie, décorée d'une colère grondante qui la rendait encore plus caverneuse que d'habitude, et il se chia instantanément dessus. Les toilettes des filles et des garçons n'étaient séparées que par un mur, et s'il respirait trop fort, elle saurait qu'il était là, à cause du carrelage qui recouvrait toute la pièce.
« Putain de putain de MERDE ! »
Elle dut frapper une porte, et le bruit que ce geste causa transporta un vent de panique dans les veines du garçon, qui n'osait même plus respirer.
Elle va me frapper.
« Harold ? T'es là ? »
Son ton s'était adouci d'un coup, et il resta coi un instant avant de lui répondre. Mince alors, aussi nul que ça pour rester silencieux ?
« Euh- ouais~ balbutia-t-il, le cœur battant à mille à l'heure. Tout- tout va bien ? »
Elle vint le rejoindre côté garçons, et il se tourna vers elle pour ne pas être malpoli. Elle était déjà en tenue - enfin, déjà, il était quand même dix-neuf heures - et ses cheveux étaient attachés en un chignon compliqué d'où ses pointes asymétriques sortaient vers le haut et s'affaissaient joliment sur le chignon. Une partie de sa frange avait été tressée. Lui-même était en train de se coiffer, mais l'arrivée de la jeune femme lui avait plutôt fait mettre un bordel sans nom dans ses mèches.
« Nan. J'ai envie de crever. Rien ne va. »
Il sourit nerveusement, ne s'attendant pas à ce qu'elle soit aussi honnête.
« La troupe de guignols qui se balade dans tout le bâtiment donne la frousse à tout le monde. Les ingénieurs son et lumière n'arrêtent pas d'alpaguer Will pour des détails et il n'a pu bosser aucune de ses parties en répèt' alors qu'on est là depuis six heures. Les tenues se sont volatilisées il y a vingt minutes et tout le monde les cherche. Les fauteuils de scène sont en mauvais état alors qu'on était censés en avoir des nouveaux depuis plusieurs semaines. Les fouilles vigipirate ont commencé mais comme les guignols ne sont que six et qu'on doit accueillir cinq mille personnes, même en s'y prenant deux heures à l'avance on commencera en retard. Je continue ? »
Un agacement grandissant avait pris sa voix, et Harry avait maintenant peur qu'elle frappe et brise une vasque en deux. Elle ne le fit pas ; à la place, elle se mit à faire les cent pas.
« Et après il y a moi, qui n'arrive pas à gérer un chœur de trente personnes parce que je sais pas. J'ai foutu I Believe en l'air alors que c'est le chant qui émeut le plus ! C'était le climax du concert, et j'ai fait fuir la soliste ! J'ai personne pour la remplacer, je le sais, et je la vire quand même ! Qu'est-ce qui putain de cloche chez moi ?! »
Elle plaça ses mains devant son visage comme si elle les regardait pour y chercher une réponse, le corps tendu. Harry préféra écouter que répondre, parce qu'il sentait qu'elle n'avait pas fini sa tirade.
« Je fais peur aux gens parce que mes cheveux sont bizarres, je soule les membres de mon chœur parce que je suis trop casse-couilles pour permettre à des humains d'être imparfaits, et j'envoie paître la seule personne qui puisse encore s'approprier le titre de famille à mes yeux parce que je suis trop rancunière ! Je suis une conne, doublée d'une prétentieuse et d'une maniaque juste détestable ! J'ai un doctorat à vingt-et-un ans mais aucun avenir ! Je suis dépendante de tous mes amis, en dépression tous les mois, ai des problèmes psychologiques qui ont l'air d'affecter le monde entier, et handicapée en plus de ça, ce qui fait de moi un poids mort dans toutes les situations ! Je suis- »
Un tremblement traversa son corps, comme si une réalisation la percutait alors qu'elle donnait toujours l'impression de fixer ses mains.
« Je- suis la pire chose qui vous soit jamais arrivée ! Sanglota-t-elle à moitié. À tous ! Tous ! »
Harry décida que c'en était assez pour son cœur et alla la prendre contre lui.
« Tu penses tout ça ? »
Elle acquiesça en une fois, ferme.
« Tu penses que tout ça, c'est la vision qu'on a de toi ?
- Non, mais c'est celle que vous devriez avoir, murmura Charlie, prise en sandwich entre les bras d'Harry et son torse.
- De ton entourage, sache que absolument personne ne pense ne serait-ce qu'une seule de tes phrases, lui affirma pourtant Harry. Et tu n'as aucun pouvoir sur la manière dont on te perçoit, parce qu'on a ce qui s'appelle le libre-arbitre et qu'on est capables de déterminer tous seuls si on veut être avec toi ou pas. Ne confonds pas la vision que tu as de toi-même et ce que tu es, ce sont deux choses diamétralement opposées. »
Elle ne réagit pas, restant coincée entre ses bras. Il choisit de continuer.
« Je ne peux évidemment pas parler au nom des autres, mais je peux te dire plusieurs choses : d'une, tu auras beau dire tout ce que tu veux sur ton caractère, ta psychologie ou ton perfectionnisme, tu ne changeras pas le fait que tu es une musicienne extraordinaire, capable de tellement de choses que je n'en sais probablement que très peu sur tes capacités, en réalité. Tu es pédagogue quand ça parle de musique, et tu es franchement la meilleure cheffe de chœur que j'aie croisée depuis que je fréquente des chorales. Tu ne t'aimes peut-être pas comme nous on t'aime, mais moi je suis heureux de t'avoir rencontrée, parce que tu es drôle, imprévisible, et que c'est génial de pouvoir compter une personne aussi pleine de mystères que toi dans mes amis. »
Il s'arrêta brièvement, mais elle ne réagissait toujours pas, alors il chercha quoi dire de plus.
« Tu sais... tellement plus de gens que tu n'as l'air de le penser tiennent à toi. Personne n'est parfait, surtout pas ici, et puis, même si tu es parfois effectivement la source de problèmes un peu partout et chez tout le monde - elle se raidit bizarrement, étouffant un ricanement en même temps -, tu ne dois pas oublier que les gens du campus, même s'ils savent tout ce qu'on dit de toi, t'estiment énormément. Tu es aimée de beaucoup de gens, Charlie, parce que même si tu as tous les défauts que tu m'as gentiment cité, tu restes une personne attentive au bien-être des autres, avec un réel sens de l'équité, une acceptation de l'autre qui n'est pas feinte, et des talents par milliers, avec en tout premier de la liste ce gyroscope que tu as dans le crâne et qui te permet d'agir comme une personne voyante alors que tu es aveugle ! Ce truc-là me rend complètement fou d'ailleurs, il faudra que tu me dises comment tu fais ! »
Elle ricana pour de vrai cette fois, et se dégagea.
« Je fais rien de particulier.
- Bien sûr que si. Relève ta frange pour voir ? »
Elle s'exécuta sans trop comprendre, et Harry obtint ce qu'il voulait : les pupilles de Charlie étaient à l'instant rivées dans les siennes.
« Là, tes yeux sont dans les miens, lui annonça-t-il, et ça ne devrait pas être possible vu qu'ils sont HS.
- Ah bon ? »
Elle les bougea, pour tenter de le voir sans doute, mais ses yeux avaient dans leur trajectoire l'absence caractéristique des yeux des aveugles, et Harry se rendit compte qu'en effet, elle ne le faisait vraiment pas exprès.
« Autre chose, ce gyroscope, ajouta-t-il pour bien lui montrer qu'elle n'était pas comme les autres, et que c'était vraiment extraordinaire ; si je fais ça... »
Il avança sa main vers son épaule sans la toucher, et dans la seconde, Charlie s'était décalée. Il recommença de l'autre côté, au niveau des côtes, et il obtint une tape sur la main.
« Roh hé, range tes pattes ! Râla la jeune femme sans se rendre compte de l'ébahissement du plus jeune.
- Ça aussi c'est unique Charlie ! T'es tellement forte ! C'est trop bien ! »
Son âme d'enfant parlait à sa place, mais il était tellement impressionné de voir cette démonstration de supériorité par rapport aux autres aveugles qu'il ne pouvait pas se retenir. Sa joie fit d'ailleurs rire Charlie.
« Abuse pas, tout le monde fait ça. »
Ils savaient tous les deux qu'elle ne le pensait pas, mais Harry ne rebondit pas, parce qu'il savait que ce serait impossible de lui faire entendre raison. Il est des gens qui n'aiment pas qu'on leur dise qu'ils sont exceptionnels.
« Tout ça, c'est rien du tout à tes yeux, et pourtant c'est tellement... tellement incroyable ! Soupira-t-il en souriant. Tu ne peux pas te dévaloriser alors que tu es si fantastique. Oui tu as des défauts, comme tout le monde, mais c'est comme pour tout : tes talents pallient, et on ne remarque pas que toute ta personnalité n'est pas parfaite. C'est pas grave. Change si tu sais que tu dois le faire, mais ne te crois pas plus bas que terre, parce que tu ne l'es pas. Tu peux toujours changer. Tu n'as que vingt-et-un ans. »
Il se rendit compte que c'était la première fois qu'il apprenait son âge, mais au fond, il s'en fichait. C'était Charlie, et elle était magnifique.
« Tes déclarations d'amour sont bien sympathiques Harold, mais elles ne m'aideront pas à trouver une nouvelle soliste, railla Charlie, en rapport avec le début de leur conversation.
- Disons que je t'ai assez changé les idées pour que tu ne fasses pas fuir la prochaine.
- Gna gna gna. Je vais piocher chez les ténors, tiens. »
Harry déglutit. Tout mais pas lui, il était loin d'avoir le souffle pour faire ce solo.
« Hin hin. Ça rigole moins. Bon, je file, dépêche-toi de te préparer, on fait la dernière repet et la chauffe dans une demi-heure. Je vais aller voir si les guignols ont réussi à faire passer plus de dix personnes. »
Charlie sortit des toilettes, et Harry se retourna vers son reflet aux cheveux récalcitrants.
Vous, si vous faites les cons je demande à Clotaire de tous vous raser.
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