§ Chapitre 31 §
5 avril 2023
France
Le monsieur levait les bras pour leur dire de se taire et d'être attentifs. Charlie attendait de voir, derrière lui, ce qu'il allait bien pouvoir faire sortir de son chapeau, sa posture - bras croisés et tête penchée - exprimant clairement que tous ses sens musicaux étaient en alerte.
Si ça chante faux, je pense qu'elle nous tuera tous sur place.
Et elle les tua tous sur place, bien qu'Harry lui-même détesta cette expérience ; avoir un autre dirigeant que Charlie n'était pas confortable, puisqu'il ne connaissait pas les gestes, les mimiques, les significations des mouvements de cet homme, surtout qu'ils se révélaient beaucoup moins précis que tout ce qu'il avait déjà vu auparavant. Ce manque de rigueur se ressentait énormément dans les notes que produisaient les filles de ce chœur ; ça flottait entre plusieurs tons sans trop savoir où se poser, les temps étaient aléatoires, et la polyphonie était atrocement difficile à supporter pour un quelconque tympan expérimenté - et celui d'Harry, expérimenté malgré lui, se mit à siffler au bout de quelques minutes de tentatives de chant, puisqu'évidemment, les filles de ce chœur ne connaissaient pas leurs parties et réclamèrent plusieurs fois à recommencer. Très franchement, Harry les trouva ridicules à se croire puissantes parce qu'elles chantaient fort, sans savoir qu'elles chantaient complètement faux.
D'une manière ou d'une autre, Charlie devina qu'il allait mal et alla le repêcher d'elle-même dans la mer de chanteurs, pestant à l'encontre de ce chef de chœur incompétent - elle développa un langage bien plus fleuri, mais l'idée était là.
« Stop ! Lança-t-elle après avoir posé Harry dans les bancs, bouchons d'oreilles en place et casque à disposition si ça n'allait pas en s'arrangeant. Je dirige, ou moi et mon chœur on se casse, et crois-moi que si on part, le vieux, tu feras fuir le public d'aujourd'hui et le prêtre de la messe de demain. »
Le monsieur se tendit de rage de se faire reprendre par une étudiante - techniquement elle ne l'était plus, mais elle n'avait que vingt ans et des poussières -, mais ne protesta pas et se recula, lui indiquant qu'elle pouvait s'avancer. Il avait l'air de savoir qu'elle était aveugle.
« Bon, toutes, commmença par dire Charlie aux filles de Jules Verne, vous allez déjà arrêter de vous croire au centre du monde juste parce que vous beuglez comme des vaches, et avoir du respect pour mes chanteurs à moi, parce que même si on ne paye pas de mine, nous on chante bien, et on a des trucs à vous apprendre.
- Ah ouais ? Commencez par savoir vous mettre debout, railla une fille du dernier rang en pointant Louis du doigt, qui rougit, humilié par la salve de rires qui s'éleva - Harry se prépara à se lever si une bagarre se déclenchait entre Charlie et ces connasses, pas pour la stopper bien sûr, pour l'aider.
- Et moi j'apprécierais qu'une baleine dans ton genre qui pouffe dans le fond depuis qu'on est entrés, qui hurle à la mort alors qu'on est censés interpréter une pièce chorale française célébrissime, calme et apaisée, et qui en plus rend l'un de mes chanteurs sourd - elle pointa Harry et ses protections auditives -, se taise et ne la ramène pas. Ouvre ton bec une dernière fois et tu sors. »
Le chef de chœur de Jules Verne ouvrit la bouche, sourcils froncés, sûrement prêt à répliquer que c'était à lui de décider où allaient les membres de sa chorale, mais Charlie le coupa avant, et Harry fut sans doute l'un des seuls à entendre cette phrase grâce à son emplacement :
« Si tu es prêt à tolérer un tel manque de respect envers des handicapés qui ne sont venus que pour chanter un concert, je pense que tu ne vaux définitivement plus rien, en plus d'être une merde absolue en musique. »
Puis elle se retourna vers le chœur, releva sa frange pour faire taire les filles du premier rang, et demanda à son propre chœur de chanter, pour que les autres entendent ce à quoi devait ressembler le chant et reprennent ensuite avec eux.
C'est ainsi que la répétition put commencer. Le soir même, au moment du concert, les parties communes du concert étaient réglées et sonnaient parfaitement juste - ou dans la mesure du possible -, le choeur de CUHA était évidemment parfait, et la partie de Jules Verne était atroce, mais CUHA s'en foutait, parce qu'après tout, les chanteuses de Jules Verne avaient beau ne pas toutes être méchantes avec eux, elles étaient loin d'être accueillantes, restaient en petits groupes et les regardaient de haut.
Peu avant le début de leur propre partie, alors que Jules Verne chantait encore, Louis rejoignit Harry dehors, lui qui ne pouvait rester dans l'église pour sa santé auditive.
« Merci pour tout à l'heure, renifla Louis près du garçon, qui sentit aussitôt tous ses sens se mettre en alerte.
- Quoi ? Tu pleures ? Merci pour quoi ? »
Harry se mit tout de suite à sa hauteur et chercha un endroit où il serait blessé, répétant plusieurs fois sa question. Larmes aux yeux, cet empressement fit sourire le jeune homme, qui profita qu'ils soient face à face pour le serrer contre lui.
« Quand cette fille m'a insulté, je t'ai vu dans les bancs, tu as- tu as tout de suite- ton visage s'est crispé d'un coup, et- on- on aurait dit que tu allais la frapper, c'est- le fait que tu aies immédiatement voulu me défendre alors que tu étais tout là-bas à cause d'elles, ça m'a vraiment beaucoup touché. Merci d'avoir voulu prendre ma défense. »
La surprise d'Harry d'être pris dans un calin s'additionna à celle d'avoir été vu dans ce rapide accès de colère, qu'il ne savait pas avoir été aussi visible.
« Je ne savais pas que tu me regardais, ne trouva-t-il qu'à répondre. Je- j'ai eu envie de la buter. Elle n'avait pas le droit de se moquer de toi comme ça. Tu es extraordinaire, et c'est pas un fauteuil de merde qui va changer ça, d'accord ? »
Il semblait plutôt évident à Harry que c'était la cause des pleurs de Louis : avoir été rabaissé devant témoins avait dû énormément le blesser, et maintenant il y repensait et se faisait du mal.
« Merci Harry, renifla Louis, le serrant contre lui aussi fort qu'il le pouvait - et il avait des bras musclés, alors Harry le sentit passer. Elles ne t'ont pas trop fait mal aux oreilles ?
- Bah, tu sais, je fais avec. J'ai l'habitude. Mais je dois dire qu'en ce moment, rares sont les jours où je pense à prendre mes protections avec moi. Je n'en ai pratiquement plus besoin. »
Louis sourit.
« Je suis heureux de l'entendre. Je me souviens encore de toi quand tu es arrivé ici, enfin, au campus. Tu avais si mal que tu étais replié sur toi-même et jetais des regards craintifs partout, tu étais incapable d'enlever tes bouchons d'oreilles sans te mettre à trembler, et... et maintenant tu vas tellement mieux. »
Leur étreinte se transforma en quelque chose de plus doux, plus fort, et Harry sentit son cœur battre sur le même rythme que celui de Louis.
Et ils ne le sauront jamais, mais ils ont à cet instant pensé la même chose.
Je crois que je suis en train de tomber amoureux de toi.
• § •
6 avril 2023
France
Harry apprit que la Semaine Sainte, soit la semaine où, pour les chrétiens, le Christ meurt trois jours puis ressuscite, se déroulait en une série de messes, une par jour, à partir du jeudi et jusqu'au dimanche. Pour être honnête, il n'était jamais allé à plus de dix messes dans sa vie, alors y aller pendant quatre jours ne le tentait pas plus que ça, mais eux ne chanteraient que le jeudi et vendredi saint, alors ça lui allait.
Dorémi leur avait pendant l'après-midi fait un petit topo sur les manières de se comporter dans une église, à la messe, quand est-ce qu'il fallait se lever, rester assis... Beaucoup avaient râlé rien qu'à l'idée de faire la messe, mais une fois briefé, le groupe avait l'air d'être parfaitement habitué à ce genre de célébrations, vu de l'extérieur.
Par contre, les Jules Verne... c'était une autre histoire. Harry essayait franchement de ne pas les juges et de rester impartial sur comment il était censé les percevoir, mais honnêtement, que c'était difficile !
Il y avait d'abord eu la plainte générale de la chorale quand ils apprirent que CUHA chanterait la messe avec eux, qui avait été assez vexante à supporter, surtout avec en plus le devenu habituel petit regard de supériorité que cette chorale portait sur CUHA. Par mesure de respect envers la communauté religieuse présente, Dorémi leur avait demandé de ne pas, depuis la veille, courir dans l'église, dire des grossièretés, parler trop fort... instructions qui étaient passées dans les oreilles de sourdes, et leur chef de chœur ne faisait absolument rien pour aider la jeune femme, laissant ses choristes vaquer à leurs occupations aussitôt les répétitions terminées.
Pour la messe, ils avaient l'ordre, de la part de l'organisation des concerts de la Semaine Sainte, de tous s'habiller en noir. Pour une fois, Jules Verne s'y était plié, mais Doremi avait manqué défaillir en voyant des crop-tops, des minijupes, et des shorts pour quelques unes. Ce n'était pas la majorité, mais les hauts à bretelles et autres vêtements trop révélateurs pour une église la mettaient en rage. Elle avait bien tenté d'enguirlander le chef de cette chorale, mais rien à faire, il ne leur dirait pas d'aller se rhabiller.
Et ce souci n'était pas le seul, loin de là ; eux n'avaient pas voulu être briefés sur le comportement à adopter pendant une messe, alors cette lacune se fit fortement ressentir lors de la célébration. Même s'ils étaient tous habillés en noir, tous ces défauts faisaient qu'on distinguait nettement deux camps dans les bancs.
Mais bref, ce n'est pas important. Je dois trouver Charlie.
Depuis leur rencontre avec Jules Verne, CUHA savait que leur musicalité laissait à désirer, si l'on omettait tout le reste. L'organisation administrant les festivités s'en fichait bien - et n'en avait sans doute pas connaissance -, et avait attribué à chaque chœur une partie des chants de la messe, pour qu'ils puissent se la partager équitablement. Et devinez qui a eu le droit de chanter In Monte Oliveti ?
Allez, elle n'a pas dû aller bien loin...
Charlie était entrée dans une rage folle en apprenant la nouvelle. Il était originellement prévu qu'ils chantent les belles pièces tous ensemble, mais l'organisation avait changé d'avis, et Jules Verne ne finissait pas de se pâmer d'avoir finalement eu ce privilège, quand bien même ils chantassent cette pièce horriblement mal et le sussent très bien. Donc, depuis le début de l'après-midi, Harry et quelques autres cherchaient leur cheffe de chœur, partie ruminer quelque part, tandis que les autres membres du chœur s'entrainaient à chanter les chants qu'on leur avait attribués - principalement des psaumes, qu'ils s'étaient efforcés d'apprendre en quatre voix avec solistes pour redonner le sourire à Charlie.
« Harry ! Tu l'as trouvée ? »
C'était Louis qui arrivait. Ils étaient logés dans un genre de salle des fêtes avec beaucoup trop de pièces disponibles pour se cacher, et le jeune homme avait dû fouiller le rez-de-chaussée de long en large, sans trouver sa meilleure amie s'il lui revenait avec cette tête.
« Non... elle n'est pas dans le jardin. Tu veux que j'aille voir à l'étage ? »
Niall était dans l'église, Thomas était contraint d'être sur le piano pour aider les chanteurs en train de travailler, et Will avait délaissé son poste de tourne-pages pour aller chercher dans le car. En-dehors de ces lieux, ils n'avaient aucune idée d'où elle pourrait être. C'était certes une aveugle incroyablement talentueuse, elle ne pouvait pas rationnellement partir vers l'inconnu sans avoir ni guide ni destination.
« Oui, s'il te plaît. Je vais retourner avec les autres, et demander à Jules Verne s'ils ne l'ont pas vue. Préviens-moi si tu la trouves... »
Harry n'aimait pas voir cette inquiétude sur le visage de Louis, qui avait l'air si petit dans son fauteuil, dont les mécanismes donnaient l'air de l'avaler, faute à ses vêtements noirs.
« Pas de problème, je garde mon téléphone. Joli pantalon. »
Il ne parvint pas à lui tirer de réel sourire, mais Louis soupira légèrement en plissant les yeux, c'était déjà ça.
En plus il est vraiment cool son pantalon. Un beau tailleur et tout.
Louis sortant dehors, Harry grimpa donc les escaliers, et découvrit que le bâtiment était vraiment, vraiment grand. Un long couloir s'étendait devant lui, des pièces s'ouvraient à droite et à gauche sur des espaces plus ou moins grands, une arche laissait voir une bibliothèque faisant aussi salle de jeux...
Harry tendit l'oreille. Cette situation lui faisait penser à cette fois où il avait entendu Charlie hurler depuis chez elle alors qu'elle dormait. Peut-être qu'avec un peu de chance cet exploit se reproduirait et il la retrouverait plus vite, mais il n'y avait rien. Aucun son.
Si en plus de pouvoir créer plus de son que je n'en ai jamais entendu elle peut aussi l'absorber, je pête un cable.
La première pièce à subir le courroux du garçon fut cette bibliothèque, étant donné que les premières portes du couloir étaient fermées. Il fut surpris de sa taille et du nombre de tables qu'on pouvait voir. Cet endroit était une vraie salle d'étude.
« Charlie ? Appela-t-il doucement, ne voulant pas troubler la quiétude du lieu et sachant parfaitement que même s'il murmurait, si la cheffe de chœur était là elle l'entendrait. Tout le monde te cherche, est-ce que tu vas bien ? »
Bien évidemment, il n'eut aucune réponse, mais cette absence de vie ne le rebuta pas et il se mit à fouiller toutes les potentielles cachettes où elle aurait pu se fourrer. Avec un corps aussi petit et agile que le sien, il fallait s'attendre à tout.
« Chaaaaaaaarlie, tenta-t-il une deuxième fois. »
Je n'arrive même pas à percevoir sa respiration... Ça se trouve elle n'est pas là et je perds mon temps.
Il pouvait au moins tirer une conclusion : elle n'était pas dans la salle de la bibliothèque, excepté si elle y avait trouvé une cachette secrète, mais c'était peu probable.
Les autres pièces de l'étage étaient des débarras, des toilettes ou une salle de repos. Et il restait quelques portes fermées, mais comme le chœur n'avait aucune clef - Charlie le leur avait assuré - il savait qu'elle ne pouvait pas être derrière.
Cependant, au bout de vingt minutes de recherche acharnée, il dut se rendre à l'évidence : elle n'était pas là. Et pourtant, il avait le pressentiment de ne pas être seul.
C'est quand même incroyable, pourquoi j'ai l'impression d'être observé ?
Ce silence qui planait autour de lui commençait à le rendre fou. Il sortit son téléphone et demanda à Louis s'il l'avait trouvée, mais aussitôt, le jeune homme lui répondit que non, et qu'il fallait se dépêcher de la trouver car la messe allait commencer.
« Charlie ! Il faut vraiment que tu sortes, on est attendus ! »
Tou. Jours. Rien.
BOUM !
Harry sursauta, mettant une main sur son cœur.
OH LA VACHE DE PUTAIN DE BORDEL DE MERD-
Il se ressaisit.
Attends, ça venait du grenier, ça, non ?
Il retourna dans le couloir et leva le nez. En effet, il y avait bien une trappe pour monter là-haut, mais il l'avait négligée, estimant qu'une aveugle ne pouvait pas avoir connaissance de sa présence. Il s'était manifestement trompé.
« Je sais que tu es là-haut, Charlie, dépêche-toi de descendre, lança-t-il depuis le couloir, pas super motivé à l'idée d'aller visiter les araignées. »
Devinez ce qu'il se passa ?
Absolument rien.
« Putain, tu me fatigues, soupira le garçon en sautant pour tirer la trappe, qui s'ouvrit facilement étant donné que la sécurité avait été enlevée pour monter. Comment t'as fait pour aller là-haut, même ? »
Il eut sa réponse quand une longue ficelle lui tomba sur le nez, celle que Charlie avait dû percuter en marchant et dont elle s'était servie pour remonter la trappe, l'amenant à l'intérieur du grenier avec elle.
Il tomba d'ailleurs nez à nez avec sa cheffe de chœur, assise bien droite au milieu de monceaux de jouets et de cartons pleins de tissus étranges et poussiéreux. Ces cartons étaient probablement sagement empilés avant qu'elle ne les fasse tomber en montant dessus.
« Ce n'est pas ce que tu crois, déclara-t-elle, gardant une attitude noble alors qu'elle était complètement échevelée.
- Moi je pense bien que si. »
Un petit silence plana avant qu'elle ne pouffe de rire, et lui aussi. Elle avait l'air décalée, là, avec sa belle robe noire en bazar autour d'elle et ses cheveux sens dessus-dessous, mais en même temps, elle s'accordait avec le paysage.
« J'ai dû m'absenter longtemps, non ? S'intéressa-t-elle en se relevant, acceptant l'aide du plus jeune pour se guider au milieu des cartons renversés. Ça fait un moment que j'essaye de descendre, mais ça tanguait trop alors je n'osais plus bouger.
- Bah, la messe commence bientôt et on était tous inquiets, mais tranquille, plaisanta Harry, qui envoya un rapide message à Louis le temps d'attendre que Charlie ait descendu l'échelle du grenier. Tu as eu le temps de te calmer ?
- Je crois pas. »
Un temps de silence. Elle cherchait ses mots.
« Tu sais, In Monte Oliveti, je l'ai appris quand j'étais petite, et c'est un chant qui compte beaucoup pour moi. Savoir qu'ils vont le détruire me met hors de moi. »
Harry attarda son regard sur elle, qui était en train de se recoiffer. Son ton était léger, mais son visage était dur.
« Tu penses que tu le frapperas au milieu de la messe ? »
Inutile de préciser de qui il parlait ; le chef de Jules Verne était probablement la personne que Charlie détestait le plus en ce bas-monde.
« Non, je sais me tenir. Je le castrerai après. »
Sa légèreté de ton le fit exploser de rire, mais il se reprit. Il ne voulait pas que Charlie assiste à ce triste spectacle qu'était celui d'un chant dévasté par une chorale mal gérée.
« Tu ne peux pas négocier pour le leur apprendre correctement et les diriger pendant la messe ? Demanda Harry alors qu'ils descendaient l'escalier pour retourner au rez-de-chaussée. Ou partir aux toilettes le temps que ça se passe ?
- Ni l'un ni l'autre. Je dois rester avec vous tout du long et les chefs doivent être distincts.
- Mais tu ne dois pas entendre ça... »
Il était peiné pour elle. Même si elle leur faisait travailler des chants à n'en plus finir, il était rare qu'elle leur manifeste un quelconque attachement. C'étaient, pour elle et pour eux tous, des outils de travail, rien de plus. Savoir qu'In Monte Oliveti était important pour elle et qu'il serait complètement détruit devant elle était très désagréable à son idée, c'était comme si on lui demandait de brûler une peluche devant un enfant.
« Je- je te filerai mes protections auditives, bégaya-t-il, faute de trouver une meilleure idée. Comme ça tu les entendras moins fort. »
En soi, il savait que comme lui, elle avait une ouïe exceptionnelle. Mais c'était mieux que rien. Cependant, elle se tourna tout de suite vers lui, entrant dans la lumière du dehors.
« Ne dis pas de bêtises. Tu vas t'exploser les tympans si tu ne les mets pas. »
Les fausses notes ne dérangeaient pas Harry ; c'était avoir l'affreuse dissonance créée par les voix et le piano/l'orgue combinés qui lui faisaient mal au crâne. Mais il acceptait volontiers d'endurer ça pour Charlie s'il le fallait.
« C'est pas grave. Si c'est trop difficile je sortirait quelques minutes, parce que j'ai le droit de le faire. »
Et Charlie ne trouva plus rien à redire.
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