25 décembre 2022
France

« Allez Liam, tu commences ! »

Le repas était fini depuis quelques minutes à peine, et tout le monde était déjà autour du sapin, à distribuer les cadeaux entassés devant. Et la distribution finie, Liam se voyait chargé d'ouvrir le bal des cadeaux.

« Euh, j'ai les cadeaux de qui, là ? Demanda-t-il avant d'ouvrir quoi que ce soit. J'en ai six... Et vous êtes six. Donc tout le monde m'a offert quelque chose.

- Qu'est-ce qu'il est intelligent cet enfant, sourit Charlie à Pierrot, qui était sous une montagne de plaids dans le canapé.

- C'est pas beau de se moquer, la corrigea gentiment l'artisan. Moi je t'ai offert le rouge ! »

Ledit rouge était un papier cadeau basique, avec des Père Noël et des sapins brillants dessus. Les autres papiers, quand il y en avait, n'étaient pas aussi jolis.

« Eh bien je décrète que désormais, mon meilleur copain c'est Pierrot, déclara Liam en prenant ce cadeau-là pour commencer. Je suis sûr que celui qui n'est pas emballé c'est le tien, Will.

- Oui, assuma le blond. Tu l'aimes ? »

Comme le cadeau était nu, on voyait aisément ce que c'était - une ventouse rose pour les toilettes, soit dit en passant.

« Ça aidera mes toilettes la prochaine fois que tu décideras d'être malade dedans, sourit Liam d'un air si aimable que Pierrot ne comprit pas le blague - il fut le seul à ne pas rire. »

Wilhelm avait adopté une pittoresque couleur cramoisie.

« Mais, ce cadeau, reprit Liam en regardant Pierrot. Tu l'as acheté en venant ?

- Oui, comme à la base je devais fêter juste avec Niall je n'ai un bon cadeau que pour lui, désolé, s'excusa-t-il à la cantonade, même si tout le monde lui affirma que ce n'était pas grave.

- C'est une barbe de Père Noël ? Devina le plus âgé en déballant la boîte en plastique d'une pâtisserie au chocolat en forme, effectivement, de barbe.

- Oui, je ne savais vraiment pas quoi prendre, désolé, grimaça l'orfèvre - et encore une fois, tout le monde lui assura que ce n'était pas grave. »

Le reste du tas de Liam comportait une nouvelle souris d'ordinateur de la part de Charlie, des vacances au soleil de la part de Niall, une boîte de Ferrero de Louis, et un coussin pour les cervicales de la part d'Harry - des fois, Liam se plaignait d'avoir mal partout.

Charlie quant à elle eut une variété de pâtes grumeleuses satisfaisantes de la part de Wilhelm, de nouveaux écouteurs dernier cri de la part de Louis, une peluche toute douce en forme de nuage de Liam, un anti-stress d'Harry - qui la voyait parfois jouer avec ses doigts -, et une pâtisserie en chocolat, à nouveau, de la part de Pierrot, dont la forme fut difficile à trouver.

« Mais j'ai peur de trop mettre mes mains dessus, ça va fondre ! Se défendit Charlie quand les autres lui dirent d'y aller plus franco pour trouver de quoi c'était la forme.

- Alors justement, c'est quelque chose qui fond, l'aiguilla Pierrot d'un ton taquin mais plus léger qu'en début de soirée ; il commençait doucement à somnoler.

- Un glaçon ? »

Wilhelm ricana. Charlie lui mima une baffe.

« Non, c'est ce qui fait fondre un glaçon.

- Mais comment ça peut fondre si ça fait fondre- DES BOUGIES ! - Elle fit sursauter Louis dans son fauteuil, et Harry aussi, qui sourit bêtement en constatant que pour une fois, sa voix n'était pas partie dans l'aigu. C'est des bougies en chocolat !

- Bravo Sweetie, mais ne crie pas s'il te plaît, grogna Louis en se frottant le crâne - apparemment, il était en train de s'endormir lui aussi.

- Ouvre tes cadeaux au lieu de parler. »

Louis eut comme pâtisserie une botte, des chaussettes bien chaudes de la part d'Harry - il avait peur que les pieds inanimés de son crush gèlent, que voulez-vous -, un canard en plastique de la part de Wilhelm, une figurine de dragon de la part de Niall, un abonnement à une revue de Liam, et une playlist de sommeil de la part de Charlie - sujet qui apparemment était suprêmement intéressant dans leur relation.

Niall, lui, eut plutôt des cadeaux marrants, pour des raisons qu'Harry ne s'expliquait qu'à moitié. Liam lui avait offert un gant de toilette grenouille, Charlie une cravate avec des hot-dogs dessus, Will un décapsuleur très très moche, Harry des bouillons cube - l'irlandais se plaignait tout le temps de ne pas en avoir -, et Louis des tongs avec des poils. Seul Pierrot lui avait fait un cadeau stylé : une croix de saint Thomas, très populaire dans la culture celte, avec mille entrelacs de volutes métalliques en son centre. Dire que Niall était ravi serait un euphémisme.

Wilhelm eut des cadeaux similaires à tous ceux qu'il avait fait : des bêtises en plastique au string en collier de bonbons - ça existe, et c'est Will qui en a hérité -, il ne lui manquait que les bières et la poupée gonflable. La pâtisserie de Pierrot rattrapait un peu le coup : c'était l'illustration de trois gros grelots. Un classique de Noël.

Harry eut des cadeaux si simples que, finalement, ce Noël pourrait lui faire penser à tous ceux qu'il avait déjà vécus, si on omettait celui de Charlie : une clef, grosse et lourde, comme si elle appartenait à un vieil objet en bois et à la serrure dorée.

« Elle ouvre quelque chose chez moi, si tu es sage tu pourras y aller, lui promit Charlie en sentant que personne ne comprenait une fois la clef sortie de son papier coloré - le silence était assez indicateur de ce qui traversait la petite assemblée. »

Et sa pâtisserie était un petit soldat qui lui évoqua casse-noisette.

« Je l'ai prise parce qu'il a une petite boucle sur le front, comme toi, se justifia Pierrot en remarquant qu'Harry observait la friandise. Le reste du magasin avait des trucs intéressants, mais je ne me voyais pas vous les offrir.

- Genre ?

- Votre prénom en chocolat ? »

Grimace collective.

Pour le fun, Pierrot se vit offrir des boîtes de chocolats de la part de Wilhelm et Liam - Wilhelm avait fait un détour par son appartement pour aller la chercher et Liam avait tiré la sienne de sa réserve personnelle - et Niall lui avait offert un flacon d'une solution de machin-truc chimique dont les particules noircissaient à la lumière et se durcissaient pour faire des formes si on le secouait. Pierrot fut très content. Cependant, le cadeau d'Harry le laissa perplexe.

« C'est un pierrot, et, enfin, j'ai trouvé ça amusant comme petite référence, voulut se dépatouiller le plus jeune, mais la concentration de l'orfèvre sur la plaquette était trop grande pour qu'il n'ait pas compris la 'vanne', au contraire ; il scrutait la partie gauche de l'illustration. 

- Je- ouais, merci, sourit le jeune homme d'une manière un peu bancale, j'aime bien hein ! Vraiment, arrête de rire toi, lança-t-il à Wilhelm, qui avait esquissé un rictus. Je vois juste très très mal, alors je n'arrive pas comprendre ce qu'il fait... Il joue ? C'est ça ? »

Pierrot rapprocha plus la plaquette de son visage, et Harry fut rassuré. Si ce n'était que ça.

« Le jeu de mot avec ton nom ne te dérange pas ? S'inquiéta-t-il tout de même.

- Ah non, je dois dire qu'on ne me l'avait jamais faite celle-là, répondit le jeune homme distraitement. Mais, mes chers nouveaux amis, je crois qu'il est temps pour moi de vous laisser, s'excusa-t-il en se redressant maladroitement dans le canapé. Je suis en train de m'endormir sur place.

- Mince, c'est vrai que tu voulais aller te coucher tôt ! Se souvint Wilhelm en se levant pour l'accompagner. Désolé, on aurait pu avancer l'heure des cadeaux ! Il est quelle heure Liam ?

- Vingt-deux heures trente mon prince.

- Oh putain de merde, on aurait vraiment dû avancer l'heure des cadeaux. Bougez pas vous, je reviens. »

Quelques minutes d'au revoir et de ramassage d'affaires passèrent dans le salon, et les deux étaient de l'autre côté du palier.

« Quelqu'un veut du thé ? Une tisane ? Proposa Liam en se levant.

- Moi non, merci, répondit Harry, qui n'aimait pas le thé et tout ce qui s'approchait de la sensation d'eau chaude avec un goût fade/amer dedans. On va faire quoi, là ?

- Manger des chocolats en papotant, et faire un jeu de société si on en a la motivation, lui indiqua Charlie en tournant la tête vers lui - elle l'avait fait tellement de fois ce soir que ses yeux morts plantés dans les siens ne l'effrayaient plus autant qu'au début. Tu veux partir ?

- Non, juste... je m'interroge. À Noël, j'ai plutôt l'habitude de regarder des films avec ma mère. Ça me change de fêter sans elle. »

Peut-être que Charlie perçut le faible gravillon de tristesse qui avait traversé la voix du garçon, en tout cas elle ne posa aucune question sur sa mère.

« Moi à Noël je suis toujours chez Liam, raconta-t-elle plutôt. Depuis que je suis là du moins. Et les autres sont arrivés au fur et à mesure.

- Tu es arrivée quand au juste ? Osa demander Harry, qui se posait cette question depuis bien trop longtemps à son goût.

- Rentrée 2018, répondit la jeune femme avec naturel déconcertant. Loulou est arrivé deux ans après. Et Niall... tu es arrivé quand toi déjà ?

- Un an après toi, mais je suis quand même plus âgé, lui rappela l'irlandais, ce petit mélange de dates étant sans doute ce qui perturbait un peu Charlie. Et Will est arrivé en même temps que Loueh.

- Et il a postulé tourne-pages.

- Exactement.

- Ça parle de moi dans mon dos ? S'enquit l'intéressé en revenant dans la pièce, vachement vite aux yeux du plus jeune. Oh Liam, tu fais chauffer de l'eau ? Je prendrai bien une tisane s'il te plaît.

- Emmène les gâteaux avec toi alors, lui répondit le jeune homme en lui donnant le paquet de gâteaux à thé qui traînait sur la paillasse. »

Aussitôt, Charlie se mit à frétiller sur son canap.

Visiblement, elle aime grignoter. Je n'avais jamais remarqué ça avant.

« Bouffe pas ton poids toi, lui lança le violoniste en s'asseyant à côté d'elle, ce serait gênant de devoir te rouler partout !

- On s'en fout je grossis plus, se vanta la jeune femme en engloutissant directement trois gâteaux. »

C'était apparemment la mauvaise réponse ; le paquet lui fut retiré des mains aussi sec.

« Mais Will, se plaignit-elle en cherchant le paquet dans ses mains et sur ses genoux. Rends ! »

Les gâteaux étaient déjà loin : Wilhelm les avait passés à Louis qui les avait passés à Harry qui les avait mis derrière son dos, et pas passés à Niall parce qu'il était à côté de Charlie et qu'ils allaient tout bouffer à eux tout seuls.

« Voilà l'eau chaude, se ramena Liam avec un plateau de tasses fumantes. Vous choisissez l'arôme que vous voulez, j'en ai pas mal. »

Une boîte à thé aussi volumineuse qu'un plateau d'échecs fermé, et avec autant de compartiments à l'intérieur, fut posée sur la table. Harry manqua d'en écarquiller les yeux.

« Qu'est-ce que vous foutez, vous ? Demanda l'hôte à Charlie, qui avait toujours ses mains sur les cuisses de Wilhelm pour lui prendre les gâteaux.

- Bah j'le branle, ça se voit p-

- Eeeeh, vire tes pattes ! Nan, elle cherche les gâteaux ! »

Harry avait rarement vu Wilhelm aussi rouge autant de fois en une journée. C'était marrant.

« D'ailleurs, où t'as mis les gâteaux ? Rebondit Liam, interloqué. Tu les as pris au moins ? »

Harry essaya de lui faire comprendre silencieusement que le paquet était derrière lui, car Charlie écoutait attentivement d'où proviendrait la réponse, mais Liam avait décidé d'être très très aveugle, ou très très con ; il ne regardait que Wilhelm, qui essayait quant à lui de montrer Harry du menton sans se faire choper par la goinfre à moitié avachie sur lui.

« Ouais, mais Charlie a tout mangé, mentit Wilhelm avec un sourire narquois.

- Oh mytho c'est pas vrai ! S'emporta Charlie en lui sautant à la gorge, se mettant à genoux sur le canapé pour le surplomber - Wilhelm pâlit en voyant son visage aussi près du sien.

- On ne ment pas Will, excuse-toi, le gronda Liam, qui semblait complètement à l'Ouest - Harry faisait littéralement de grands tours de bras dans les airs pour qu'il le regarde, et devant cette attitude Niall était complètement mort de rire ; comme la situation de l'autre côté était comique aussi, Charlie ne pouvait pas soupçonner la vraie raison de l'hilarité de l'irlandais.

- MAIS C'EST PAS MOI-

- C'est- c'est Harry- réussir à articuler Niall pour arrêter ce massacre. »

NON-

Et Charlie le plaquait au sol. L'action avait été si rapide que Wilhelm ne hurla que quelques secondes plus tard, et que Louis n'avait même pas eu le temps de se rendre compte qu'Harry n'était plus à côté de lui.

Harry, de son côté, se rembobina lentement le scène pour comprendre ce qu'il venait de se passer, et comment il était passé d'assis sur un canapé en face de Charlie, à culbuté par-dessus son canapé pour aller s'écraser au sol, Charlie, sur lui, fouillant désespérément ses poches pour trouver les gâteaux. Elle avait dû se propulser comme une grenouille depuis l'autre canapé, il n'y avait que ça.

« Aïe, gémit-il un peu tard, Charlie fouillant à présent les alentours pour trouver le paquet de gâteaux.

- T'as mal ? Se stoppa aussitôt la jeune femme, posant sur lui son regard qui glaçait le sang - effet notamment renforcé parce qu'elle fronçait les sourcils. »

Le silence qui plana dans la pièce fut si long qu'Harry se demanda depuis combien de temps il durait. Il remua doucement son cou, le souleva du sol pour vérifier qu'il ne s'était pas fracturé la colonne, et vérifia aussi ses bras et ses jambes.

« Non, c'est bon.

- Ah, cool alors. »

Et elle se remit à chercher ses foutus gâteaux.

« Charlie, excuse-toi au moins, tu aurais pu lui faire très mal ! Lui reprocha Louis en se penchant par-dessus le dossier du canapé. C'est très dangereux ce que tu as fait !

- Oui mais c'est bon, il a pas mal, grogna Charlie en se rapprochant du canapé, sur lequel devaient toujours être les gâteaux, puisqu'Harry ne les avait pas emportés dans sa chute. »

Louis lui attrapa le poignet pour attirer son attention.

« Charlie, tu t'excuses.

- Lâche-moi.

- Non. »

Elle ne voulait pas céder, lui non plus. Les quatre autres s'entreregardèrent, sans savoir quoi dire ou faire.

« Est-ce que tu te rends compte de ce que tu viens de faire, Charlie ? Lui dit Louis sur le ton l'avertissement.

- Je l'ai fait tomber, retorqua-t-elle sur le ton du 'et alors ?'

- Ne me parle pas sur ce ton. Et non, tu ne l'as pas fait tomber. »

Harry fronça les sourcils. Charlie aussi.

« Ah bah si, il est par terre là - elle toucha son genou pour en être sûre.

- Non Charlie, tu ne l'as pas fait tomber, répéta Louis comme s'il voulait que ça rentre dans sa tête, tu as failli le tuer ! »

Elle qui s'apprêtait à répondre se tut immédiatement. Les autres ne bougeaient plus.

« ... Hein ? Mais non, balbutia-t-elle en se tournant vers lui. Tu m'as dit que ça va, non ? »

S'il était complètement honnête, il dirait qu'il avait un peu mal au dos.

« Essaie de visualiser, reprit Louis, plus dur encore. Tu l'as fait passer par-dessus le dossier du canapé, uniquement avec la force de ton poids, et vous êtes tombés de l'autre coté indemnes. Mais tu ne vois pas, tu aurais pu mal te diriger et lui rentrer dedans assez fort pour le faire s'évanouir, tu aurais pu casser le canapé, tu aurais pu renverser le canapé et moi avec, ou encore, le faire mal tomber de l'autre côté pour lui briser la nuque ou une vertèbre. Ce n'est pas drôle Charlie ! »

Elle avait la tête basse.

« Il faut que tu réfléchisses quand tu fais des choses ! Continua Louis, sévère. Tu es AVEUGLE, Charlie. Tu dois faire avec. Et tu vis en société, alors tu dois faire attention à la portée de tes actions envers les autres. Là typiquement, blesser Harry n'était pas ton but premier, mais ça aurait très bien pu arriver. Et tout ce cirque pour un paquet de gâteaux en plus, alors que tu t'empiffres depuis le début de la soirée et que tu n'as même plus faim.

- Mais c'était drôle, se défendit-elle faiblement, coupable.

- Au début oui, mais il faut savoir s'arrêter, lui dit-il gentiment. Tu as beau être excitée parce que c'est Noël, qu'on est beaucoup et que tu t'amuses, il ne faut pas faire des choses inconsidérées. Il y a une nuance entre drôle et dangereux. Et se projeter contre quelqu'un alors qu'on ne le voit pas, c'est dangereux, pas drôle. Et puis, Harry t'a menti, il a mal au dos. »

Harry rougit, soudain le centre de l'attention générale.