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§ Chapitre 15 §

25 décembre 2022
France

« Elle s'appelle comment ? Demanda Harry directement une fois qu'ils furent debout.

- Factorielle, pouffa le blond devant son impatience. Elle habite dans l'un des étages de notre immeuble à Liam et moi. Elle est couturière en centre-ville, et en ce moment elle confectionne des vêtements aux internés de l'hôpital psy pour leur faire un petit cadeau de Noël.

- C'est sympa de sa part, sourit Harry. Elle est comment ? Enfin... pas physiquement, mais...

- Elle est... solitaire, réfléchit le violoniste. Disons qu'elle est une excellente oreille attentive, mais qu'elle n'ira pas faire la conversation pour le plaisir. Par contre, elle est très protectrice envers les plus faibles qu'elle. Et elle n'hésite pas à recadrer ceux qui dépassent les limites. Je l'aime énormément, sourit-il distraitement. Elle m'a aidé à passer ma mauvaise période, et elle donne de bons conseils sur la réflexion sur soi, tout ça.

- Pourquoi tu ne m'en as jamais parlé ? Demanda Harry doucement. »

Ce n'était pas qu'il développait déjà une aversion pour cette fille, ce serait mal le connaître ; cependant, il avait un peu de mal à cerner Wilhelm sur les gens qu'il aimait : pourquoi systématiquement, les personnes les plus importantes pour lui, Harry ne les rencontrait que très tard ? Le master n'en parlait jamais, et il voulait bien mettre quiconque au défi de trouver quand cette Factorielle avait déjà été évoquée dans l'une de leurs conversations.

Ce nom lui évoquait immanquablement une fonction mathématique marrante exprimée par un point d'exclamation - très simple à comprendre de surcroît - et il savait que si son nom avait été évoqué, il se serait demandé ce que les maths foutaient là.

« J'ai... du mal à parler de ce que j'aime bien, je crois ? Hésita le jeune homme en se grattant la tête. Ça ne me vient pas naturellement, je pense souvent que tout le monde s'en fout. Et dans un sens, c'est vrai, parce que la conversation ne se porte pas souvent sur le sujet des gens que j'aime bien. On n'a jamais parlé meilleurs amis. Et si on l'avait fait, je t'aurais répondu que oui j'ai une meilleure amie, tout ça tout ça, et je t'aurais déballé son CV. Mais si le sujet ne vient pas sur le tapis, je ne forcerai pas pour en parler. Tu comprends ? »

Son regard proprement perdu fit craquer un sourire au plus jeune.

« J'en pense qu'il faut te tirer les vers du nez comme un déchaîné si on veut te faire avouer quoi que ce soit, ironisa-t-il pour détendre son ami. Mais c'est pas grave, j'en ai connu d'autres comme ça. Juste... avoue que c'est bizarre de voir des personnes très importantes pour toi surgir après genre quatre mois de cours.

- Oui, c'est sûr, toussota Wilhelm. Mais promis, je ne mens pas. Factorielle est ma meilleure amie, comme Charlie est celle de Louis.

- Et comme Charlie et Louis, à chaque fois que Factorielle pète un plomb tu dois aller la chercher avant qu'elle ne mette le feu au campus ? Sourit Harry, qui trouvait le parallèle marrant.

- En fait c'est plutôt l'inverse, si tu voyais le nombre de fois où il se frustre tout seul devant ses cours dans la même heure, rétorqua Factorielle en entrant dans la pièce. »

L'arrivée de cette nouvelle voix fit sursauter le plus jeune, qui frissonna en rencontrant le regard effroyablement froid de la jeune femme. Elle avait un regard clair, qui lui semblait gris pâle, mais contrairement au regard bleu très pâle de Ludwig qui donnait l'impression d'avoir un pieu s'enfonçant dans le crâne, ou au gris passé des iris de Charlie qui étaient juste démentiellement éteints, les siens étaient comme un saut dans le vide. Encadrés de longs cils noirs soulignés par un trait d'eye-liner, de sourcils blonds qui donnaient l'impression d'être invisibles, et de pommettes émaciées mais pas moins élégantes, ses yeux étaient une fenêtre sur un espace infini et terriblement aride, notamment à cause des sourcils très légèrement froncés de la jeune femme, qui devaient sans doute être comme ça au quotidien. Ses cheveux, dont une mèche qui lui tombait sur le front et sur l'œil, adoucissaient son visage, et son menton fin réhaussé d'un nez légèrement en trompette achevait de lui donner un air de poupée, et pas de femme d'affaires. Mais tout de même, ce regard. Il suffisait à déstabiliser très fortement le bouclé.

« Factorielle, enchantée. Vingt-cinq ans, couturière, se présenta-t-elle avec un sourire réservé sans chercher à serrer la main d'Harry, qui de toute façon aurait eu peur de perdre son membre - il s'en rendait compte maintenant qu'elle était devant lui, mais en-dehors du fait qu'elle le dépassait d'une tête, ses mains étaient des araignées aux pattes encore plus longues et effilées que celles de Jehanne. Et joueuse de harpe dans l'orchestre du campus aussi, mais comme je suis souvent occupée, je ne m'y présente quasiment jamais.

- Je ne savais pas qu'il y avait une harpe dans l'orchestre, répondit Harry poliment. Tu as combien d'années de pratique ? »

Factorielle le dévisagea avant de lui répondre. Et lui espéra que ce n'était pas l'une de ses habitudes, parce que franchement, il avait l'impression de passer sous un radar.

« Douze. J'ai commencé tard. »

J'appelle pas ça tard, moi.

« Bon bah, je suis Harry, se présenta le garçon à son tour, j'ai dix-sept ans, étudiant en médecine en première année, et je chante baryton-ténor dans le chœur. Ravi de te rencontrer. »

Elle lui sourit, et il le lui rendit.

C'est fou comme elle fait moins peur quand elle sourit.

« Et moi c'est Will, master des dépravés et étudiant en commerce, se rajouta le jeune homme en enlaçant un bras sur chaque paire d'épaule. Voyons ma douce, tu ne vois pas qu'Harry attend avec impatience que tu lui serres la main ? C'est qu'il est tactile le garçon. »

La jeune femme ne se laissa pas faire et parvint en un geste souple à plaquer son ami au sol.

« Ça ne te dérange pas que je ne te serre pas la main, rassure-moi ? S'assura-t-elle une fois la menace maîtrisée. Je ne suis pas d'un naturel... très proche des gens.

- Non, non, ne t'inquiète pas ! S'empressa de clarifier le bouclé en levant ses mains devant lui. Je ne suis pas assoiffé de contacts, non plus. En plus j'ai transpiré comme une vache tout à l'heure, alors mes mains sont moites.

- Tout est bon si tu ne souffres pas de ma décision, dit-elle seulement en laissant Wilhelm se relever. D'ailleurs Will, tu pues. Tu comptes rencontrer ta belle comme ça ? »

Wilhelm se raidit instantanément.

« Tu avais oublié, sourit Harry, amusé.

- Je- je sens vraiment si mauvais que ça ? S'inquiéta le jeune homme en ignorant complètement son ami. »

Elle pouffa du nez et secoua doucement la tête, indiquant qu'elle blaguait.

« Je vais la chercher, prépare ton discours. Mais rien de trop compliqué, elle a partiellement oublié le français. »

Rien d'étonnant à ça, sa fenêtre ne lui donnait sans doute pas de cours particuliers.

« Tu penses qu'elle va réagir comment ? La rattrapa Wilhelm avant qu'elle n'ait passé la porte. »

Factorielle réfléchit un moment.

« Difficile de savoir. Tu préférerais que je la prépare ?

- Oui, s'il te plaît, soupira le blond. Elle a horreur qu'on la mette devant le fait accompli... »

Si la situation n'était pas aussi tendue, Harry aurait souri, parce que Wilhelm se souvenait assez de Leah pour prévoir son comportement. Mais comme il se sentait très mal à l'aise à cause de Factorielle - sa présence avait un effet assez particulier sur lui - il se contint, et regarda les deux amis parler des modalités.

Une minute plus tard, il était convenu que Leah serait amenée ici en premier lieu, puis que Wilhelm se montrerait une fois Leah mise au courant, et une fois qu'elle aurait accepté de le voir, aussi - l'une des conditions imposées par son petit-ami.

Donc on n'est même pas sûrs de les voir se retrouver si Leah ne veut pas le voir, déduisit Harry en regardant Factorielle partir pour de bon.

Mais alors qu'elle sortait, une voix masculine l'interpela depuis l'autre bout du couloir. Elle fit un geste discret à Wilhelm en fermant la porte, mais comme il ne le comprit pas, tous deux s'approchèrent du battant pour écouter ce qui se disait de l'autre côté.

« Qu'est-ce que vous faites là ? L'invectivait la voix grave qui l'avait hélée. Donnez-moi votre justificatif d'entrée.

- Oui, je l'ai... Répondit la voix calme de Factorielle en sortant sans doute le papier de l'une de ses poches, puisqu'un son de chiffonnement se fit entendre. »

Une minute de silence passa.

« Et qu'est-ce que vous faites ? Reprit le monsieur, un peu calmé.

- Je suis chargée de faire essayer leurs commandes aux patients, et là je vais chercher la prochaine, expliqua la jeune femme sans montrer de signe vocal de panique. »

«Elle ment bien? S'assura Harry auprès de Wilhelm.

- C'est une pro, acquiesça le jeune homme. »

Encore un silence.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda-t-elle enfin. Vous avez l'air dérangé. Vous n'avez pas été mis au courant de ma venue ?

- Si, si, ânonna distraitement le monsieur, mais deux intrus se sont introduits dans l'hôpital et on les cherche. Vous ne les avez pas vus ? »

« Ça sent pas bon du tout, articula Wilhelm à Harry, qui pensait la même chose. »

Ils avaient de grosses chances que le garde décide de fouiller la salle. Aussitôt, ils se mirent en quête de cachettes potables, mais seules les piles de tissus éparses pouvaient les cacher, et tout ce bazar pouvait très bien être détruit en deux secondes par le garde.

« Viens, on va dans la cabine, le pressa le violoniste en poussant le plus jeune vers un paravent camouflé par plusieurs rideaux. »

Derrière la porte, Factorielle demandait si le garde ne voulait pas qu'elle fasse un peu de rangement. L'ouïe d'Harry était en train de se réveiller sous l'adrénaline, et il entendait parfaitement ce qui se passait de l'autre côté de la porte.

« Ils vont bientôt entrer, paniqua-t-il auprès de Wilhelm qui s'affairait à étendre de grands pans de tissu pour qu'ils puissent se cacher dessous.

- Viens là, l'accueillit-il en se couchant sous la tente de fortune qu'il venait de créer, tout près du sol, assez en tout cas pour que le garde pense qu'il n'y ait rien dessous. »

Ils se retrouvèrent compressés l'un contre l'autre, épaule contre épaule, Wilhelm se recroquevillant le plus possible contre le mur pour laisser Harry s'étendre bien à plat par terre, et ainsi laisser croire que ce drap - cette couverture super épaisse - à moitié étendue par terre était juste tombée des paravents autour d'elle. Harry sentait l'air frais d'en-dehors de la couverture lui caresser les doigts, et avait un visuel sur une petite partie de la pièce en bazar, sans pouvoir pour autant tout entendre de ce qui se passait à l'extérieur de la pièce.

« Tu arrives à entendre ce qu'ils disent ? S'inquiéta Wilhelm sans bouger d'un iota de sa position, qui avait l'air tellement plus inconfortable que celle d'Harry, sans qu'il ne puisse vraiment la voir.

- Factorielle dit qu'elle a un horaire à respecter entre chaque patient, et qu'il lui reste trois ou quatre minutes avant de devoir aller chercher Leah pour pouvoir enchaîner toutes ses visites de la journée, reporta Harry sans bouger non plus, se concentrant pour ne pas bouger son torse en respirant. Tu crois qu'elle va réussir à le faire partir ?

- Ça ne m'étonnerait même pas qu'elle y arrive, répondit le blond, dont les chuchotements rendaient la voix grave d'autant plus profonde. Elle et son atmosphère naturelle sont-

- Sa quoi ? »

Le bruit de la porte qui s'ouvrait les fit se raidir immédiatement. Harry fixa le battant qui venait de s'ouvrir, et en dépassèrent de grosses chaussures de garde. Son cœur se transforma en pierre. Wilhelm sut décrypter la raideur supplémentaire qui s'ajouta sur ses épaules, et se concentra à imiter le plus parfaitement possible le comportement d'une couverture de grand-mère.

Harry, lui, fixait les bottes. Il entendit parfaitement le bonhomme jurer à moitié dans sa barbe devant le bordel qui s'offrait à lui, et le vit aller à l'opposée de la pièce pour commencer à soulever les tissus, fouiller les caisses, décaler les tenues pendant aux portants, et faire son petit chemin jusqu'aux deux intrus.

Il n'aura clairement pas besoin de quatre minutes pour nous trouver, paniqua Harry intérieurement en le voyant s'approcher, lentement mais très sûrement.

Ils se trouvaient entre plusieurs paravents, réunis pour former une sorte de cabine d'essayage, au milieu de laquelle pleins de rideaux se croisaient, ce qui rendait toute progression difficile, même si avec de telles bottes il aurait tôt fait de tout écrabouiller. Et les rideaux placés devant les paravents pour les cacher ne seraient pas longs à écarter non plus.

Soudain, alors que le garde n'était plus dans le champ de vision du bouclé depuis un certain temps, un grésillement horriblement désagréable retentit à un mètre de lui. Le garde était de l'autre coté du paravent, où selon les souvenirs du garçon plusieurs caisses de tissus s'entassaient, assez grosses pour contenir trois ou quatre Wilhelm chacune.

« Oui ? Répondit le garde dans le talkie-walkie. »

Près de la cuisse d'Harry, la main de Wilhelm tressaillit. Le plus jeune maudit sa position, qui lui empêchait d'échanger un regard avec son ami. Tout ce qu'il put faire fut de prendre sa main dans la sienne en tordant son poignet dans une position cheloue, mais ce petit geste lui permit au moins de savoir que Wilhelm avait une main tremblante et moite, et qu'il essaya de décharger une partie de son stress sur Harry en serrant sa main aussi fort que possible.

Il est mort de peur.

Harry s'en voulut de lui infliger ça, alors même que ce n'était pas sa faute.

« Fany a vu les intrus ressortir par l'entrée, dit la voix dans le talkie. On fait quoi?

- On a une preuve par vidéo-surveillance ? »

La voix bourrue du garde acheva de terroriser Harry. Son cœur avait rarement battu aussi vite.

« Non, les caméras de l'entrée n'ont toujours pas été remplacées, bredouilla la voix de l'autre côté. Mais elle nous a décrit deux jeunes hommes, un blond et un brun, grands, et-

- Et si elle est de mèche avec eux ? Je ne fais pas confiance à Fany, contrairement à toi, râla le garde en s'adossant au paravent, qui tangua dangereusement du côté des deux intrus, dont les rythmes cardiaques s'arrêtèrent instantanément. Putain, cracha le garde en se redressant et retenant le paravent de tomber.

- Qu'est-ce qu'il y a?

- Tu es déjà entrée dans la salle de la couturière ?

- Oui, pourquoi? Je la trouve super stylée au passage.

- J'y cherche les deux couillons. Et tous ses tissus de merde ça commence à m'énerver.

- Oh, arrête! En plus, Fany nous a déjà dit qu'ils étaient sortis!

- Oui, mais moi Fany je ne lui fais pas confiance ! »

Fais-lui confiance s'il te plaît, craqua Harry mentalement, qui ne supportait pas les grésillements de l'appareil de communication.

Son ouïe se remettait incroyablement bien ces derniers temps, mais il voulait éviter toute nouvelle rechute, et très franchement, si ça ne lui faisait pas mal d'entendre cet appareil fonctionner, ça agaçait fortement ses tympans. Sa main, toujours dans celle de Wilhelm, se fit presser en guise de soutien. Le violoniste avait l'air d'avoir compris.

« Abandonne je te dis! Tout le monde a arrêté de chercher de toute façon, essayait de le convaincre la voix au bout du fil.

- Il a dit quoi le chef ? Soupira le garde. »

Harry retint sa respiration. Leurs scolarités à lui et Wilhelm dépendaient de la décision de ce chef. Et il espérait que ce chef soit un flemmard.

« Il a cru Fany, railla la voix. Tu es convaincu maintenant?

- Hm.

- Je t'attends au poste, sourit la voix, contente d'avoir gagné. Et le chef a dit que ça ne servait plus à rien d'attendre auprès de l'entrée aussi, vu que les heures des visites sont terminées. Fany termine deux-trois trucs, et elle laissera de quoi sortir à la couturière aussi, qui doit finir son boulot.

- C'est prudent de laisser un double à la couturière ? »

Tu commences à faire chier avec ta prudence.

« Oui, ça fait des mois qu'elle a un double déjà, mais comme on a changé les serrures elle doit en avoir un neuf, c'est tout. Tu viens?

- J'arrive. »

Le talkie-walkie fit un petit bululup et le garde sortit de la salle. Enfin, Harry croyait qu'il sortait, jusqu'à ce qu'il tourne brusquement les talons et marche droit sur les garçons. Le sang du plus jeune avait definitivement quitté son organisme. Affolé, il martyrisa la main de Wilhelm dans la sienne, qui ne comprit pas et lui murmura un petit ''qu'est-ce que tu as?''

IL Y A QU'IL NOUS A VUS ET QU'ON VA CREVER ET QUE JE NE REVERRAI JAMAIS MA MAMAN-

« Monsieur ? Demanda soudain une voix en poussant la porte. Est-ce que vous avez terminé ? J'aimerais ne pas finir trop tard... »

Les bottes s'arrêtèrent et firent demi-tour. L'âme d'Harry regagna son corps, aussi.

« Excusez-moi, je m'assurais d'une dernière chose, sourit le garde innocemment - ces petits rires hypocrites sont si audibles. Je vous ai beaucoup retenue ?

- Assez pour qu'il me reste encore trois bonnes heures de travail, répondit Factorielle en entrant et tirant une personne avec de petits pieds derrière elle.

- Oh, je suis... désolé. Vraiment. »

Il était tout penaud.

Cheh.

« Aucun problème, c'est plutôt auprès des patients qu'il faudrait s'excuser... Certains n'apprécieront pas être appelés plus tard que prévu. Passez une bonne soirée ! »

La vision des bottes disparaissant derrière la porte accapara assez Harry pour en oublier d'écouter la suite des excuses du garde et son départ vers un monde meilleur.

« Bon, alors ma douce, introduisit doucement Factorielle en entendant le garde s'éloigner, et jugeant que hurler quelque chose aux garçons pour leur dire de sortir de leur cachette serait malavisé tant que ce garde serait encore dans le coin. Tu te souviens de ce que je t'ai dit ? Il y a Wilhelm quelque part dans la pièce, et il ne viendra que si tu le lui autorises. Tu aimerais le voir ? »

Harry n'osait pas sortir sa tête de sous cette couverture étouffante, de peur de brusquer la malade. Dans le doute, il resta allongé sur ce sol pas très confortable, et jugea que si Wilhelm était aussi immobile à côté de lui, c'était qu'il écoutait attentivement la réponse de sa copine.

Un silence. Les pieds que le plus jeune apercevait hésitaient un peu, en tournant sur eux-mêmes pour essayer de trouver Wilhelm.

« Tu ne sais pas ? C'est normal ma belle, complètement normal. Tu veux essayer ton costume ? »

Cette fois, pas d'hésitation : la malade se mit à babiller, et ses pieds tressautèrent sur le sol. Un petit cri de joie se fit entendre une petite minute plus tard, une fois le ''costume''sorti de sa housse - bruit à l'appui. Inutile de préciser qu'Harry n'avait aucune idée de ce qu'était ce costume.

« Tu vas être si belle, tu le reconnais ? C'est toi qui l'as choisi, hein ? »

La voix de Factorielle s'est complètement transformée par rapport à tout à l'heure, constata Harry en se demandant combien de personnalités une seule personne pouvait avoir.

Leah émettait une myriade de petits ''Oui!'' et ''s'il te plaît'' pour pouvoir essayer ce fameux costume. Ce comportement adorable fit rire Factorielle, et Harry entendit Wilhelm pouffer tout bas, la voix lourde, et renifler un peu.

Elles ne nous voient pas avec cet angle, normalement...

Il se redressa tout doucement, veillant à ne faire aucun bruit, et comme le monde ne s'était pas écroulé le temps qu'il se mette en position assise, il acheva de retirer la couverture de sa tête pour respirer et voir comment leur cachette se profilait. Et franchement, ils n'étaient pas si mal : même si les filles avaient été face à eux, les quantités de drapés entre eux et elles les auraient rendus invisibles à leurs yeux.

« Will, ça va ? Chuchota-t-il le plus silencieusement possible en se retournant. »

La position du master, similaire celle d'une crevette, aurait pu être hilarante s'il n'avait pas eu les larmes aux yeux.

« Je... Je... Haleta-t-il en faisant tout son possible pour éviter de fondre en larmes et les faire repérer. Je... »

L'avalanche de mots et sensations qu'on lisait dans ses yeux ne signifiaient qu'une seule chose : il était à deux doigts de faire une crise. Difficile de savoir une crise de quoi.

« Tu sais ce que tu veux lui dire ? Est-ce que tu as réussi à fixer ça ? Lui demanda Harry pour l'aider, se plaçant bien face à lui et lui relevant la tête.

- N-non, j'y arrive pas- »

Les efforts monstrueux qu'il faisait pour respirer silencieusement alors que son corps ne demandait qu'à ventiler le rendaient rouge et cette vue fit mal au cœur d'Harry.

De l'autre côté de la pièce, tournant dos à Leah pour la laisser se changer, Factorielle ressentait la forte panique du master, mais voyait mal comment l'aider. Quoique.

« Leah ? Tu as fini chérie ? Lança-t-elle assez fort pour que les deux garçons l'entendent. »

Aussitôt, elle entendit leur activité cesser.

Bien.

Comme à son habitude, Leah ne forma pas de mots, mais lui répondit en babillant.

Depuis l'accident, on avait tôt fait de constater que Leah conservait des séquelles de sa chute, notamment au niveau du développement mental, qui avait une stabilité discutable, et qui bien souvent causait des troubles comportementaux à la jeune femme. Elle avait déjà fait des crises d'anorexie, de mutisme, jamais de violence, mais sa capacité d'apprentissage restait la plus touchée, ce qui impactait sa faible maîtrise restante de la langue française. Pour qu'elle puisse retrouver une élocution et un comportement les plus normaux possibles, Factorielle savait qu'il allait falloir du temps, et du Wilhelm. Beaucoup de Wilhelm.

Pour tout dire, les seules fois où Leah retrouvait réellement son côté adulte, c'était quand elle fuguait pour aller se placer derrière la grande porte du hall, pour écouter les allées et venues des deux seuls humains qui l'intéressaient. Mais selon les estimations de Factorielle, une fois que Leah aurait vraiment vu Wilhelm, elle essayerait de parler comme avant ; par contre, le vocabulaire ne serait pas au rendez-vous.

« Je peux me retourner, alors ?

- Oui, répondit la jeune femme avec une intonation bien trop enfantine. »

Comment est-ce qu'on en est arrivés là?

« Alors je me retourne. Oh, comme tu es jolie ! Tu aimes ? »

La thématique qu'elle voulait explorer en lançant cette initiative d'offrir des costumes aux internés de l'hôpital psy, c'était l'opportunité pour eux d'exprimer quelque chose, une fibre artistique peut-être, ou juste d'essayer quelque chose de différent qui les ferait se sentir mieux, sachant qu'ils choisissaient tout du costume et qu'en-dehors de la confection, ils le composaient jusqu'au dernier fil. Ces costumes seraient portés lors d'une petite fête le soir du nouvel an dans l'hôpital psy, et permettraient ainsi de montrer à tout le monde à qui ils pensaient quand ils pensaient à la beauté.

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