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§ Chapitre 1 §

12 novembre 2022
France

« J'espère que vous avez pris le temps de bosser vos partitions chez vous, commença Charlie auprès de son chœur de voix d'hommes en ce samedi après-midi, après avoir dispatché les derniers arrivants au chœur - trois basses, deux ténors et pas de baryton. »

Peu lui répondirent. Harry ne le fit pas. Ça faisait une semaine qu'il était de retour dans le campus sécurisé et calme de CUHA, et ça lui avait manqué. Comme le monde extérieur s'était révélé bien plus bruyant que ce dont il avait souvenir, il n'était que peu sorti de chez lui et était resté avec sa mère, seule raison pour laquelle il n'était pas rentré au campus deux minutes après être entré dans le car censé le ramener chez lui. Et comme en rentrant au campus son corps avait pris son temps pour lui faire payer cet énième calvaire qu'il avait subi, il était très fatigué, même s'il n'avait plus mal à la mâchoire - ouais, chelou - dès que quelqu'un parlait - Niall s'était retrouvé un peu blessé de se prendre un ''chut'' comme premier mot au retour d'Harry -, ce qui était une avancée notable.

Niall, d'ailleurs, n'avait pas vraiment bossé non plus cette semaine, mais c'était différent. Il ressentait un manque colossal envers sa famille, ce qui le faisait pleurer un peu tout le temps - Harry ignorait qu'il y était aussi attaché -, et comme pleurer le fatiguait beaucoup, il n'avait que peu jubilé pour ses très bons résultats à ses partiels, et très peu répété le soir également, car ils se couchaient tôt tous les deux. Appartement de grands-pères, en effet.

« Quel enthousiasme, railla la cheffe de chœur en croisant les bras, s'adossant au clavier du piano fermé. »

Thomas n'était pas encore rentré de vacances, alors ils devaient se passer de lui pour ce week-end - ils n'avaient pas fait la répétition tutti de milieu de semaine pour des raisons évidentes et ne reprenaient que maintenant. Harry, lui, darda un regard neutre sur Charlie, réfléchissant. Il ne savait pas comment agir par rapport à ce qu'ils avaient tous les deux vécu pendant les vacances, mais elle n'avait pas l'air d'en faire tout un plat.

« On va bosser des nouveaux chants, introduisit-elle directement en prenant une liasse de feuille sur son pupitre. Pleins. Comme ça, vous aurez pleins de trucs à chanter et votre culture sera parfaite. »

Cette phrase sonnait d'une façon anodine, mais pas aux oreilles d'Harry. Il releva son regard sur la frange blanche camouflant le visage blessé de la jeune femme, et se redressa un peu. La dernière fois, il n'avait pas vraiment fait gaffe qu'il voyait son visage, et toutes ses expressions faciales. Maintenant, ça lui manquait.

« Harold, viens distribuer. Tu es désespérément mou.

- Qu'est-ce que t'en sais ? Rétorqua-t-il d'une façon juste assez bien faite pour ne pas avoir l'air insultant.

- En temps normal, t'aurais déjà dit bonjour à tout le monde à voix basse et fait tomber ton crayon six fois. »

Il accepta le gentil reproche en soufflant un rire, et se leva pesamment pour aller distribuer ces partitions. Si cette conversation c'était pas un signe qu'elle lui transmettait par rapport à ce qu'il s'était passé chez elle.

« Écoutez-moi ce pachyderme, ironisa la jeune femme quand il s'approcha. Un éléphanteau.

- Ah, donc je ne suis pas encore un éléphant ? Demanda-t-il, amusé.

- Tu ne le seras jamais ; un éléphant ça fait peur. »

Il ne put cette fois camoufler son rire, et ceux derrière lui non plus. Il prit les feuilles, posées en deux piles sur le haut du piano, et Charlie fit tomber ce qu'il n'avait pas encore pris, uniquement pour pouvoir lui souffler à l'oreille :

« Ne me fais pas regretter, s'il te plaît. »

Elle s'éloigna ensuite, comme elle l'aurait fait si lui-même avait fait tomber les feuilles sur elle.

« Fais attention Harold. Du coup, ce qu'il vous distribue là, ce sont deux partitions, deux par personne Harold, attention, que j'aimerais que nous chantions aux concerts de Noël, qui arriveront bien vite.

- Tu en as déterminé les dates ? S'intéressa Niall, ajoutant les nouvelles chansons à ses playlists sur son téléphone.

- Certains oui, d'autres non, répondit-elle évasivement. Je peux déjà vous dire qu'on chante le vendredi dix-huit décembre, et pour le concert de Noël du campus aussi, évidemment. Les autres sont encore en suspens, on attend les réponses de tout le monde. Tu as fini, Harold ?

- Ouiii, soupira-t-il sans le faire exprès, se laissant tomber sur sa chaise. Euh, excuse, se reprit-il aussitôt, je voulais pas que ça sonne soulé.

- T'inquiète. Vous êtes prêts à charbonner, les ténors ? Harold ne vous sera d'aucune aide aujourd'hui. »

Aurélien laissa tomber sa tête en arrière, murmurant une plainte très audible : ''oh non pas travailler'' qui avait un but ironique.

« Je sais, quelle misère, soupira Charlie aussi. Je me dis parfois que je vous en demande trop. Alors, premier chant que nous allons déchiffrer aujourd'hui : Nuit de Noël de Julien Joubert, une jolie pépite que je veux vous voir réussir parfaitement, surtout qu'elle est simple. Et ensuite, et pour la prochaine semaine au moins, His light in us d'Arnesen.

- Pour la prochaine semaine au moins ? S'étrangla une basse qu'Harry ne connaissait pas. Mais qu'est-ce que c'est que ce morceau ?

- C'est une belle pièce, tempéra Charlie, simplement elle est très difficile et demande beaucoup d'attention. Et les sopranes monteront jusqu'en contre-ut, pour que vous ayez une petite idée du niveau. »

Harry eut le lointain souvenir de Niall qui le prévenait d'avance pour un morceau qui contiendrait du contre-ut.

« Ah oui, remarqua Florent, le nez dans la partition - qui était bougrement longue. Ah, mais, il y a combien de divisions au total ?

- Huit voix mon chéri, roucoula l'aveugle. On commence Nuit de Noël ? Fantastique canon qui j'espère vous ravira, et que par conséquent vous chanterez avec un zèle renouvelé-

- Elle est en train de faire des phrases longues pour faire passer la pilule, souffla Julien à l'oreille d'Harry. Huit voix comme écrit sur la partition - il lui montra un passage apparemment corsé de la partition si Charlie avait ressenti le besoin de mettre le système sur une seule page - ça veut dire deux voix de ténor, et deux voix de basse.

- Est-ce que c'est vraiment un problème ? Lui souffla le plus jeune en retour.

- Ça l'est oui, si on prend en compte le fait que tout le monde n'est pas aussi assuré que toi dans sa voix, ou chante même un peu faux. Il va falloir que les puissants prennent ça en compte en se partageant les voix, et ça peut être vraiment difficile d'accéder à un résultat parfait si une voix chante plus fort que l'autre aux oreilles de Charlie.

- Les pipelettes, vous nous dites si on dérange, railla justement la jeune femme en se plantant devant eux. On voudrait déchiffrer.

- Moi celui-là je le connais déjà, murmura Niall en levant Nuit de Noël. Est-ce que je peux parler avec eux ?

- Non, toi tu guides les basses, lui répondit Charlie en lui posant une main sur la tête. »

Il me semblait qu'elle n'appréciait pas Niall ? S'intrigua Harry en la regardant retourner à sa place. Est-ce qu'elle est d'assez bonne humeur pour faire comme si de rien n'était ?

« On déchiffre pour de vrai maintenant, et les premiers qui chuchotent ils dégagent. N'est-ce pas les nouveaux ? »

Les deux ou trois personnes arrivées grâce au concert d'avant les vacances hochèrent la tête timidement, un peu terrifiés par l'allure de leur cheffe de chœur. Harry leur envoya un signe d'encouragement, auquel ils ne répondirent qu'à moitié.

• § •

« Oh je suis lessivé, souffla Harry quand ils rentrèrent chez eux, Niall se mettant directement dans la cuisine dans l'idée de préparer le repas. Pas toi ?

- Hm ? Répondit l'irlandais, le nez dans une liasse de partitions, adossé au plan de travail. Non, ça va. Je le serai quand on aura commencé à déchiffrer. Elle n'y est pas allée de main morte. »

Charlie avait fait la jolie surprise à son chœur d'hommes, en quittant la salle de répétition, de distribuer cinq nouvelles partitions, pour 'la lecture du soir'. Elle ne leur demandait pas de les apprendre par cœur chez eux, mais d'y jeter un œil et de lui poser les potentielles questions qu'ils auraient à la prochaine répétition. À son grand désespoir, Niall n'en connaissait qu'une seule, et stressait un peu pour les autres car il ne pourrait pas guider ses camarades.

« C'est dur ? Demanda Harry depuis sa place.

- Bof. Rien d'insurmontable, mais beaucoup de travail en perspective. Ravioles ce soir ? Avec des petits pois.

- Okay. Tu as besoin d'aide ?

- Non, c'est bon. Ou si, mets la table. »

Harry se leva alors du canapé et trouva Niall sur son téléphone, ayant posé ses partitions à côté de lui sur le plan de travail. Le plus jeune ne chercha pas à savoir ce qu'il faisait, il se contenta de sortir deux assiettes et leurs verres. Il dut par contre se rapprocher de son colocataire pour prendre des couverts, et ce faisant, son regard dériva sur l'écran du téléphone, qui ne montrait pas l'interface de Spotify comme il s'y était attendu, mais une photo de Niall, un gars et Leah, qu'il savait maintenant reconnaître grâce au cadre qu'il avait déjà vu dans la chambre de son ami.

Il ne manifesta pas tout de suite le petit problème des fesses de Niall contre le tiroir à couverts, et observa son visage penché sur l'écran. L'irlandais était proprement perdu dans la photo qu'il regardait. Il ne réagit même pas quand Harry s'approcha encore un peu, ne l'ayant apparemment pas remarqué.

« Elle te manque, elle aussi ? Lui murmura le plus jeune doucement pour ne pas le surprendre. »

Raté ; Niall sursauta violemment et cacha son téléphone dans son dos dans un réflexe un peu bizarre. Le regard interdit d'Harry le fit pouffer nerveusement.

« Euh, ne le prends pas mal, mais j'ai horreur qu'on regarde par-dessus mon épaule quand je fais quelque chose, sourit-il d'un air étrange. Tu as besoin de quelque chose ?

- Euh, oui, les... couverts. S'il te plaît. »

Niall le regarda, puis la table en partie dressée, puis le tiroir où se trouvaient les couverts, et comprit le problème. Il se poussa, rangea son téléphone dans sa poche et se dirigea vers le frigo, sans doute pour prendre les ravioles et les petits pois.

« Alors ? Le relança Harry après quelques minutes de silence. Elle te manque ?

- Je... Oui, oui, elle me manque. Beaucoup, souffla l'irlandais en baissant les yeux. »

Harry commença par compatir, puis eut une impression particulière, par rapport à cette jeune femme formidable dont tout le monde parlait avec emphase mais que personne ne pleurait vraiment - ils disaient le manque, ça oui, mais personne n'en était non plus à se rouler par terre.

« Ça fait combien de temps qu'elle est... partie ? Continua Harry, curieux malgré lui. »

Il savait que ce thème était douloureux pour son ami, mais ce fantôme qui était partout et nulle part l'intéressait plus que de raison.

« C'était en avril, de cette année, déglutit Niall en fixant un point en face de lui. Donc... six mois. Elle est morte il y a six mois. »

Est-ce qu'on se remet de la mort d'un proche en six mois ? Se demanda le plus jeune, ses yeux inquisiteurs rivés dans ceux de son ami, qui avait l'air angoissé.

« Vois étiez amis, non ? C'est bien toi qui l'as amenée ici ? »

Niall garda le silence un temps. Plus rien ne bougeait.

« Je suis arrivé un an avant elle. Pourquoi tu me poses ces questions ?

- Je te trouve juste fort, soupira Harry, dans une position qui avait presque l'air vraie - il le pensait réellement, mais on ne pouvait lui retirer le pressentiment qu'il avait à propos de cette inconnue, et qui tachait sans doute un peu son discours. Elle et toi, vous deviez être très fusionnels, ça se voit sur les photos que tu as d'elle, et tu en parles avec une bonne humeur incroyable, mais le fait qu'elle soit partie, et que toi tu sois toujours là, toujours debout, en train de supporter son absence sans déprimer au quotidien ni rien, c'est... c'est remarquable. Je n'ai jamais vécu la mort d'un proche, mais ça doit être tellement difficile, et toi tu es là. Pas que toi d'ailleurs, les autres aussi, mais je pense que tu es le plus impacté vu que tu en étais le plus proche. »

Sa mémoire lui souffla l'instant où Wilhelm lui disait être très proche d'elle aussi, qu'elle l'avait motivé à sortir Liam de son bureau. Mais de lui et Niall, lequel était vraiment le plus à même de la pleurer ?

« Merci, c'est gentil, sourit l'irlandais pauvrement, son regard partant quand même dans la direction opposée. Mais, je n'étais pas le seul à en être proche. Elle s'est vite rapprochée de Will.

- Où est-ce qu'elle est enterrée ? Lança le plus jeune soudainement, et un air glacé s'infiltra dans le corps de Niall, ou c'est ce qu'il dut ressentir puisqu'il s'était entièrement figé, ses muscles intégralement tendus. »

C'était peut-être la question de trop. Imbécile, qui demande au meilleur ami de la défunte où est située sa tombe ? Je ne peux même pas lui sortir que je veux y aller, je ne la connais pas.

« Je te trouve très intrusif, murmura Niall. Je ne veux pas en parler. S'il te plaît. »

Alors Harry se rangea et partit dans sa chambre. Son pressentiment s'était maintenant envolé, mais suite à quoi ?

• § •

« DESMOND ! Est-ce que je peux dire au revoir à Bébé Harry ? »

[...]

« Oui, et même que je veux lui dire au revoir s'il te plaît s'il te plaît s'il te plaît ! »

[...]

« Il est grand ! Il a quel âge ? »

[...]

« Ce n'est plus un bébé alors, c'est un grand ! »

[...]

« Il est trop mignon... »

[...]

« Maman, est-ce que je pourrai avoir un petit frère ? »

• § •

« Et Bébé Harry , est-ce qu'il a aimé ? »

• § •

« ZAYN, AU SECOURS ! »

• § •

« P-pourquoi il entend p-pas ? Il connaît pas la musique ? »

[...]

« Bébé Harry il n'entend pas la musique. Et c'est triste parce que moi j'aime bien la musique. »

• § •

19 novembre 2022
France

« Coucou mon ours, qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ? Lui lança Clotaire lorsqu'il passa le pan de mur protégeant les coiffés des regards des passants. On rafraîchit ?

- Oui s'il te plaît. Ton produit marche un peu trop bien par contre, je n'ai jamais vu mes cheveux pousser aussi vite, grimaça Harry en enfilant la blouse que son ami lui tendait, s'installant ensuite dans le fauteuil positionné devant la vasque que lui indiquait le coiffeur - et conformément à ce que lui avait dit Wilhelm la dernière fois qu'il était venu, le fauteuil pour les gens normaux était horriblement inconfortable.

- C'est vrai qu'ils ont poussé vite, sourit le coiffeur en réglant l'eau à une température adéquate. Dis-moi si c'est trop chaud. Et, je t'avoue que si je vends toutes ces bouteilles, j'espère bien en tirer moi aussi un avantage à la fin.

- T'inquiète pas pour l'eau. C'est-à-dire ?

- Si tes cheveux sont en meilleure santé et poussent plus vite tu reviens rapidement chez moi, et j'ai plus d'argent. CQFD.

- Waw, les coiffeurs sont machiavéliques, sourit Harry en esquivant - au prix d'une jolie douleur dans la nuque à cause de la vasque - un jet d'eau homicide dans ses yeux.

- On aime le pognon, nuance, rétorqua Clotaire en prenant une bouteille de shampooing. Et puis en plus, mon boulot est ingrat : je dois nettoyer TA crasse de cheveux avec MES mains magnifiques, et essayer de rendre des laiderons plus beaux qu'ils ne le seront jamais en arrangeant leurs cheveux différemment, sachant que tout le monde s'attend à ce que tout ce que je fais soit parfait vu que c'est mon métier. Et quand c'est raté, je tire ma plus belle tronche d'hypocrite en mettant ma victime en confiance quant à l'horreur que j'ai fait sur sa tête.

- Pourquoi t'es coiffeur déjà ? Ironisa Harry.

- Parce que j'ai foiré mes études et qu'en vrai c'est pas si mal, sourit-il de toutes ses dents. J'adore les cheveux. En plus les tiens sont tous doux, roucoula-t-il en les rinçant. Des jolies boucles comme ça, ça se garde.

- Plus tard, plus tard, c'est toi qui l'as dit tu te souviens ? Lui rappela Harry en échangeant un regard avec lui. Pour l'instant, coupe courte.

- Pourquoi est-ce qu'il m'arrive de dire des choses intelligentes ? Soupira le jeune homme en prenant son sèche-cheveux. »

À l'heure actuelle, les cheveux d'Harry n'en étaient pas à un point catastrophique : ils étaient plus longs que quand il les avait coupés pour la dernière fois, mais juste assez pour boucler au niveau de ses oreilles et pour former un début de casque sur le haut de sa tête - car l'adolescence les rendait incoiffables. Ses tempes n'avaient pas encore disparu sous des forêts comme elles l'avaient déjà fait en septembre, mais c'était un peu moche, alors il était venu voir son ami pour revenir à cette jolie amélioration qu'il lui avait faite la dernière fois.

« À quoi te servent toutes ces bouteilles ? S'intéressa le plus jeune en regardant les murs de la boutique recouverts d'étagères de lotions et de pots en tous genres. »

Il y avait des perruques très réalistes dans un coin, tout un espace dédié même.

« Ça dépend, réfléchit Clotaire en relevant les yeux de son ouvrage par à-coups, histoire d'éviter de lui cramer la tête. Près du comptoir ce sont les huiles nourrissantes, les crèmes, les après-shampooing qu'on ne trouve pas en supermarché à cause de leur marque haut-de-gamme. Tout ce dont je ne me sers pas au moment de coiffer mes clients mais que je vends, quoi. À côté des vasques ce sont les shampooings, et tout le reste que tu vois là, lui montra-t-il en désignant le mur, ce sont les teintures et décolorants.

- Tout ça ? S'étrangla Harry, qui ne voyait pas l'intérêt d'avoir autant de marques différentes pour une explication si simple. Mais pourquoi ?

- Mon sucre, dois-je vraiment t'expliquer que tous les clients n'ont pas les mêmes marques de teintures car ils en préfèrent certaines ou s'y résignent car elles sont adaptées à leur type de cheveux ? Ceux de ce côté sont pour les frisés, ceux-là pour les lisses, indiqua-t-il vaguement, les décolorations sont plutôt là, et tout ça, j'en ai des avec ou sans gluten, certaines avec des indrédients 100% sans allergènes, d'autres moins chers avec des ingrédients très dégradants pour la nature même si en soi je limite ma consommation de ces horreurs, tout ça. Et puis vient la diversité des couleurs. Je n'ai même pas tout mis, il faut que mes clients m'annoncent leurs allergies et problèmes cellulaires avant de se faire teinter ou décolorer les cheveux, et puis ils me suivent dans l'arrière-boutique pour choisir leur couleur et avoir un choix plus vaste que ce que j'ai pu mettre sur un seul mur.

- C'est vraiment épatant, souffla Harry, captivé. »

Pris dans une contemplation du pan de mur, il se prit le fauteuil où il se ferait couper les cheveux dans la cuisse, ce qui le fit trébucher et manquer de se gameller. Clotaire ricana.

« Tu peux me le dire si tu veux sacrifier ton brun naturel et tenter une couleur, ironisa-t-il en prenant son matériel près de lui. Il faudra décolorer avant, mais c'est totalement possible.

- Non merci, je tiens à mes cheveux, sourit le bouclé en s'installant confortablement dans son siège. »

Pendant que Clotaire s'affairait derrière lui, il continua de regarder le mur à colorations. Quelque chose le dérangeait, mais il ne savait quoi. Enfin, il mit le doigt dessus ; lorsqu'il avait parlé avec Roxane, elle lui avait raconté une scène entre Charlie, Thomas et Louis, où Charlie demandait quelle couleur c'était, le blanc, et à quoi ça ressemblait. Et la question qui lui était venue, c'était pourquoi elle se décolorait et se teintait les cheveux en blanc régulièrement, si elle ne savait pas ce que c'était.

La question est bizarre, est-ce que Clotaire se vexera si je la pose ? S'inquiéta Harry, conscient du fait que Clotaire coiffait Charlie depuis des années.

« Tu m'as l'air pensif, lança le coiffeur lui-même en jugeant sans doute que ce silence était trop lourd pour être normal. Qu'est-ce que mon mur t'inspire ?

- Une question que j'aimerais te poser mais qui me ferait passer pour un fouineur de première, lâcha Harry honnêtement, ses yeux refusant de quitter cette cloison colorée.

- Je suis toute ouïe, répondit le coiffeur d'un ton égal. »

Harry chercha ses mots un instant.

« Charlie a l'habitude de nous apparaître avec une frange longue, une coupe asymétrique et des cheveux blancs, commença-t-il en doutant un peu.

- Hm.

- On... est bien d'accord que c'est toi qui la coiffes ?

- Oui oui. Crache le morceau Teddybear, je vais pas te bouffer.

- Bah... Je me demandais le pourquoi de cette coiffure, vu qu'elle ne se voit pas elle-même.

- Elle m'a demandé de quoi cacher son visage et son corps gauche mais laisser son bras droit libre. J'ai fait au plus simple. Et puis, mine de rien, l'asymétrie ça lui va bien. »

Harry attendit le moment où il parlerait d'une couleur, mais le coiffeur attendait la suite du questionnement.

« Quoi, c'était que ça ta question ? Pourquoi Charlie est coiffée comme ça ? »

Le coiffeur avait l'air surpris, son regard croisant celui de son client à de brefs intervalles dans le miroir.

« ...Non.

- Allez, je ne vais rien te faire, promis, le rassura le plus âgé en tapotant son crâne. Je n'ai pas pour habitude de planter mon rasoir dans le cou de mes clients, ça les fait fuir.

- ...Que... que t'a demandé Charlie pour la couleur ? Se lança Harry, relevant courageusement ses yeux dans ceux de son interlocuteur. Quelle est sa coloration naturelle ? »

Clotaire le regarda longuement, puis fit un signe de tête bizarre, comme s'il se répondait à lui-même.

« Blanc. C'est blanc, sa coloration naturelle.

- Mais personne ne naît avec des cheveux blancs ! S'emporta légèrement Harry, attendant une autre réponse, n'importe laquelle.

- Je ne sais pas si elle est née avec, Harry, je te dis juste que quand elle a franchi les portes de mon salon pour la première fois, ses cheveux étaient aussi blancs qu'aujourd'hui. Libre à toi de lui inventer une maladie liée à la production de mélanine ou un caractère albinos, moi je ne l'ai jamais connue autrement. Et comme elle-même ne connaît pas les couleurs, elle serait bien incapable de te répondre sur sa couleur de naissance. »

Harry resta songeur. Il savait que la mélanine était liée à la coloration de la peau et des cheveux ; en vieillissant, le corps en avait moins, alors les cheveux devenaient plus blancs, la peau plus claire et parsemée de petites taches. Mais si Clotaire connaissait justement les problèmes cellulaires de ses patients et avait utilisé le mot ''inventer'' pour parler de cette particularité chez Charlie, c'est bien qu'elle n'en avait pas, et qu'elle n'était pas albinos non plus, bien que sa peau très claire et ses cheveux immaculés auraient très bien pu donner l'impression du contraire.

Je ne comprends pas. Pourquoi est-ce que ça lui apparaît comme normal, à lui ? Non. Pourquoi est-ce qu'à moi ça me paraît anormal ?

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