§ Chapitre 39 §
18 septembre 2022
France
« Pour les départs on commence à être pas mal, mais pour les notes c'est carrément brouillon. Déjà, ceux qui ne l'ont jamais travaillé, soit vous avez compris ce qu'il faut chanter et comment et vous pouvez essayer de rejoindre le cortège, soit vous êtes paumés et vous vous taisez. Ne soupire pas, gronda-t-elle en pointant son doigt vers une fille à sa droite, vous n'entendez sûrement pas ça, mais ces trous-là produits par une personne, si quatre autres font la même chose sur le même passage, c'est juste immanquable et super moche. »
La fille continuait de râler dans son coin, soufflant et froissant ses partitions.
« Quelque chose à redire ? S'impatienta la cheffe de chœur en ne baissant pas ses bras. Soit tu parles soit tu te tais, marmonner comme ça est inutile et lâche.
- Je suis venue pour chanter, à quoi ça sert si tu me dis de pas le faire ? S'emporta la fille après une demi-seconde de cogitation. Est-ce que c'est ma faute si je suis arrivée aujourd'hui et que je n'ai pas pu apprendre ce chant comme les autres ?
- Non, et je ne t'interdis pas de chanter, si tu as compris la mécanique du chant, expliqua Charlie posément, posant ses mains à plat sur son pupitre. Je vais passer aux détails, et c'est illogique de commencer par les détails si on n'a pas compris le gros du travail. Mais dans un futur proche où tu auras appris et pris conscience de la partition, tu pourras chanter avec les autres dans une réunion aux détails, oui. »
La fille ne répliqua plus, croisant bras et jambes et tournant sa tête sur le côté. Elle boudait.
Elle doit passer une mauvaise journée, songea Harry en la prenant un petit peu en compassion. Pas du matin, sans doute, quoiqu'il est quand même onze heures, maintenant.
Il laissa la fille de côté et se reconcentra sur la conversation en cours, ou plutôt monologue, avec Charlie indiquant à diverses personnes ce qu'elles avaient mal fait ou leurs faiblesses à tel ou tel endroit. Lui-même fut cité avec un ''Harold, chante plus fort je sais que tu peux plus, et fais attention au rythme, tu as tendance à accélérer. Sois attentif à mes gestes.'' Elle conclut avec un rappel pour les chanteurs de chanter en s'écoutant*. Et intérieurement, il se demanda comment elle pouvait se souvenir d'autant de choses. Parce qu'avec vingt jeunes, c'était déjà beaucoup, mais le double, c'était impossible.
« Psst, tu rêves, lui signala Niall en lui mettant un petite coup de coude pour le réveiller. On est repartis, fais attention. »
Harry hocha vaguement la tête, pour lui signifier qu'il avait compris, mais il ne se sentait soudain plus trop dans son assiette. Il n'entendit pas le départ des voix féminines, ne sentant sa peau se couvrir de frissons et son ventre devenir un ascenseur partant vers l'infini. Il mourait de chaud tout d'un coup. Respirant fort, mais ce son passant inaperçu au milieu du chœur, il leva sa main tremblante pour se la passer gauchement sur le front, peinant à garder ses yeux fixés sur les mains de Charlie, qu'il désirait garder en ligne de vue, mais qui bougeaient trop pour qu'il y arrive - à moins que ce ne soient ses paupières, qui se baissaient continuellement pour laisser ses yeux se fermer ? Il ne savait pas trop ce qui lui arrivait, mais il n'était pas sûr que ce soit très normal. Ses iris hagards glissèrent rapidement sur les lames du plafond, lui donnant un tournis loin d'être le bienvenu qui l'obligea à plaquer ses mains sur les contours de sa chaise pour ne pas vaciller.
Dans sa solitude, il ne vit pas Charlie faire un signe à Wilhelm et le montrer d'un geste vif du menton, que le chœur ne remarqua même pas tant il était concentré sur les paroles et leur variation dans le refrain. Le blond ne tarda pas à voir le problème et marcha à pas vifs jusqu'à l'armoire à pharmacie placée dans un coin de la pièce, en retira plusieurs barres chocolatées avant de retourner vers le piano, faisant à son tour signe à Niall, qui prit son voisin par la taille pour le lever et le mener jusqu'à la nourriture. Harry ne sentit qu'un vague mouvement avant de commencer à dodeliner de la tête.
« Harreh, reste avec moi s'il te plaît, le pria l'irlandais avec calme, tu es en train de faire un malaise, ça va aller, tu vas manger un peu et retourner chanter.
- Charlie- baragouina le garçon avec peine, essayant d'aider son ami dans sa tâche mais ne parvenant qu'à trébucher sur ses pieds.
- C'est elle qui a remarqué que tu n'allais pas bien, elle ne va pas te tuer parce que tu te sens faible, le rassura son ami en le laissant debout pour approcher la chaise à côté du piano, Wilhelm rattrapant Harry de justesse. Oops, sorry Harreh, glissa l'irlandais en finissant par l'asseoir sur le siège même du piano.
- Allez bonhomme, bouffe un peu et retournes-y, l'encouragea Wilhelm en souriant, lui tendant la barre sortie de son sachet. Oh, tu n'aimes pas le chocolat ? S'inquiéta-t-il plutôt quand il vit le regard morne que le plus jeune adressa à la ration. »
Si seulement. Harry ressentait le besoin urgent de vider son estomac vide sur le plancher à la simple vue de la barre chocolatée. Il détourna la tête avec une moue et repoussa mollement la main que lui tendait son ami, manquant choir du siège dans le mouvement, rattrapé par Thomas.
Tiens, salut Thomas.
« Will, tu n'as pas juste du sucre ? S'enquit celui-ci en comprenant ce que Harry ressentait. Son cerveau ne doit pas pouvoir comprendre qu'il mange, il va vomir sinon. »
Le bouclé n'entendit pas la suite, ses oreilles s'étant bouchées d'un coup, rendant ses gestes débiles et lents pour essayer de se redresser sans l'aide de Thomas - pas par fierté quelconque, mais sa position était inconfortable pour eux deux. Il ne sentit pas qu'on le secouait brutalement, ayant juste l'impression d'une petite brise tant il était à l'Ouest. Son cerveau lui semblait en fusion, sa nuque et son front couverts de sueur. Le goût vanillé d'un bloc de sucre vint bientôt sur sa langue, mais aussitôt, un haut le cœur secoua son corps entier, une main se plaquant quand même contre sa bouche fermée pour empêcher la sortie du sucre bienfaiteur, si seulement le corps d'Harry voulait bien l'assimiler. Lui-même avait l'impression de dormir, plongé dans un cocon confortable, se laissant glisser confortablement entre les bras de ceux qu'il ignorait s'occuper de lui - le cadre serait parfait pour une bonne sieste si son crâne, sa gorge et son ventre ne le faisaient pas autant souffrir.
« Harry ! Cria soudain une voix en lui donnant une gifle, le bruit le faisant plus revenir à la réalité que la sensation. Avale ! »
La demande lui parvint lentement, passant dans les nuages cotonneux de sa conscience avec toutes les difficultés du monde, pour qu'au final il ne comprenne qu'après plusieurs répétitions de la voix - il n'arrivait pas à reconnaître qui lui avait demandé ça, mais sa mâchoire parvint ainsi à se desserrer et un afflux d'énergie lui parvint doucement, à mesure que le sucre faisait son effet dans son sang.
Il ouvrit difficilement les yeux, pour constater qu'il était par terre, ses yeux flous ne se fixant sur rien de particulier jusqu'à ce qu'une voix rauque lui ordonne :
« Regarde-moi, serre ma main quand tu peux compter mes cheveux. »
Quels cheveux ? Réagit lentement le garçon en revenant à la vie. Ils sont blancs, personne n'a les cheveux blancs.
Puis il réalisa que c'était Charlie qui se tenait au-dessus de lui, tenant sa main, Wilhelm le maintenant de manière générale dans une PLS* et Thomas gardant sa main contre sa bouche au cas où un nouveau haut-le-cœur tenterait de rejeter le sucre encore une fois. Dès qu'ils le virent les fixer de manière insistante, ils lui sourirent, Thomas reprenant sa main en l'essuyant un peu sur son jean. Harry se reconcentra sur les cheveux de Charlie et parvint à les dénombrer un par un, lui serrant la main en constatant qu'il y arrivait.
« Cool, tu peux te lever tu penses ? »
Non, réfléchit Harry en réalisant ne sentir le sol que vaguement, ayant plutôt l'impression de se tenir sur un matelas confortable.
« Pas grave, tu peux rester là un peu, nous on va répéter. Essaye juste de ne pas t'endormir, conseilla Charlie en se relevant, penchant son corps en avant pour poser ses paumes au sol et ainsi se propulser vers l'arrière sans perdre son équilibre ni demander d'aide à quelqu'un. »
Sauf qu'étant en dessous d'elle, Harry ne put manquer la vision de sa longue frange se détachant de son visage, le trouble qu'il ressentit le rendant quasiment sourd à la question de Thomas, ''tu veux encore du sucre ?''.
Oh la vache.
• § •
« Ça va Harreh ? Tu peux te lever ? Demanda Niall à la fin de la répétition, s'accroupissant près du plus jeune qui ne s'était pas redressé, en proie à un vif mal de tête depuis son malaise.
- Peut-être, souffla-t-il en appuyant sur ses bras pour s'asseoir, faisant une pause au milieu de la montée à cause d'un vertige. Ou pas.
- Pas de problème, Dorémuscles pourra te porter si vraiment tu peux rien faire, le rassura l'irlandais alors que Dorémi s'avançait derrière lui.
- Parce que toi tu peux pas peut-être ? Ironisa-t-elle en lui jetant un regard de haut en bas. Quoique je ne suis pas surprise, ta force de crevette se lit sur ton corps.
- HANNNN, DORÉMI ELLE JUGE TROP SUR LE PHYSIQUE, lança Wilhelm en s'approchant à son tour. Viens mon Hazza, on se casse, fit-il en retenant Harry de tomber alors qu'il était accroupi pour se relever. Ça va pas mieux que tout à l'heure ?
- Pas trop non, murmura Harry en retenant un haut-le-cœur alors qu'ils commençaient doucement à marcher, laissant les autres derrière eux. J'ai super mal à la tête, c'est horrible. Et j'ai l'impression de marcher sur un nuage. Non, je suis le nuage.
- Et tu es aussi dans les vapes mon pauvre ami, soupira dramatiquement le jeune homme en serrant plus sa taille, passant son bras autour de ses épaules avachies pour le soutenir complètement. J'ai eu peur tout à l'heure, j'avais pas vu que tu faisais un malaise et d'un coup tu as commencé à vaciller sur ta chaise... Il faut appuyer sur le bouton d'alarme quand ça t'arrive, tu sais.
- Je n'y ai même pas pensé, avoua le plus jeune en soufflant un rire. Mais je crois que si je l'avais fait j'aurais fait un malaise de douleur à cause de la force du signal émi par le bippeur.
- Certes, admit le blond en le remontant sur son épaule d'une secousse un peu brusque. Et, reprit-il en remontant dans l'ascenseur, tu te souviens de ce qu'il s'est passé exactement ? Tu te sentais mal ce matin ?
- Non... J'allais très bien. »
Il préféra passer sous silence sa rencontre oculaire avec Ludwig. Ça ne devait pas avoir de rapport, et il en avait un peu honte.
« Comment tu as su que je faisais un malaise ? Demanda Harry soudainement.
- Charlie m'a fait signe d'aller te voir, répondit simplement le violoniste sans trop se soucier de l'ambiguïté de sa réponse. Niall aussi l'avait vu, tu avais lâché tes partitions et tu te retenais à ta chaise. Mais lui il ne pouvait rien faire, il chantait. »
Harry fronça les sourcils, ne voyant pas le rapport.
« En fait, sourit Wilhelm en comprenant ce qui dérangeait son ami, Charlie nous impose un certain nombre de règles, et je crois me souvenir que Niall t'a enseigné ses douze commandements du parfait petit chanteur ou quelque chose comme ça ? »
Il attendit que son camarade hoche la tête pour continuer.
« Il a grosso modo raison sur tout, mais avec douze commandement on ne peut pas répertorier toutes les règles imposées par Charlie à ses choristes. Parmi celles-là, on a celle qui dit de ne pas bouger ou le moins possible pendant un chant, que ce soit à la tourne de page ou pendant un déplacement forcé, parce qu'on doit faire passer un micro dans les rangs par exemple. On a cette règle pour préserver le silence qui nous entoure pendant un moment de vide en concert, et aussi parce que Charlie nous écoute continuellement et qu'entendre des bruits à tout bout de champ est insupportable pour elle, ça la frustre énormément. Donc, reprit-il après une petite respiration tout en sortant de l'ascenseur, son ami en appui total sur lui, Niall n'a pas pu te secourir parce que Charlie l'aurait fusillé sur place, malaise ou pas.
- Mais c'est super dangereux ! Protesta Harry, qui se sentait déjà mieux sous le doux soleil de la fin de l'été. Si quelqu'un fait un malaise mais que personne n'a le droit de venir le secourir, comment il fait ?
- On a justement le bouton d'alarme dans ce cas de figure, plaisanta à moitié le blond en remontant Harry une nouvelle fois sur son épaule. Tu as oublié de l'utiliser mais il sert à ça, et monsieur-tout-le-monde le sait aussi, donc pas de problème.
- Et comment Charlie a fait pour savoir que j'allais mal ? Se demanda soudain le bouclé en clopinant pour tenter de décharger un peu son ami.
- Elle t'a entendu j'imagine, murmura Wilhelm après un instant de silence. Elle est attentive, et je dois avouer que tu soufflais comme un bœuf, ce n'était pas très discret. D'autres questions ?
- Pourquoi c'était elle qui me tenait en PLS et pas toi ou Thomas ? »
Cette fois, le violoniste laissa passer un peu plus de temps.
« Tu vois... même si on est dans un centre pour handicapés... disons qu'on reste des gens normaux. Et quelqu'un qui fait un malaise, ça reste impressionnant et bien différent d'une rééducation ou d'une vie dans un fauteuil. En bref, on n'a pas l'habitude, et surtout les étudiants, parce nous en tant que masters on est formés pour secourir les autres en cas de besoin, bafouilla Wilhelm en secouant la tête, cherchant ses mots. La formation aux premiers secours est pas encore obligatoire, on essaie de forcer Brannan mais ça reste compliqué vu que beaucoup d'étudiants ne sont que de passage et n'ont pas envie d'étudier un truc en plus ou d'aider les autres. Mais du coup, tout à l'heure, tes voisins ont remarqué que tu allais mal, même s'ils ne pouvaient rien faire ils compatissaient et essayaient de trouver quelqu'un à qui faire signe, sauf que moi j'étais concentré sur Charlie et Thomas sur ses partitions. Charlie a fini par le remarquer, plutôt vite je crois, et quand elle m'a fait signe à moi et que j'ai commencé à bouger vers l'armoire à pharmacie, plusieurs ont commencé à se déconcentrer, pour voir ce que je faisais. À ce moment-là, tout était encore relativement sous contrôle, mais on avait perdu les plus jeunes. Puis je suis revenu au piano et j'ai fait signe à Niall de te prendre, et quand il s'est levé on en a perdu plus de la moitié, surtout quand il t'a pris pour t'amener vers moi. Charlie avait du mal à gérer du coup, elle a stoppé le son et tenté de ramener tout le monde mais évidemment tout le monde te regardait toi, en train de faire une crise sur le siège, incapable d'avaler ton sucre et la nourriture en général. Tu as oublié ce moment ?
- Oui.
- Ben tu tremblais et tu avais des hauts-le-cœur à chaque fois qu'on essayait de te faire manger du sucre, frissonna le blond en se remémorant la scène. Tout le monde a fait silence quand tu as commencé à avoir des spasmes et à glisser du siège du piano, on t'a allongé par terre avec difficulté. Thomas avait placé sa main sur ta bouche pour t'empêcher de vomir le sucre - tu devras le remercier pour ça d'ailleurs - et moi je galérais à te mettre en PLS parce que tu n'arrêtais pas de gigoter, tu as même eu des hallucinations je crois, genre tu rêvais que tu étais sourd et tu beuglais des ''À L'AIDE'' en te tenant les oreilles comme si elles allaient s'envoler et en te tirant les cheveux. »
Harry déglutit difficilement, se souvenant - bizarrement - de ce qu'il avait ressenti.
« On n'entendait plus que toi dans la salle, Charlie avait arrêté d'essayer de faire chanter les autres, tout le monde était préoccupé par ton état, continua Wilhelm sans songer à s'arrêter. Je n'arrivais plus à te retenir, tu me donnais des coups de pied et tu avais mordu Thomas, même Niall ne savais pas quoi faire, et pourtant il sait comment calmer les gens d'habitude. Au final il a choisi de t'écraser pour te contenir, mais tu as hurlé encore plus fort en le griffant pour le faire partir. Je crois que c'est à peu près à ce moment-là que Charlie est intervenue, réfléchit Wilhelm à voix haute en trébuchant sur un petit caillou. Oups, désolé, lâcha-t-il en retenant Harry de s'écraser par terre. Donc, je disais, Charlie est arrivée sur son cheval blanc, elle s'est accroupie près de toi, et là elle t'a foutu deux énormes gifles, elles ont résonné dans la salle pendant je crois plusieurs secondes avant que tu ne commences à te calmer. Elle t'a appelé plusieurs fois, fort, et t'a dit d'avaler le sucre que Thomas te présentait, c'était le deuxième vu que le premier il te l'a retiré pour éviter que tu t'étouffes avec. Tu as enfin coopéré, et moi et Niall en avons profité pour te mettre en PLS pour de vrai cette fois, un peu avant que tu ne reviennes à toi. Les chanteurs papotaient je crois, ils avaient vu que tu allais mieux alors ils étaient passés à autre chose. Après, Charlie est retournée à sa place et on a continué la répétition comme d'habitude, mais ça tu le sais déjà. »
Harry hocha la tête une énième fois, perdu sous l'avalanche d'informations que lui livrait son ami.
« Donc j'ai mordu Thomas, griffé Niall et t'ai donné des coups de pied ? Récapitula-t-il piteusement, honteux.
- Ouais, c'est ça, acquiesça Wilhelm avec un grand sourire. Tu as étranglé Charlie aussi. »
La tête du bouclé se tourna si vite qu'il en eut mal aux cervicales.
« Hein ?!
- C'était pendant ton délire, Charlie est arrivée tu sais, et elle s'est accroupie à côté de toi pour t'aider, mais à la seconde où tu l'as reconnue - nous tu ne nous as pas calculés mais elle si, je prends note -, tu t'es retourné et tu l'as plaquée au sol comme un pro, ta main autour de sa gorge et l'autre en clef de bras dans ton dos puisqu'on a réagi dès que tu l'as fixée d'un peu trop près. On t'a redressé, Niall s'est jeté sur toi pour t'allonger et Charlie t'a giflé.
- J'ai dit un truc pour me justifier ? Bafouilla le plus jeune, abasourdi.
- Tu l'as insultée, et tu parlais de ton père. Je vais pas te demander pourquoi, m'enfin de là à lui hurler dessus pour l'avoir tué c'est un peu- »
Il fut coupé par Harry qui tomba au sol d'un coup, soudain trop faible pour faire un mouvement de plus.
« Héé, tu recommences pas hein ? S'inquiéta le blond en s'agenouillant près de lui. Tu délirais, tu as même oublié que tu délirais, alors c'est normal de- »
Son mal de crâne s'était tant amplifié qu'Harry n'entendait plus de Wilhelm que le grésillement du timbre, les mots coulant dans son crâne comme du miel visqueux. Il sentit brièvement ses mains gelées contre son visage brûlant avant de se savoir porté comme une princesse, puis fouillé pour trouver sa clef à ascenseur - mission réussie, ce qu'il sut quand son estomac fit un rebond dans sa cage thoracique. Wilhelm tâtonna visiblement encore un peu dans ses poches pour trouver cette fois sa carte d'appartement, qui fit s'ouvrir la porte peu de temps après, laissant l'occasion au violoniste de déposer sa charge sur le canapé du salon.
« Ce que t'es lourd, souffla puissamment le blond en s'affalant sur le fauteuil à côté de l'endroit dès à présent préféré d'Harry. J'ai pas le droit de faire du sport, normalement, tu veux me faire crever ? »
Il fut interrompu par une quinte de toux, si sèche que le plus jeune en eut des frissons.
« Je suis désolé, murmura-t-il en se tournant difficilement pour lui faire face. Je sais pas... ce que j'ai.
- T'inquiète pas va, t'es juste très faible, mais ça va aller, dans deux jours tu gambaderas dans les champs avec une gerbe de blé dans la bouche et les yeux en cœurs et le monde sera content, soupira Wilhelm en haletant, vraiment essoufflé de son effort, toussant fort.
- Et toi, ça va ? S'inquiéta Harry en constatant que ses toux ne s'arrêtaient pas plusieurs minutes après. Tu veux que j'appelle Niall ?
- Bah, j'ai juste besoin d'une sieste, refusa le blond en s'avachissant encore plus si c'était possible. Et toi aussi d'ailleurs. Siestons ensemble si tu le veux bien.
- Ce serait un honneur, murmura Harry en sentant ses paupières devenir lourdes et le tissu du canapé plus si rugueux. Sieste bien.
- Toi de même, répondit le violoniste sur le même ton, attendant en réalité que son ami ferme les yeux pour changer de pièce et appeler une infirmière, bien plus préoccupé par son état que ce qu'il avait bien voulu lui montrer. »
• § •
Lexique
Chanter en s'écoutant
Cette demande peut ne pas porter grand sens pour quiconque n'est pas musicien, mais le concept est simple à comprendre : dans un chœur, ou dans un corps musical, on a plusieurs instruments, susceptibles de faire des polyphonies - parties à plusieurs voix - ; le principe même de la polyphonie est qu'on entende tout le monde, et c'est pourquoi tout musicien doit avoir le recul nécessaire, quand il joue, d'écouter ses confrères, pour ne pas qu'il sonne plus fort qu'eux ou qu'il se laisse submerger : le public doit entendre tout le monde au même niveau.
D'expérience, les sopranes chantent souvent plus fort que les altos ; c'est un défaut dans une chorale, qui est à peu près aussi vulgaire que de ne faire aucune nuance, puisqu'en effet, lorsque les chanteurs y mettent du-leur et s'écoutent en chantant, le chant est RÉELLEMENT GENRE C'EST UN TRUC DE FOU sublimé.
PLS
Position Latérale de Sécurité. Quand on allonge quelqu'un par terre, sur le côté gauche, avec les deux mains sous la tête, une jambe allongée, l'autre en béquille - comme un vélo - et la mâchoire bien détendue au cas où il vomisse. Pour tout dire, cette position est très agréable, à essayer en cas d'insomnie.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro