15 septembre 2022
France

« Désolé, je ne t'avais pas vu, s'excusa le - apparemment - jeune homme en toisant Harry de haut, son regard étant si clair qu'il le déstabilisa immédiatement. Ça va ? »

Harry grogna mais hocha tout de même la tête, cherchant à esquiver la conversation, la main posée sur son épaule le démangeant terriblement. Le gars sembla s'en rendre compte puisqu'il la retira, se penchant tout de même vers lui pour se faire entendre.

« Hey, t'as pas l'air dans ton assiette, ça va ? Vraiment ? Insista le jeune homme en cherchant les yeux verts du plus jeune, qui ne put se défiler et croisa une nouvelle fois les orbes quasiment blanches de son interlocuteur.

- Ouais, j'ai juste pas envie d'être ici, je cherche quelqu'un, avoua le bouclé en ne prévenant pas à détacher son regard de celui qui le fixait avec une assurance et une inquiétude mêlées percutantes.

- Ah, qui ? J'ai croisé un peu tout le monde, je peux peut-être t'aider, proposa le jeune homme en souriant largement, la forme quasiment angélique de son visage laissant Harry perplexe.

- Niall, l'irlandais.

- C'est pas là que tu vas le trouver, pouffa le jeune homme en regardant brièvement autour de lui. Je l'ai vu il y a dix minutes, il était avec Lucas. Complètement torché, mais vivant.

- Ça m'arrange, sourit Harry à son tour, se détendant un peu. C'était où ?

- Viens, je vais te montrer, engagea le plus grand en faisant quelques pas, laissant Harry le suivre. Il a pu bouger, vaut mieux que je te montre où il aime aller quand il est bourré. »

Harry ne rebondit pas, suivant son guide au milieu de la piste de danse improvisée dans la cuisine, puis dans le couloir, et enfin dans le salon, où l'inconnu se fit rentrer dedans par quelqu'un d'autre, de manière complètement volontaire cette fois.

« Oh Lud', pourquoi es-tu tout seul ? Demanda Alicia d'une voix mielleuse, se mouvant contre le corps fin du jeune homme comme une sangsue - ou une chienne en chaleur. Tu veux que je te tienne compagnie ?

- Sauf que je ne suis pas seul très chère, j'accompagne un ami, rétorqua l'attaqué en prenant Harry par les épaules, le rapprochant de lui - Harry était trop surpris de voir sa camarade ici pour relever le 'ami' qui n'avait rien à faire là.

- On peut s'amuser à trois, ce n'est pas un- Oh Harry chéri, quelle coïncidence, miaula la jeune femme en le reconnaissant. Tu veux te joindre à nous ? »

''Lud''', discrètement agacé que la blonde ne se détache pas de lui, força un sourire en secouant doucement son bras, cherchant à se dégager - elle sembla plutôt le prendre comme une invitation à se frotter encore plus contre lui, et cette attitude rebuta Harry au point qu'il eut une grimace incontrôlée, faisant légèrement rire son compagnon d'infortune, qui n'avait pas l'air d'en penser moins.

« Alicia, casse-toi, lâcha le bouclé sans la moindre once de respect, se mordant la langue la seconde d'après d'avoir parlé comme ça. Enfin, s'il te plaît-

- Mh, oui parle-moi mal, fit mine d'haleter l'étudiante en se détachant de sa première cible, venant remuer son bassin contre le sien, ses bras partant emmêler ses boucles. »

Harry vit rouge face à ce manque de respect et de pudeur et la rejeta violemment, sans que ça ne la dérange puisqu'elle retourna vers lui comme un aimant. Le plus âgé, toujours contre le bouclé, pouffa, se mordant la lèvre en voyant les yeux assassins d'Harry se tourner vers lui.

« Chérie, dit-il d'un ton sur la remontrance, un petit sourire en coin trahissant son amusement, ce n'est pas une manière de traiter mes amis.

- Mais il m'empêche d'être avec toi, bouda-t-elle en faisant une moue sans doute censée être attirante - pour être honnête, elle fit reculer Harry.

- Voyons, tu sais que je ne suis pas capable de te partager mon ange, la raisonna-t-il en la prenant brièvement contre lui pour lui murmurer des paroles dans l'oreille, qui la firent glousser - et non, Harry ne voulait pas savoir ce qu'il venait de lui dire. »

En tout cas, Alicia recula et partit dans la foule, allant chercher une nouvelle proie sans doute. Le bouclé ne put s'empêcher de souffler de soulagement et d'exaspération, s'attirant le regard de l'inconnu.

« Tu la connais ? S'intéressa celui-ci en reprenant sa marche dans le salon bondé, regardant autour de lui pour se repérer.

- J'aimerais que ce ne soit pas le cas, soupira le plus jeune en l'imitant, cherchant une touffe de cheveux décolorés se cachant quelque part. Elle m'a sauté dessus dès le premier jour, et elle me suit depuis même si je fais tout pour l'esquiver.

- Étudiant en quoi ? Demanda la grande silhouette près de lui en réorientant son regard sur lui. Première année ?

- Ouais, médecine. Et toi ?

- Dealeur officiel de CUHA, mais sinon année sabbatique éternelle, sourit le jeune homme comme s'il ne venait pas de dire qu'il était là pour des activités passivement illégales. »

Harry bloqua, le regardant bizarrement.

« Brannan le sait ? Demanda-t-il sur la défensive, méfiant, le jaugeant du regard.

- Oui, elle me donne de quoi chaque mois, sinon t'imagines bien que ce serait compliqué. C'est trop sécurisé pour faire passer quoi que ce soit ici, j'ai essayé.

- On n'est pas fouillés, objecta Harry en se souvenant être entré sans problème le jour de son emménagement.

- Si, mais c'est sûr qu'un petit brun à la vie parfaite et au visage d'ange ne peut pas être suspecté d'être sous stupéfiants, railla le plus âgé en passant son regard sur son corps de haut en bas.

- Tu ne connais pas ma vie.

- Et tu ne connais pas la mienne. »

Le regard d'Harry se durcit, et il recula de l'emprise étrange qu'avait le dealeur sur lui, sans déloger ses pupilles des siennes, qui le regardaient d'un air égal et un peu moqueur.

« Je vais aller chercher Niall seul finalement, déclara-t-il en tournant les talons.

- Bonne chance, fit l'autre sans pression, partant s'asseoir dans un canapé pas très loin, quelques filles s'agglutinant autour de lui dans la seconde. »

Harry leva les yeux au ciel en voyant son sourire de tombeur, ignorant son apparence plus qu'attirante pour aller dans chaque recoin de ce salon pour chercher Niall. Mais force était de constater qu'il se cachait bien. Il tenta d'ignorer le regard de l'inconnu sur sa nuque tout du long de sa recherche, puis le moment où il repéra enfin son colocataire lui sembla la délivrance absolue.

Niall gisait allongé sur la table basse, discutant avec une fille au moins aussi déchirée que lui, avec des yeux rouges, une élocution lente et un joint dans la main. Les yeux exaspérés du bouclé trouvèrent ceux de l'inconnu sans peine, qui haussa les épaules pour toute réponse avec un sourire moqueur insupportable. Il ne faisait que vendre sa marchandise.

« Niall, on y va, dépêcha Harry, qui commençait à se sentir mal ici. »

Malgré son casque, la musique commençait à lui déchirer le cerveau, et il ne savait pas depuis combien de temps il était ici, mais ça devait faire au moins une décennie. Les orbes fatiguées de Niall s'écarquillèrent à sa vue, souriant si largement qu'Harry pouvait deviner qu'il allait dire une ânerie.

« Ooh, HARREH TU ES VENU ! S'exclama l'irlandais bourré en lui sautant au cou, lui exposant son odeur alcoolisée et puissamment musquée dans le même temps. »

Harry retint une grimace avec difficulté, sachant que se montrer désagréable le ferait pleurer et rendrait le trajet de retour d'autant plus long - il n'était pas à l'abri d'un Niall sanglotant s'allongeant sur le milieu de la route et décrétant qu'il ne bougerait plus jusqu'à ce que l'Irlande soit venue à lui.

« Oui, et maintenant on va aller se coucher ! Lui répondit-il avec un enthousiasme feint, bien qu'imaginer son lit à cet instant précis lui fît tout de même un bien fou.

- Oh non, je veux rester ici, bouda le plus âgé en faisant la lippe, mais son accent était maintenant si corsé que les mots furent compris avec un temps de retard.

- Tu pourras revenir, consola Harry en le hissant sur ses pieds, le faisant râler. On va dire au revoir à Lucas, viens. Tu sais où il est ? »

Niall plissa les yeux, essayant de voir le grand noir à travers la foule, tanguant sur ses pieds et se retenant complètement sur Harry, qui songea sérieusement à reprendre le sport.

« Oh regarde Harreh, il est dans le coin là-bas, avec Ludwig ! Hurla-t-il au bout d'une minute, une figure dévastée apparaissant sur ses traits quand il vit le froncement de sourcils et le geste convulsif de son camarade pour se protéger les oreilles. Oh non, je suis- t'as mal ?

- Tout va bien, camoufla-t-il en souriant, ses sourcils restant marqués. Avec qui est-il as-tu dit ?

- Avec Ludwig, là-bas, à droite, montra Niall en tendant sa main, désignant plutôt le canapé de l'inconnu sur leur gauche. »

Et Harry aurait pu soupirer devant la figure victorieuse dudit inconnu, qui alternait son regard entre le duo et Lucas qui lui parlait, un rictus décorant son visage fin.

« Ludwig, hein ? Marmonna-t-il pour lui-même, Niall étant trop occupé à faire des signaux à son ami de loin pour l'entendre. Tu le connais bien ?

- Moins que toi, mais on est copains ! Répondit le blond en faisant un grand sourire, soufflant son haleine dans le nez du plus jeune, qui retint sa respiration. »

Tu le connais pas du tout en fait, corrigea-t-il mentalement, avançant péniblement vers l'hôte, qui semblait complètement sain au milieu de ce carnage humain, parlant sérieusement audit Ludwig, qui avait cessé de fixer le bouclé pour parler au propriétaire de la maison.

« Luuuuuuucas ! Rit Niall pour aucune raison en arrivant à leur niveau. Regarde, Harreh est venu !

- Oh, salut Harry, comment tu vas ? S'intéressa le noir, le distrayant de regarder Ludwig, qui attirait son regard d'une manière incontrôlable. Tu ne restes pas ?

- Je n'aime pas trop le bruit, ni l'ambiance de ce genre de fêtes honnêtement, sourit doucement le garçon, désolé.

- Ne t'inquiète pas, ce n'était pas une question piège, pouffa l'hôte sans le quitter des yeux. Je comprends tout à fait, surtout avec ton problème. Ne te sens pas obligé de venir chercher Niall, je peux te le ramener.

- Je me sentirais mal de te faire traverser le campus à pas d'heure, et je lui ai dit que je viendrais s'il ne se débrouillait pas pour rentrer par lui-même, déclina le garçon alors que Niall se raccrochait plus fort à lui.

- Moi je veux rentrer avec Harreh, bouda-t-il en posant sa tête sur son épaule. Pas Lucas.

- Alors c'est réglé, sourit le noir en se levant. Je vous raccompagne ?

- Tu ne nous présentes pas ? Interrompit Ludwig sans aucune gêne, son sourire en coin agaçant particulièrement Harry.

- Malpoli, fais-le pendant ta semaine, ça t'évitera de tourner en rond chez toi. Tu n'es sorti qu'hier après tout, renvoya Lucas sans remords, un léger tiraillement de sa lèvre vers le haut laissant à présager un sourire.

- Méchant, tu sais qu'il ne voudrait pas être un de mes clients, fit mine de pleurnicher le dealeur, restant assis dans une position tranquille. Je veux me faire des amis.

- Il ne t'embête pas, hein ? Demanda le restaurateur à Harry, le perçant de ses yeux bruns.

- Pas dans le sens problématique, sourit Harry en rajustant Niall contre lui. Et ne t'en fais pas, je sais où est la sortie. Passe une bonne soirée.

- Merci, et bonne chance pour lui, salua le noir en se rasseyant, retournant peu après à sa conversation avec son, peut-être, ami. »

Le duo instable n'attendit pas plus longtemps avant de tourner les talons, Niall s'amusant particulièrement à s'appuyer de tout son poids sur son jeune colocataire, qui manquait de rentrer dans chaque personne qu'ils croisaient. Le passage de l'entrée fut encore plus laborieux qu'à l'arrivée d'Harry, le club des corps mouvants ayant gagné de nouveaux membres pendant son absence. Ils eurent du mal à sortir sans écraser quelqu'un, l'air frais sur leurs visages sonnant comme leur retour à la liberté et la reprise du défilement du temps, qui avait l'air de s'être arrêté à l'intérieur de la maison.

« Harreh j'ai froid, se plaignit Niall en se lovant encore plus dans son étreinte.

- Ne compte pas sur moi pour te passer ma veste.

- T'as pas de veste.

- Justement. »

Et cet échange suffit à l'irlandais pour partir dans un fou rire qui dura tout le trajet. Il ne s'arrêta de glousser pour de bon qu'à leur entrée dans leur immeuble.

« Mais Harreh, reprit-il une fois calmé, est-ce que tu veux connaître Ludwig ? »

Le plus jeune releva la tête, observant son ami. Si ses yeux n'étaient pas aussi fatigués, il aurait presque pu croire qu'il était sobre.

« Non, il m'énerve. Ne t'inquiète pas. Tu ne l'aimes pas beaucoup ? Devina-t-il en constatant son soulagement évident.

- Il est triste et sombre, dit le faux-blond avec désinvolture. Les gens l'aiment bien parce qu'il est sarcastique et beau, mais c'est aussi surtout parce qu'il vend sa drogue. Je me souviens qu'il avait commencé illégalement, et puis Banane - non attends, si, Banane - C'est drôle comme nom ça, Madame Banane ! Réalisa Niall à voix haute tel Archimède dans son bain. »

Et Harry ne tenta pas d'approfondir le sujet. Ludwig ne l'intéressait pas particulièrement, et comme il ne faisait même pas d'études, ils n'avaient aucune chance de se croiser à nouveau. Tant mieux.

• § •

16 septembre 2022
France

Et le lendemain, Harry ne fut pas surpris, après avoir essayé de dormir en cours toute la journée, de devoir retourner chez Lucas pour rechercher Niall. Ils n'avaient pas eu le temps de parler le matin même, Niall étant déjà parti quand le plus jeune s'était levé, et c'était bien dommage - ce n'était que la deuxième fête auquel il assistait et pourtant Harry était déjà lessivé.

L'odeur de la veille, mélangée à celle de la fête se déroulant au moment même, s'engouffra dans ses narines aussitôt la porte ouverte, et il dut patienter sur le paillasson pour s'adapter au changement d'air, qui était plutôt irrespirable. Sans tarder, et parce qu'il ne voulait pas recroiser Ludwig - après l'attirance étrange, voici le rejet -, il se dirigea vers la table basse, parce que son idiot d'irlandais aurait pu y retourner, mais non, personne, ou du moins, pas celle qu'il cherchait. Ses regards vains autour de lui ne l'aidèrent pas, puisque les étudiants survoltés sautaient dans tous les sens au passage d'une musique sans doute populaire - Harry n'était plus d'actualité depuis un moment -, formant à ses yeux comme des murs mouvants et épais qui se heurtaient à lui. Un plaisir.

Il s'extirpa de la masse humaine à grand peine, se sentant comme un aventurier ayant terminé Koh-Lanta - rectification, son trophée serait son colocataire, donc il n'avait réussi que la survie dans la jungle pour l'instant. Il hésita entre monter les escaliers, jonchés de corps assis et vautrés dans des positions douteuses, ou passer à la cuisine, repensant à raison que Ludwig lui disait que Niall n'y allait jamais.

Ses yeux faisaient de lents aller-retours entre les marches devant lui et le couloir visible au loin, sans parvenir à se décider, quand soudain une tête apparut dans son champ de vision, celle qu'il désirait justement ne pas voir, d'autant plus qu'elle le regardait déjà. Il ne put évidemment pas se défiler et partir en courant, retenu par les calamars en sueur autour de lui.

Ludwig marcha droit sur lui sans hésiter, un sourire énigmatique aux lèvres.

« Dis-moi que tu as vu Niall, supplia le bouclé d'un ton laissant plutôt à penser qu'il allait le frapper.

- C'est un ordre ? Rétorqua le dealeur avec un sourire pervers. Désolé ma belle, c'est moi qui commande.

- Arrête tes sous-entendus bizarres et réponds-moi s'il te plaît. Est-ce que tu as vu Niall ? Ou je dois le chercher sans compter sur ton aide ?

- Tu es ennuyeux, capitula le plus âgé en soupirant, plaçant ses mains dans les poches de son pantalon en cuir - qui moulait ses longues jambes à la perfection il fallait se l'avouer. Il est dans la baignoire de l'étage. »

Harry marmonna un vague remerciement en filant vers la cage d'escaliers, esquivant les corps sans vie qui passaient sous ses pieds, ses gestes ressemblant vaguement à une danse funambuliste. Il pouvait deviner les yeux moqueurs de Ludwig sur sa nuque, mais ne s'en formalisa pas, arrivant en haut sain et sauf. Il ne préféra pas non plus penser à la descente des marches, qui se ferait avec son colocataire incapable de se tenir debout.

Au mieux il glissera sur les fesses, songea le brun en avançant vers les portes du couloir.

Seul bémol à présent : il ne savait pas où se trouvait la salle de bain, comme il montait à l'étage pour la première fois. Devant lui s'étalaient cinq portes, avec un angle au fond du corridor qui laissait à penser qu'il y avait encore d'autres pièces. Il n'osa pas redescendre pour demander à Ludwig - pour sa vie et pour son honneur -, résultat, il se trouva obligé d'ouvrir chaque porte une à une dans l'espoir de tomber sur la salle de bain.

Première porte qui subit son courroux : fermée.

Ça diminue les chances d'assister à une scène pegi 36, se dit l'adolescent en continuant sa marche, s'enfonçant dans l'ombre - non, il n'avait pas trouvé l'interrupteur, et si, il utilisait la lumière du rez-de-chaussée luisant faiblement à ses pieds pour voir devant lui.

La seconde porte se laissa entrouvrir, mais derrière se trouvait un bureau encombré sans vie. Troisième porte, difficilement visible à cet endroit de sa marche, encore fermée.

Au moins Lucas sait ce qu'il fait, personne ne peut investir son lit pendant qu'il est en bas.

La quatrième, il ne la voyait pas, mais se souvenait vaguement de son emplacement, même s'il dut tâtonner une bonne minute pour en saisir la poignée - comment les aveugles faisaient-ils pour vivre ? - qui fit s'ouvrir la porte aussi, mais sur le lit de Lucas, cette fois.

Pas si précautionneux que ça en fait, se corrigea le garçon en soufflant du nez, avançant vers la dernière porte avant l'angle à l'aveuglette, les bras étendus devant lui comme une imitation de zombie de mauvais goût.

L'ambiance était très calme, la musique étant très insonorisée à l'étage, et ce silence ne le mettait pas à l'aise. Il se sentait observé. Il était si concentré sur ses sensations que lorsque ses doigts rencontrèrent un torse chaud, il sursauta violemment et sauta presque au plafond, un cri tout sauf viril s'échappant de sa gorge. Il replia ses poignet contre son torse, à l'image d'une poule en déroute, le cœur battant à la vitesse de la lumière - qui est de 299 792 458 mètres par seconde -, ses yeux scrutant d'autant plus le noir absolu dans lequel il se trouvait.

Enfin, en retirant son casque avec une lenteur qui aurait permis à nombre méchants de film de l'assassiner, il entendit une respiration devant lui, qu'il ne pouvait auparavant pas percevoir avec ses protections tant le son était ténu.

« Niall ? Lança-t-il l'âme en peine, sa voix tremblotant autant qu'à sa première session de chant avec lui.

- Harreh, Dieu merci c'est toi, soupira l'irlandais de soulagement, son sourire s'entendant à travers sa voix. Tu m'as fait super peur, je cherchais à retourner en bas mais t'as monté les escaliers et j'ai plus osé bouger.

- Tu n'es pas bourré ? S'étonna le plus jeune en tiquant sur le fait qu'un Niall bourré ne fait que rire et tomber par terre, avec bien sûr un accent et une capacité à se sentir invincible proprement ahurissants.

- Ça fait une demi-heure que je vomis et que je me dope à l'eau, alors j'espère bien que je ne le suis plus, ricana le faux-blond en se rapprochant un peu. J'ai mal au crâne et je suis fatigué, est-ce qu'on peut rentrer ?

- J'étais venu pour ça, sourit Harry en se retournant vers la cage d'escaliers qui luisait au loin. Tu veux dire au revoir à des gens ?

- J'ai dit au revoir à Lucas quand il est venu me souhaiter une bonne dégueulade, je pense que c'est bon. »

Harry ne répondit pas, prenant la réponse comme un accord pour se barrer d'ici le plus vite possible.

« Par contre, est-ce que tu peux m'aider pour descendre l'escalier ? Demanda inévitablement l'irlandais alors qu'ils s'approchaient de la lumière faible du palier, posant doucement son bras sur celui de son colocataire pour qu'il l'assiste. Je suis vraiment crevé, je pense que je serais capable de me rétamer dans les marches.

- Tout pour sortir de cet enfer, mon prince, soupira dramatiquement Harry en tapotant sa main posée maintenant dans son coude. Levez bien les pieds, c'est tout ce que je peux vous demander pour l'instant. »

Un petit ''t'es con'' se perdit dans les flots de sons qui les percutèrent de nouveau en haut de l'escalier, les personnes allongées sur les marches se trouvant être encore plus nombreuses qu'à l'aller.

« Oh les tonneaux, ricana Niall en manquant marcher sur l'un d'eux. Dis-moi que je ne suis pas comme ça quand tu viens me chercher.

- Je n'aime pas mentir. 

- Quel gentleman. »

Harry aurait voulu continuer ce dialogue, quand une tête aux cheveux longs fit irruption devant eux, un sourire moqueur qui semblait ne jamais le quitter suspendu à ses lèvres.