§ Chapitre 3 §
27 août 2022
France
« Harry mon chéri, nous partons dans une heure, prépare-toi, murmura Anne en passant doucement sa tête par le petit entrebâillement de la porte de la chambre de son fils. »
Elle referma ensuite le battant sans faire de bruit, ni attendre de réponse de la part d'Harry.
Celui-ci se retourna dans les draps en grognant, l'ayant parfaitement entendue mais ne voulant pas pour autant quitter la quiétude de son lit. La raison en était toute simple : outre le fait qu'il était en vacances et qu'il appréciait ne rien faire sur son matelas pendant des heures, il avait passé une nuit blanche à appréhender ce qu'il allait faire dans la journée du lendemain, ne finissant par se coucher qu'une heure et demie plus tôt. Il avait été décidé qu'il irait visiter CUHA dans la matinée, pour décider s'il y irait pendant l'année commencer ses études - d'un domaine que lui-même ne connaissait pas encore avec certitude - et vivre normalement peut-être, sans craindre de s'évanouir de douleur auditive à chaque pas.
Son avis restait pour l'instant le même quant à cet endroit qu'une semaine plus tôt ; il n'était ni pour ni contre le principe, et doutait sérieusement qu'y aller changerait sa perception du concept. Seulement, il ne voulait pas décevoir sa mère encore une fois, et rejeter l'aide extérieure que son avenir lui proposait si gracieusement. Il n'était habituellement pas d'un caractère casanier et revêche, davantage du genre à faire l'enfant, écouter les autres et amuser la galerie, mais la place que prenait son problème dans sa vie était juste trop conséquente, étouffante, lourde. Mais après tout, c'était désormais sa vie, que pouvait-il y faire sinon s'y adapter en adoptant des manières et un caractère conséquents ?
« Mon chéri, cinq minutes. »
Et merde.
Harry se redressa d'un coup, retenant un bâillement et papillonnant des yeux. Il s'était rendormi, et cette information mit un temps infini à passer dans son cerveau avant qu'il ne se jette presque hors de son lit pour ne pas perdre plus de temps, passant en vitesse dans la salle de bain pour se rafraîchir la mine et cracher de l'eau dans une vaine tentative de calmer son haleine, sachant déjà qu'il n'aurait pas le temps de se brosser les dents. Il croisa sa mère dans le couloir, avec pour une fois un sourire amusé sur le visage. Elle était de bonne humeur, sans doute grâce à cette visite qui s'annonçait prometteuse.
« Bonjour maman, marmonna le garçon en lui embrassant la joue, marchant d'un pas pressé vers sa chambre pour s'habiller.
- Bonjour mon amour, tu as deux minutes, sourit-elle d'un air anodin en marchant vers la porte d'entrée avec ses jolies chaussures à talons. »
Il ne lui répondit même pas, se ruant devant son placard pour trouver quelque chose à se mettre d'encore propre et qui ne le ferait pas mourir de chaud, soit relativement peu de choses ; son panier de linge sale se remplissait inlassablement depuis trois semaines.
« J'oubliais de te dire : j'ai fait une lessive hier soir, ton jean et ton T-shirt sont sur l'étendoir, dans ma chambre ! Lança Anne en fermant la porte, rajoutant encore un cran au stress de son fils. »
Il était parfaitement au courant qu'elle ne partirait pas sans lui, mais agir de cette manière l'engageait à courir pour tenter de la rattraper ; avant, elle usait régulièrement de cette technique, que ce soit pour ranger sa chambre ou mettre la table, accélérant volontairement - et volontiers - les minutes pour ne pas perdre de temps ni arriver en retard selon les occasions.
Il courut donc encore plus vite dans la chambre de sa chère et tendre mère, manquant de se prendre le linteau de la porte en passant - celle-ci avait la malédiction d'être basse -, enfilant ses vêtements à la va-vite aussitôt revenu dans sa propre chambre. Son moment de coiffure se résolut à passer ses doigts dans ses boucles, les emmêlant plus qu'autre chose, en même temps d'enfiler ses tennis usées - il pesta quand ses lacets ne coopérèrent pas à sa hâte, à moins que ce ne soient ses doigts un peu tremblotants. Un gâteau prit place dans sa main quand il dépassa la cuisine, et il était dehors, rejoignant sa mère dans la voiture déjà sur la route.
« Tu as mis moins de temps que ce que je pensais mon chéri, le complimenta-t-elle en changeant de vitesse, s'éloignant rapidement de la demeure. Trois minutes et deux secondes. »
Un halètement rauque lui répondit, le garçon peinant à retrouver une respiration normale, mangeant son petit gâteau - qui se révélait être au chocolat - en silence.
« On n'est pas en retard ? Demanda-t-il tout de même après avoir calmé son souffle et englouti sa prise.
- Absolument pas, on sera même en avance, j'avais prévu que tu prennes ta douche donc on aura bien un quart d'heure de visite supplémentaire avant le rendez-vous. »
Elle retint son rire derrière un sourire malicieux quand le regard de son fils passa sur son profil, profondément ennuyé par son attitude cruelle envers lui, pauvre adolescent levé à six heures du matin pendant les grandes vacances. Il se cala contre sa fenêtre en enfilant son casque - il avait été si concentré dans sa quête d'atteindre la voiture qu'il en avait oublié de souffrir des cahots bruyants du moteur sur la route -, admirant le soleil levant visible derrière les arbres entourant la chaussée.
« On a combien de temps de trajet ?
- Une heure et demie, tu peux te rendormir, le rassura-t-elle en pressant son épaule sans quitter la route vide d'autres véhicules des yeux. »
Le rendez-vous qu'avait arrangé Karen était à huit heures, étant donné qu'elle l'avait pris le plus tôt possible pour laisser à Harry le temps de réfléchir avant la rentrée scolaire. Le but de la visite n'était pas de l'obliger à faire un choix, uniquement de lui rendre compte des faits et activités de l'endroit et d'envisager y entrer, mais lui-même doutait d'être de bon poil s'il devait se lever de si bon matin - après tout, un adolescent affamé et fatigué n'était et ne sera jamais la meilleure des compagnies.
« Bonne sieste amour, lança Anne par-dessus le bruit des roues, constatant que Harry fermait les yeux.
- Bonne conduite maman, soupira-t-il en rattrapant son sommeil perdu, posant sa tête contre le dossier de son fauteuil sans plus s'occuper du reste, ses sourcils se fronçant inconsciemment pour occulter le vacarme routier qui l'entourait.
• § •
« Bonjour Monsieur et Madame Styles, entrez et asseyez-vous, merci d'être venus aussi tôt pour cet entretien, les salua la directrice du campus universitaire, une infirmière souriante en grande blouse propre. »
Elle devait facilement approcher de la cinquantaine et était radieuse, ses yeux bruns pétillants et son visage avenant lui conférant un réel charme de mère à l'écoute. Ses épais cheveux bruns étaient mi-longs, et quelques mèches étaient décolorées, à moins que ce ne soient des mèches naturellement vieillies, et de petites rides avaient leur place sur le bas de ses yeux et la base de son cou. Ses sourcils fins rehaussaient l'éclat de sa peau ambrée et de ses lèvres maquillées sobrement. Madame Brannan était une belle femme malgré son début d'âge, et parvenait à mettre Harry suffisamment en confiance, du moins pour le moment.
- Bonjour madame, répondit Harry en tentant de rendre son visage un minimum sympathique malgré son stress, qui avait au moins eu le bienfait de lui faire oublier tout ce qui s'était passé depuis qu'il s'était endormi dans la voiture jusqu'à son entrée dans ce bureau incroyablement silencieux. Vous allez bien ?
- Eh bien oui, la rentrée qui approche me prend beaucoup de temps mais c'est un plaisir de voir revenir les premiers étudiants après leurs vacances. Je ne vais pas perdre de temps en paroles inutiles, sourit-elle en constatant la fatigue d'Harry qui obscurcissait ses traits et l'empêchait visiblement de se concentrer normalement. Alors, je vais vous parler de la direction du lieu universitaire et puis vous aurez tout le temps que vous voudrez pour me poser des questions après. Ce programme vous convient-il ?
- Nous sommes tout à vous, arrangea Anne d'un ton rassurant, ne manquant pas le regard paniqué de son fils à la première question que lui avait posé la directrice.
- Merveilleux, écoutez bien je commence. Tout d'abord, le campus est presqu'entièrement géré par les masters, comme les appellent les étudiants, qui sont les quatre dirigeants des différents groupes imposants du campus, expliqua-t-elle rapidement en apercevant le regard déjà dépassé d'Harry. Pour vous les présenter oralement, Wilhelm est le dirigeant de la vie étudiante, notamment en charge des fêtes et activités extra-scolaires, tu pourras aller le voir si tu as besoin de savoir ou mettre en place quelque chose de particulier ; il y a ensuite Liam, qui s'occupe de la direction administrative et sociale en plus de l'infirmerie commune à tous les niveaux, il résout notamment les rares cas de harcèlement décelés au lycée - je précise qu'il n'y en a jamais eu dans les niveaux supérieurs - ; nous avons également Sasha, qui attribue les internats, classes et tout ce qui a lieu à l'appartenance à l'étudiant, et gère les associations, et enfin Charlie, notre cheffe de chœur et cheffe d'orchestre, qui organise les spectacles de début et fin d'année, en collaboration avec la vie étudiante.
- Vous avez un chœur ? Releva Harry après avoir enregistré les informations, ayant déjà oublié la moitié des noms et se maudissant pour cette inattention involontaire.
- Oui, et sans faire de louanges inutiles, il chantent magnifiquement bien, souhaiterais-tu les rejoindre ?
- Je- non, mais avec mon problème je ne peux pas écouter de musique alors-
- Mon garçon, ici il n'y a pas de problèmes, il n'y a que des personnes différentes les unes des autres qui vivent en harmonie. Je sais que cela peut paraître effrayant de venir ici et de se penser entouré uniquement de patients et d'infirmiers, mais nous ne sommes que peu présents en réalité, puisque la quasi-totalité du campus n'est dirigée que par les étudiants, en omettant les professeurs. Ce n'est pas une prison, simplement un endroit où vivre sans être jugé- Ça n'est pas une vision idéalisée, ironisa-t-elle en voyant le regard que jeta Harry à sa mère. Je suis continuellement ici, et crois-moi que je vois les problèmes lorsqu'ils se montrent. La vie n'est pas rose, mais les jeunes qui arrivent ici sont pris en charge et traités avec un système d'équité, ils vivent et sont souvent contents de leur expérience ici. Rares sont ceux qui sortent en cours d'année à vrai dire, souffla-t-elle doucement avec un sourire.
- Et après ? Enfin... quand on a fini nos études, que fait-on ? Se reprit le garçon en remarquant que sa question était posée de façon un peu abrupte.
- Le jeune adulte peut choisir de s'installer dans une ville avoisinante basée sur le même système qu'ici, ou bien partir faire sa vie où il le veut, c'est selon ses envies. CUHA étant relativement récent, nous n'avons encore que peu de personnes s'en allant dans cette ville spécialisée, mais nous pensons qu'elle se remplira rapidement, étant donné que les premiers diplômés s'en sont allés l'année dernière, et que beaucoup ont choisi cette option. Enfin, avez-vous d'autres questions ?
- Je peux m'en aller quand je veux si je viens ici ? Je pourrais rester plusieurs années, mais mon aide-soignante m'a dit que ça ne devrait prendre que quelques mois donc je ne voudrais pas être coincé.
- Très honnêtement, partir n'a rien de compliqué dans l'idée : tu fais ta valise et tu pars, puisque comme tu viens de loin tu serais obligé de prendre un logement ici. Mais la pratique est plus difficile, car si j'ai bien lu ton dossier - elle fouilla dans la pile sur son bureau pour en sortir ledit dossier -, tu as une ouïe progressive depuis tes dix ans, où tu étais alors sourd depuis ta naissance. »
Bien que ce ne soit pas une question ni une révélation pour lui, le jeune homme opina du menton pour l'inciter à continuer.
« Je crois savoir que ta vie est compliquée en ce moment, et en venant ici ce n'est pas un secret pour toi si je te dis qu'elle s'améliorerait énormément, car nous avons toutes les installations conçues pour ; on avait d'ailleurs un cas comme le tien l'année dernière, donc tout est vraiment prévu pour ton bien-être ici. Mais le monde que tu fuis en venant te réfugier ici, tu pourrais avoir beaucoup de mal à le retrouver si tu tentais d'y retourner trop prématurément ; ton corps va s'habituer au silence d'ici, qu'il désire et recherche, et le bruit auquel il sera confronté à nouveau en retournant dans la société... Je crois que tu vois ce que je veux dire. On ne craindrait pas qu'une rechute physique.
- Oui, soupira Harry en contemplant ses mains. Mais si mon état s'améliore et que mon ouïe redevient normale, je n'aurai pas de problème pour partir ?
- Non, et tu pourras rentrer chez toi en paix. »
Le jeune homme s'enfonça dans son fauteuil pour réfléchir. Sûr, il voulait bien y aller, et il en avait même vraiment envie, mais encore quelque chose le retenait en lui, mis à part ses doutes internes et ses questions stupides comme 'et si je n'ai pas d'amis'. Pris d'une nouvelle question, il jeta un œil incertain à sa mère, qui réfléchissait.
« Ici... Commença-t-il en cherchant ses mots pour ne pas qu'ils aient l'air offensants, est-ce qu'il y a des... handicapés mentaux ?
- Oui.
- Mais euh... est-ce qu'ils sont... comment dire...
- Dangereux ? Devina Madame Brannan en souriant gentiment. Non, personne n'est dangereux ici. Les rares cas qui pourraient poser problème sont bien encadrés, et si vraiment ils sont intenables, ils sont dans des zones sécurisées pour eux, tu ne dois pas en avoir peur.
- À quels handicaps vous limitez-vous ? Demanda Anne, coupant court au moment de honte intense de son fils qui soupira discrètement quand l'attention de la femme en face de lui passa à autre chose.
- Aucun, nous proposons des services pour tous types d'handicaps, qu'ils soient physiques, mentaux légers, mentaux plus prononcés, et nous avons aussi des services de désintoxication, détoxication, tout ce qui a attrait à la cure physique et mentale. Ces jeunes sont mélangés aux autres, nous ne faisons pas de distinction entre les niveaux, et chacun a son horaire de rendez-vous médical hebdomadaire ou mensuel, parfois quotidien. Ces rendez-vous sont délivrés avec les emplois du temps en début d'année, pas de souci à se faire pour l'organisation jeune homme, adressa-t-elle davantage à Harry, qui commençait un peu à décrocher.
- Les niveaux d'études sont-ils organisés en pôles ? Fit Harry après un petit temps de silence. »
Sans le réaliser, ses yeux s'étaient égarés sur son environnement, et avaient rencontré la maquette trois dimensions du campus, massive, gentiment posée sur une table derrière la directrice. Le nombre de bâtiments était juste infini d'où il se trouvait, dont deux d'entre eux étaient particulièrement immenses et dominaient les autres, l'un approximativement à gauche et l'autre sur l'extrême droite.
« Pas vraiment, venez ici, indiqua la femme en se levant, les invitant à la rejoindre en contournant le bureau. Voici l'intégralité de notre domaine, il est organisé en fonction de l'utilité des bâtiments. Tu me suis pour l'instant, Harry ? »
Il hocha la tête, observant les cubes blancs qui formaient des rues et des espaces ouverts réguliers.
« Sur notre gauche, si l'on prend en référentiel de base l'administration où nous sommes - elle montra le premier très grand bâtiment sur la gauche -, il y a le quartier résidentiel du campus, qui héberge tout le monde, des élèves aux professeurs, du moins ceux qui viennent de loin, et les soignants. Attention néanmoins, puisque les étudiants en médecine sont plutôt de l'autre côté, pour être plus proches de leur lieu d'étude, soit l'hôpital et les écoles plus spécialisées autour - le quartier médecine se trouvait à l'opposée du quartier résidentiel, entièrement sur la droite, le second énorme édifice se trouvant être l'hôpital, apparemment.
« Au centre, les grands édifices que tu peux voir sont les autres branches d'études, comme l'économie ou le droit, et les petites bâtisses autour de ces derniers sont les commerces de ceux qui n'étudient rien ou ont cessé leurs études et se consacrent à leur entreprise personnelle. Et comme tu peux le constater, le fond est une zone rurale, où se trouvent des parcs, un camping, une piscine, un gymnase et même un terrain de golf ; un de nos élèves est particulièrement friand de ce sport et l'a fait construire comme projet de fin d'année pour obtenir son cursus de gestion, termina Madame Brannan en retournant à son bureau, indiquant implicitement à ses invités de faire la même chose. Avez-vous d'autres questions à satisfaire ?
- Est-ce que je peux rencontrer les- comment les avez-vous appelés déjà ?
- Les masters ? S'amusa la directrice en dévoilant ses dents blanches. Bien sûr, ils sont sur le campus en ce moment, je vais les appeler. Vous pouvez sortir un peu en les attendant, je sens que vous êtes fatigués, plaisanta-t-elle à moitié en saisissant son téléphone sur son bureau, jetant un petit regard à Harry qui étouffait un bâillement dans sa main. »
Il se sentait si épuisé qu'il aurait pu s'endormir sur sa chaise ; les nuits blanches n'étaient décidément pas pour lui.
« Oui, merci, répondit Anne immédiatement, ne laissant pas le temps à son fils de décliner. Quand devons-nous revenir ?
- Ils seront présents dans deux minutes, je sais qu'ils sont dans le coin ; prenez le temps d'aller vous rafraîchir aux sanitaires, je vous appellerai. À tout de suite, les congédia ensuite la directrice avec un petit mouvement du poignet. »
Les deux invités se levèrent, adressèrent de petits saluts à la directrice puis sortirent du bureau. Harry n'était pas stupide, il avait compris que sa mère voulait lui parler, et c'est pourquoi il ne s'étonna pas quand elle le conduisit vers les toilettes du hall, en effet immense, qu'il n'avait aucun souvenir d'avoir déjà parcouru dans un sens.
« Mon chéri.
- Ma maman, ironisa le garçon devant son sérieux, entrant dans les toilettes des hommes alors que sa mère en restait à l'entrée, dos à lui. »
Il ravala cependant son air goguenard en voyant ses yeux le fusiller le temps que leurs regards se croisent.
« J'aimerais que tu m'écoutes et me répondes honnêtement mon chéri, d'accord ? Avança-t-elle avec douceur, reprenant oralement un ton qui ressemblait beaucoup trop au comportement effacé qu'elle arborait désormais au quotidien. »
Son fils hocha la tête comme si elle était en face de lui, avant de se souvenir qu'elle ne le voyait pas ; il émit un son de gorge pour manifester son attention.
« Est-ce que tu souhaiterais intégrer cet endroit ? »
Sans doute était-ce à cause de sa fatigue, qui lui jouait bien des tours ce matin-là, mais Harry trouva son cerveau complètement vide à cette question - il n'arrivait à visualiser qu'un Flappy Bird jaune sautillant entre des tuyaux verts vifs, soit rien en lien avec la conversation qu'il était censée tenir à ce moment précis.
Reprenons-nous, se morigéna-t-il vivement, clignant des yeux et ébrouant sa tête pour chasser l'image impromptue - Il aurait bien le temps de se perdre dans ses pensées (pas toujours très productives) plus tard.
Il ouvrit la bouche pour répondre, trouvant ses mots en même temps qu'ils les prononçait, ce qui rendit son flux de paroles un peu haché.
« Je- je sais pas en fait, j'ai envie d'y aller, pour voir et- j'ai envie de savoir si mon problème peut vraiment partir tout seul, mais en même temps j'ai pas envie- enfin si, mais il y a quelque chose qui me retient et je sais pas quoi- »
Tout en bafouillant, il sortit de sa petite cabine pour se laver les mains, retourna auprès de sa mère peu après, toujours en train d'essayer de lui éclaircir un propos qui n'était même pas clair pour lui.
« Shh, pouffa doucement Anne en marchant avec lui en direction du bureau de Madame Brannan, le faisant taire immédiatement en baissant les yeux, un peu rouge. Tu me répondras quand tu auras pris ta décision, mais sache simplement que je te soutiendrai de toute manière, d'accord ? »
Il hocha vivement la tête, regrettant de ne pas pouvoir s'exprimer tout de suite, car détestant plus que tout remettre les choses à plus tard. Sa mère continua cependant de lui parler, puisqu'ils ne croisaient personne et que le chemin les séparant encore du bureau était assez vaste - le hall semblait se rallonger à chaque fois qu'Harry le traversait, et il détestait ce sentiment.
« Tu as songé à retirer tes protections ici ?
- Je- non, j'en suis le premier surpris, avoua le jeune homme en pouffant nerveusement.
- Tu t'en sens capable si je te dis de le faire maintenant ? Ce n'est pas un ordre, sourit-elle en croisant le regard paniqué de son fils. Mais dans ce cas de figure, quelle serait ta réaction ? »
Un silence lui répondit, silence qu'elle respecta même quand la directrice du lieu passa sa tête dans l'embrasure de la porte pour leur signifier qu'ils pouvaient revenir, afin de leur faire rencontrer les masters, comme ils semblaient avoir été baptisés par les étudiants. Elle serra simplement l'épaule de son fils quand il lui passa devant pour entrer, parfaitement consciente qu'il se torturait déjà l'esprit dans tous les sens pour lui servir un verdict, et peut-être même une démonstration.
« C'était rapide, mais je m'excuse tout de même de vous avoir fait attendre. Alors, Anne et Harry, je vous présente Wilhelm, Liam, Sasha et enfin Louis, dont je ne vous ai pas parlé mais qui va se présenter le premier, commanda la directrice à demi-mot en indiquant au jeune homme de s'avancer. »
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