§ Chapitre 20 §
5 septembre 2022
France
« Harry, lève-toi ou je te jette par terre. »
Le plus jeune n'émit aucun son témoignant qu'il était réveillé.
« Harry, réitéra Niall en se faisant plus pressant, n'osant pas trop élever la voix de peur de le blesser. Bouge, vraiment, on est deux à être un peu à la bourre là. »
Toujours pas de réaction de la part du lit, qui osa même émettre un petit ronflement dédaigneux. Niall soupira, réellement embêté. Harry lui avait assuré la veille à maintes reprises avoir programmé son réveil pour six heures cinquante, ses cours commençant à huit heures, mais il était justement sept heures cinq et lui visiblement pas prêt d'être debout.
Le regard du faux-blond fit de nombreux autres aller-retours entre son téléphone et le lit, avant qu'il ne s'encourage à faire quelque chose pour réveiller son colocataire. Son choix s'orienta d'abord sur les chatouilles, sauf que porter les mains sur le corps d'un Harry endormi était un peu louche ; mauvaise idée. En désespoir de cause, et surtout parce que le temps filait bien trop vite pour ces bêtises, il finit par sauter sur lui.
À peine son dos fut-il entré en contact avec celui du bouclé que celui-ci protesta bruyamment, hurlant un début de ''AH NIALL PUTAIN'' bien vite étouffé.
« Tout va bien Harry ? S'inquiéta l'irlandais en retenant un sourire. Trop dans les vapes pour finir tes phrases ?
- Je me suis éclaté le cerveau, imbécile, murmura le bouclé en s'asseyant sur le matelas, se frottant les tempes. Pourquoi tu me réveilles ?
- Moi ça va, merci de demander, nous sommes le lundi cinq septembre, et il est sept heures douze, rappela Niall en murmurant aussi, tout en appuyant bieeeeeennnnn sur la date ; je me suis dit, ce matin, en me levant, comme ça hein, qu'il serait de bon ton de te faire lever. »
Comme il s'y attendait, Harry garda ses yeux dans le vide un petit moment avant de tilter que c'était la rentrée et qu'il se mettait en retard. Il lâcha un ''merci tu me sauves'' avant de partir à grands pas vers la salle de bain. Dix minutes furent nécessaires à sa toilette, son habillage et la prise de son sac, suivies de sa sortie de l'appartement, avec un rappel de Niall d'acheter du pain en rentrant - il aurait à faire les courses les autres semaines mais étant donné qu'ils les avaient faites ensemble la veille c'était inutile.
Il marcha d'un pas tranquille vers les Crustacés Voyageurs, sac sur le dos, socquettes dans les vans et mains dans les poches, bien content de ne pas avoir à courir et d'avoir le temps de saluer ses amis, qu'il retrouva quelques minutes plus tard, complètement débordés, derrière le bar pour Lucas et dans la salle pour Olive. Sa brève question sur l'identité de la personne derrière les fourneaux fut répondue quand Marc passa sa tête par la porte de la cuisine, posant une question au gentil barman qui prit le temps de lui répondre avec le sourire. Celui-ci aperçut le bouclé en retournant la tête vers ses clients, et lui adressa immédiatement un salut jovial de là où il se trouvait.
Harry marcha vers lui, faisant la queue pour le rejoindre - il choisit de prendre un muffin et un thé glacé pendant ce temps.
« Harry, comment tu vas ce matin ? Prêt à affronter la rentrée ? S'intéressa l'handicapé en le servant.
- Prêt à tout, mais je vais ravaler mon optimisme très bientôt je pense, ricana le plus jeune en prenant son sachet et sa boisson.
- Tu as une répétition du chœur aujourd'hui ?
- Non, mais j'aurai mon premier cours de guitare ce soir. Je viendrai ce midi, en payant cette fois, adressa-t-il à Olive qui passait à côté de lui. »
Celle-ci lui rendit un regard taquin, encore vexée de lui avoir servi de la bouffe de mauvaise qualité deux jours plus tôt.
« Je trouverai un moyen de te rembourser, et merci de m'avoir conseillé Marc au fait. C'est son jour de test aujourd'hui, on verra si on le garde.
- Il se débrouille comment pour l'instant ?
- Il retient ce qu'il faut, et il est attentif et désireux de bien faire, haussa-t-elle les épaules, avec un fin sourire qui indiquait ce qu'elle pensait de lui. Ramènes-en d'autres comme ça surtout, à ce midi ! Finit-elle en s'éloignant à la vitesse de la lumière, partant servir deux nouveaux arrivants.
Elle devrait porter des rollers, elle irait plus vite, songea Harry en repensant à une scène de Ratatouille.
« Tu as tout ce qu'il te faut Harry ? Reprit Lucas en regardant encore le dos de sa petite-amie.
- Oui, je vais arrêter de gêner le passage. À ce midi !
- À tout à l'heure ! »
Et Lucas reprit son service, un peu ralenti par la pause Harry, tandis que celui-ci sortait de la boutique bondée, prenant la direction de l'hôpital. Il tenta maladroitement de prendre son muffin dans son sachet tout en marchant, mais dut se résoudre à s'asseoir sur un banc le temps de manger, encore loin d'être en retard pour ses cours. Des étudiants passaient devant lui, papotant en petits groupes ou marchant seuls avec leurs écouteurs, regardant leurs pieds et les pavés du chemin.
Ceux-ci intéressaient particulièrement Harry, car ils avaient chacun leur histoire et leur propre perception du monde, et qu'ils les gardaient pour eux, parce qu'ils étaient trop réservés pour les confier à d'autres personnes ou parce qu'ils étaient trop seuls pour avoir des gens à qui parler. Il aimerait demander à cette fille gothique devant lui à quoi elle pense, si c'est un gouffre sans fond ou l'imagination d'un monde meilleur. Il aimerait arrêter ce paraplégique et le regarder dans les yeux pour savoir ce qu'il ressent au plus profond de lui. Il aimerait passer près de ce garçon et comprendre dans sa démarche l'entièreté de sa vie.
« T'es dans des réflexions profondes toi, non ? »
Harry sursauta violemment avant de tourner la tête. Wilhelm le toisait d'en haut, debout à côté de lui, un sourire narquois perché sur les lèvres. Il finit par s'asseoir avec lui quand aucun mot ne lui fut adressé, ses mains reposant dans les poches de son bermuda clair.
« Tu n'es pas bavard le matin ? Je n'aurais pas craché sur un 'bonjour', tu sais. À moins que tu ne me détestes, mais je ne pense pas avoir réussi à m'attirer tes foudres depuis que tu es là.
- E- excuse-moi, marmonna Harry en se raclant la gorge. J'étais encore un peu dans ma tête, mais c'est bon maintenant.
- Ton temps de chargement est un peu long à mon goût. Surtout que tu m'as fixé comme si j'étais un insecte écrasé sur ta chaussure.
- Je n'ai pas d'excuses, avoua le garçon en prenant une gorgée de son thé glacé.
- Nous sommes bien d'accord. Alors, comment anticipes-tu ce premier jour ?
- Pas vraiment nerveux, réfléchit Harry en levant les yeux, je suis davantage du genre à stresser la veille au soir mais pas au moment même. Niall m'a fait le topo sur les profs que j'aurai, je suis parfaitement préparé. Et toi, tu vas faire quoi aujourd'hui ? Tu n'as rien à organiser à cette période ?
- Tant que tu en parles, ricana Wilhelm en s'asseyant de manière nonchalante avec ses mains en appui derrière lui, la rentrée scolaire fait partie des moments les plus chargés de l'année avec Noël, Pâques et le départ en vacances d'été. À partir du premier septembre, on a un mois pour recruter les chanteurs, les musiciens, les techniciens et tout le bordel, et réunir le tout pour une soirée de rentrée. C'est toujours cool, mais ça finit toujours tard, en général de manière non officielle chez un étudiant. Curieusement, les photos des thons sur la piste de danse que tout le monde reçoit le lendemain matin ne me font pas regretter de ne pas y aller.
Harry ricana.
« C'est pas pour rien qu'on tient le concert le vendredi soir, continua Wilhelm, même si les répétitions du samedi de Charlie ne sont jamais les bienvenues quand tout le monde veut rester au lit pour se remettre de sa cuite.
- Elle n'annule pas ses répétitions ? S'étonna Harry. Ce n'est pas très sympa, elle pourrait prendre en compte le fait que c'est un jour exceptionnel.
- Elle n'y vient jamais, tu sais, contra Wilhelm d'un ton neutre. Charlie ne participe plus à aucun événement officieux depuis des années. D'ailleurs, c'est quand même dingue de se dire qu'elle bosse énormément tous les jours pour entraîner ses effectifs, les fait se produire le temps de la prestation, et puis se barre dans les minutes qui suivent. Enfin, elle est comme ça. Bourreau de travail.
- Elle est spéciale.
- Il me semble que Louis t'avait dit ça pour la décrire le jour de ta première venue, fit le master en tournant la tête vers lui.
- Tu as raison, je ne me rends compte que maintenant d'à quel point c'est vrai, constata Harry pour lui-même. Tu sais, Charlie était venue ce jour-là.
- Elle vaquait sur le campus, oui.
- Non, elle était là, insista le plus jeune en croisant les iris gelées suspicieuses de son voisin. Elle n'était pas dans le bureau avec nous, mais elle est venue et s'est adossée à la porte depuis l'extérieur. Je l'ai entendue.
- Comment tu peux savoir que c'était elle ? La porte était fermée. En tout cas, tu as l'ouïe fine. C'est un peu pour ça que tu es là en même temps, marmonna le blond pour lui-même.
- Merci ; je ne sais pas comment je sais que c'était elle, je le sais juste. C'est comme quand elle est venue à la répétition de samedi : je sentais qu'elle approchait de la salle, même si personne d'autre n'avait l'air de la remarquer tellement elle semblait ne faire aucun son sur le sol en marchant.
- Je te confirme qu'elle marche très silencieusement. Je ne sais pas quoi te dire, rit doucement le blond en plissant ses yeux. On va dire que je vais décider de te croire, parce que ça se trouve tu es lié par la pensée avec Charlie, ce qui nous sera bien utile la prochaine fois qu'elle pêtera un câble. D'ailleurs, par rapport à son aversion pour toi, attends-toi à te faire crier dessus à la moindre fausse note aux répétitions, et si Louis n'est pas là pour la canaliser on ne te reverra sans doute jamais.
- Merci de l'info.
- C'est cadeau. Je te laisse, je dois aller continuer d'organiser le concert de rentrée, conclut le jeune homme en se relevant avec une petite révérence. Elle se tiendra dans un mois et demi, tiens-toi prêt et reste concentré pour les répétitions !
- À bientôt Wilhelm ! »
Il lui adressa un dernier signe de la main avant de partir en direction de l'administration, et Harry se demanda comment il pouvait bien cumuler ses études et les organisation festives, car même si elles ne se déroulaient pas tous les jours, elles se prévoyaient des mois à l'avance et nécessitaient beaucoup de moyens et de préparation.
Il n'a pas le rôle le plus facile. Ni aucun d'eux quatre d'ailleurs, songea Harry tout à coup.
Il eut une brève pensée pour le doctorat de Liam, puis celui de Charlie qui avait été bouclé en si peu de temps qu'il avait du mal à croire qu'elle l'ait fait sérieusement. Sa carrière lui restait très secrète, quand il y pensait. Il savait qu'elle était là depuis longtemps, qu'elle avait fait un doctorat express, en quelques mois si sa mémoire était bonne, qu'elle dirigeait les chœurs et l'orchestre du campus, et qu'elle ne l'aimait pas vraiment en plus d'être assez cynique, mais sinon ? Il pensait la connaître - quel grand mot - un minimum, et en fait... non.
Il chercha Wilhelm du regard pour lui demander quelque chose, mais il avait disparu, et son téléphone lui indiqua qu'il était presque huit heures, alors il courut vers son bâtiment sans plus s'attarder sur le sujet de la musicienne.
Quelques minutes plus tard - il allait rapidement perdre du poids s'il commençait déjà à courir partout comme ça -, il se posait sur une chaise marquée à son nom dans l'amphithéâtre bondé. Selon le plan qu'il avait parcouru à l'entrée du bâtiment, l'amphithéâtre où il se trouvait était celui des première année, séparé de celui des seconde par quelques labos, séparé de celui des troisième par quelques salles simples, séparé de celui des- Cet endroit était très grand et encerclait une partie de l'hôpital, qui était vraiment immense pour le coup, tellement qu'Harry pensait bien qu'il lui faudrait une journée pour aller d'un bout à l'autre sans utiliser d'ascenseur.
Petit à petit, les conversations entre les étudiants cessèrent, et les premiers rangs s'assirent, permettant à Harry de comprendre qu'un professeur était entré - il avait été trop absorbé par sa contemplation de la pièce pour regarder le bureau central, où trônait maintenant Madame Armel, s'il se souvenait bien de son nom.
Selon Niall : très gentille et compréhensive, mais diverge un peu si elle nous trouve séduisant, ce qui est arrivé à lui et plusieurs de ses potes.
Effectivement, la jeune femme, d'environ trente ans, parlait gentiment aux élèves des premiers rangs, et mettait déjà sa poitrine partiellement découverte sous le nez d'un pauvre blond qui ne savait plus où se mettre - si elle les préfère je n'ai pas de souci à me faire.
Elle retourna à son bureau quand le silence fut vraiment revenu, et s'adossa dessus, les bras croisés et le regard scrutateur, parcourant rapidement les rangs des yeux. Les étudiants étant placés par ordre alphabétique, Harry songea qu'il aurait le temps de se baisser pour prendre quelque chose dans son sac quand le regard de l'enseignante arriverait à son niveau - être dans les derniers avait pour une fois son avantage -, pourtant le regard de la jeune femme sauta plus de la moitié de la salle pour tomber pile sur lui. Elle eut un sourire amusé en croisant son regard mais ne fit aucun geste, continuant son inspection. Harry ne sut quoi penser.
« Bonjour à tous, dit-elle enfin en décroisant ses bras et les posant autour d'elle sur le bureau, je suis Madame Armel et serai votre professeure de chimie et biochimie cette année. Pour ceux qui n'ont pas encore leur emploi du temps en tête, nous nous verrons le lundi et le mardi, une fois le matin de huit heures à dix heures et l'après-midi de treize heures trente à seize heures. Avant que je ne commence à vous rendre compte de notre programme de chimie pour cette année, avez-vous des questions ? »
Et Harry aurait voulu rater le mouvement d'épaules qu'elle fit en relevant les yeux vers lui. Il se retint fortement de soupirer.
Bordel de merde.
• § •
Le cours en lui-même fut relativement ennuyeux, essentiellement passé à ''faire connaissance'' et voir ce qui serait appris pendant l'année. L'heure du même cours, l'après-midi, serait apparemment passée à commencer l'introduction aux premiers chapitres. Une nouvelle qui avait parue plutôt bonne à Harry fut que les cours seraient mi-dictés mi-prise de notes pour se remettre en jambes après les vacances, avant de passer à un apprentissage plus difficile et rapide à partir de la Toussaint, cette gentille attention ayant été faite pour ne pas les brusquer/les décourager/les deux - Harry lui en savait gré, il avait toujours été mauvais en prise de notes.
Lorsque l'heure toucha à sa fin, Mme Armel descendit de son bureau - elle n'en avait pas bougé une seule seconde sauf pour aller guetter le blond du premier rang qui avait peut-être du mal à lire le polycopié distribué - et ramassa ses affaires sous un brouhaha insupportable pour laisser place au prochain professeur, d'anatomie cette fois, qui entra vêtu d'une veste en velours usée et un pantalon brun de la même matière, un immense sourire sur le visage. Il n'y eut pas autant de discussion avec lui.
« Bonjour à tous et à toutes. Je vous préviens tout de suite : je ne suis pas le type de prof à faire la police. Si vous venez à mes cours je vous ferai progresser, et si vous ne venez pas je ne chercherai pas à vous rattraper. Également, reprit-il après un bref silence, si vous comptez ne pas m'écouter de l'année je vous prierai de partir tout de suite, parce que notre inimité est réciproque. À ceux qui ralentiraient le groupe involontairement parce qu'ils ne comprennent pas tout, sachez que je ferai des cours de rattrapage tous les midis et après vos derniers cours de l'après-midi en salle B5. Votre présence sera la bienvenue, et n'ayez pas peur de venir, puisque plus de la moitié de mes élèves y pointent le bout de leur nez chaque année. Sur ce, commençons. »
Il se pencha derrière son bureau pour distribuer les premiers documents, tandis qu'un flash revenait dans la tête d'Harry à propos de ce professeur.
« Tu as Monsieur Belliard ! Gros chanceux. Il est incroyable ce gars-là, il a la cinquantaine mais bon sang qu'est-ce qu'il est génial. Il adore ses élèves et son métier, il aide les discrets et il rabroue les bruyants et les flemmards. Vraiment, copine avec lui, je le vois encore hors des cours pour prendre un café parfois, et c'est des pures barres de rire. »
Merci Niall.
• § •
« Alors mon lapin, comment s'est passée cette première matinée ? Lui demanda Olive alors qu'il s'asseyait à une table du restaurant, encore essoufflé d'avoir dû courir pour l'obtenir.
- Ennuyeuse, dit-il de but en blanc en la laissant s'asseoir en face de lui. Armel semble vouloir déjà mettre le grappin sur un gars du premier rang, mais Belliard a captivé tout le monde, ça a rattrapé le coup. Qui encourage encore ses élèves à voir le programme de l'année ensemble ? On n'est plus au collège !
- Elle fait toujours ça, ricana la brune en regardant autour d'elle pour observer ses clients. T'en as vu dormir ?
- Mon voisin ronflait.
- Oh, elle l'a entendu ?
- Je ne pense pas, mais elle l'a vu en revanche, et elle a levé son sourcil en mode 'pourquoi il dort lui, je dis la chose la plus intéressante du monde en ce moment'.
- Excuse-moi, soupira Olive en se relevant, le devoir m'appelle. Dis-moi ce que tu veux pendant que je suis là, tiens. Non on n'a pas de restes, soupira-t-elle à nouveau en le voyant ouvrir la bouche avec un grand sourire.
- Tu lis dans mes pensées. Je me contenterai de ce que vous faites le plus aujourd'hui alors. »
Il ignora son roulement d'yeux et regarda plutôt autour de lui pour tenter de reconnaître des camarades qu'il pourrait inviter à manger avec lui, mais personne.
Ce sera pour une prochaine fois alors, songea-t-il en regardant Olive revenir.
« Tu as fait vite, lança-t-il simplement en la voyant déposer son plateau devant lui.
- Tous ceux qui sont là sont venus pour prendre le pique-nique qu'ils ont commandé hier, alors je n'ai que très peu de clients à servir. Il n'empêche que je dois repartir illico, donc tu m'excuseras...
- Ne t'excuse pas de bosser Olive, la rassura Harry en secouant la main, prenant sa fourchette pour manger son steak haché et sa purée bizarre. Tu sais ce que c'est ? Demanda-t-il ensuite en dévisageant celle-ci.
- Non, on n'a pas reçu les étiquettes avec toutes les barquettes ce matin. C'est marqué sans allergènes, donc je le sers quand même. mais je ne sais pas du tout ce qu'il y a dedans.
- Il n'y a que l'eau qui soit sans allergènes, marmonna le bouclé alors que la serveuse s'éloignait. »
Il n'osa pas toucher à la purée, la laissant plutôt à un grand chien qu'il vit passer devant la vitrine pour aller renifler les poubelles du restaurant dans une ruelle avoisinante. Il le suivit pour aller lui offir son assiette, et sa présence la laissa curieux, puisque les animaux n'étaient que très peu acceptés sur le campus, les seules personnes autorisées à en avoir étant celles qui présentaient un attachement inédit pour leur compagnon.
« TECKO ! TECKO REVIENS ! »
Aussitôt, la tête de l'animal se releva, et il trottina jusqu'à sa jeune maîtresse, une petite blonde qui rougit immédiatement en voyant Harry se relever avec son assiette vide à la main - ou sa silhouette, puisqu'il faisait relativement sombre dans la ruelle et qu'elle en était à l'extérieur.
« Oh mon dieu, il vous a volé votre repas ? Murmura-t-elle, mortifiée et immobile. Je- je suis désolée, je vais vous en repayer un- Tecko, méchant chien !
- Hey, calme-toi, sourit le jeune homme en s'approchant de quelques pas, sans sortir de la ruelle pour autant. Il ne m'a rien volé du tout, il avait l'air d'avoir faim alors je lui ai donné le reste de mon assiette, je n'en voulais plus. Hein Tecko ? »
Le chien aboya, retournant tranquillement lécher l'assiette d'Harry.
« Il ne vous a pas embêté ?
- Pas le moins du monde, il m'aide même à ne pas faire de déchets. C'est un gentil chien. »
Il regarda l'animal finir de nettoyer sa vaisselle, un petit sourire trônant sur ses lèvres. Il adorait les chiens, et celui-ci était très beau, un magnifique Golden Retriever à la robe claire un peu ébouriffée. La jeune fille face à lui ne bougeait toujours pas. Intrigué, il releva discrètement ses yeux vers elle, et vit qu'elle tenait maladivement la laisse de l'animal, ses yeux verts passant nerveusement des poubelles à Tecko, puis à Harry, guettant surtout les déchets entassés là.
Quand Tecko retourna vers sa maîtresse, elle le repoussa du pied avec une grimace de dégoût, ce qui fit fronçer les sourcils au garçon. Quel propriétaire d'un animal le repousse comme ça ?
« Excusez-moi, il y a un problème ? Demanda-t-il en s'avançant un peu plus à la lumière du jour, la ruelle ombragée dans laquelle il était le cachant encore partiellement à la vue de son interlocutrice. »
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro