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§ Chapitre 19 §

4 septembre 2022
France

Allez calme-toi, se répéta le garçon pour la septième fois de l'après-midi en essuyant ses mains moites sur son bermuda, qui s'humidifiait progressivement au niveau de ses cuisses. Ce n'est que ma première rencontre avec ma nouvelle infirmière et psychiatre, rien de méchant.

Ce qui ne l'empêcha pas de sursauter quand une jeune femme brune ouvrit la porte de la grande salle d'attente à moitié vide et que son nom retentit clairement dans la pièce. Il se leva en tanguant une seconde sur ses pieds - il avait parfois l'impression que ses grandes jambes le faisaient ressembler à un girafon perdu - et marcha à grands pas pour rejoindre la demoiselle en blouse blanche.

Elle le mena à travers différents couloirs peints de couleurs pastel, assez rassurantes en comparaison avec le blanc angoissant de l'hôpital auquel il était habitué, pour le laisser avec un petit mot gentil devant la porte d'un bureau, ornée de la plaque 'Véronique Meunier, audition et psychologie', avant de s'éloigner. Se sentant assez bête, Harry patienta un moment devant la porte bleue, hésitant à toquer, ou rester dans le couloir jusqu'à ce que quelqu'un passe, ou retourner à son appartement en honteux état de stress. Son cœur battait vraiment trop vite, et il voulut se reprendre : il choisit de se concentrer sur la poignée en plastique moche en face de lui.

Blanche, d'une forme peu élégante mais sans doute plus simple à nettoyer que celles qu'il avait chez lui, la poignée-

On dirait un documentaire animalier, souffla le garçon en secouant la tête. La poignée observe sa proie, qui elle-même est en hésitation devant sa prestance fière et immobile. L'abaisser signifierait faire face à ses obligations, et ne pas le faire mettrait en échec toute sa démarche médicale, mais l'apaiserait très certainement plus que de rester debout dans ce couloir comme un abruti. Un suspense sans nom règne entre ces deux-

« Je peux vous aider ? Lança une voix guillerette dans son dos, brisant le silence du couloir et la sérénité bancale du garçon au passage. Excusez-moi, je ne voulais pas vous faire peur, s'excusa-t-elle en voyant le sursaut du garçon.

- Je- c'est moi, ce n'est rien, souffla Harry en se tenant le cœur, se retenant de porter ses mains à ses oreilles vivement agressées par le passage du silence complet à l'augmentation instantanée de la cadence de son pouls. »

Tiens, ça faisait longtemps ça.

« Je dois rencontrer Véronique Meunier, explicita rapidement le bouclé sous le regard curieux de la femme devant lui. Je me préparais juste mentalement.

- Oh, mais vous l'avez en face de vous, sourit gentiment l'infirmière en désignant le petit badge pendu à la poche de poitrine de sa blouse. Si vous aviez tenté d'ouvrir, personne ne vous aurait répondu, je m'étais absentée. »

Harry ne sut quoi lui répondre alors il garda le silence le temps qu'elle déverrouille le bureau et le laisse entrer.

L'intérieur de la pièce n'était ni froid ni chaleureux, très simple. Une faible odeur de médicaments planait dans l'air, les appareils informatiques présents ne produisaient aucun son - logique, mais réconfortant à constater ; la clim' de Karen resterait à jamais gravée dans les tympans du bouclé.

« Alors, Harry c'est cela ? Demanda Véronique en s'asseyant sur sa chaise à roulettes, le quittant du regard pour poser ses feuilles.

- Oui, c'est moi, bafouilla le brun en l'imitant, évitant ses yeux à tout prix. »

Tu parles d'un futur adulte.

« Tu sais pourquoi nous nous voyons aujourd'hui n'est-ce pas ?

- Oui. Vous allez être mon infirmière personnelle ici, compléta Harry en redoutant le blanc qui serait tenté de s'installer.

- Tout à fait. Ma prédécessrice m'a fait comprendre ton problème, et ton évolution en sa compagnie, mais j'aimerais que tu me la racontes toi-même, pour faire un peu la connaissance de ta manière de t'exprimer, dit gentiment la soignante en s'accoudant sur son bureau. »

Harry déglutit. Il ne savait pas quoi dire, il y avait à la fois trop et pas assez de choses.

« Vous ne pouvez pas me poser des questions plutôt ? Tenta-t-il en levant faiblement la main. Je ne sais pas par où commencer.

- Je ne veux pas te poser de questions, je veux que tu me parles toi-même de ce qui te semble important, refusa son intervenante à son grand désespoir. J'ai tout mon temps, et je sais que tu as tout le tien, alors tu peux aller lentement si tu le désires. »

La mort dans l'âme, le garçon contempla son environnement, cherchant à éviter de raconter son histoire. Ça ne le dérangerait pas plus que ça de le faire, si seulement il connaissait son interlocutrice. Lui dire autant de choses privées d'un seul coup le gênait dans l'idée, et le paralysait dans la pratique.

« Quand je suis né je n'entendais pas, commença-t-il après une inspiration digne du Grand Méchant Loup, et ça ne me dérangeait pas vraiment, parce que les sons n'existaient pas pour moi. Je ne contrôlais pas ma voix, j'ignorais que j'en avais une d'ailleurs, marmonna-t-il en ignorant le regard vert pointé sur lui, d'où ma surprise de l'entendre pour la première fois quand j'avais dix ans. C'était très faible, parce que mon ouïe revenait de loin, mais j'avais désormais accès à la musique, aux sons, aux voix, et à tout ce qui m'était désormais audible. Avec les années, j'entendais de mieux en mieux, et j'ai appris à m'exprimer comme tout le monde.

« Mon état mental, reprit-il après une brève pause, n'avait pas changé. Enfant, j'étais content de voir, pré-ado j'étais content d'entendre. C'est à l'adolescence que j'ai vraiment commencé à changer, quand ma guérison miraculeuse ne s'est pas arrêtée et que je me suis mis à trop bien entendre. Au début, je ne l'ai pas dit à ma mère, que le son du mixeur me blessait, ou que les cris des enfants m'agaçaient, parce que je pensais seulement être dans une sorte de puberté normale pour un bien entendant. C'est quand je n'ai plus réussi à cacher mes grimaces que j'ai inquiété tout le monde, et que le pli entre les sourcils de ma mère est apparu. »

Harry fit une seconde pause, se remémorant avec douleur les regards que sa mère ne se rendait pas compte de lui faire voir. De la compassion certes, mais aussi de la tristesse, de l'accablement, et parfois un ennui si profond qu'il lui foutait le cafard toute la journée.

Véronique ne fit aucun commentaire, le laissant organiser ses pensées.

« Peu à peu, j'ai relativisé, je me suis dit que ça finirait bien par s'arrêter un jour, et j'ai eu mes premières protections. C'était la délivrance. Je me sentais comme plusieurs mois plus tôt. Mon humeur qui s'était assombrie a revu la couleur d'un ciel sans nuages. Sauf que les protections n'ont été qu'éphémères, parce qu'il a fallu en racheter d'autres en dix mois, puis cinq, puis trois, puis deux, puis un. J'ai réalisé que non seulement mon ouïe était anormale, mais qu'en plus elle accélérait sa croissance insupportable, et pas qu'un peu.

« À ce moment là, il y a trois mois, j'en pouvais juste plus. J'étais désagréable avec tout le monde, je refusais toute compagnie, je fuyais les salles de classe dès la sonnerie - qui en plus me démontait le cerveau -, et je ne suis même pas venu à la remise du BAC parce que je savais qu'il y aurait un micro. Ma mère y est allée pour moi. Maintenant, inspira le garçon en relevant ses yeux dans ceux de l'infirmière, je vais mieux et je crois que mon ouïe a même un peu diminué malgré le peu de temps que j'ai passé ici. J'essaie de retirer mes protections, ça reste difficile, mais je le fais quand même. Je pense honnêtement finir mes études ici, parce que c'est agréable et que j'ai des amis géniaux, mais ça me fait un peu mal de me dire que c'est aussi pour fuir le monde normal que je viens ici.

- Tu as au moins la décence de reconnaître que cet endroit est différent de là d'où tu viens, sourit Véronique en écrivant quelques mots sur la feuille devant elle. Certains mettent des mois avant de se l'avouer à eux-mêmes, et encore plus pour nous le dire à nous.

- Ce serait inutile de faire durer la question plus longtemps, réfléchit Harry à voix haute.

- Nous sommes bien d'accord là-dessus, soupira la brune en perdant son regard autour d'elle. Mais on ne peut pas forcer nos clients à voir la vérité, c'est une démarche qui doit venir d'eux-mêmes. On ne peut que les pousser dans la bonne direction.

- C'est complexe à faire ?

- Ça dépend des gens, ça peut être simple, comme toi, ou très compliqué pour d'autres. J'ai d'autres clients que toi, et je peux t'assurer qu'ils sont imbuvables.

- J'en suis désolé, balbutia honnêtement le bouclé, prenant la femme en pitié.

- C'est mon travail. Enfin, par rapport à ton histoire, merci beaucoup de me l'avoir racontée, reprit-elle en fixant ses iris dans les siens, je l'ai bien notée et j'espère que tu as été sincère. »

Un hochement de la tête lui répondit.

« Je ne pense pas te retenir plus longtemps, sache simplement que nos séances se dérouleront tous les dimanches de quatorze à seize heures. N'oublie pas de me prévenir si tu ne peux pas venir, même cinq minutes avant. Tu as mémorisé le chemin pour venir jusqu'ici ?

- Pas du tout.

- Ça viendra. Je vais te raccompagner. »

Tous deux se levèrent, sortant du bureau pour retourner dans le dédale de couloirs qu'Harry avait déjà affronté dans un sens, se sentant encore plus perdu de le parcourir dans l'autre. Véronique le laissa dans le hall, lui donna une carte avec son numéro de téléphone inscrit dessus, et lui glissa quelques mots au passage.

« J'ai été ravie de te rencontrer, je suis une amie proche de Karen et je dois dire que tu es tel qu'elle me l'a raconté. Passe une bonne journée. »

Puis elle retourna dans ses quartiers sans que le garçon n'ait pu qu'esquisser un geste, trop surpris de la révélation.

Au moins je sais que Karen ne m'a pas envoyé dans la fosse aux lions sans avoir d'idée derrière la tête, se dit-il en sortant du bâtiment, rentrant chez lui avec l'optique de préparer ses affaires pour le lendemain.

• § •

« Niall, tu peux venir s'il te plaît ? Appela Harry quelques heures plus tard, à deux doigts de se glisser sous ses draps.

- Un problème princesse ? Répondit l'irlandais en passant sa tête par l'entrebâillement de la porte, découvrant son colocataire penché sur son emploi du temps. Tu cherches à savoir le caractère de tes futurs profs ?

- Non, mais quand commenceront les répétitions tutti* ? Demanda le garcon, à juste titre puisqu'une répétition commune aux soprane-alto et ténors-basses aurait dû se tenir durant l'après-midi.

- Quand Charlie le décidera. On vient de commencer, alors on va attendre quelques semaines avant de tout mettre ensemble.

- Okay, et l'orchestre ?

- Je doute que Jacques te laisse aller aux répétitions de l'orchestre, s'inquiéta Niall, voyant la mine du garçon s'assombrir à ses mots. Ne t'en fais pas, si je viens avec toi il ne pourra pas te refuser l'accès.

- Mais tu n'es pas dans l'orchestre, si ?

- Non, mais je vais régulièrement aller chercher Florent après ses répétitions, il y est guitariste, et Charlie a l'habitude de m'entendre aller patienter au fond de la pièce.

- Qui est Florent ? S'intéressa Harry en cherchant dans sa mémoire s'il l'avait déjà rencontré.

- Tu ne l'as pas encore vu, il arrive dans quelques jours, mais c'est un gars incroyable qui nous vient d'Italie, avec la formidable particularité d'être valsettiste*, en plus. »

Les yeux du bouclé s'ouvrirent en grand. Il n'en avait jamais vu de sa vie, et doutait parfois de l'existence de ces types de chanteurs.

« Vraiment ?

- Yep, il est super sympa, un vrai chou à la crème. Je pense que vous vous entendriez bien.

- Mais comment il... fait ? Demanda Harry en cherchant la technique dans ses cordes vocales, sans succès - il se sentait incapable d'imiter une soprane.

- Tu lui demanderas, je n'en ai aucune idée.

- Et... Fit le bouclé quand son colocataire tourna les talons, sinon, pour les profs ? »

Niall sourit jusqu'aux oreilles et vint le rejoindre sur son lit, s'emparant de son emploi du temps pour le lire.

• § •

« DESMOND ! Est-ce que je peux dire au revoir à Bébé Harry ? »

[...]

« Oui, et même que je veux lui dire au revoir s'il te plaît s'il te plaît s'il te plaît ! »

[...]

« Il est grand ! Il a quel âge ? »

[...]

« Ce n'est plus un bébé alors, c'est un grand ! »

[...]

« Il est trop mignon... »

[...]

« Maman, est-ce que je pourrai avoir un petit frère ? »

• § •

« Et Bébé Harry , est-ce qu'il a aimé ? »

• § •

Lexique

Valsettiste
Si l'on adaptait cette histoire en conditions et termes réels, Florent serait falsettiste, et pas valsettiste ; l'auteure a modifié l'appellation de sa voix pour la bonne raison que 'falsettiste', c'est vachement moche comme mot. Donc, la voix de valsettiste - falsettiste - est la voix capable d'interpréter toutes les voix d'une partition, des basses aux sopranes.

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