§ Chapitre 17 §
3 septembre 2022
France
« Ah, Harry ! L'interpela Niall quand il sortit de la Charlie's House, lui-même entouré de Thomas, Julien et Aurélien, à quelques mètres de l'entrée ombragée. Tu as prévu quelque chose pour la soirée ?
Dans la lune, le bouclé ne réagit pas tout de suite, plongé dans ses pensées, encore toutes tournées vers la musicienne qu'il venait de quitter. Après l'avoir rencontrée, il pouvait dire qu'elle avait bien l'air d'avoir une aversion pour lui, mais pourtant, même si elle lui avait parlé de façon tendue, elle ne l'avait pas insulté ou quoi que ce soit ; peut-être n'était-ce avant ce jour qu'une peur de l'inconnu. Quoiqu'elle était adulte et devait voir passer de nouvelles personnes dans son entourage toutes les dix minutes - ce serait improbable qu'elle ait peur de faire des rencontres, surtout avec le poste qu'elle occupait. Le comportement puéril de la fuite que la jeune femme avait maintes fois employé à son égard paraissait encore étrange au garçon, surtout dans une personne apparemment aussi mature qu'elle l'était, et il ne comprenait décidément plus rien.
« Harry ? Tout va bien ? »
Le plus jeune sortit brusquement de ses dispersions internes et releva la tête, croisant le regard alarmé de Niall.
« Que se passe-t-il ? Fronça-t-il aussitôt les sourcils, sérieux.
- Est-ce que tu vas bien ?
- Je- oui, pourquoi ? Bafouilla Harry en baladant ses yeux sur les autres autour d'eux, qui le scrutaient avec des regards aiguisés.
- Pour rien, sourit Niall, détendant tout le monde grâce au pouvoir de son aura. Tu ne me répondais pas, j'ai craint que ce ne soit un problème important.
- Ah. Non... non.
- Mais trêve de bavardages, reprit-il pour dissoudre le silence gênant qui menaçait de s'installer, que dirais-tu de rentrer à l'appartement avec moi pour y cuisiner le repas et parler un peu, histoire de faire plus connaissance ?
- On doit d'abord passer faire les courses, grimaça le brun, se mettant en marche ; je ne l'ai pas fait depuis une semaine, il n'y a plus grand-chose dans les placards. À plus les gars, lança-t-il derrière lui aux trois autres, qui le saluèrent en retour avant de partir dans une autre direction.
- Alors c'est parti, on va aller à l'épicerie de l'ouest si ça ne te dérange pas. Celle de l'est - donc celle près de notre appartement tu l'auras compris - ne vend pas mes bières. »
Harry ne répondit pas, mais son sourire n'en disait pas moins. Ce détour pourrait être amusant.
« Alors dis-moi, Niall, commença-t-il après quelques minutes de marche, pourquoi fais-tu tes études en France alors que ton accent prouve que tu viens de loin ?
- Tu veux la raison honnête ?
- De préférence.
- Tu vas trouver ça stupide, maugréa l'irlandais en ne perdant pas son éternel sourire.
- Mais non, mais non.
- Tu me crois si je te dis que j'ai quitté ma famille, appris le français et pris une licence de chirurgien pour une fille ?
- Ça ne m'étonnerait pas, réfléchit Harry sans envisager de se moquer une seule seconde. C'est la vraie raison ?
- Oui. Ne cherche pas la fille surtout, elle est morte, coupa le faux blond immédiatement, jetant un léger silence entre eux.
- ... Vous étiez en couple ? Demanda tout de même Harry, Niall ne semblant pas vraiment dérangé de parler de la défunte.
- Non. En fait, toussota le plus âgé, c'était la copine d'un pote, chez moi. Elle a dû déménager pour ses études, et comme mon pote ne voulait pas la laisser sans surveillance en terrain inconnu et que moi aussi je devais partir quelque part à l'étranger pour mes propres études, je l'ai suivie.
- Sans arrières pensées évidemment, ironisa Harry.
- Pas les meufs des potes, pour qui tu me prends ? Ironisa Niall sur le même ton. Je ne te cache pas qu'un petit crush est né avec le temps, mais je n'ai jamais tenté. De toute façon, ils ont cassé tous les deux, quelques mois après son emménagement ici, parce que la savoir loin et fréquentant de nouveaux gars, français en plus, ne plaisait pas du tout à mon pote.
- Il te soupçonnait, toi ?
- Pas du tout, il savait que je serais incapable de le trahir. Et puis, elle s'est remise avec un autre la semaine d'après. Mon pote devait avoir senti que quelque chose clochait.
- Tu lui as dit qu'elle s'est remise en couple avec un français ?
- Non, il ne voulait plus entendre parler d'elle. Et puis, continua l'irlandais en leur faisant emprunter une rue passante, il me semble que leur relation battait de l'aile depuis un moment quand ils se sont séparés, alors c'était pas plus mal qu'ils arrêtent.
- Comment est-elle... morte ? Hésita le bouclé alors qu'ils approchaient de l'épicerie.
- C'était il y a six mois, soupira Niall en baissant la tête. Elle et son nouveau copain allaient très bien, et je pense même qu'ils auraient pu rester ensemble encore toute leur vie ; leur passion me donnait presque envie de trouver mon grand amour. Son handicap, à elle, c'était de lourds problèmes psychologiques. Les rares fois où elle dérapait, son copain était là pour la calmer et aller la coucher, enfin, tu vois le genre. Ça s'est surtout développé à l'adolescence. Bien sûr, elle avait des comportements précurseurs pendant son enfance, mais elle avait en général l'air assez normale, comme toutes les petites filles. Je vais pas te résumer tous ses médicaments, mais elle avait des calmants et des somnifères légers en majorité. »
Captivé, Harry hocha la tête.
« Sauf qu'une fois, elle a oublié d'emmener son traitement en allant dormir chez des amis à elle qui résidaient ailleurs sur le campus. Lorsqu'elle est rentrée chez elle, plusieurs jours plus tard, émotionnellement affaiblie, et stressée à cause d'un examen important qui approchait, elle s'est mise à délirer. Wilhelm était là, et elle ne l'entendait pas essayer de l'aider, elle cherchait juste à le fuir, oppressée par quelque chose que ni toi ni moi ne pourrons jamais comprendre. Mais par malheur, il était devant la porte de leur appartement ; alors elle a cherché une autre sortie, et elle a vu la fenêtre ouverte. Ils étaient au cinquième étage. »
Horrifié, Harry baissa lentement la tête, sentant des frissons lui remonter le long des bras.
« Elle a sauté sans pouvoir réfléchir, et est morte aussitôt qu'elle a touché le sol. Les secouristes n'ont rien pu faire, alors même que l'hôpital était à à peine dix minutes de l'immeuble. Wilhelm a été traumatisé, et... - Il soupira - et son copain est toujours mélancolique quand on parle de ça. Mais ils font avec. Comme nous tous.
- Je ne te demanderai pas qui était son copain, le rassura le plus jeune devant son accablement. Je ne veux gêner personne.
- Merci. Bonjour, adressa l'irlandais à la caissière et aux clients devant elle, qui le lui rendirent.
- Les autres étudiants sont au courant de ça ? Demanda tout de même le plus jeune en examinant les quelques petits rayons au travers desquels ils passaient - hygiène pour le moment.
- Honnêtement, entre les nouveaux comme toi, les anciens qui sont partis l'année dernière et ceux qui ne font pas partie de notre groupe de potes... Pas grand monde n'est au courant de cette histoire, non.
- Je suis surpris que Madame Brannan ne nous ait pas dit qu'il y a eu un décès sur le campus, quand je suis venu avec ma mère, avoua le bouclé en s'approchant des légumes. C'est tout de même un détail important.
- Question d'image, j'imagine.
- Ouais. Tu cuisines ? S'enquit Harry sans quitter l'étalage des yeux.
- Beaucoup. Prends tout ce que tu veux, je saurai en faire un plat, lui répondit Niall depuis l'étalage des fruits. »
La réponse sembla contenter le garçon, qui piocha un peu de tout en proportions légères : ils n'étaient que deux après tout. Une dizaine de conserves suivit, de la bière et des yaourts pour Niall, des barres énergisantes, des biscuits sucrés typiques de goûters d'enfants, des surgelés, des glaces pour les quelques jours de canicule à venir, et ils finirent par croiser une connaissance au niveau des caisses - bien plus bondées que les rayons.
« Tiens, Louis ! Ça fait un bail ! Le salua Niall avec son entrain habituel, presque trop lumineux pour la morosité de l'épicerie.
- Niall ! C'est vrai que ça fait longtemps ! Comment tu vas ? »
Harry les laissa parler quelques secondes, ne voulant pas les déranger, et laissa son regard s'attarder sur le paysage hors de la vitrine du magasin, où l'on voyait les derniers bâtiments du centre-ville et le début du quartier résidentiel.
« Charlie n'est pas avec toi ?
- Si, elle devait me rejoindre, elle va arriver. Et au pire, elle me rejoindra chez moi. Sinon Harry, reprit la voix aiguë du paraplégique, tu arrives à t'intégrer ?
- À merveille, répondit sincèrement le plus jeune, un sourire creusant doucement ses fossettes. J'ai des potes, je m'entends bien avec mon coloc, je fais partie de la chorale et j'ai mon restaurant attitré ; que demander de plus ?
- Quelle voix es-tu alors ? S'intéressa tout de suite Louis en plissant les yeux, un léger rictus ornant ses lèvres. Charlie a un don pour la répartition, je ne la comprendrai jamais. Moi je t'aurais mis basse.
- Manqué, il est dans mon équipe, ricana Niall en fourrageant les cheveux du bouclé, le faisant pester à voix basse. Vous êtes bien trop en ténors, si tu veux mon avis.
- Je ne sais pas, je n'ai pas pu venir tout à l'heure, soupira le châtain en baissant les yeux. Rendez-vous avec mon kiné à l'hôpital. C'est un autre que celui de l'année dernière, alors il fallait faire connaissance.
- Ça a duré deux heures ? S'étonna Harry en écarquillant les yeux. »
Ses propres entrevues avec Karen restaient assez courtes, la plus longue n'avait pas dû dépasser une demi-heure - il avait été particulièrement récalcitrant ce jour-là. D'ailleurs, il devrait aller voir sa propre nouvelle infirmière le lendemain, sur les coups de quinze heures - son infirmière atittrée se trouvait à présent un peu trop loin de lui pour effectuer ses bilans mensuels.
« Non, quarante minutes, sourit Louis. Mais je suis venu après hein, sauf que je me suis fatigué à mi-parcours, que j'ai parlé à des gens pour reprendre des forces ensuite, et qu'en arrivant au rez-de-chaussée de l'immeuble il était bien trop tard pour que Charlie ne me passe pas un savon pour être arrivé après la guerre. De toute façon je l'ai prévenue de mon absence ce matin, elle ne pourra rien dire. »
Harry ne sut plus quoi ajouter alors il se tut, l'handicapé passant à la caisse juste avant eux. Ses quelques articles furent vite expédiés, et il s'éloigna vers la sortie en leur faisant des signes, ayant aperçu Charlie qui allait à sa rencontre un peu plus loin.
Niall prit sa place sur le tapis, installant leurs futures possessions en de petites tours périlleuses.
« Alors comme ça Louis est ténor ? Fit Harry en regardant le petit tapis roulant ébranler leurs articles et faire tomber les plus hauts perchés.
- Tu ne peux pas nier que sa voix est assez révélatrice, c'est la seule que j'aie jamais entendue d'aussi aiguë chez un homme, répondit son camarade avec un sourire en coin, regardant le concerné s'éloigner. Ici, il pourra te prétendre qu'il a du mal et qu'il n'est pas confiant avec sa voix, mais quand on chante, c'est lui qu'on entend le plus : sa voix passe littéralement au-dessus de celles des autres chanteurs. Il est d'ailleurs l'un des seuls ténors à faire des solos réguliers, à l'exception de Thomas.
- C'est vrai que Thomas a une voix qui porte, et toi aussi, réalisa le plus jeune en sortant sa carte bancaire, mais se faisant devancer par celle de Niall - il rangea la sienne sans protester. Ça m'a un peu surpris de vous voir tous les deux venir nous apprendre le chant, tout à l'heure.
- Tu dis ça par rapport aux autres chœurs que tu as pu voir en répétition ?
- Oui. Normalement, si je peux le dire comme ça, le chef de chœur montre le chant aux choristes et le leur apprend en répétant la mélodie par voix. Mais Charlie n'a fait que jouer du piano pour vous accompagner, et vous nous avez fait chanter à sa place alors que vous n'êtes que chanteurs.
- Ce n'est pas vraiment un problème, au revoir mademoiselle, parce qu'honnêtement c'est sympa de chanter pour les autres, de leur apprendre des choses. Ce mode d'apprentissage, on le fait parce que c'est tout d'abord plus simple pour tout le monde, avec la voix défoncée qu'a Charlie tu imagines bien que partir en solo répété pendant quatre heures par jour est difficile - il attendit le mouvement de tête d'Harry pour continuer - et aussi, c'est plus simple pour les voix d'hommes de s'identifier au chant quand il est à la bonne hauteur. Mais tu sais, ça n'a pas toujours été moi et Thomas qui avons montré l'exemple, notre nomination est très récente.
- C'était donc un autre avant vous ?
- Oui, il chantait toutes les voix, un baryton vraiment incroyable. Sauf que même s'il était au campus depuis longtemps et qu'il connaissait toutes les partitions de Charlie, il était détestable et devenait de plus en plus absent au cours des répétitions, on a donc fini par décider de le remplacer. On a fait un vote, et Thomas a remporté les votes des ténors tandis que j'ai gagné ceux des barytons et des basses, même si Charlie aurait préféré Marc à ma place.
- Pourquoi ?
- Elle ne m'aime pas, fit le faux blond le plus simplement du monde. Je connais énormément des chants qu'elle fait revenir un peu chaque année, je chante juste - sans vouloir me vanter - et je guidais naturellement tout le monde avant même que je sois désigné comme modèle, mais malgré tout ça, elle ne me porte pas dans son estime.
- Et c'est le même principe de modèles chez les soprane-alto ? S'enquit Harry après un silence, alors qu'il tournaient devant le gymnase géant du centre.
- Si Jacques t'avait laissé y aller, tu aurais vu que oui ; tu as déjà rencontré Roxane, la copine de Thomas ?
- Oui.
- Elle montrait la mélodie aux sopranes, avant. En concerts, on avait parfois l'impression que ses contrechants étaient chantés par les anges. Vraiment impressionnante. Et pour les alti, c'est une fille que tu ne connais pas, et que moi je connais mal.
- Roxane n'est plus au chœur, non ?
- Non. Elle te l'a dit ?
- Je lui avais posé la question, acquiesça le plus jeune.
- Elle est partie l'année dernière, elle en avait marre du poids constant que Charlie prenait sur son dos. Car quand Charlie décide de porter la poisse à quelqu'un elle n'y va pas de main morte, tu l'auras constaté. »
Harry acquiesça, reportant ensuite son attention sur leur immeuble qu'ils approchaient d'un bon pas.
« Une idée de ce qu'on pourrait se dire en cuisinant ? Demanda-t-il en entrant dans leur petit hall, saluant Thomas qui lisait un livre dans son bureau. C'est tout de même vague de dire ''apprenons à nous connaître''.
- Certes. C'est pourquoi je te propose de continuer à parler du chant, dit Niall d'un ton assuré en tournant sa clef à ascenseur dans la serrure, mais cette fois à propos de toi.
- Moi ? Répéta bêtement Harry en le suivant dans la cabine, les sacs de courses trouvant leur place sur le sol dans la seconde. Qu'est-ce que ça veut dire, ça ?
- Tu avait l'air de bien galérer tout à l'heure, pour pousser les notes. C'est quelque chose qu'on peut, et qu'on doit corriger.
- C'est juste que, bafouilla le plus jeune, j'ai souvent écouté des chœurs, mais je n'avais jamais tenté d'en faire partie. Et maintenant, je les admire d'autant plus parce que chanter juste et fort est diablement plus difficile que ça en a l'air.
- Je prends le compliment, ironisa Niall en secouant ses longs cheveux imaginaires. Mais tu sais, ce n'est pas grave de se sentir un peu nul au début, de penser qu'on chante faux, qu'on pousse les notes à côté. Encore plus dans ton cas, vu que tu entends toutes tes fautes, et les celles des autres, j'imagine.
- Oui. Tu as un rire à la fois lisse et rugueux, d'ailleurs, commenta le brun alors que l'ascenseur rouvrait ses portes à leur étage.
- Suis-je censé comprendre ?
- Non. Je t'en informe juste. »
En ouvrant la porte de leur appartement, les sacs de l'épicerie furent déposés sur l'îlot tandis que les deux compères partaient retirer leurs chaussures - et passer de nouveaux vêtements dans le cas d'Harry. Ce dernier retourna bien vite dans la cuisine, et rangea leurs courses dans les placards en essayant d'avoir la même gestion géniale de l'espace que sa mère. Niall le rejoignit à mi-parcours, s'occupant plutôt de remplir le frigo en papotant avec son camarade.
« Mon cher Harry, fit Niall une fois leur tâche accomplie, il est encore un peu tôt pour que je mette mes talents de cuisiner à l'œuvre, alors que penses-tu de t'exercer à pousser ta voix sur des notes merveilleuses ?
- Je... Bégaya le garçon, surpris. Maintenant ?
- Oui. On chante moins bien après avoir mangé, alors faisons ça avant, d'accord ?
- Donc je dois faire quoi, concrètement ? Bafouilla le garçon en tordant ses mains de stress, son cœur entamant un rythme un peu exagéré face à cette menace minime.
- Tu vas chanter, mon petit, avec confiance, force, et la conviction que tu possèdes la plus belle voix de cette Terre, après celle de Louis bien entendu - il attendit que le garçon lève les yeux au ciel en souriant avant de continuer. Répète après moi, lui fit Niall d'un ton rassurant, avant de prendre une inspiration profonde. What shall we ask, on the way ? »
Harry resta coi une petite seconde, stupéfié par la mémoire de son colocataire, qui venait de lui chanter le début du chant vu pendant l'après-midi à la répétition avec son exacte note de départ, qui plus est en voix de ténor, et aussi admiratif de la justesse et de l'assurance de sa voix, que les notes graves et lentes rendaient étrangement chaleureuse.
« What shall we ask, on the way ? »
Il rougit aussitôt, se sentant le point de mire de l'irlandais, qui avait forcément remarqué la différence de sûreté entre leurs interprétations de la même phrase - sa voix tremblait tellement qu'on n'y entendait que de l'air passer faiblement. Pourtant, l'étudiant ne releva pas, se contentant d'hocher la tête avec un visage impassible.
« Encore. What shall we ask, on the way ?
- What shall we ask, on the way ?
- Encore.
- What shall we ask, on the way ?
- La phrase suivante. Je te la fais. What shall we ask, what ? »
La scène, d'un point de vue extérieur, pourrait paraître étrange et particulièrement ennuyeuse, mais ces bribes de chant donnaient plus de force à la voix du plus jeune, qui la sentait s'engaillardir au fil des notes. Il chantait plus juste, car il entendait les glissades produites de temps à autres dans ses cordes vocales, il chantait plus fort, car il prenait confiance en ses poussées, et il tenait plus ses fins de mots, qui tombaient moins dans le vide.
« Tu te débrouilles super bien, le félicita Niall sans perdre son sérieux. Fais-moi les deux d'affilée s'il te plaît.
- What shall we ask, on the way ? What shall we ask, what ? »
À son stade, les notes qu'il venaient de produire étaient quasiment parfaites. Et il s'en rendit bien compte : ses yeux brillaient, son cœur battait vite, un petit sourire avait pris possession de ses lèvres.
« Génial, t'as vraiment une belle voix, le complimenta Niall à nouveau. Et crois-moi, je ne dis pas ça à tout le monde ! la tienne est profonde, quoiqu'elle va encore plonger avec le temps, mais on entend aussi toute une parcelle plus aiguë qui se développera dans quelques années, avec la fin de ta mue. Je ne serais pas surpris que tu nous parles aussi profondément que Marc dans cinq ans. »
Le bouclé rougit pour toute réponse, contemplant ses pieds.
« Alors, on va s'arrêter là pour aujourd'hui parce qu'on n'a pas pu voir la chanson beaucoup plus loin tout à l'heure, mais je vais te donner des devoirs. »
Son interlocuteur le toisa comme s'il lui avait parlé de faire le crabe.
« Ne me regarde pas comme ça, je suis très sérieux. Je vais même te faire une démonstration du problème. Respire. »
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