§ Chapitre 1 §
22 août 2022
France
« Harry, ce n'est plus possible. Enfin, regarde-toi, soupira Karen en le désignant vaguement d'une main, se frottant le front de l'autre. »
Le garçon ne dit rien, serrant les dents quand les petites billes en métal du bracelet de son interlocutrice tintèrent joyeusement autour de son poignet.
« Tu me fais presque de la peine, on ne peut plus continuer comme ça. »
Toujours pas de réponse. Ses yeux verts passaient de l'ordinateur à la climatisation, de la fenêtre au système d'aération, puis de l'imprimante au téléphone, qui se mit à sonner. Il plaqua immédiatement ses mains sur ses tempes en gémissant sourdement, récoltant un nouveau regard fatigué de Karen.
Tout est si bruyant.
« Non Harry, vraiment je t'assure qu'il faut trouver une solution. Tes protections auditives ne sont plus efficaces, et tu sais mieux que moi que ta mère ne pourra plus gérer leur création longtemps, c'est ta cinquième paire cette année-
- Karen, intervint le garçon de sa voix grave, s'il te plaît, laisse-moi trouver mes solutions. Même si je n'ai plus les bouchons-
- Ne fais pas semblant, je sais que tu les portes même la nuit. Et que tu les as encore sur toi à l'heure actuelle. »
Harry leva les yeux au ciel, reprenant son cheminement des yeux. La climatisation, l'aération, le téléphone, l'ordinateur, l'aération, la fenêtre, l'imprimante, la climatisation, qui s'alluma toute seule, lui faisant plisser le nez quand il détourna la tête.
« Sérieusement Harry, tu grimaces à chaque son et tu ne supportes même plus de les enlever, qu'est-ce qu'il te faut de plus ?! S'énerva la psychiatre d'un coup en se levant, faisant légèrement sursauter le garçon en face d'elle. Tout ceci n'est plus possible, reprit-elle plus calmement en voyant justement sa moue de douleur. Ta sensibilité est trop à vif ici, cela risque de s'aggraver drastiquement d'ici moins de quelques mois si on ne fait vraiment rien.
- Et tu vas me dire de faire quoi ? Que j'arrête de vivre ? Je ne peux pas éteindre mes oreilles, Karen, railla Harry en regardant encore la climatisation, puis l'ordinateur, et l'ampoule grésillant au plafond. »
Tout ceci est vraiment trop bruyant. Je n'arrive même plus à penser.
« Non... soupira-t-elle à nouveau. Mais je vais envisager de t'envoyer à CUHA, dans les plus brefs délais. »
Le brun sentit presque ses yeux s'écarquiller. Il leva les yeux vers la soignante, ricanant nerveusement.
« CUHA, Karen ? Sérieusement ? Je ne suis pas encore taré, ni handicapé ! Tonna-t-il en se levant brusquement, lui faisant face. Tu n'as même pas besoin de le dire en raccourci, je sais ce que ça veut dire !
- Et donc tu serais d'accord ? Tenta tout de même le médecin en se rasseyant, se frottant le front à nouveau dans un tic récurrent qu'elle avait. Dans ton cas, il ne serait pas impossible que tu obtiennes une ouïe ordinaire après un petit moment là-bas. »
Les yeux verts d'Harry se posèrent à nouveau sur les petites billes de son bracelet, les dents toujours plus serrées. Il gesticula quelques secondes en jetant des regards rageurs autour de lui, puis se détourna.
« Trop de bruit, je reviendrai demain.
- Alors à demain Harry, passe le bonjour à Anne. »
Il ne lui donna pas de réponse, puis qu'il l'aurait fait de toute manière. Il prit la sortie de l'hôpital, respirant l'air de l'extérieur à pleins poumons, alors même qu'août n'était pas terminé et que l'atmosphère était accablante. Ou bien n'était-ce que son impression, que l'air de l'hôpital était toujours plus lourd et artificiel que l'oxygène du monde réel ?
On s'en fout, je hais l'hôpital, balaya Harry intérieurement en enfilant son casque anti-bruit pour se protéger des voitures hurlantes à ses côtés, se mettant à marcher le long d'un petit chemin voisin du grand bâtiment blanc pour se changer les idées, et pour éviter les gens aussi, autant que toute chose émettrice d'un quelconque son, soient beaucoup d'éléments en somme.
Lui, c'était Harry. Dix-sept ans, grand, yeux verts, cheveux bruns bouclés en pétard, et handicapé, d'une certaine manière. Quand on lui demandait de l'expliquer, les gens comprenaient immédiatement le concept, mais pas ce qui allait avec, comme si c'était un bouton on/off ; et rien que de repenser aux remarques de ses amis, à leurs rires de baleines même pas camouflés et à leur manque d'attention envers lui le fit râler - encore - intérieurement, alors qu'il marchait dans le bosquet silencieux.
Il était un garçon naturellement sociable et enjoué, mais depuis le début des vacances d'été, son moral était au plus bas, au profit de sa mauvaise humeur et de son sarcasme. Il savait que ce n'était ni la faute de sa mère ni celle de Karen, son infirmière attitrée depuis quelques années, mais il avait désespérément besoin de passer ses nerfs sur quelqu'un, parce que maintenant qu'il n'était plus optimiste, il le remarquait, sa vie était si merdique.
Il avait terminé sa dernière année de lycée et avait eu son bac mention bien, il était content, mais maintenant ? Ce bac, il lui permettait d'aller où, à lui ? Il ne pouvait pas faire de métier entouré de bruit car il y était trop sensible, et il n'aimait ni les livres ni l'histoire, donc pour musée et bibliothèque c'était déjà refusé, ainsi que... tous les métiers de la Terre en fait. Il ne pourrait plus qu'attendre sa mère le soir, qu'elle rentre de son travail mal payé, qu'ils mangent, qu'elle galère à payer les factures, et qu'il attende, éternellement, de voir les jours s'écouler depuis son lit et sa chambre qui se voulait insonorisée, sans réellement l'être depuis ses récents exploits auditifs.
Non, ce n'est pas envisageable, mais CUHA non plus.
CUHA, ou plutôt le Centre Universitaire d'Handicapés Assistés, était une cité universitaire autonome, avec en son sein... des handicapés, et des médecins, et rien d'autre. Juste des gens en difficulté dans leur vie, allant des handicaps physiques à mentaux, quoique les deux étaient séparés pour plus de sécurité - ce n'était pas écrit sur la brochure mais cela coulait de source.
Il avait reçu la proposition de Karen d'intégrer CUHA des mois auparavant, quand son problème s'intensifiait plus que d'ordinaire. Son état empirait d'environ dix pourcents par an depuis l'année de ses dix ans - il était sourd dans son enfance -, ce qui était, à son échelle quotidienne, quasiment imperceptible. Or, en mai, il avait cédé à un caprice d'adolescent et avait assisté à plusieurs concerts de ses groupes préférés - sans vraiment les apprécier à cause des fréquences phénoménales des basses -, le résultat étant que son cerveau avait encore plus disjoncté, son ouïe augmentant de dix pourcents, oui, mais en deux mois. Et encore deux mois après, même chose.
Le problème avec son handicap, c'était que les solutions ne foisonnaient pas ; en extrême rareté, rares étaient également les moyens de pallier à son oreille interne passée de sous à surdéveloppée. La première solution qui s'était imposée était, tout simplement, les bouchons d'oreilles qu'avaient l'habitude de porter certains musiciens en raison de la puissance sonore de leur instrument, qui avaient procuré à Harry un soulagement immédiat : il s'était senti comme tout le monde, pour une fois. Mais comme son problème était en constante évolution, les bouchons ne lui étaient utiles que peu de temps, il fallait sans cesse en recommander, la production était chère, et le salaire de sa mère insuffisant pour payer la maison, leur vie et l'handicap. Seconde solution qu'il avait lui-même trouvée pour ne plus rien entendre - ce qu'il ne parvenait jamais vraiment à faire depuis quelques temps -, mettre un casque anti-bruit de chantier, comme il le faisait à présent, en plus d'avoir ses bouchons d'oreilles, devenus essentiels à sa vie. Il n'osait même plus les enlever dans sa chambre, et était le premier à s'en plaindre, mais le monde était si agité qu'il ne pouvait faire autrement sans avoir l'impression que ses tympans allaient imploser, ou qu'il allait avoir de graves séquelles mentales.
Harry, en bon adolescent, adorait la musique, aimait s'y réfugier, et appréciait particulièrement le heavy métal, mais quel ne fut pas son dégoût de ne plus entendre, en quelques mois, que des crachotements et fréquences suraiguës, au milieu des voix et des instruments électriques détraqués. C'était la triste vérité : il ne pouvait plus écouter de musique sur un quelconque appareil électrique, même les micros lui donnaient la migraine, et le pire était les vagues aiguës audibles par tout le monde, lors d'un larsen* typiquement. Ce genre d'incident signait toujours son arrêt cardiaque, ainsi que l'enterrement de sa bonne humeur coutumière pour la journée, la fréquence tapant et retapant dans sa tête comme si les sept nains sous caféine s'y étaient installés.
Il aimait toujours autant la musique, cependant, mais il ne l'écoutait plus de la même façon ; pour pouvoir réellement l'apprécier, sans grimacer ou froncer les sourcils inconsciemment, il lui fallait une voix. Sans micro, sans machines, juste une voix, ou un chœur, et c'était là sa principale activité extra-scolaire depuis plusieurs années : aller écouter des chœurs dans des églises ou chapelles, surtout à Noël ou en été, quand ils voyageaient et passaient dans sa ville. Il avait ainsi découvert bon nombre de pièces magnifiques, comme de ratées, et il aimait tout particulièrement les polyphonies en chœur mixte, où il pouvait écouter chaque voix ou presque, dans son timbre, simplement en se concentrant légèrement - son cerveau merveilleux lui faisait tous les découpages et lui proposait le catalogue des voix et des fausses notes comme un client irait au restaurant, et si certain appelleraient ça l'oreille musicale, lui préférait y penser comme un incroyable talent jamais vu sur Terre. Pour lui, ces moments où il pouvait écouter de la musique étaient une bénédiction, et il en était venu à trouver certains chanteurs modernes surfaits, avec leur musique retouchée et l'autotune, véritable désastre pour ses tympans.
Soudain, alors qu'il traversait le petit parc avoisinant l'hôpital, quelque chose interrompit le fil de ses pensées, et il cessa de marcher, concentré sur la sensation qui le prenait.
Il avait besoin de se gratter le pavillon de l'oreille.
« Putain, marmonna-t-il à mi-voix en secouant légèrement la tête, comme si cela allait faire partir la démangeaison par magie, mais cela ne la fit que s'intensifier. J'ai pas besoin de ça maintenant. »
Il regarda autour de lui le petit parc, le chemin de graviers sur lequel il se trouvait, la route à une vingtaine de mètres de lui, avec ses voitures et ses passants jouant sur leur téléphone. Il pourrait retirer son casque anti-bruit, mais rien que là il aurait déjà mal au crâne - son ouïe avait tendance à s'aiguiser avec son humeur et il sentait bien que ce jour n'en était pas un bon - alors il pouvait oublier pour enlever le bouchon d'oreille caché dessous.
J'ai pas le temps de rentrer à la maison, songea-t-il en plissant ses yeux perdus dans sa réflexion, sa main montant tout de même à son oreille, mais il l'arrêta en songeant qu'il y aurait moins de bruit sous les arbres du fond du parc ; il s'y dirigea prestement.
En poussant ses boucles brunes pour enlever son premier obstacle à son objectif, il se perdit dans le bosquet du parc, sombre mais assez frais pour offrir un peu de répit aux promeneurs fatigués par la température élevée de l'après-midi. Quand enfin il aperçut la grille du fond du parc, qui elle-même donnait sur une ruelle silencieuse, il soupira d'aise. Cet endroit était l'un des rares où il parvenait à envisager de retirer ses protections contre le bruit sans trop souffrir, à savoir sans que ses tympans ne lui donnent l'impression de se compresser, de sauter en parachute, de s'écraser au sol, d'être perforés de part en part, d'exploser, d'être traversés par une lame aussi vulgairement aiguisée que des éclats de verre, et tout ça en même temps. Rester sans ses protections, c'était une épreuve, essentiellement parce qu'il était constamment entouré d'appareils électriques : les téléphones, les électro-ménagers, même les vidéo-projecteurs de son lycée, toutes ces choses émettaient une fréquence, audible non-seulement par les chiens, mais par lui aussi. Et ça lui faisait mal, comme un sifflement strident pénible qui viendrait d'un poste radio, mais en continu et en plus fort.
Il regarda autour de lui encore une fois lorsqu'il s'arrêta au pied d'un arbre, puis retira prudemment son casque, laissant le bruit ambiant l'atteindre. Le vent passant entre les feuilles des arbres, le pépiement des oiseaux, les graviers crissant un peu sous lui. Les passants à quelques dizaines de mètres aussi, leur conversation animée apportée par la brise chaude de l'été. Un chien aboyant après des pigeons, le rire d'une petite fille. Ainsi, il entendait tout comme tout le monde.
Il inspira profondément, se prépara mentalement à enlever son bouchon d'oreille droite, qui le grattait toujours plus fort, mais sa main trembla quand il la leva, tant qu'il la fit retomber. Il souffla nerveusement, et alla encore plus proche de la grille, contre le muret, pour s'éloigner davantage du reste du parc. Il sentait son cœur battre fort, si fort que ça le surprit. C'était donc ça, que ressentaient les héros dans les films, confrontés à des difficultés mentales extrêmes ? Bah franchement, ça lui paraissait tellement plus stylé dans les films qu'à l'instant, il se sentit misérable.
Misérable, Harry, c'est ce que tu es, un handicapé incapable de vivre tout seul, qui restera toujours inutile dans la société, parce que de toute façon, qui a besoin de quelqu'un comme toi ? Qui peut avoir envie de vivre dans un silence éternel avec toi ?
Emporté contre ses pensées, il le retira d'un coup, dans un soupir qui se transforma en inspiration saccadée alors que ses poils se hérissaient sur tout son corps. Il avait la sensation de tout entendre puissance mille ; il entendait les fourmis marteler le sol de leurs petites pattes, il entendait les gens au loin rire aussi fort que s'ils avaient été dans sa tête, il entendait les voitures faire la course dans ses veines, il entendait le chien hurler à la mort dans le fond de son crâne, il entendait même son sang pulser derrière ses yeux clos. Il tenta de se calmer en s'agitant dans tous les sens, mais sans bouger ses jambes, de peur de faire crisser les feuilles mortes sous ses pieds, sans que ça n'aie grand effet sur ses oreilles. Il savait bien que tout ce qu'il entendait en cet instant n'était que le résultat de sa sensibilisation soudaine au bruit, et que ça se calmerait moins de quelques minutes après, mais pourtant son corps entier criait de douleur, de sa respiration heurtée silencieuse à la panique qui avait pris ses mains et tous ses membres, qui voulaient se retenir à quelque chose sans savoir où se poser.
Je peux plus, murmura-t-il dans sa tête comme s'il risquait de penser trop fort, retenant une plainte alors qu'une femme avec une poussette grinçante passait derrière la grille, dont il s'éloigna vivement, comme si elle l'avait brûlé.
Il serra son bouchon dans sa main en se grattant doucement, recevant enfin la satisfaction de calmer sa démangeaison, lâchant même un petit soupir content, accompagné d'un sourire bête. Sourire qui se transforma à nouveau en moue contrariée quand il entendit des graviers bouger, à une vingtaine de mètres de lui, pour cause de pas qui se rapprochaient. Cela ne l'aurait pas dérangé plus que ça si ces pas n'étaient pas accompagnés de la fréquence très reconnaissable d'un smartphone, ainsi que celle d'une montre connectée et, plus discrète mais pas moins audible, d'un casque, sans doute Bluetooth s'il émettait ses propres ondes. Sans lever les yeux vers la personne, il pouvait deviner qu'elle faisait un jogging, et qu'elle allait passer près de lui, voire le bousculer si elle était vraiment concentrée, et peut-être même le regarder une seconde. Il ne leva même pas le regard pour vérifier son hypothèse et remit son bouchon d'oreille en place, satisfait du soudain silence qu'il ressentit dans tout son être. Tout en remettant son casque et marchant dans la direction inverse du bosquet, il soupira pour lui-même.
Il n'était pas stupide, il avait constaté d'à quel point ça avait été difficile de n'avoir plus qu'une seule protection sur les trois, mais après la période d'adaptation il s'était senti presque bien, en omettant son ouïe ultra-développée qui scannait tous les sons qui l'entouraient - en extérieur, puisque l'intérieur faisait se ricocher les bruits entre eux dans une horrible cacophonie. Il savait que ça lui faisait du bien de se libérer, mais il n'arrivait pourtant pas à enlever complètement ses deux remparts, comme si une puissance mentale l'en empêchait, la même qui lui faisait ignorer les voix de sa raison et de Karen.
Peut-être parce que j'ai déjà essayé de tout enlever et que les urgences ont été ravies de m'accueillir, ironisa mentalement le garçon en marchant dans la rue, empruntant le chemin d'une église proche.
C'était environ un an plus tôt, alors qu'il était en fin de première, qu'il avait retiré ses deux bouchons d'oreilles pour la dernière fois, et qu'il s'était retrouvé à l'hôpital l'heure d'après, n'ayant aucun souvenir du laps de temps qui s'était écoulé, ni de ce qu'il s'était passé entre ces deux moments, bien que ces souvenirs lui soient revenus quelques heures plus tard.
La situation actée était assez particulière et avait un contexte, sans quoi il n'aurait jamais fini aux urgences ; deux fois par semaine, Harry avait le droit de laisser tomber ses protections auditives au lycée - il le faisait chez lui mais il avait parfois du mal à les garder toute la journée alors ces moments lui étaient accordés -, précisément en cours de musique. Chaque semaine, sur ces heures, la classe avait tous les appareils dans la pièce d'éteints, ceux du professeur y compris, et ce jour-là Harry avait retiré ses bouchons d'oreilles avec bonheur, lâchant un petit soupir qui en avait fait glousser plus d'une. Il n'avait que dix minutes pour profiter de cet état de calme, alors il respirait calmement, en envoyant des sourires à ceux qui l'observaient et à ses amis, jusqu'à ce qu'il entende une fréquence aiguë, forte, perturber son silence relatif. Il tourna vivement la tête dans la direction du bruit, et vit une enceinte dans les mains des petits caïds de merde de la classe, qui ricanaient comme des rats avant de faire leur larcin. Le brun voulut faire un signe au professeur pour lui signaler cette conduite, mais il était parti faire des photocopies, et c'est quand Harry le réalisa qu'il sentit son sang se figer dans ses veines, ou plutôt devenir si brûlant qu'il eut froid en un instant - il savait ce qui allait arriver, tout se passait beaucoup trop vite pour qu'il puisse réfléchir. Il entendit l'enceinte commencer à émettre un bruit assourdissant, alors même que la musique n'avait pas commencé à se mettre en route, et il chercha ses protections, mais elles n'étaient plus près de lui. Quand il retourna la tête, il vit les sourires, il vit les regards indignés, il vit l'enceinte, et il vit ses bouchons, sur l'enceinte. Il les lui avaient pris. Et puis la première note, et le trou noir. Selon ses camarades, il s'était mis à convulser, en hurlant silencieusement et se tenant le crâne dans les mains, se tapant presque la tête contre la table en entendant le death métal qu'avaient mis les petits cons, au volume maximum de l'appareil. Même les élèves en avaient eu mal au crâne. Lui, il s'était évanoui et avait fait un coma de plusieurs heures, provoquant le renvoi des fautifs.
Harry leva la tête, son regard rencontrant le porche sculpté de l'église où se déroulerait sa cible de la soirée. Il devait voir le concert d'un chœur ce soir-là, pour la première fois depuis trois semaines, et il ne connaissait pas celui-là, car c'était la première fois qu'il passait dans le coin ; ils venaient apparemment de l'autre côté de la France, faisant leur petit voyage musical estival dans la région. Comme il aimait à en venir voir, c'était un chœur mixte SATB*, et leur répertoire avait l'air assez élaboré sans lui être trop inconnu, il avait hâte de les entendre chanter.
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Lexique
Larsen
C'est le nom de l'onde sonore brutale et très aiguë émise par une micro lorsqu'il est trop proche d'un autre micro, d'une enceinte, ou qu'il est juste en mauvais état.
SATB
Chœur soprane - alto - ténor - basse, soit les quatre voix d'un chœur mixte. Les deux premières sont les voix de femmes - soprane = aigu ; alto = grave - et les deux dernières sont les voix d'hommes - ténor = aigu ; basse = grave.
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