8
Le lendemain matin, je fus brusquement tiré de mon sommeil par les lumières du salon, elles étaient toutes allumées. Par réflexe, je me dépêchai de couvrir mes paupières sensibles en me retournant du mieux possible sur la maigre surface du divan. Contrairement à plus tôt, j'étais maintenant recouvert d'une douce couverture molletonnée, et elle sentait bon. J'avais l'impression d'être entouré de bras chauds, comme ceux de Taehyung.
« Debout le squatteur, il est 5h. Seungkwan brailla en affichant un sourire qui se voulait moqueur, ça n'étonnait plus personne. Pour être honnête, ça a le don de me mettre de bonne humeur de te voir comme ça le matin. J'te préviens, je risque d'y prendre goût.
-H-Heureux de le savoir. »
C'est la première fois que je lui répondais si distinctement, j'ignorais ce qui m'était passé par la tête à ce moment. Je n'étais peut-être pas assez réveillé pour me rendre compte de ses véritables paroles, ou j'en avais juste marre de servir de bouc-émissaire. Je l'avais déjà été suffisamment depuis ma naissance. Ses blagues précédentes impliquant le fait que je sentais le chien mouillé ou que j'étais muet comme une carpe étaient clairement de mauvais goût, je ne comprenais d'ailleurs pas pourquoi il s'obstinait à pousser le bouchon encore plus loin à chaque fois. N'en avait-il pas assez ? On avait tous compris sans exception qu'il ne m'appréciait pas. Je ne lui en voulais pas pour ça, ce n'était pas la première personne que je rencontrais qui ne savait pas me voir en peinture. La preuve, la personne m'ayant mise au monde m'avait rabâché depuis mon premier cri qu'elle me haïssait de toute son âme.
Rien ne pouvait m'atteindre, désormais.
Malgré son comportement odieux, j'étais convaincu que Seungkwan avait de bonnes raisons d'agir de cette manière, envers moi. On ne peut pas être méchant pour la simple et bonne raison que l'on en a l'envie. Ce qui expliquait d'autant plus mon raisonnement c'était que, avec les autres, il n'était pas si vulgaire ni rabat-joie. Il ne l'était qu'avec moi, on dirait. Même si son caractère demeurait toujours très explosif en temps normal, ou du moins, du peu que j'en avais aperçu depuis mon arrivée. Enfin, il est vrai que j'avais plus passé mon temps à le fuir qu'à chercher à le comprendre. Je me demandais quelle était son histoire, à lui. Taehyung m'avait dit que nous avions tous nos propres problèmes personnels, alors quels étaient ceux de Seungkwan ? Ceux de tous les autres ? J'étais curieux.
« Je ne vais pas te dire que je suis désolé de t'avoir concocté ce réveil car je ne le suis absolument pas le moins du monde, c'était beaucoup trop tentant. Tu avais l'air de bien dormir en plus.»
Je ne répondis pas, fixant avec intensité le plafond blanc. Il y avait des zones jaunâtres éparpillées un peu partout, certains devaient fumer dans le salon la journée ou le soir. Plus je fixais la lumière vive de l'ampoule au dessus de moi, plus de drôles de couleurs venaient et disparaissaient. Je fermai alors les yeux, tentant de les discerner les unes des autres sous mes lourdes paupières.
Bleu
Rouge
Jaune
Rose
Violet
Violet...
« Eh t'es sourd ou quoi ? J'te parle ! »
La voix de Seungkwan me ramena brutalement à la réalité alors que l'un des visages que je souhaitais de tout mon cœur oublier continuait d'apparaître et disparaître, comme les tâches floues de couleurs provoquées par la lumière. J'ignorais comment gérer la situation, comment ne pas paniquer à nouveau. Mes sentiments se mélangeaient dans mon estomac, si bien que j'avais soudainement de nouveau mal au ventre. Les loopings étaient de retour, je ne voulais pas vomir.
S'il vous plaît.
Il souffla en me voyant l'ignorer, mais j'étais tout bonnement incapable de lui répondre. Je l'avais déjà fait, une fois et c'était largement suffisant à mon goût pour le moment. Je n'étais pas près de recommencer. Je ne savais pas quoi dire, les mots me manquaient cruellement. Je n'arrivais pas à oublier, à faire semblant de ne pas reconnaître les traits du visage de Violet. J'avais peur que sa voix résonne dans ma tête, comme l'avait fait celle de ma mère hier soir. Je ne le voulais pas, j'étais prêt à supplier n'importe qui, à genoux si il le fallait pour que ça n'arrive pas. Tout, mais pas ça. Ils ne pouvaient pas tous continuer à vivre en moi alors que j'essayais de toutes mes forces de les bannir, de m'en échapper.
Je n'étais pas sauvé, non.
À croire qu'au fil des années, j'étais devenu ma propre prison.
Ma propre couleur.
Un petit bruit de tasse posée sur un meuble à proximité me fit sortir de ma torpeur et Seungkwan sursauta lui aussi, pris de court. Ses yeux s'élargirent alors qu'il passa une main dans ses cheveux décoiffés, mal à l'aise et surpris à la fois. Taehyung était là, il avait tout vu, tout entendu. Et il n'était visiblement pas très content.
Il y avait cette aura autour de lui, que j'arrivais difficilement à décrire sans utiliser les mêmes adjectifs. Je n'avais jamais réellement eu de puissante figure masculine dans ma vie avant mais j'aimais imaginer que si j'en avais eu une un jour, j'aurais aimé qu'elle soit exactement comme lui. Il y a quelque chose qui se dégageait de son corps, quelque chose qui rien qu'en existant, sans dire un seul mot, permettait de faire comprendre à Seungkwan qu'il allait avoir de très gros problèmes.
Mais je n'arrivais toujours pas à faire semblant, même si Taehyung était là.
Je n'arrivais pas à faire semblant de ne pas avoir mal.
J'avais toujours l'envie de vomir.
Soudain, en quelques grandes enjambées, Taehyung avait parcouru la distance qui les séparaient. C'était beaucoup trop rapide pour moi, je ne l'avais pratiquement pas vu se déplacer. Et Seungkwan n'avait pas bougé d'un millimètre, les pieds plantés au sol. Les longs doigts de ce qu'ils nommaient tous ici comme étant le « Boss » vinrent s'enrouler autour de sa gorge, la pressant. Le visage de Seungkwan changea littéralement d'expression, si il était plutôt taquin il y a cinq petites minutes, là il souffrait.
« Combien de fois t'ai-je dit de le laisser tranquille, hm ? Ton comportement commence vraiment à me fatiguer, je dois te cogner plus fort pour que ça rentre dans ton crâne de moineau écervelé ?
-Tu n'as pas le droit de me rabaisser comme ça. Il tenta de se libérer de sa poigne en serrant les dents.
-Ah oui ? Pourtant tu ne t'es pas gêné pour le faire avec Jungkook. »
Je me sentais mal à l'aise, je savais que Seungkwan ne m'aimait pas mais ce n'était pas une raison pour alimenter un peu plus la haine qu'il portait déjà à mon égard jusqu'à maintenant. Ça faisait pire que mieux et j'étais certain que Taehyung l'ignorait. Je ne voulais pas être comparé, ni chouchouté, loin de là était mon objectif. De toute manière, ça ne servait à rien de me défendre. Je n'en ressentais pas le besoin. C'était gentil et ça me touchait un peu, mais ça ne changeait pas de d'habitude. Je ne voulais pas qu'il fasse de mal à Seungkwan sous prétexte qu'il m'avait manqué de respect, encore.
« J-Je... »
J'étais ridicule, ils ne m'avaient même pas entendu. Je ne savais clairement pas quoi dire ni quoi faire mais je voulais intervenir. Il était 5h du matin et ils parlaient comme si tout le monde n'était pas en train de dormir autour de nous. Taehyung avait une voix très grave qui portait assez loin et Seungkwan tentait de rivaliser avec lui en haussant le ton du mieux qu'il pouvait, j'étais certain que si cette altercation -car c'en était une- s'éternisait, ils ne tarderaient pas à réveiller la totalité de la population réunie à cet étage.
« Ton comportement est exécrable depuis quelques semaines et je ne suis pas le seul à l'avoir soulevé, les autres s'en plaignent également. Je t'ai prévenu plusieurs fois mais tu n'en fais qu'à ta tête, si ça vient à arriver encore une fois, tu seras viré de l'équipe. »
Il le lâcha et Seungkwan n'eut aucune réaction. C'est ce qui m'avait choqué, je crois. Ses bras qui s'étaient levés pour attraper ceux de Taehyung étaient retombés le long de son corps suite à cette annonce fracassante, son regard s'était totalement vidé. Il n'y avait plus aucune lumière qui y scintillait. En me réveillant par surprise ce matin, il était radieux et visiblement de bonne humeur. Comme si d'une manière ou d'une autre, ça lui avait apporté un peu de joie de m'embêter. Mais là, il était comme... éteint.
« Tu n'as pas le droit de me virer... Il lâcha faiblement en laissant sa phrase en suspens, la tête baissée.
-J'ai tous les droits. Si je décide de te foutre à la porte, tu prends tes clics et tes clacs et tu dégages dans la minute. Tu es remplaçable, arrête de prendre ta position ici comme acquise.»
Je m'étais redressé sur le divan en position assise, la couverture glissa lentement le long de mon torse. La situation semblait critique et une étrange atmosphère régnait. Seungkwan avait l'air totalement déconnecté, le désespoir éclata dans ses yeux. Et quelque chose au fond de moi, en l'occurrence mon célèbre capteur infaillible, s'était affolé. Ni une ni deux, j'avais décidé de prendre sa défense. Car il souffrait pour de vrai à l'intérieur et je n'aimais pas ça, malgré le fait qu'il m'avait humilié à plusieurs reprises devant les autres sans évaluer les dégâts qu'il aurait pu causer si je n'avais pas déjà passé ma vie à entendre ce genre de choses.
Je partais du principe ou je ne voulais pas que l'on fasse à autrui ce que j'avais expérimenté sans en avoir le choix. Mais là, j'avais le choix, celui de l'aider sans tenir compte de son précédent comportement à mon égard.
« Je lui avais demandé de venir me réveiller, j-j'ai le sommeil lourd. Bredouillai-je doucement alors que le silence semblait peser des tonnes autour de nous. »
C'était totalement dénué de sens. Taehyung tourna la tête vers moi et le regard qu'il me lança à ce moment, m'avait littéralement congelé sur place. Il savait que je mentais, que j'essayais de sauver les meubles restants. Mais effrayer Seungkwan en menaçant de le mettre à la porte me semblait être extrême, terrorisant même. Et étant donné la réaction qu'il avait en ce moment et son incapacité à répondre suite à ça, j'en avais déduit que ça l'avait touché en plein cœur.
Et la douleur, elle venait de là.
Je la sentais encore.
« V-Vraiment. Répétai-je comme pour être certain qu'ils m'aient tous les deux clairement entendu. I-Il ne voulait pas mal faire. »
D'un geste clair de la main, il intima à Seungkwan de déguerpir. Celui-ci ne broncha pas et se contenta de faire marche-arrière sans même lui jeter un regard. Je me sentais coupable, c'était de nouveau à cause de moi. Même en partant loin de mes rues adorées, j'étais capable de semer la misère autour de moi. J'avais passé tant d'années à chercher le problème alors que tout le monde me l'avait déjà souligné à plusieurs reprises. Je m'étais obstiné à ne pas le prendre en compte, à ne pas le voir, à l'ignorer.
Mais le problème, c'était moi.
« Tu as l'interdiction d'intervenir dans une discussion dans laquelle tu n'es pas convié, Jungkook. Taehyung lâcha de sa voix rauque en s'approchant du canapé, ses avant-bras sur le haut de celui-ci.
-J-Je crois que j'avais mon mot à dire car il a fait ça pour...
-Ça suffit, je hais les menteurs. »
Un frisson me secoua, je n'étais pas un menteur. Je souhaitais simplement l'aider et le sortir de cette situation qui semblait être encombrante pour tout le monde. Mais alors que je commençais à vouer une adoration dont j'avais du mal à trouver la source en Taehyung, celui-ci me faisait redescendre sur Terre, plutôt violemment. Il n'avait pas seulement l'air sévère, il l'était. Et je comprenais pourquoi tout le monde le respectait autant ici, il était un homme sûr de lui et il le faisait savoir. Et surtout, il savait qu'il était au dessus de tout le monde, qu'il avait tous les droits. Et ça, c'était un sentiment que je n'arrivais pas à imaginer une seule seconde.
« Hier tu étais tellement terrorisé à l'idée de t'asseoir à la même table que lui que tu as sauté le dîner, ton corps va finir par lâcher si tu ne t'alimentes pas correctement. Et le lendemain matin en ayant à peine ouvert les yeux tu fais tout ce qui est en ton pouvoir pour l'aider à s'en tirer indemne en assurant qu'il est ton réveil humain ?! J'ai beau essayer, je ne te comprends pas. Il n'y a absolument aucune logique à ton raisonnement. C'est idiot.»
Il ne me comprenait pas, lui non plus. Personne ne me comprenait et ça ne datait pas d'hier. Il n'y avait que Kyun, lui, il me comprenait. Il me connaissait par cœur. Sur le bout des doigts, même. Il connaissait ma vie en long, large et en travers. Il m'avait écouté sans jamais dire un mot, il n'avait jamais essayé de remettre en cause ma manière de voir le monde car lui, il savait. Il avait toujours su. Mais il n'était plus là. J'étais tout seul, peut-être qu'au fond, je l'avais toujours été.
« P-Pardon... »
Je baissai la tête à mon tour, coupable d'être intervenu et d'avoir en quelque sorte été un obstacle à ce règlement de compte. Mais je n'étais pas si désolé que ça, au fond, car j'avais ressenti le besoin de prendre la parole, même si c'était pour clamer qu'il était innocent alors que ce n'était pas le cas. J'avais l'impression d'avoir fait une bonne action, d'avoir aidé quelqu'un, pour de vrai.
Car je ne voulais pas que la douleur s'en prenne aux autres.
« Je n'avais pas en tête de le virer de l'appartement ni de l'équipe si c'est ce qui te tracasse, Seungkwan est un très bon élément et en dehors de son comportement à chier il agit très bien lors des missions individuelles. Seulement, à la longue c'est pesant et ça joue beaucoup sur notre esprit d'équipe, sur notre efficacité. Il est souvent au centre des tensions et ça a le don de m'énerver. Je sais qu'il a flippé et qu'il va se remettre de lui-même sur le bon chemin après notre discussion.
-Peut-être que tu aurais pu lui faire comprendre s-sans le menacer de le jeter dehors c'...
-Il ne comprend pas, c'est un têtu. Je suis obligé d'employer la manière forte, avec lui.»
Je reconnaissais qu'il n'était pas le plus simple à cerner mais de là à lui faire du chantage, ça allait loin. Je savais que si ça venait à m'arriver, la menace d'être jeté dehors m'aurait totalement déphasé. C'était difficile mentalement à avaler, faire face aux rues, à nouveau. J'imaginais qu'ici, c'était sûrement le seul endroit qu'il pouvait considérer comme une sorte de vraie maison. Alors il semblait logique que si Taehyung l'avait menacé de le mettre à la porte, ça l'avait terrorisé. En y réfléchissant, c'était une bonne technique d'emprise. À sa place, j'aurais peut-être pleuré si ça m'avait tant tenu à cœur. Mais ce n'était pas chez moi, je n'avais pas de chez moi. Je n'en avais jamais eu. Alors retourner dans les rues ne me faisait pas si peur que ça. Mais je comprenais que pour les autres, ça pouvait être une toute autre chose.
« Est-ce que... Est-ce que tu l'as frappé ? Questionnai-je en repoussant un peu plus loin la couverture, soudainement piqué par la curiosité. T-Tu as dit que...
-C'est déjà arrivé. »
Il avait mentionné en début de conversation qu'il ne l'avait pas frappé assez fort pour qu'il comprenne. Bizarrement, mon ventre s'était remis à faire des loopings en l'entendant confirmer ce que j'espérais être faux. Taehyung ne pouvait pas être un homme qui levait la main sur les autres. Je me l'étais fourré dans le crâne, je l'avais cru, idéalisé même. Je croyais beaucoup de choses ces derniers temps. C'est l'Espoir qui me montait à la tête, c'est les jumeaux qui m'avaient donné l'envie d'y croire encore. J'étais bercé d'illusions. Mais je réalisais peu à peu, que tout ça n'était rien d'autre que des mirages qui s'effondraient devant mes yeux un à un. Je rêvassais en pleine réalité car il était peut-être trop tard pour imaginer un réel changement.
À ce stade là, j'étais sûrement condamné.
« De temps en temps Seungkwan a des crises qui ont tendance à être plus ou moins violentes, ça a un lien direct avec sa vie d'avant. Il pète littéralement les plombs, ça arrive une à trois fois par an, pas plus mais de façon aléatoire. C'est un genre de traumatisme qu'il n'arrive pas à affronter tout seul. C'est compliqué comme histoire et de toute manière, je ne veux pas te la raconter. Seulement l'année dernière, il était saoul jusqu'à ne plus reconnaître les membres de l'équipe. C'était hallucinant. Il a alors foncé dans le tas. J'ai dû intervenir en l'immobilisant mais il a résisté. Je ne sais pas d'où provenait sa force à ce moment là, mais je me souviens avoir été étonné. Alors j'ai riposté à ma manière, ça a marché. »
Je les imaginais se battre, se jeter l'un sur l'autre comme des animaux. J'avais peur. Je n'aimais pas ça moi, les coups. Les averses de poings, ça me connaissait un peu trop. Et rien que d'y penser, Violet me revenait en tête sans arrêt. Il était impossible de le chasser de ma tête. Il revenait toujours, comme si il me suivait, il était collé à mes basques. Pourtant, je voulais m'en débarrasser. Alors c'était donc vrai, Taehyung l'avait battu à plusieurs reprises.
Alors... Il était comme lui ?
Il était comme Violet?
Comme les autres?
« Il m'a remercié ensuite. »
Je relevai la tête vers lui, il était là, tout près, de l'autre côté du divan. Nous étions séparés par le dossier moelleux, sa tête juste au dessus de la mienne. Il semblait bien plus imposant encore, vu de cet angle spécifique. Quelques mèches de ma frange sale me barraient la vue mais ce n'était pas si problématique que ça, les yeux de Taehyung semblaient vouloir lire en moi. Ça ne me faisait rien, il n'y avait rien à lire de toute manière. Il pouvait s'obstiner autant qu'il le voulait, mon livre à moi, il était vide.
« Car il était tellement aveuglé par la haine, qu'à ce moment là la réalité était le cadet de ses soucis. Tout ce qu'il voulait, c'était détruire. Et j'étais là pour l'en empêcher. Je crois qu'il entre à nouveau dans une période où le sang recommence à bouillir dans son corps, c'est pour ça qu'il s'en prend à toi. Les années précédentes, il n'y avait personne de facilement atteignable alors il se contentait de tout garder à l'intérieur pour finalement exploser en une seule fois. J'ai l'impression qu'il voulait tout déverser sur toi, petit à petit pour se soulager.
-F-Facilement atteignable ? »
J'étais facilement atteignable ? Il me regardait toujours dans les yeux, comme si ce qu'il venait de dire n'avait aucune réelle importance. Mais c'était important, je n'étais pas faible. Qu'est-ce qu'il osait insinuer ? Certes, j'étais arrivé mal au point avec une fièvre monstrueuse mais j'étais remis sur pied maintenant. Où voyait-il mes faiblesses ?
« Tu es jeune, Jungkook. »
Il passa une main dans mes cheveux rapidement avant de faire demi-tour, il attrapa sa tasse et pénétra dans la cuisine. Sans hésitation, je posai les pieds par terre tout en m'empressant de le rejoindre. Je ne pouvais pas le laisser s'en aller comme ça. Pas sans des explications rationnelles et construites. Étais-je réellement faible ? Pourquoi disait-il ça ? Pourtant, il m'avait assuré hier que je n'étais pas un élément impuissant. J'ignorais pourquoi j'étais si touché par cette remarque qui s'était fondue dans le décor. Ça m'avait heurté. Entendre ça de la part de Taehyung, ça me faisait quelque chose.
Et ça faisait mal.
Je contournai le divan, mes pensées formaient des tourbillons qui s'entremêlaient entre eux. Je ne pensais plus qu'à ça. Pourquoi commençait-il à penser comme ma mère ? Qu'avais-je fait ? Je ne voulais pas qu'il me voit comme un boulet, un vaurien, une erreur. Pas lui. Je m'acharnais, je m'accrochais désespérément, car il ne m'avait jusque là pas jugé. Il n'avait pas eu pitié de moi. Et son aura, elle était importante pour moi le temps de mon séjour, elle me ressourçait. Alors savoir qu'il pensait que j'étais faible, ça me rongeait de l'intérieur plus que je ne le croyais.
La douleur s'intensifia, je voyais des étoiles tout autour de moi.
Mais dehors, le jour se levait doucement.
Il était installé sur l'une des chaises, la sienne en bout de table. Les jambes légèrement écartées et son téléphone entre les doigts, sa tasse reposait à quelques centimètres. Il y avait une nouvelle nappe, les épices n'étaient plus à la même place et il y avait encore une trace de sauce épicée sur le frigo. J'ouvris la bouche mais il me coupa sans daigner me regarder.
« Ton pantalon va bientôt arriver au bas de tes jambes.»
Mes joues chauffèrent systématiquement, durant mon sommeil le premier bouton du jean s'était fait la malle et déjà qu'il était bien trop large pour moi d'origine, il avait bien descendu. Je m'empressai alors de le remonter du mieux possible en cachant la couleur de mon caleçon qu'il avait d'une manière ou d'une autre remarqué. J'espère ne pas m'être mal tenu sur le canapé, déjà que j'avais de vives difficultés à honorer les règles, si je commençais à trop prendre mes aises avant mon départ, ça n'allait pas fonctionner...
« Tu comptes t'en aller avant la fin de la semaine ?
-Oui. »
Un petit silence s'en suivit et j'osai à peine le regarder, je sentais encore mon visage picoter. C'était vraiment très embarrassant.
Facilement atteignable, c'est ce qu'il avait dit...
« Quand ?
-Demain. »
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Nouveau petit chapitre, je tente de faire de mon mieux pour que l'histoire soit la plus réaliste possible alors j'espère que c'est crédible pour le moment et que ça ne paraît pas tiré par les cheveux (j'ai peur de ne pas maîtriser les sujets que j'ai décidé d'implanter). Dans les chapitres qui arrivent, vous découvrirez de nouvelles informations de la plus haute importance;)
Prenez soin de vous les copains, love, love
(je publie un peu plus tôt ce Mercredi car j'ai quelques raisons personnelles qui m'empêchent de le faire un peu plus tard en début de soirée, j'espère que ça ne vous dérange pas)
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