53
Plus les jours passaient et plus j'avais l'impression de me rapprocher d'une version de moi dont j'avais rêvé durant mes nuits infernales passées de l'autre côté de la frontière, quand la gouttière dégueulasse suspendue par je ne sais quel mécanisme à ma fenêtre de chambre était une rampe de secours pour fuir le danger qui se trouvait à l'intérieur et qui menaçait de causer ma disparition. Je me rendais progressivement compte qu'à l'époque, la personne que j'étais existait simplement dans le but de fuir et survivre. Je ne pensais pas exister à ce moment et pourtant, j'existais depuis bien plus longtemps que je ne l'imaginais. Il n'y avait rien d'autre qui comptait en dehors de ça.
Être toujours à l'affût, les chaussures aux pieds même quand je dormais -du moins si j'y parvenais-, les oreilles attentives et le corps en alerte toujours prêt à slalomer le long des ruelles plongées dans l'obscurité de notre quartier que je connaissais comme ma poche.
J'ignore encore comment j'ai pu faire de tout ça mon quotidien, jusqu'à pratiquement penser que c'était normal.
Peut-être était-ce parce que je n'ai rien connu d'autre ?
L'obscurité.
Il n'y avait qu'elle pour me tenir compagnie.
Si bien que la moindre source de lumière m'effrayait, comme si j'avais moi-même en quelque sorte peur d'aller mieux.
Taehyung m'a dit que je n'avais pas à me blâmer ni à avoir un regard trop dur envers le moi d'avant. Qu'au fond, j'étais le résultat vivant de tout ce que j'ai vécu jusque là et je n'avais certainement pas idée quelques mois plus tôt qu'une vie meilleure était envisageable pour quelqu'un comme moi.
Après m'être confié sur mes cicatrices, j'ai remarqué que la douleur de ces dernières s'était atténuée. Suffisait-il que j'en parle à voix haute pour qu'elles se taisent enfin ? Je ne savais pas. Mais j'essayais de les accepter, de coopérer tout doucement, de me faire à l'idée qu'elles allaient continuer à être sur ma peau jusqu'à la fin de mes jours et qu'il dépendait maintenant de moi d'en faire mes alliées. Taehyung m'aidait beaucoup à ce sujet et je crois que dans le fond, c'était bien le seul à pouvoir me conseiller.
Puisqu'il traversait une situation similaire.
Il savait mieux que quiconque ce que ça faisait.
Alors il arrivait fréquemment que pendant des heures, il me parlait de cette même douleur. Celle qui se propageait dans son épaule et qu'il sentait encore parfois dégouliner progressivement comme l'eau brûlante l'avait fait lorsque la bouilloire s'était renversée sur lui.
Il m'a aussi confié que c'est sa mère qui était dans la cuisine avec lui ce jour là.
Cependant, il n'a rien dit d'autre comme si ne serait-ce qu'admettre que sa mère était dans la même pièce quand c'est arrivé était suffisant pour comprendre le pourquoi du comment. En retour, je n'avais pas posé de questions, trouvant que c'était déjà incroyable d'en parler. Et il m'avait remercié de ne pas insister d'un petit sourire.
Lui aussi, il y allait à son rythme.
Et tous les deux, on avançait progressivement vers la paix.
Vers notre lumière.
Jimin était sur le plan de travail de la cuisine à grignoter une barre de céréales qu'il avait acheté à l'épicerie il y a quelques jours. Ses jambes se balançaient doucement dans l'air alors que d'un air rêveur, il observait la vue limitée à travers la vitre de la baie vitrée. Je le regardais depuis à peu près cinq minutes, après avoir remarqué qu'il ne m'écoutait pas et se contentait de répondre de petits : « hmhm » dès qu'il entendait que je m'arrêtais de parler.
Il avait vraiment l'air ailleurs.
Intrigué par cet air qu'il n'arborait pratiquement jamais, puisque Jimin était tout de même quelqu'un de très terre-à-terre, j'en avais presque peur de lui demander ce qui n'allait pas.
Pourtant, il n'avait pas l'air d'aller mal.
Sa peau allait beaucoup mieux qu'à un moment. Je me souvenais que lors de notre séjour au hangar (qui restait vraiment catastrophique à mes yeux), son épiderme a été attaqué par de nombreux boutons. C'était certainement lié au stress puisque la charge de travail était considérable et qu'en plus de ça, les membres respectifs des équipes étaient forcés de cohabiter tous ensemble vingt quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Je n'ai appris que récemment que Jimin avait besoin d'un espace personnel prédéfinit et d'une distance de sécurité, pour éviter que les autres ne se rapprochent trop de sa personne.
Il semblait pourtant si amical avec moi que ça ne m'était jamais venu en tête ne serait-ce qu'une seule fois.
Et pourtant, j'étais quelqu'un de très observateur.
Cependant, ça m'a toujours échappé.
« Est-ce qu'il y a quelque chose qui te tracasse ? Questionnai-je en me pointant devant lui comme une fleur. »
Jimin tourna lentement la tête vers moi après s'être mordillé la lèvre inférieure, il s'en voulait certainement d'avoir été si évident. J'ignorais s'il éprouvait l'envie de m'en parler et j'étais conscient que je ne pouvais pas soutirer d'informations à quelqu'un qui ne le voulait pas. C'était normal et j'acceptais, je respectais les choix des personnes qui m'environnaient. Mais il est vrai que le voir dans cet état, en pleine réflexion sans même remarquer que des miettes de sa barre de céréales étaient éparpillées sur son short bleu marine m'inquiétait.
De sa main libre, il passa une main nerveuse dans ses cheveux, ramenant la masse décoiffée vers l'arrière. Nous n'étions que tous les deux à l'appartement, j'ai bénéficié d'une petite journée de repos accordée par Jinyoung. Il estimait que je travaillais très dur ces dernières semaines, alors il m'en faisait gentiment cadeau.
Je l'avais remercié une bonne dizaine de fois et il m'a ébouriffé les cheveux en répétant que ce n'était rien.
« Chenle est absent en ce moment. Il confia de but-en-blanc, ses jambes arrêtèrent de se balancer. Je ne le vois presque pas et il a un comportement étrange.
-C'est vrai que je ne le vois pas beaucoup non plus ces derniers temps. Il s'est passé quelque chose ? »
Jimin ne répondit pas tout de suite, semblant être à nouveau perdu dans ses pensées. Tandis que j'essayais moi-même de me souvenir de la dernière fois que nous avions passé un moment rien que tous les trois.
Ça remontait à il y a plus d'une semaine, c'est vrai.
En y réfléchissant plus sérieusement, il n'était pas réellement dans les parages. C'est comme s'il disparaissait de temps en temps pour mine de rien réapparaître le lendemain.
Il n'était même pas présent lors de l'annonce de la grossesse d'Haseul.
Pourtant, tout le monde avait reçu pour ordre d'être au QG à une certaine heure.
Et d'après mes connaissances de l'organisation, il était rare de désobéir.
« Vous vous êtes encore disputés ? Ricanai-je en penchant la tête sur le côté. Si c'est ça, vous n'avez qu'à en parler et vous excuser, c'est tout... ce n'est pas la première fois que...
-Je crois qu'il a retrouvé un membre de sa famille. Jimin me coupa en soupirant, mal à l'aise. Je sais que je n'aurais pas dû fouiller dans ses affaires, je n'aurais pas aimé que l'on fasse de même pour moi mais... j'étais vraiment très inquiet. Je... je n'avais pas le choix. Je m'en veux tellement, si tu savais.»
Mes sourcils se froncèrent face à sa subite confession. Il ne savait plus réellement où se mettre, évitant à tout prix mon regard par peur que je ne le juge. Taehyung m'a appris à respecter les biens personnels des autres, les limites naturellement imposées et de ne jamais y fourrer mon nez pour quoi que ce soit.
Mais il est vrai que dans le cas de Jimin, je ne savais pas quoi en penser. Il était en tord, c'est vrai. Je le reconnaissais et lui aussi mais c'était pour la bonne cause, non ?
Je ne savais pas trop.
Ça me dérangeait, je n'aurais pas aimé que l'on fouille dans mes affaires.
« Mais... tu m'as dit que sa famille l'a abandonné, non ? Il hocha positivement la tête et je repris : alors... pourquoi voudrait-il retrouver l'un de ses proches s'il ne voulait rien à voir avec ?
-C'est là que ça devient compliqué. »
Il avait piqué ma curiosité.
Je voulais en savoir plus, bien évidemment, c'était logique après tout. J'étais très inquiet pour Chenle. Et je m'en voulais aussi un petit peu de n'avoir rien remarqué avant. Quoi que, peut-être que j'avais noté son absence ces dernières semaines mais que j'ai automatiquement rejeté la faute sur le travail et le tout nouveau roulement mis en place, c'était l'idée de Nam' de casser le rythme.
J'imaginais alors que Chenle possédait désormais un poste qui ne concordait jamais avec le mien, ce qui rendait nos entrevues rares et brèves.
Mais maintenant que Jimin en parlait lui aussi, toute cette situation prenait une autre tournure qui m'alarma bien vite.
« Qu'est-ce que tu veux dire par compliqué ? »
Plusieurs fois, Chenle a montré une certaine réticence à l'idée de mentionner de près comme de loin sa famille, sa vie d'avant, ses proches et les souvenirs qu'il portait sur son dos comme chacun de nous. C'était encore naturellement douloureux, un petit peu comme nos brûlures à Taehyung et moi mais cette fois-ci sous la peau.
Indiscernables à l'œil nu mais pourtant bien présentes et dont la souffrance ne devrait pas être minimisée.
« Quand je... quand j'ai fouillé argh... ! Je me déteste vraiment d'avoir fait ça. Il passa ses deux mains dans ses cheveux, tirant fort sur les pointes. Il y avait des photos, enfin, un album.
-Tu... tu veux dire des photos de famille ? Demandai-je en écarquillant les yeux, surpris.
-Ouais. »
Jimin prit une grande inspiration en papillonnant des yeux, toujours aussi honteux d'avoir été intrusif envers l'un de ses meilleurs amis. Je le voyais à son expression faciale que ça devait certainement le hanter la nuit et ce, depuis plusieurs jours déjà. Mais ça me touchait à un point inimaginable qu'il m'en parle.
Même si ça me mettait maintenant dans une délicate posture.
« Et Jungkook... tu ne croiras jamais ce que j'ai vu sur ces photos... »
Nos regards se verrouillèrent à ce moment bien précis, j'étais incapable de regarder ailleurs même si j'ai tendance à ne pas pouvoir soutenir un contact visuel trop longtemps. J'en éprouvais l'urgence. Et c'était le cas également pour Jimin.
Alors je m'étais perdu dans l'immensité de ses yeux.
Et dans l'opaque sphère dans laquelle sa pupille était dangereusement dilatée, j'y ai aperçu de la surprise, de l'inquiétude et de l'incompréhension surtout. Mes sourcils se froncèrent à nouveau, plus trop certain de vouloir savoir ce qui apparaissait sur ces fameuses photos.
Mais je ne pouvais pas laisser Jimin dans cet état, je devais lui proposer mon aide pour le bien de notre ami en commun.
« Haseul... elle... je te promets, elle était dessus. »
Jimin était resté à l'appartement une bonne partie de l'après-midi avant de recevoir un coup de téléphone de son chef d'équipe, Yoongi. Celui-ci réclamait sa présence pour un dossier qui n'avait pas été rendu dans les temps, ce à quoi mon ami s'était empressé de répondre positivement avant de sauter du haut du plan de travail.
Si j'étais exceptionnellement en repos aujourd'hui, ce n'était vraisemblablement pas le cas de Jimin dont la soudaine disparition venait de remonter comme par magie aux oreilles de son supérieur.
Il était déjà suffisamment inquiet ainsi, j'imaginais qu'une dose supplémentaire de pression sur ses épaules n'allait rien arranger.
J'ai à peine eu le temps de le prendre dans mes bras, lui susurrer qu'on allait trouver une solution avant de le voir déguerpir en claquant la porte d'entrée derrière lui. Je l'ai observé sortir au bas du bâtiment accoudé à la rambarde, il a trottiné le long de la rue jusqu'à disparaître au coin sans jamais se retourner.
Et j'étais resté sur le balcon jusqu'à voir le soleil se coucher doucement, les pensées en désordre et un mal de tête pour agrémenter le tout comme pour me punir de réfléchir autant à des problèmes dont je ne devrais certainement pas me mêler.
Pauvre Chenle...
Était-il le petit garçon dont Haseul m'a parlé lors de mon arrivée ?
Celui qu'elle cherchait désespérément ?
Ce n'est qu'aux alentours de vingt et une heures que la voiture de Taehyung se gara au bas du bâtiment, exactement à l'emplacement où Jimin a débuté sa course effrénée quelques heures plus tôt. Je le vis sortir du côté conducteur, une petite valisette au bout des doigts. Il claqua la portière avant de verrouiller le véhicule et se hâter à rentrer dans le hall, l'air fatigué mais soulagé à la fois.
Une nouvelle journée de travail venait de prendre fin.
Ce n'est que quelques instants plus tard que j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir et se refermer en une poignée de secondes. J'attendis qu'il se montre dans la pièce à vivre pour rentrer à l'intérieur de l'appartement, tout de même ravi de le voir rentrer à la maison après une longue journée de travail.
Je n'arrivais pas à arrêter de sourire.
Il y a des jours où j'ai la terrible impression qu'il ne rentrera jamais tant il s'adonne à la tâche avec détermination.
Taehyung portait le sweat que l'on avait en commun et à chaque fois que je le voyais sur lui, je ne pouvais que sourire tendrement puisqu'il lui allait vraiment bien -trop bien-. Mais aussi pour la simple et bonne raison que ça avait une certaine connotation pour moi et ça ne cessait de me toucher à chaque fois un petit peu plus. Ça pouvait très bien sembler étrange mais savoir qu'il portait ce sweat que moi-même je possédais dans ma garde-robe (ah oui, maintenant j'ai une garde-robe !) me donnait l'impression d'avoir à nouveau des bestioles bizarres qui grouillent dans le ventre.
J'ai lu dans un livre que certains appelaient ça des papillons, je ne suis pas vraiment du même avis. S'ils volaient dans mon ventre, les ailes ne seraient que des caresses alors que ces bestioles s'amusaient à me chatouiller, encore et encore dès que Taehyung se trouvait dans les parages.
Je m'étais comme à mon habitude empressé de l'accueillir avec une étreinte chaleureuse. Mes bras liés autour de son corps et mon visage niché dans le tissu parfumé, j'ai senti mes propres muscles se détendre.
Il était rentré.
Enfin.
Il n'a pas attendu longtemps pour m'encercler à son tour en riant légèrement, certainement amusé par cet accueil qui ne perdait jamais en douceur et en tendresse alors que les jours défilaient devant nous à toute vitesse. Je ne cessais de lui montrer à quel point je l'aimais en des petites attentions et habitudes dont-il ne pouvait, apparemment, plus se passer maintenant.
Ça tombait bien, nous étions deux.
Et le temps passait si vite à ses côtés que je n'avais qu'à battre des cils pour voir tourner le monde.
Le sien.
Le mien.
C'était notre moment « retrouvaille » de la journée. On prenait toujours quelques minutes pour simplement apprécier la présence de l'autre après avoir été séparé et j'en chérissais chaque instant comme si c'était le dernier.
Je me suis fait la promesse de profiter de la moindre seconde, de l'inscrire sur les murs de ma mémoire et de faire de ma vie, une série de magnifiques souvenirs.
Cependant je n'oubliais pas pour autant les couleurs et tout le reste, parce que la vie c'était ça, aussi.
Je n'avais pas vraiment l'envie de lâcher Taehyung ce soir, même lorsqu'il me caressa affectueusement le dos par dessus mon t-shirt, signe que l'étreinte s'achevait petit à petit et qu'il était désormais temps que je lui laisse un petit peu d'espace pour respirer.
« Tu es d'humeur collante ce soir, hm ? La sangsue est de retour ? »
Comme seule réponse, je m'étais contenté de hocher la tête sans pour autant m'éloigner d'un seul centimètre de lui. Il sentait vraiment bon. J'ai longtemps essayé de qualifier son odeur. Je m'étais assuré de mettre le doigt dessus, même si c'était difficile.
Je crois que finalement, j'en étais arrivé à peu près à ça : Taehyung sentait la mandarine, le gel douche de la maison et le bois.
Hm, oui.
Je crois que c'est ça.
Son doux rire ne tarda pas à venir chatouiller mes oreilles alors qu'il passa ses larges mains à l'arrière de mes cuisses, m'encourageant à effectuer un petit saut pour l'aider. Ce que je fis sans poser de questions, sachant très bien ce qu'il voulait faire. Je m'étais alors accroché à son cou tandis que mes jambes étaient venues s'enrouler autour de son bassin.
Ses mains aux longs doigts continuaient à caresser mon dos de haut en bas alors que je laissais de petits bisous mouillés dans son cou à la peau chaude. Son rire masculin, plus belle musique du monde, continua à résonner entre les murs décorés de nombreuses photos de notre appartement avant qu'il ne me dépose avec douceur sur le canapé, tombant au passage à la renverse avec moi.
Mes cuisses étaient toujours enroulées autour de ses hanches tandis que mes bras enlaçaient sa nuque tonique. Nos visages étaient dangereusement proches l'un de l'autre. Le rire de Taehyung s'arrêta alors progressivement jusqu'à n'être plus qu'un souffle lourd qui me fit frissonner et son regard me sonda avec une attention dévouée.
Et c'est dans ces moments là que mon cœur recommençait son manège, à vouloir crier au monde que j'étais bel et bien vivant.
Ça arrivait parfois que Taehyung prenne de longues secondes pour me regarder, comme s'il cherchait à graver cet instant dans sa mémoire à tout jamais, à prendre des photos de nos moments passés rien que tous les deux dans notre chez nous pour les feuilleter plus tard.
Un peu comme je le faisais ces derniers temps.
Depuis que je savais qu'il n'y avait rien de plus beau que de profiter de chaque instant que la vie m'offrait.
Chaque jour était un nouveau cadeau, celui de pouvoir me lever, de mettre les pieds au sol et de vivre ma vie.
Vivre cette vie à laquelle je n'avais jamais cru.
Le corps de Taehyung était parfait au dessus du mien, j'aimais la manière dont ses épaules me surplombaient, comment ses beaux yeux ne regardaient que moi et ses mains qui se retenaient souvent de venir me toucher, partout.
Il se faisait violence, je le voyais.
Après autant de temps passé à vivre ensemble, j'étais fier de l'assurer maintenant.
Mais...
je voulais réellement qu'il me touche.
Qu'il arrête de se retenir.
« Taehyung... murmurai-je en jonglant avec ses beaux yeux lumineux. »
Son nez caressa avec lenteur le mien en signe de réponse muette, je savais qu'il n'aimait pas trop parler lors de nos moments de douceur. Il répondait la plupart du temps par de petits gestes dégoulinant d'attention. Mais même si j'aimais tout particulièrement sentir ses mains sur ma peau, j'étais conscient que toutes les choses de ce genre nécessitaient un consentement oral.
Je ne pouvais clairement pas me baser sur des gestes, ce n'était pas des mots et ce n'était encore moins un « oui ». Il était probable qu'il ne saisisse pas de quoi je parlais, puisque même si parfois je doutais qu'il était dans ma tête, il ne l'était pas.
Taehyung ne pouvait pas deviner ce à quoi je pensais.
Mais en même temps, j'avais aussi très peur. Il assurait pourtant qu'il m'aimait et prenait soin de le répéter souvent, là n'était pas le problème. Nous étions très proches, bien plus chaque jour durant. Nos étreintes s'allongeaient et nos corps continuaient à devenir de plus en plus adeptes à cette proximité.
Et... dans tout ça j'y avais trouvé des sentiments et du désir, du moins de mon côté.
J'ignorais si c'était réciproque.
Après tout, je n'étais personne pour mettre des mots sur les sentiments de quelqu'un d'autre.
Mais plus les jours passaient et plus je me rendais compte de mon attraction pour Taehyung et des envies que j'éprouvais envers lui.
« Tu as perdu ta langue ? Demanda t-il amusé en continuant à taquiner le bout de mon nez à l'aide du sien. À quoi tu penses ?
-Je... Taehyung, je... »
Il tenta de se redresser mais je le retins en exerçant une petite pression sur mes mains liées derrière sa nuque. Je ne voulais pas qu'il s'en aille ou qu'il prenne une position normale sur le canapé. Parce que je savais que si j'avais déjà du mal à évoquer ce sujet en l'ayant si proche de moi, l'avoir à distance ne serait que plus difficile encore. Il n'essaya plus de s'éloigner et continua à observer les traits de mon visage, comme s'il faisait en sorte d'étudier mes troubles rien qu'en y jetant un œil.
« Je t'aime beaucoup. »
Taehyung fronça une nanoseconde les sourcils alors que la surprise venait d'illuminer son visage d'un éclairage qui n'était pas du tout similaire à celui de la petite lampe tamisée du salon. L'une de ses mains remonta le long de ma hanche, relevant au passage légèrement mon t-shirt, avant de la déposer sur ma joue. Son pouce y administra quelques pressions circulaires et mes paupières se fermèrent instinctivement sous son toucher.
Il rapprocha un peu plus son visage du mien jusqu'à effleurer mes lèvres pour finalement pivoter sur le côté gauche, vers mon oreille dont-il embrassa le lobe avant de chuchoter comme si le monde à l'extérieur risquait de l'entendre s'il n'était pas suffisamment discret :
« Je t'aime énormément, Jungkook. »
Mes lèvres se pincèrent et mes cuisses se serrèrent davantage autour de ses hanches alors qu'il continuait à embrasser le dessous de mon oreille jusqu'à descendre avec lenteur vers mon cou. Totalement ensorcelé par sa bouche, j'ai pivoté la tête sur le côté de sorte à lui laisser assez d'espace. En y réfléchissant, ce n'était même pas ma propre volonté, mon corps réagissait tout seul lorsqu'il entreprenait de me toucher.
J'adorais cette sensation.
Et je l'invitais à continuer.
Alors que sa bouche embrassait passionnément mon cou, j'ai à nouveau ouvert les yeux en sentant ses mains agripper l'arrière de mes cuisses, le plafond tremblait. Ou bien, c'était moi qui tremblait, je ne savais pas trop.
Je n'arrivais pas réellement à réfléchir, pour être honnête.
« On... On va essayer quelque chose de nouveau, tu veux bien ? Demanda t-il en se redressant un petit peu. Si tu n'es pas prêt je comprends, il n'y a rien qui presse, sache-le.»
Ses cheveux étaient en désordre, comme lorsqu'il se réveille le matin. Et ça le rendait encore plus beau. Ses lèvres étaient gonflées alors qu'il venait tout juste d'y passer la langue pour les humidifier. Totalement hypnotisé, j'ai hoché la tête sans manquer une seule seconde du spectacle que j'avais devant moi.
Puis, je me suis rappelé.
L'accord.
« Oui, d'accord. Je veux bien. »
Un petit sourire étira ses lèvres avant qu'il ne dépose un petit baiser sur le nez. J'ai certainement rougi puisque je sentais mes joues chauffer comme si j'avais attrapé un gros coup de soleil. Taehyung se repositionna correctement au dessus de moi alors que j'ignorais parfaitement ce qui m'attendait.
Mais je lui faisais confiance.
Il savait ce qu'il faisait.
J'avais vraiment chaud.
Vraiment, vraiment chaud.
Ses mains étaient toujours à l'arrière de mes cuisses et j'aimais beaucoup la manière dont-elles semblaient complémentaires. J'avais l'impression d'être beau et précieux, il me donnait ce sentiment là : celui d'aimer mon corps.
Ma bouche s'ouvrit un peu à la première friction, j'étais surpris.
Taehyung venait d'onduler parfaitement sur moi et une vague de fourmillements s'était empressée de m'électrifier. Mes yeux étaient incapables de le quitter, alors que je détestais ça, les contacts visuels. Mais l'expression qu'il affichait à ce moment là, c'était la plus belle qu'il m'a été donné de voir de toute ma vie.
Et à nouveau, mes gémissements ne cessaient de m'échapper.
Mais apparemment, ça ne faisait que lui plaire puisque la fréquence changea progressivement au fur et à mesure, nos bassins se touchaient, se rencontraient, s'entrechoquaient avec envie. Et ça faisait du bien, vraiment.
« Taehyung... ah...»
J'avais toujours aussi chaud, mes joues brûlaient.
« En... Encore. »
Mes doigts s'étaient aventurés dans ses cheveux et mes caresses s'étaient peu à peu métamorphosées en petites pressions dès que je sentais les électrochocs de plaisir m'assaillir. J'ai cru sentir ses lèvres dans mon cou, en aspirer la peau alors qu'il continuait à superposer nos entrejambes. Une certaine douleur en résultat alors qu'il me faisait à nouveau face, le souffle court.
Et il souriait toujours, de toutes ses dents comme s'il voyait les étoiles de sa constellation préférée pour la première fois dans le ciel.
Celle du dragon.
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Bonsoir petites étoiles adorées, me revoilà avec le chapitre 53 !♡ Ce rythme de publication me fait tant penser au tout début de la fiction, au point où je suis un petit peu nostalgique:( J'espère de tout cœur que vous vous portez bien et que ce chapitre (que j'ai d'ailleurs adoré écrire) sera à la hauteur de vos espérances. Vous remarquerez que plus l'évolution de Jungkook est prononcée, plus la manière d'écrire accompagne le tout. J'ai essayé de faire de mon mieux pour que le contraste entre le début de l'histoire et où nous sommes maintenant puisse être visible tout autant au niveau du personnage de Jungkook que dans la manière de raconter l'histoire. Je dois avouer que ce n'était pas évident du tout mais je suis assez satisfaite du résultat♡
Bonne nouvelle, je suis parvenue à valider mon semestre et j'ai augmenté ma moyenne générale de trois points ! Fioou ça n'a pas été de tout repos et ça m'a coûté de nombreuses heures de travail mais j'en suis vraiment heureuse et soulagée. Je passe en deuxième année !♡ J'ai si hâte de voir ce que l'avenir me réserve et espère pouvoir être aussi active dans les mois à venir sur cette plateforme.
J'ai de nombreux projets pour la suite qui se bousculent dans ma tête et je dois avouer que je ne sais pas vraiment par où commencer. J'ai une idée de "mini collection" qui commence à prendre forme depuis quelques semaines et qui serait peut-être agréable à lire durant l'été, hmm je ne sais pas trop... elle serait sous forme de deux petits tomes dans lesquels vous suivrez Jungkook et Taehyung dans un environnement auquel je n'ai encore jamais fait référence ou que j'ai seulement survolé (la bourgeoisie). Là encore, j'ai quelques sujets en lien avec la société etc qu'il serait intéressant d'aborder... Booon je vais y réfléchir plus sérieusement dès que mes cours finiront si vous êtes intéressés
Passez une magnifique soirée petites étoiles, sachez que mon ciel n'a jamais été aussi beau depuis que vous y brillez. Et je ne peux qu'être reconnaissante pour tout ce soutien et ces bonnes ondes que vous ne cessez de m'envoyer. Merci pour tout, à très vite, je vous aime♡
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