Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

1



Il faisait nuit noire dehors, les épais nuages jouaient à celui qui masquera le plus longtemps la Lune comme si c'était le dernier jeu à la mode. Ça devait déjà faire cinq bonnes minutes maintenant qu'elle s'était volatilisée. Je la cherchais du regard à travers la vitre sale de ma fenêtre, la tête à l'envers. Les draps de mon lit sentaient le tabac de ma mère, le salon était placé juste en dessous alors l'odeur avait tendance à remonter. C'était quelque chose que je détestais. J'avais l'impression que ça me collait à la peau après, que ça me prenait à la gorge, jusqu'à m'étouffer.


Tabagisme passif.


D'un geste dégoûté, je repoussai loin de moi la couverture nauséabonde. Elle tomba sur le parquet abîmé et humide mais ça dépendait relativement de la zone, il y avait des fuites dans le plafond et il pleuvait beaucoup ces derniers temps. Le bois commençait d'ailleurs à pourrir çà et là, je faisais comme si je n'avais rien vu. J'oubliais. Je faisais semblant. J'aimais bien faire semblant de ne pas voir l'évidence, il paraît que j'étais doué pour ça, après tout, ma vie était bercée de leurres depuis la première seconde.


« Il est encore là, ce petit bâtard ? »


Clore les paupières très fort, très très fort jusqu'à voir des tâches de toutes les couleurs apparaître en dessous. C'était un réflexe. Je faisais semblant de ne pas avoir entendu sa voix résonner jusqu'à ma chambre. C'était l'un des nombreux petits-amis de ma mère, je ne me rappelais plus de son prénom. Là aussi, je faisais semblant. Il croyait être effrayant avec sa carrure d'ancien boxeur mal formée, il ne l'était pas tant que ça dans le fond, enfin ça dépendait des situations principalement. C'était un homme dans la quarantaine avec énormément de problèmes d'argent, il a été jeté de son travail il y a deux ans pour détournement de fonds, sa femme de l'époque l'a quitté dans la foulée en demandant le divorce puis il a atterri ici par on ne sait quelle magie maléfique. Ma mère l'a bien entendu accueilli à bras grands ouverts comme si nous étions une sorte de refuge (c'était plus la SPA qu'autre chose dans ce cas), il n'était là que le Vendredi soir. Et pourtant, c'était largement suffisant pour qu'il puisse se sentir chez lui et prendre ses aises, chose que moi même je n'avais jamais osé faire en dix-sept ans d'existence dans cette maison qui tenait encore debout par Dieu seul sait quel moyen. Les autres jours, étaient pour d'autres hommes. Je leur donnais des couleurs, par exemple aujourd'hui, c'était le tour du Violet.


Et il ne m'aimait pas,

personne ne m'aimait.


Une marche de l'escalier en bois craqua, c'était la troisième en partant du bas. Je les connaissais par cœur et elle était la seule qui faisait un bruit pareil, si prononcé, ce qui signifiait une seule chose qui me fit par automatisme frisonner : Il montait à l'étage, il venait me voir. Je me redressai rapidement, ma tête tourna un peu, je n'arrivais pas à faire semblant de ne pas l'avoir entendu. Les semelles de ses chaussures résonnaient dans ma tête comme la trotteuse d'une horloge, c'était mon compte à rebours. Il y avait trente-six marches et ma mère ne l'empêchait toujours pas de monter. Elle ne le retenait jamais et je ne savais pas pourquoi je continuais naïvement d'espérer qu'elle le fera un jour, elle s'en fichait.


Je bondis sur mes deux jambes sans faire un seul bruit suspect, heureusement j'avais gardé mes vieilles bottines aux pieds au cas où. La capuche rabattue sur mon crâne, dissimulant une bonne partie de mon visage, je me dirigeai à toute vitesse vers l'unique fenêtre de ma chambre mal isolée. Je l'ouvris en un clin d'œil, analysai à la va-vite la gouttière mal-formée avant de me hisser courageusement sur le rebord défaillant pour pouvoir l'atteindre. Ce n'était pas la première fois que je le faisais, pourtant, ce n'était pas pour autant que ma peur de la hauteur s'était égarée en chemin. Elle était toujours bien là, à remuer dans mon ventre de droite à gauche comme si j'étais sur le pont d'un bateau en pleine mer. Mais je n'avais pas le temps d'avoir peur maintenant, car il était déjà devant la porte.


Mes doigts s'enroulèrent autour du tuyau sale, je m'y accrochai très fort mais pas trop non plus, j'avais peur qu'il puisse s'effondrer d'une seconde à l'autre sous mon maigre poids. Les vis étaient visiblement rouillées et je ne m'y connaissais pas tant que ça en gouttière mais j'étais presque certain que la solidité de la matière était à revoir de toute urgence. Sans être trop confiant comme à mon habitude, j'entrepris de glisser lentement en direction du sol en prenant soin de ne pas être discernable par la fenêtre du bas, celle qui donnait sur le salon. Ma mère devait être installée sur le petit fauteuil individuel à fumer ses clopes mal tassées qu'elle prenait pour des Vogues, le tissu du siège était rouge mais il avait tendance à déteindre donc ce n'était devenu qu'un rose de mauvais goût. Tout était fade ici, je sentis l'odeur âcre du tabac imbiber mes narines même à l'extérieur, ça piquait un peu.


« Quel mal-élevé, tu ne viens même pas me dire bonsoir ? »


Je relevai la tête, une sueur froide me secoua. Il était là, ses avant-bras gras et repoussants sur le rabat où j'avais mis les pieds précédemment. Il souriait de ses dents jaune, à croire que la nicotine allait se venger et les faire tomber une à une, puisqu'elle rongeait peu à peu ses gencives gonflées. J'attendais patiemment ce jour, comme si c'était Noël.


Il me faisait peur parfois, son visage était bien loin d'être avenant, ce pourquoi je le fuyais dès que j'en avais l'occasion. Je savais qu'il n'avait pas les idées claires. Et puis, il avait bu ce soir. J'avais entendu le tintement incessant des bouteilles de bière sur la table basse, c'était le signal à ne surtout pas manquer. Celui qui m'avertissait, je m'étais alors tenu prêt à déguerpir en vitesse. Car le vendredi soir, le Violet, son truc à lui, c'était d'en venir aux mains.


« Tu fuis encore une fois, petit bâtard ! S'écria t-il, sa voix de sac à vin sur pattes résonna à des mètres à la ronde. »


Étonné par son exclamation, je perdis ma prise autour du vieux tuyau provoquant une chute d'un peu plus d'un mètre de haut. Par chance, j'atterris sur mes deux jambes et en un seul morceau. Mais de drôles de picotements semblèrent remonter du bout de mes orteils jusqu'à mes genoux face à mon acrobatie risquée et imprévue, c'était très désagréable. Je n'aimais pas ça, je fis alors semblant de ne pas avoir mal.


Petit bâtard, ça aurait dû être mon second prénom. Ma mère m'appelait comme ça, Violet et Vert aussi. Le caissier de la petite épicerie également, enfin ça c'était au début. Ces derniers temps il a cessé de me courir après et se contente de me laisser partir sans jamais appeler la police, j'étais néanmoins conscient qu'un jour il allait bien finir par m'attraper pour de bon. C'était mieux comme ça alors d'ici là, je continuais en ignorant cette menace qui peut-être, pouvait me sortir de cette situation (où mon avenir ne menait à rien d'autre qu'une vie passée à voler comme un désespéré).


Je réajustai ma capuche d'un triste pêche sur le haut de mon crâne, quelques mèches de ma frange brune réduisaient mon champ de vision mais ça ne m'empêchait pas de toujours le voir. Lui et ses yeux qui brillaient comme de fausses étoiles, des contrefaçons pourries qui faisaient pourtant rêver ma mère, enfin seulement le Vendredi. Dans une autre vie, j'avais déjà tué cet homme, c'était une certitude. Pour toutes les fois où je n'avais pas pu m'enfuir à temps, celles où je n'avais pas été assez attentif. Ça n'allait plus se reproduire, plus jamais.


Je levai mes bras en l'air, montrant fièrement mes deux majeurs en souriant, il le méritait plus que quiconque (quoiqu'en réfléchissant ma mère n'était pas très loin en deuxième position). Ça le faisait littéralement bouillir à l'intérieur, je savais pertinemment qu'il se retenait de dévaler les escaliers et de venir m'attraper par la peau du dos. Mais il était au courant que c'était le temps suffisant pour moi disparaître à travers la nuit sans laisser de traces. Après tant d'années à y errer, j'en connaissais désormais les moindres recoins. 


Les rues, c'était chez-moi.


Il me cracha dessus, c'était la première fois qu'une chose pareille advenait. Je n'ai alors pas pu faire semblant d'être insensible lorsque sa bave gluante et mousseuse s'éparpilla sur le haut de ma joue et une bonne partie de ma capuche. Je tentai de ne pas y faire attention, lui lançant un dernier regard tout en m'essuyant à l'aide de ma manche déjà sale, je le méprisais de toute mon âme. Sa dentition était tellement jaune que j'avais l'impression qu'elle était fluorescente dans le noir. Si il n'était pas sur le point de venir me retrouver au milieu de la rue et me traîner à l'intérieur de force, j'aurais peut-être essayé de faire une blague à ce sujet mais ce n'était clairement pas le moment pour plaisanter.


Sans un mot de plus, j'entamai ma marche tranquillement les mains dans les poches sans me soucier de lui plus longtemps. Il continuait pourtant de gueuler comme un chien enragé, la lumière des voisins d'en face s'alluma au premier étage, l'Ukrainien risquait d'encore appeler la police ce soir. Ça faisait maintenant six mois qu'il se plaignait constamment du bruit et il m'a déjà surpris en train de m'évader de mon enfer personnel en passant par l'intermédiaire de la gouttière une fois. Je l'aimais bien et puis il m'a offert un paquet de gâteaux au chocolat il y a trois semaines quand on s'est vaguement croisés sur le chemin de l'épicerie. Il ne parlait pas très bien coréen, d'ailleurs je n'avais aucune idée de comment il s'était retrouvé ici, parmi tous les autres pays de ce fichu monde. Malgré sa bonne aura, je savais que les hommes qui passaient chez lui en gros fourgon le Lundi dans le courant de la journée étaient loin d'être des fleuristes. Mais ce n'était pas pour autant qu'il me paraissait mauvais, chacun ses affaires. Je faisais alors semblant de ne pas comprendre, encore.


Dehors c'était calme, le monde dormait à poings fermés. C'était paisible et l'air semblait moins pollué que dans ma soi-disant maison. Dans la poche de mon sweater abricot délavé, il y avait un vieux bâton de sucette que j'avais pour habitude de mâchouiller quand je me promenais, c'était une sorte de coupe-faim. Je ne comptais pas manquer à mon rituel sacré et le coinçai entre mes incisives comme si il s'avérait là d'un épis de blé. Le sol était légèrement humide sous mes pieds, ça passait à travers ma fine semelle usée et ça glissait un peu par endroit. Le feu tricolore de la rue adjacente ne fonctionnait plus et l'épicerie était fermée depuis trois jours. C'était d'un ennui, il n'y avait rien de bien distrayant à faire à cette heure là. Mais une chose était sûre et certaine, plutôt mourir que de faire demi-tour.



Déambuler dans les rues était mon passe-temps favoris depuis tout petit, je les mémorisais et m'amusais ensuite à tester ma capacité à m'y retrouver dans ce mini labyrinthe peu éclairé. Si beaucoup détestaient ce quartier, au fond, je l'aimais plutôt bien. Ce n'était pas le paradis sur Terre non plus loin de là même mais si on venait à y supprimer deux minutes les drogués, les dealers qui allaient avec -car logiquement les deux faisaient la paire-, les quelques hors la loi et les agressions fréquentes, on pouvait presque assurer qu'il y faisait bon vivre.


Je n'ai connu que ces ruelles dépourvues de lumière et les échos d'histoires à en donner froid dans le dos, avec le temps ça ne me faisait plus tellement peur. Quoique, je restais quand même effrayé par la noirceur de ce quartier quand je m'y baladais tout seul la nuit comme un semi-mort. Même le jour, le soleil faisait exprès de ne jamais se montrer bien longtemps, toujours dissimulé d'une certaine manière grâce aux nuages, ses fidèles gardes du corps. Il avait raison d'un côté car les voleurs se trouvaient partout, ici


Et le problème, c'était que même si je considérais ces rues comme étant mon chez-moi, elles étaient à tout le monde. Trop de monde.


« Oh Jungkook, ça fait un bail n'est-ce pas ? »


Je sursautai légèrement, trop absorbé par mes pensées sombres. Ça m'arrivait souvent dernièrement, ma mère me qualifiait de « rêveur incapable » et j'aimais plutôt bien. C'était le plus beau surnom qu'elle m'avait donné depuis le jour de ma naissance.


Devant moi se dressaient les jumeaux Chin-ho et Chin-hwa, je leur fis un petit sourire timide en tentant de poursuivre mon chemin sans m'attarder plus longtemps. Je savais que je ne devais pas m'arrêter et m'immobiliser complètement quand ils traînaient dans le coin. D'ailleurs, ça faisait quelques semaines que nos chemins ne s'étaient pas croisés.


Ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eau au point où personne n'arrivait à les distinguer l'un de l'autre, ils s'amusaient même à échanger les rôles de temps en temps alors il m'était totalement impossible d'essayer de savoir qui était qui aujourd'hui, ou du moins pour l'instant.


« Qu'est-ce que vous faîtes ici, à cette heure ? Demandai-je en enfouissant un peu plus mon visage dans ma capuche, marchant doucement.

-C'est plutôt à nous de te poser cette question, gamin. Ria l'un d'eux, je n'arrivais pas à discerner clairement sa voix enrouée. Qu'est-ce qu'un mineur fout dans la rue à bientôt minuit passé ?

-Oui, c'est vrai ça. Acquiesça l'autre d'un ton enjoué, ils me suivaient maintenant. »


Ils n'étaient clairement pas de bonnes fréquentations, je l'avais très vite remarqué les premières fois où nous nous étions croisés. Cependant, le problème (car il y en avait toujours un quelque part dans mon existence saccagée) fut qu'ils m'appréciaient plutôt bien, même un peu trop et ma gentillesse rare avait rapidement eu pitié d'eux. J'en savais pas mal sur leur histoire même si je n'avais jamais balbutié un seul mot vis à vis de la mienne. 


J'étais de ce fait conscient que si l'on continuait à parler, l'un d'eux allait se mettre à grincer des dents au bout d'un moment ou se plaindre de bourdonnements dans ses oreilles. Chin-ho prenait de l'ecstasy quotidiennement, une prise excessive qui laissait de drôles d'effets sur son corps, c'était bien la seule manière secrète que je détenais pour les identifier. Il souffrait également de certains troubles mentaux, ils m'en avaient parlé une fois mais je ne me souviens plus du mot scientifique utilisé, ça m'a échappé. Certains tics évidents m'aidaient à faire de l'ordre et à les reconnaître alors qu'ils pensaient duper absolument tout le monde, sauf moi.


« Il y a un bon resto près de la frontière Ouest qui reste ouvert jusqu'à l'aube, tu veux venir avec nous ? Proposa t-il en passant son bras autour de mes épaules, je me sentais déjà pris au piège.

-N-Non merci, je n'ai pas le droit d'aller de ce côté et de m'approcher de la frontière, puis je n'ai pas d'argent sur moi p-peut-être pour une proch...

-Ce n'est pas un problème ça, gamin. »


Je n'étais pas du tout enjoué à l'idée de les suivre mais il semblerait qu'ils en aient décidé bien avant que je ne donne mon avis car ils m'entraînaient déjà d'un pas pressé vers l'Ouest. M'approcher de la frontière m'angoissait, je savais très bien qu'il ne fallait pas s'y aventurer, encore moins une fois la nuit tombée. Si ce quartier n'était déjà pas stable et rassurant en soi, celui qui se trouvait de l'autre côté de la frontière Ouest était bien pire encore. Ce n'était qu'un chaos sans nom, là où les criminels et ex taulards trouvaient leur bonheur. Quand on était petits, Kyun m'avait même rapporté qu'un ami de son père n'en était jamais revenu et que la police n'y mettait qu'exceptionnellement les pieds. Ils avaient peur et ça suffisait à m'effrayer moi aussi. 


Mais mon ventre commença à groûler assez fort, faisant au passage rire les jumeaux dont la longueur des jambes faisait deux fois les miennes. Je ne savais plus à quand remontait mon dernier véritable repas et peut-être qu'au fond, c'était plutôt ça qui me poussait inlassablement à les suivre à travers la nuit. Si je me concentrais bien tout en repoussant de mon esprit le probable danger qui m'attendait de pied ferme là-bas, je sentais déjà l'odeur de la bonne viande grillée. Et ça suffisait amplement à me faire saliver.


J'allais enfin manger.



----------------------------------------------------------


Petite entrée assez délicate en territoire inconnu, atmosphère glauque à souhait et ambiance loin d'être rassurante. Tout à fait mon genre quoi:3

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro